rosaël + i could be your kryptonite.

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I COULD BE YOUR KRYPTONITE.

to the middle of my frustrated fears and i swear you're just like a pill. instead of makin' me better, you keep makin' me ill.

Le réveil avait sonné au moins trois fois, le chien était venu pousser ma main du bout de son museau comme chaque matin. Je l’avais pourtant senti, j’avais entendu ce fichu réveil hurler durant dix longues minutes à chaque fois. Malgré tout, ce n’est qu’une demie heure après que je levais enfin le bout de mon nez pour regarder combien de temps je pouvais encore jouer les loques avant de me lever. Mes yeux s’ouvraient, bien grands d’ailleurs, j’avais largement dépassé le temps destiné à flemmarder dans mon lit. C’est donc dans la précipitation la plus totale que je me suis préparée pour me rendre au travail, j’osais espérer réussir, malgré les trente minutes écoulées, à arriver à l’heure. Trois minutes pour m’habiller, cinq pour un passage éclaire à la salle de bain et deux de plus pour quitter l’appartement saluant en coup de vent mon compagnon à quatre pattes à qui j’avais soigneusement remplis les gamelles avant de filer…

J’accélérais le pas pour arriver au plus vite, un coup d’œil sur ma montre en grimpant dans l’ascenseur : c’était raté, j’avais officiellement une bonne demie heure de retard. Et les patients eux, étaient rarement à la bourre. Je pouvais dire adieux à la seule idée de pouvoir avancer ma pause de midi. D’un pas pressé, je pénétrais dans l’entrée principale du cabinet que je partageais avec d’autre collègue kinésithérapeute. J’attrapais le premier dossier qu’avait dû pré-rempli mon premier patient avec la secrétaire. Secrétaire que je saluais précipitamment ce qui la fit légèrement sourire. Je n’avais pas pris le temps de lever les yeux vers la salle, certaine de me faire déjà maudire par les deux premiers patients d’une longue liste. J’entrais dans la pièce qui m’était réservée, posant instinctivement le dossier sur la table sans y jeter un œil. J’avais attrapé ma blouse pour l’enfiler le plus rapidement possible, avant de reprendre le dit dossier toujours sans y accorder la moindre importance. Je m’accordais, derrière la porte, une petite seconde une fois prête histoire de reprendre on souffle et mon self contrôle parce que oui, la précipitation je n’aimais pas ça, ça m’angoissait aussi bizarre que cela puisse paraître de par mon côté hyperactive. La main sur la poignet, j’ouvrais la porte posant enfin les yeux sur le dossier pour appeler mon premier patient. « Monsieur Dwayne, s’il vous plaît. », lançais-je sans trop lever les yeux de ma feuille. Je cherchais aussi rapidement que possible les éléments qui me permettraient de démarrer la séance au plus vite pour ne pas faire patienter encore plus longtemps cet homme. Puis, mes yeux tombaient sur son prénom : Raphaël. Je ne savais pas trop pour quelle raison, mais ce prénom et ce nom mis côte à côté me semblait familier. Un ancien patient peut-être ou bien tout simple une association de nom et prénom semblable à celle de l’un de mes proches, les raisons de cette sensation de déjà vu pouvaient être multiples. Puis, tout devient beaucoup plus clair. Installée sur ma chaise, derrière mon bureau à me questionner sur cette futile histoire de prénom, la porte se fermait et je daignais enfin prendre le temps de lever les yeux pour découvrir mon premier patient de la journée. Ses yeux d’un bleu profond croisaient rapidement les miens tandis qu’il prenait place sans m’accorder plus d’importance que cela. C’était un comme s’il était là par obligation plus que pas volonté. De mon côté, plus je l’observais et plus les traits de son visage me semblaient familier et pourtant si lointain à la fois. Puis, son regard s’attardait sur le mien, ce fût pour moi comme une révélation, je connaissais cet homme, oh ça oui je le connaissais même très bien enfin, façon de parler. « Raphaël ? Raphaël Dwayne de Paris en France ? », tentais-je ébahit mais presque certaine de moi. Mes pupilles devaient s’être agrandit tant je n’en revenais pas. La dernière fois que j’avais vu Raphaël c’était dans son plus simple appareil pour partager une nuit avec lui dans ma chambre à Paris alors autant vous dire que l’avoir là en face de moi, c’était à la fois incroyable et très gênant pour moi …

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Bon dieu. Depuis que toute cette merde est arrivée, j'ai mal. Mal au coeur, d'avoir perdu tous ces gens, d'avoir connu l'horreur et l'absurdité de la bêtise humaine. Mais j'ai aussi mal physiquement… Pourtant, j'ai eu de la chance, comparé à certains. Je n'ai rien eu. Alors qu'est ce que c'est ? Une sorte de connerie post traumatique ? Mon corps qui se décide à parler de ce que moi, j'aimerais taire ?

Après quelques mois à me rassurer tout seul, me disant que ça allait passer, j'ai tout de même été voir un médecin. Pour la forme. Peut-être aussi pour calmer cette douleur lancinante, qui s'insinuait dans chacun de mes mouvements. C'est ainsi qu'on m'a prescrit des séances de Kiné. Bullshit. Comme si faire des exercices allait me soigner. Après être sorti du cabinet, j'ai longtemps réfléchi, vous l'aurez compris, je n'étais vraiment pas emballé à l'idée d'aller perdre mon temps dans un truc pareil. Mais après tout, si ça pouvait me faire du bien et me permettre de passer à autre chose, alors pourquoi pas ?

Quelques jours plus tard, je prenais rendez-vous chez le kiné le plus proche. N'importe lequel, je ne serais pas difficile. Juste quelqu'un de qualifié suffirait, et pour le reste… je m'accommoderais à n'importe qui, n'importe quoi !

C'est ainsi que j'ai pris rendez-vous chez une certaine « Rose Bennett ». Ce nom… je ne le connaissais que trop bien, mais d'où ? Sur le coup, impossible de me souvenir. Ce n'est qu'en raccrochant le téléphone que soudain, tout se fit clair. Rose Bennett. On était à Paris, quand on s'est rencontrés… avec elle, on ne se prenait pas la tête, on se contentait juste de faire ce qui nous plaisait, que les autres le veuillent ou non. Tout était clair, rien ne semblait difficile. On s'aimait bien, tous les deux. C'est le moins qu'on puisse dire d'ailleurs : la dernière fois qu'on s'est croisés, on avait fini tous les deux dans un lit, nos deux corps frémissant sous la douce chaleur de l'étreinte…
Mais tout ça remonte à des lustres, cette période est révolue ! Elle n'a pas pu avoir eu la même idée que moi de venir ici, -idée qui par ailleurs pourrait sembler saugrenue à n'importe qui, pourquoi quitter Paris pour la nouvelle Orléans ?- c'est im-po-ssible.

Sur de moi et totalement rassuré, je prends mon mal en patience, et attends un peu, jusqu'au jour j : j'allais enfin voir à quoi ressemblait l'homonyme de mon « amie » -pouvait-on encore se dire amis, après ce qu'il s'était passé entre nous ? En vérité, j'en sais pas grand-chose… on va dire que oui ?-

Si pour une fois je suis à l'heure à un rendez-vous -ça a l'air de rien comme ça, mais je vous jure que c'est un exploit. D'habitude, j'ai toujours une demi heure de retard partout, mais ça, c'est un secret- , le médecin, lui, ne semblait pas trop s'affoler. Ciel, serait-ce une doc malgache ? Toujours est-il que ça fait bien trente foutues minutes que je poireaute comme un con, dans cette salle d'attente aux murs trop blancs, et à l'odeur de désinfectant médical. C'est officiel : je déteste les hostos.
Mais alors que mon envie de prendre la fuite se fait de plus en plus pressante, une brunette m'appelle, et me fait entrer dans son bureau. J'avoue que je ne prête pas vraiment attention à son visage, ni à son allure. J'ai d'ailleurs presque oublié cette histoire de noms qui me chiffonnait quelques jours plus tôt !
Une fois installé dans le fauteuil en face d'elle -ou plutôt de son écran d'ordinateur, qui me cache son visage-, je fronce légèrement les sourcils, lorsque je vois qu'elle insiste sur mon nom et mes origines… Alors je lui demande un peu perplexe :

- Euh… Oui c'est ça, pourquoi, quelque chose ne va pas dans mon dossier ?

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Ces traits, ce regard bleu d’une profondeur infini et ces cheveux en bataille, c’était bien lui. Je n’en revenais pas. D’ailleurs mes yeux grands écarquillés devaient en témoigner. J’avais insisté pour être bien certaine de moi ma sa réaction piquait un peu. Il ne se souvenait pas de moi ? J’avais donc été un si mauvais coup ? Je n’en avais pourtant pas gardé un mauvais souvenir. D’ailleurs, je crois que si nos chemins ne s’étaient pas séparés, il serait sans doute devenu l’un de mes coups d’un soir officiel si vous voyez ce que je veux dire. Ceci dit, semblerait que lui n’aurais pas été pour. J’ai pincé mes lèvres entre elles, pour masqué le coup que je venais de prendre dans mon égo ravalant ainsi ma fierté. « Non, non c’est juste que .. non, rien tout est en ordre ne t’en .. », commençais-je avant de me reprendre, « Pardon, ne vous en faites pas. », me corrigeais-je avant de lui adresser un sourire croisant pour la première fois son regard couleur lagon. J’ai finalement fermé le dossier, quittant son regard toujours aussi vexée de voir que je n’avais laissé aucun souvenir dans son esprit. Evidemment, je savais rester professionnelle et masquait ce petit problème d’égo derrière un joli sourire bien comme il le faut. Ceci dit, à l’époque de Paris, on était, lui et moi, capable de se comprendre en un battement de cil, mais comme mon nom ne lui disait déjà rien, peut-être que ça non plus ça ne l’avait pas marqué. Enfin, qu’on s’entende, je pouvais parfaitement comprendre qu’après tant de temps on puisse oublier des gens, on en rencontre d’autre, le temps passe on vit des choses plus marquante etcetera. Mais c’était vraiment une question d’égo. « Bien. Expliquez-moi ce qui vous amène monsieur Dwayne. », lui demandais-je comme je le faisais avec tous mes patients. Bien entendu, j’avais l’ordonnance du médecin avec la prescription inscrite dessus, mais la façon très professionnelle avec laquelle les médecins tournaient certaines choses était souvent très différente de ce que le patient en disait. Alors j’avais pris l’habitude de demander, ne serait-ce que pour me faire mon propre avis sur le diagnostic. J’ai pris soin d’éviter son regard, espérant ainsi parvenir à me contenir et à le traiter comme n’importe lequel de mes patients. Il avait commencé à me répondre, m’exposant ainsi les raisons de sa venue, c’est à ce moment-là que j’ai cédé. Sans doute la nervosité que provoquait en moi le fait de me savoir « oublier » par une personne avec qui j’ai eu autant de feeling que Raphaël. « Ok, je peux pas. », l’interrompais-je avec franchise. « Je suis Rose, on s’est connu à Paris. Tu ne te souviens pas ? », demandais-je avec un demi sourire. Je crois que j’étais coupé entre la joie de le voir ici et la gêne d’en arriver là tout ça parce que mon égo avait été touché. « J’étais un si mauvais coup que ça ? », lançais-je instinctivement sans même réfléchir. C’était Raphaël qui faisait ça, je veux dire il n’y avait qu’avec lui que je me sentais vraiment libre de laisser les choses se faire comme elle venait et sans y réfléchir un million d’année avant que ce n’arrive. J’ai plongé mon regard bleuté dans le sien, insistant un peu dans l’espoir de réveiller un peu ses souvenirs. Bon, certes, j’aurais dû être plus gênée que vexée de le voir ici après ce qui s’était passé entre nous mais je pense que ce n’était qu’une réaction à chaud. Une réaction qui allait sans le moindre doute décuplée mon sentiment de gêne tout à l’heure …

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"Ne t'en fais pas" elle allait le dire. "Ne t'en fais pas", j'suis pas fou ! je sais qu'elle allait le dire. Plus de doute maintenant. C'est bien ma Rose. Bon sang, que le monde est petit. Moi qui pensais ne jamais la revoir, l'avoir abandonnée comme j'avais abandonnés mes amis -du moins ceux qui restaient- et ma mère... j'avoue que je suis troublé. Et puis ça aurait pu être n'importe qui: une cousine, un ami d'enfance, que sais-je encore. Mais non, il faut que ce soit elle, que je retrouve. La fille la plus bouleversante que j'aie jamais vue. Celle avec qui tout était si facile, tout était compris en un éclair, reçu cinq sur cinq. A croire qu'à l'époque, on partageait un cerveau tous les deux... La meilleure époque de ma vie. De NOS vies. Cette époque où le monde n'était pas aussi dangereux, et où aller boire un coup en terrasse ne relevait pas de la résistance. Et croyez moi ou non: c'était il y a quelques mois seulement. Pourtant... j'ai l'impression que c'était il y a des années maintenant... tout va tellement vite !

En entendant que tout est en ordre dans mon dossier, je lui adresse un léger sourire un peu soulagé. Mais en réalité, je suis perturbé. Comment réagir maintenant ? est-ce que je crève l'abcès ? mais elle ? peut-être qu'elle n'en a pas envie, qu'elle n'a pas forcément envie de retourner le couteau dans la plaie... Si toute fois c'est une plaie dont on parle. Non, y'a pas à dire. Les questions fusent pèle-mêle dans ma tête, mais elle brise le silence me demandant, en gros, ce que je fous là. Je lui dirais bien, tout ce que j'ai sur le coeur. Que depuis ce qui s'est passé, je suis une putain d'épave, sur le modèle du Titanic, que j'ai mal physiquement tout comme moralement.Mais ça, je le garde pour moi. Je me contente de lui répondre, le plus simplement du monde:

- J'ai du trop forcer... J'en sais rien. Mais mon médecin m'a demandé de venir te... vous voir pour soulager un peu tout ça, enfin voir si il était possible de faire quelque chose tout du moins !

Le regard fuyant, je mords ma lèvre inférieure, avant qu'elle, ne se mette soudainement à éclater. Relevant mon regard vers elle, surpris de tant de ferveur, de cette réaction aussi soudaine, je lui réponds à mi-voix, cherchant mes mots, cherchant mes mots:

- Bien sûr que je me souviens de toi... Comment... comment j'aurais pu t'oublier ? tu crois vraiment que j'en aurais été capable ?

Lui adressant un sourire déjà un peu plus soulagé d'avoir crevé cet abcès, je réprime un léger rire, laissant se dessiner un autre sourire, cette fois-ci amusé, avant de lui répondre à nouveau:

- T'étais parfaite.

Marquant une courte pause, je finis par cracher le morceau, ces mots qui restaient bloqués à travers ma mâchoire... et lui lance:

- Ecoutes, j'suis désolé. C'est juste que... j'm'attendais pas à te voir ici... pour moi, t'étais encore en France.. j'étais persuadé de ne plus jamais te revoir... j'suis désolé.

Passant une main sur mon visage afin de me remettre de mes émotions, je plonge pour finir mon regard dans le sien, m'efforçant de sourire et de faire comme si cette boule dans ma gorge n'existait pas, je lui lance:

- Bordel, c'est dingue... tu m'as tellement manqué je... je soupire, tentant de me soulager, sans doute, avant de lui demander : hem... mais dis moi alors, ça fait longtemps que t'es ici
?

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