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Meline & Alize

Après mes mésaventures californiennes avec ma soeur, direction la prison pour femmes où était ma mère, j'avais eu besoin de consolation. Difficile à imaginer, puisque j'avais tout fait pour donner l'impression que tout allait bien. Ce n'était pas le cas, et Bianca, elle, l'avait bien compris. Grand-mère aussi, mais ça, c'était normal, c'était elle qui nous avait élevées de toute façon et c'était elle qui nous connaissait le mieux.

J'avais pris la décision de contacter mon amie Meline, avec comme idée de me vider l'esprit avec quelqu'un que je connaissais, qui me connaissais et qui, malgré nos différences, ne me jugeait pas. Certes, j'avais ça avec ma soeur, mais ce n'était pas la même chose. J'avais besoin de changer d'air. Et j'avais pensé à de multiples façons de le faire. La première aurait été d'aller me souler la gueule avec elle. Après tout, l'alcool n'était pas vraiment inutile quand il s'agissait de se vider l'esprit. Mais j'avais besoin de garder mes idées claires. Quitte à avoir l'âme à l'envers, je préférais me souvenir pourquoi plutôt que de me retourner le coeur avec de l'alcool.

Alors, je lui avais donné rendez-vous au refuge animal. J'en avais parlé depuis peu à Bianca, en ayant l'idée d'adopter un petit chiot. Je rêvais de ces bébêtes depuis toute petite, mais je n'avais jamais été capable de me débrouiller à en prendre un. Désormais, j'avais vingt-quatre ans, et je pouvais clairement espérer me débrouiller seule sans le tuer à la façon de tous ces poissons rouges qui avaient fini dans la cuvette des toilettes. Et puis, sans doute que d'ici quelques années, j'aurais quitté la maisonnette où j'avais grandi, direction mon chez moi. Mais avec les soucis de santé que j'avais refusé pendant longtemps de soigner, je me retrouvais sous l'oeil averti des deux femmes de ma vie : Nanny et Bianca. Réjouissant!

Elle n'avait pas tardé à arriver. En fait, je ne l'avais clairement pas attendue. C'était typique avec Meline : ni l'une ni l'autre n'avions à nous attendre pendant des heures, nous étions plus ou moins ponctuelles. Et ce n'était pas plus mal ainsi, en fin de compte. Nous nous étions vite engouffrées dans le refuge, regardant avec émerveillement, malgré l'apparence miteuse du bâtiment, les petits animaux qui semblaient tout aussi ravis que nous de se retrouver en notre compagnie. « Oh regarde-le, comme il est drôle lui! » Bon, c'était une blague, le bichon en question semblait plus en colère qu'autre chose, mais il avait une drôle de tête, un peu trop colorée et des yeux vairons, qui lui donnait un air complètement décalé. Ouais, il était drôle en fait.