Encore un samedi soir à travailler au Johnny’s, mais ça ne le dérange pas, Charlie il aime ça, il aime surtout ce lieu qui est devenu depuis pas mal d’années maintenant en quelque sorte son QG, bien avant même d’y travailler. Il peut y jouer sa musique et c’est tout ce qui compte. Le patron est même plutôt sympa, il adapte son emploi du temps en fonction de ses cours, des concerts avec le groupe, et il le laisse même jouer parfois alors qu’il est censé être en service. Charlie évite, il joue plutôt avant ou après de bosser, où en fonction de l’affluence, c’est plus professionnel. Ne gâchant rien, il a une collègue sympa et plutôt mignonne. Ah Eryn, une des rares filles à lui avoir dit non. D’abord vexé, aujourd’hui il s’en amuse et ils en rient ensemble. Mais la soirée s’égaye un peu plus encore, quand une jolie brune fait son apparition : Lauren. Ils ont une relation un peu particulière, oscillant entre complicité et ambigüité. Le barman sourit largement en la voyant approcher, mais il est obligé de la faire un peu patienter, le temps de servir d’autres clients qui étaient là avant. Quand enfin il peut s’occuper de Lauren, il se penche par-dessus le comptoir pour lui faire une bise sur la joue. Comme par hasard, très près de la commissure de ses lèvres. « Bonsoir poupée. » Petit surnom qu’il a pris l’habitude de lui donner depuis presque toujours en réalité. « Qu’est-ce que je te sers ? » Ce n’est pas qu’il ne connait pas ses goûts, depuis le temps qu’ils se connaissent, il sait plutôt pas mal ce qu’elle apprécie ou non, mais il n’est pas encore devin et ne peut deviner ce dont elle aura envie à ce moment-là. « Je fini dans quarante-cinq minutes, et après, je suis tout à toi. » Dit-il en lui préparant sa commande. Comme il a bossé tout l’après-midi, il ne fait pas la fermeture et il va pouvoir ainsi un peu profiter aussi de sa soirée, même si c’est pour rester sur place. Et c’est pour cette raison aussi, qu’il a proposé à Lauren de le rejoindre, et dans l’idée éventuelle de finir en boîte après. Mais ça, on verra plus tard.

Ce soir, je m'ennuie et j'ai besoin de décompresser. Et pour cela rien de mieux que de rendre visite à Charlie, mon meilleur pote. Nous sommes très proche tout les deux, il y a énormément d'ambiguïté entre nous. On se tourne autour sans jamais faire le premier pas. Bref, je le rejoins au bar où il travaille, afin de lui faire une surprise. Il me repère bien vite en me faisant un sourire à faire pâlir. Je m'installe au bar en attendant qu'il serve ses clients. Au bout d'un moment il s'approche de moi, me saluant avec baiser amical et plus... "Coucou mon beau ! Je te dérange pas j'espère ? Je veux bien un coca s'il te plaît !"
Il me dit qu'il en a encore pour quarante cinq minutes, c'est la galère, j'fais m'embêter pendant tout ce temps ? Mais à peine m'a t'il quitté qu'un homme plutôt charmant s'approche de moi et commence un jeu de drague ringard "T'es charmante, toi, j't'offre un verre beauté ?"
Non mais il veut quoi lui là ? "Euh... Non merci, j'ai ce qu'il me faut"
Mais il commence à me parler un peu de lui et je dois dire que je commence à me détendre, il est sympa au final. Il me raconte des blagues et j'éclate de rire ne faisant plus attention à tout ce qui m'entoure.

C’est le sourire aux lèvres que Charlie continue de servir les clients qui défilent au bar, tout en gardant un œil sur sa brunette préférée. Il tient énormément à elle, peut-être même bien plus qu’il ne veut bien l’admettre. Quoi qu’il en soit, il a toujours eu ce comportement assez protecteur envers elle, et il est le mieux placé pour savoir que dans un bar, c’est l’endroit propice aux dragueurs. Ça ne loupe d’ailleurs pas, il voit rapidement un mec s’approcher de Lauren et il le fusille du regard. Sur le moment, il ne fait rien, il voit qu’elle semble gérer, mais l’autre ne part pas. Charlie s’apprête à planter la table qu’il est en train de servir pour venir à la rescousse de sa meilleure amie, mais voilà qu’elle se met à rire avec l’autre abruti. Le jeune homme fulmine à l’intérieur. Ça ne lui plait, mais pas du tout. Il fonce droit vers eux, fusillant le mec du regard. « La demoiselle t’a dit qu’elle n’était pas intéressée. » Evidemment, il n’a pas conscience qu’il s’agit là plus de jalousie que de réel instinct de protection, sinon, il aurait réagi bien avant. A moins qu’il ne veuille pas le voir. En tout cas, hors de question pour lui de laisser ce mec tourner autour de SA Lauren. « Tu te prends pour qui pour décider de ceux qu’elle veut. On rigolé bien à l’instant et ça n’a pas l’air de la déranger. » Charlie prend sur lui pour se maitriser et ne pas lui coller son poing dans la figure, tenant à son emploi. Mais il n’est pas du genre non plus à se laisser marcher sur les pieds. « Je travaille ici et je peux tout à fait m’arranger pour te foutre dehors si tu continues d’embêter la demoiselle. » C’est pas totalement vrai, mais ça, l’autre n’est pas obligé de le savoir. Le barman n’a juste pas envie de voir Lauren partir avec un autre ce soir, quand il espérait pouvoir profiter de son samedi soir de libre en sa compagnie.

Je continue de rire avec l'inconnu auprès de moi, quand tout à coup, mon meilleur ami débarque fulminant littéralement le jeune homme du regard. Serait il jaloux ? J'avoue que cela me plairais beaucoup car, je n'arrive pas à lui dire mais Charlie est pour moi, bien plus qu'un meilleur pote ! Mais là pour le moment, je n'aime pas le fait, que les deux hommes parlent de moi comme si, je n'étais pas là ! "Excusez moi, ai je mon mot à dire ? Bon tout d'abord, toi dont je ne connais pas le nom, merci de m'avoir tenu compagnie, mais mon ami est là maintenant tu peux t'en aller !"
Je le regarde fixement
"Tu pourrais me filer, ton numéro ma belle ?"
Il est sérieux lui ? On a parlé vingt minutes tout au plus.
"Euh... non t'auras pas mon numéro salut !"
Je me retourne désormais vers Charlie.
"Et toi c'était quoi ce truc là ? Depuis quand, je n'ai pas le droit de parler avec un gars en toute amitié ? Ne seriez-vous pas jaloux Mr Robinson ?"
J'adore le taquiner c'est mon passe temps favori, et je dois dire que j'aimerais beaucoup, qu'il m'avoue cette chose, cela m'éviterai de le faire en première...

Ça l’énerve bien plus que ça ne le devrait, de voir cet abruti tourner autour de Lauren. Parce que si ce n’était que de la protection contre un mec trop lourd, il aurait agi bien plus rapidement. Ce n’est qu’en la voyant être réceptive et rire avec ce gars que Charlie intervient, piqué au vif. Même s’il ne veut pas l’admettre, c’est bel et bien de la jalousie qu’il ressent. Il ne devrait pas, c’est une amie, non ? Et puis, il aime trop sa liberté, charmer et être entouré de filles que pour se caser avec une seule. C’est sans doute ce point qui lui fait ne pas comprendre ce qu’il ressent pour la brune. Ou plutôt il ne veut pas le comprendre. Au fond, ça le fait sûrement un peu flipper. Être amoureux, il n’a pas l’habitude. Charlie se retenant toujours d’en coller une à l’autre type qui ose encore demander le numéro de Lauren, affiche un sourire vainqueur, lorsque cette dernière rembarre l’autre gars, le congédiant. Au moins, ça le rassure, elle ne discutait avec ce type que pour passer le temps jusqu’à ce que lui soit disponible pour elle. Là où il rigole moins, c’est la remarque qu’elle lui fait, une fois le pot de colle parti. Le jeune homme reste pantois face à l’insinuation de Lauren. Charlie part dans un fou rire qui sonne très faux. « Jaloux ? Mais non. Pourquoi je serais jaloux ? Je ne faisais que te débarrasser d’un pot de colle. Je les connais ces types, j’ai l’habitude de les voir en action ici. Je voulais t’épargner ce moment pénible c’est tout. » Il est mal à l’aise, vraiment. Il se rend compte qu’elle a mis le doigt sur quelque chose, mais il n’est pas prêt à l’assumer. Alors il le cache et esquive de s’enfoncer dans cette discussion, profitant de voir une table se libérer. « Tu m’excuses encore quelques minutes, je débarrasse cette table, je récupère mes affaires au vestiaire et je serais tout à toi. » Charlie lui sourit, colle un baiser qui se veut amical mais qui dur un petit peu plus et est bien plus proche de la commissure de ses lèvres que ce que devrait faire un simple ami. Bon, c’est pas nouveau que ces deux-là sont particulièrement tactile et ont un comportement ambigu l’un envers l’autre, mais le fait que ça se passe juste après la suspicion de jalousie, lui donne du crédit. Le barman s’exécute et se dépêche de débarrasser la table, la nettoyer, qui est aussi vite reprise. Il prévient ses collègues et part à l’arrière se changer, récupère ses effets personnels et revient rapidement auprès de la jolie demoiselle, se servant une bière au passage et reprenant un verre pour elle. « Me revoilà. Tiens, c’est moi qui offre. » C’est tout sourire qu’il lui tend son verre. « Tu veux faire quoi ce soir ? On va quelque part d’autre, ou on reste ici ? » A son regard rivé sur la petite scène et les quelques musiciens qui se préparent à faire un bœuf, il laisse aisément deviner à Lauren que lui a bien envie de rester encore un peu là pour le moment. La musique, c’est toute sa vie à Charlie.