Depuis les fêtes de fin d'années, Sullivan s'était totalement plongé dans son travail. Il ne pensait plus qu'à ça. Comme une obsession, pour oublier la tristesse. Parce que même si les fêtes s'étaient bien passées, et qu'il avait été plus qu'heureux d'avoir ses enfants avec lui à Noël, un être lui avait cruellement manqué. Constance. Ils s'étaient disputés pour une broutille, après une embrouille avec Lauren.
Sa fille, comme toujours, avait exagéré. Et Sullivan avait laissé couler. Faire comme si ça ne le touchait pas, pour au final, arriver à faire comprendre à sa fille que ce n'était pas la bonne façon de faire. Ils avaient toujours procédé comme ça. Le papa essayait de ne pas crier, c'était comme ça que réagissait leur mère, quand ils étaient petits. Au final, elle était partie avant qu'ils n'aient pu dire "ouf". ça avait été particulièrement dur, autant le fait qu'elle soit partie que les derniers temps en sa présence. Il n'avait jamais voulu se transformer en le même parent qu'elle. Être un père oppressant. Mais il avait tout fait pour que ses enfants soient bien éduqué, dans le respect de l'autre. Il n'y avait qu'avec Lauren que c'était un peu compliqué. Alors quand Constance avait remis en cause son autorité avec une phrase, qui au final, était tellement bénigne, il avait été dans l'excès. Il ne l'avait pas supporté. Il avait été odieux, en lui faisant comprendre que ELLE, elle n'était pas mère, alors qu'elle ne pourrait pas comprendre. Qu'elle ne le pouvait pas. Et que de toute façon, elle n'avait rien à dire sur ce qui ne la regardait pas. Même si elle était amenée à vivre avec eux, ou au moins, à leur contact, et qu'au final, elle était concernée par leur éducation. Il l'avait vue se lever sans un mot, et prendre ses affaires, pour partir. Elle lui avait laissé un faible "C'est vrai, tu as raison". Et, sans se retourner, était partie, ce qui avait laissé le cœur de Sullivan se serrer comme jamais. Il avait regretté à partir du moment où elle avait passé la porte. Et même s'il avait essayé de lui courir après, ses jambes avaient été comme du coton. Depuis, ils ne s'étaient pas revus, ça faisait de longs mois, déjà. Et elle lui manquait terriblement.
Mais l'absence de ses nouvelles lui faisait penser qu'elle voulait mettre un terme à leur relation. Il lui avait envoyé deux textos. Et elle n'avait pas répondu. Mais qu'est-ce que c'était, deux texto, en deux mois ? Rien, tellement peu, qu'elle aurait eu de quoi penser qu'il n'en avait rien eu à faire. Bien que ce ne soit faux. Il espérait un signe du destin, qui lui ferait penser que la vie à deux pouvait continuer. Mais jusqu'à maintenant, le destin c'était acharné. Quand il allait à son travail, ou qu'il attendait devant son chez elle, il ne la voyait jamais. Elle n'y était pas. S'il avait du prendre ça comme un signe, ça n'aurait pas été de très bonne augure pour leur relation.
Il s'était rendu à la boulangerie pour acheter le pain pour le service du soir, qu'il préparait dès le matin. C'était toujours comme ça quand le restaurant ouvrait uniquement pour un service : il s'y prenait au moins sept heures à l'avance pour que tout soit encore plus parfait que d'habitude. Le perfectionnisme de Sullivan était certainement ce qui l'aidait à oublier. Et aussi ce qui avait permis à l'affaire de fonctionner si bien. Il ne pouvait pas s'en plaindre. En se mettant dans la file, il remarqua une silhouette qu'il ne connaissait très bien : il rêvait de la revoir. L'entendre commander son pain ne fit que confirmer sa pensée. Constance se tenait là, au comptoir, séparée par une personne de lui.. Son cœur se serra, et il se mit à hésiter. Devait-il tenter de briser la glace ? Quand elle passerait à côté de lui, il l'intercepterait pour lui parler. Oui, voilà, ça semblait être un bon plan. En attendant, il tentait de réunir son courage pour ne pas perdre la femme qu'il aimait.

La jeune femme venait de rentrer d'un séjour chez ses parents pour les fêtes de Noël. Constance ne devait pas les passer avec sa famille, mais avec celui qu'elle aimait et ses enfants. Malheureusement rien ne s'est passé comme prévu... Quelques jours avant Noël, la femme brune se confie sur le comportement que la fille de Sullivan avait eu courant de la journée. Rien de bien méchant, elle voulait juste dire ce qu'elle ressentait au vu de la situation. Elle comprit immédiatement que l'homme en face d'elle a mal interprété la remarque, qui était insignifiante...Suite à la remarque, tout venait de dégénérer, gardant sa fierté, elle l'écouta silencieusement, de minute en minute, son coeur se serra, les larmes menacèrent de se déverser sur ses joues, mais elle tient bon...

La vie sans Constance lui semblait plus fade, sans le goût qu'elle avait auparavant. Mais il ne savait pas comment retourner vers elle. Il avait peut-être cette fierté mal placée, qui faisait que faire le premier pas lui semblait être tout un monde, toute une difficulté presque insurmontable. Pourtant, ce qu'il se disait, et ce qui revenait le plus souvent, c'était que cette femme lui manquait. Plus que tout. Il l'aimait, et il n'arrivait pas à se dire qu'il avait tellement joué au con qu'il risquait de la perdre. Alors oui, après avoir envoyé deux misérables textos, il avait finalement laissé couler. N'importe quel autre homme se serait battu pour avoir une réponse, un signe, non ? Mais lui n'avait rien trouvé d'autre que se plonger dans le travail. Et les affaires n'en marchaient que mieux. Mais qu'en était-il de son coeur, qui lui semblait être meurtri par le silence de Constance ?

La revoir, là, dans la boulangerie, c'était inespéré pour lui. Sullivan y voyait déjà un signe. Le destin avait peut-être essayé de les réconcilier ? Non, il n'y avait que les femmes pour croire aux signes, pas Sullivan. Il avait eu raison de ne pas s'attacher aux signes : Constance l'avait vu, il en était sûr. Et elle était passée à côté de lui en l'ignorant, comme si de rien n'était. Ce qui ne fut pas facile pour le père de famille. Il avait l'impression de voir partir en fumée tout espoir de retrouver celle qu'il aimait. L'âme en peine, il avait acheté le pain pour le service du midi, en espérant qu'ils en aient assez, sinon il enverrait quelqu'un en chercher de nouvelles. Puis il était sorti, avant de réaliser qu'une voix qu'il ne connaissait que trop bien venait de le saluer, le sortant de ses pensées moroses. Sullivan s'arrêta devant Constance, et lui fit un maigre sourire. « Bonjour Constance. » dit-il dans toute la contenance qu'il pouvait avoir, avant de reprendre avec des banalités. « ça va ? » Non non ! ca sonnait aux oreilles de Sullivan comme s'il tentait de faire comme si de rien était. Il avait arrêté de respirer, avant de reprendre une inspiration, et plutôt de faire comme s'il n'avait pas posé la question pour laquelle il se serait donné un giffle. « Je t'ai laissé des messages. » Ce n'était pas mieux,c 'était en soi une accusation de ne pas avoir répondu. Mais au moins, ça disait quelque chose sur le problème. Sans prendre le ton de la guerre, juste comme une simple constatation. Oui,c 'était vrai, il avait laissé des messages.