Ces derniers temps, être à la maison, c'était difficile. Et pour la première fois depuis longtemps, c'était toi qui avait pris les devant. T'avais tout préparé. Juste pour ne pas se prendre la tête. Parce que t'étais pas aveugle, tu savais que ton couple battait de l'aile. Et c'était exclusivement par ta faute. Enfin, bien qu'on soit à deux dans un couple, et que t'avais pris pour habitude de tout remettre sur les épaules de Camille. Camille. Cette femme était d'une patience qui était presque révoltante. Elle savait prendre sur elle, c'était vraiment impressionnant à tes yeux. Surtout pour toi, qui en était vraiment incapable. D'ailleurs, c'était en partie pour ça que ton couple n'allait pas bien. Toi, tu te morfondais sur toi-même, en te disant que la vie était dure et injuste envers toi. Mais, sans t'en rendre compte, t'avais aussi rendu la vie dure et injuste à ta famille, mais surtout à Camille. Parce que dans ton malheur, tu lui en voulais de te regarder comme un handicapé. De te rappeler au quotidien qu'il fallait te battre. Mais t'avais déjà déjà déposé les armes avant même de les avoir en mains. Parce que toi, t'étais le genre défaitiste. Le genre d'homme de peu de foi.

Mais cette fois-ci, t'avais pris sur toi. T'avais décidé d'essayer de remettre les choses en place, avec Camille. La discussion avec Joy avait dû forcément t'aider. Elle t'avait fait ouvrir les yeux. Si tu ne te bougeais pas, Camille, t'allais la perdre. Et ça, c'était pire que perdre tes jambes, ça t'arracherait le cœur d'un coup sec. Sauf que, t'étais bien trop fier, oh oui, trop fier pour te l'avouer complètement, parce que dans le fond, tu le savais. Mais surtout, trop fier pour le dire à haute voix.
Alors, t'avais demandé de l'aide à ta mère, toute contente de pouvoir enfin faire quelque chose avec toi. Tu lui avais fait préparer un sac pour ta chérie, tu avais passé plus de deux semaines à lui demander de t'expliquer la voiture spécialisée pour que tu puisses t'en servir. Toi qui avais refusé de la prendre, pour éviter que tu te considères toi-même comme un handicapé. Pour échapper à la triste réalité qui était tienne.
Quand enfin t'avais été prêt, t'avais attendu qu'elle ait un jour de congé. Ou deux. ça dépendrait de comment les choses se passaient. T'espérais que ça irait. Tu tentais ton dernier coup, enfin, c'était comme ça dans ta tête. La relation allait tellement mal, que t'avais peur que si ça se passe mal, ce soit la fin, avec Camille. T'espérais juste te tromper, mais il fallait arrêter de se voiler la face, non ?
Alors que vous preniez votre déjeuner, une fois fini, t'avais débarrassé la table, et t'avais sourit à ta bien-aimée, avant de prendre la parole.Tu es prête, on y va ? Ta mère lui avait déjà dit que vous passeriez un petit moment ensemble. Peut-être une demi-journée, peut-être deux jours. Ca dépendait aussi de ta propre forme physique, et ça, ça t'agaçait suffisamment pour ne pas l'évoquer. Mais elle n'avait pas indiqué où, sauf qu'il était évident que sans avis médical, sortir de Louisiane, pour l'instant, c'était assez peu recommandé.
Une fois Camille prête à partir, et toi aussi, tu faisais rouler ton fauteuil jusqu'à la voiture, et prenais place au siège conducteur, en rangeant ton fauteuil à l'arrière, non sans l'aide de ta mère, mais toujours de façon à ce que tu puisses le récupérer plus tard. Tu mettais la voiture en route, et une fois ta chérie assise et porte fermée, tu hochais la tête. C'est parti !que tu disais, en essayant de te rappeler de tout ce que ta mère t'avait dit, histoire d'éviter un second accident de voiture. En vrai, c'était pas sorcier à conduire. Il fallait juste que tu ne quittes pas ton masque de prudence. Pas cette fois.

 
Ces temps ci, avec Jake, c'est pas le bonheur parfait. Il est sans cesse en colère contre moi, alors que je fais tout mon possible pour qu'il se remette de ce tragique accident qui lui a coûté ses jambes. Je fais tout pour qu'il se motive à marcher, mais j'ai l'impression qu'il ne veut pas faire d'efforts. Alors on se prends la tête. J'aimerais tellement que tout se passe comme avant. A croire que la vie a entendue mes prières, car ma belle maman est venue me dire que je devais préparer un maillot de bain, car apparemment Jake, avait préparé quelque chose pour nous deux. Mais elle n'a pas voulu m'en dire plus. J'aime bien ce Jake pleins de mystères, ça change de notre routine du moment. Et cela tombait à pic vu que j'avais pris quelques jours de congés, mais j'suis certaine qu'il avait encore une fois tout prévu. Pendant le petit déjeuner, l'ambiance était différente de d'habitude, elle était plus détendue. Je savais très bien qu'on allait sortir tout les deux, mais j'étais stressée de ne pas savoir qu'elle serait notre programme, moi qui est tellement l'habitude de tout contrôler, c'est difficile de ne pas pouvoir décider. "Oui, je suis prête ! On va où Jake ?" Je souris car, je suis contente qu'il s'occupe un peu de moi. J'espère que tout se passera bien. Qu'on en viendra pas à gâcher ce bon moment en perspective.  

 
Ta mère t'avait regardé faire avec des yeux brillants de fierté et d'espoir. T'avais même presque eu l'impression de voir des larmes couler sur ses joues rosies. Elle avait serré un torchon qu'elle avait dans les mains, comme si ça lui permettait de tenir face à ce trop plein d'émotions positives. Et d'un côté, tu la comprenais.
Depuis quelques temps, tu ne prenais plus d'initiatives. Non, jamais. Et encore moins sur ta vie amoureuse. Elle avait été posée à néant pendant tellement de temps. Pourtant, tu t'étais décidé. Le discours de Joy avait eu le temps de pousser dans ton esprit. T'en avais parlé avec ta psy. Et elle avait dit que pour la première fois depuis deux ans, tu avançais. Et elle était fière de toi. Alors, le fait qu'elle t'encourage, ça t'avait décidé à mettre en place cette sortie. Oui, c'était très bien. Tu remerciais ta mère dans le fond. Tu lui avais mené la vie dure, et pourtant, elle t'avais aidée. Tu le lui dirais quand vous rentreriez. Tu hochais la tête quand elle te disais être prête. Et un sourire s'insinuais sur tes lèvres, pendant qu'elle te demandais où vous alliez. Tu peinais à croire que ta mère avait su garder sa langue. Pour une fois, elle semblait avoir réussi, tout de même. C'était... un bon début. Je suis presque étonné que ma mère ne t'ait rien dit. donnais-tu, comme unique réponse. C'était pas gagné.
Tu commençais à rouler, vers la destination, que tu avais travaillée afin de ne pas utiliser de GPS qui te trahirait. Ces petites choses, ça parlait beaucoup trop. Oh, ça oui.  On va à un endroit que j'ai toujours voulu te montrer. Mais que tu ne lui avais jamais montré parce qu'au final, t'avais pas eu le temps avant l'accident, et que depuis, t'avais mis ta vie, mais surtout votre relation en pause. Et c'était l'occasion ou jamais de remettre play, pour voir si ce qu'il fallait sauver pouvait encore l'être. Et tu l'espérais. Sincèrement.

 
D'habitude, je ne suis pas une grande adepte des surprises. Mais celle là, c'est comme si, je l'attendait en pensant qu'elle ne viendrai jamais, vu les relations chaotiques que mon couple subissaait en ce moment. Je voyais à quel point Jake, voulait arranger les choses. Et ce petit week end en est la preuve. On s'aime et c'est un bon moyen ppir nous de se retrouver que tout les deux, sans rien ni personne autour de nous. J'avais tenté de soudoyer ma belle mère afin de savoir plus de détails en ce qui concerne notre destination. Mais elle n'a rien voulu me dire. Elle qui en général n'a pas sa langue dans sa poche.Jake l'a remarqué aussi apparement...
"Oui, c'est bizarre, pourtant c'est pas faute d'avoir essayer de lui faire cracher le morceau..." Je me mets à rire, ça fait tellement de bien.
J'ai l'impression de ne pas avoir rit d'aussi bon coeur depuis longtemps. Quand il décide enfin de m'en dévoiler un peu, je me sens soudainement très pressé d'y être.
"J'ai hâte de voir ça... Tu me donnerais pas quelque indice sur ce lieu par hasard ?!" Ma curiosité est mise à rude épreuve.

 
Avec Camille, c'était vraiment compliqué. T'avais perdu cette confiance en toi que t'avais avant. Et t'étais sûr que ça avait changé les choses pour elle, ce qui te faisait toujours perdre un peu plus de cette confiance. Comme protection face à cette crainte, t'avait trouvé le sarcasme, l'ironie et parfois, la dureté. Tu savais que ce n'était pas une bonne solution pour autant. Mais t'avais pas su trouver mieux. Parce que t'avais plus l'impression qu'elle te regardait avec les yeux de l'amour qu'elle avait avant, quand elle posait le moindre regard sur toi. T'avais plutôt l'impression que c'était ceux de la pitié. De la compassion. Et parmi toute autre personne de ton entourage, c'était ce qui te faisait le plus de mal.
T'étais plutôt soulagé que ta mère n'ait rien dit à Camille. Au moins, ça laissait toute la surprise. Si dans un premier temps, ça t'avait étonné, t'avais fini par te dire que c'était parce qu'elle avait réalisé qu'il y avait tellement à sauver entre Camille et toi, que gâcher une surprise de ce genre pouvait à tout moment ruiner votre relation. Tout ne tenait tellement plus qu'à un fil qu'il fallait à tout prix faire attention entre vous. Je préfère qu'elle ne t'ait rien dit, en tout cas. Au moins, ça gâche pas la surprise.. Que tu disais, tout en mettant ta main dans la sienne, faisant toujours très attention à la voiture, et la route. Un accident, ça suffisait pour toute une vie.
Tu souriais en entendant ta chérie parler. Oh, ça non, tu risquais pas de trop en dire. Mais tu pouvais donner des indices auxquels elle ne trouverait pas de réponse claire dans les souvenirs de ton passé que tu lui avais déjà racontés. Mais même ça, pour l'instant, t'allais pas lui donner. Il vous restait encore de la route. La curiosité est un vilain défaut, mademoiselle Allen.. que tu disais, avant de changer de vitesse. Puis, tu tourna une demi-seconde la tête vers elle, avant de te concentrer sur la route. c'est un endroit dont personne de ma famille ne connait beaucoup, parce que personne n'y va vraiment..