J’avais attrapé ma veste et j’avais quitté l’appartement beaucoup trop vide à mon goût sans me faire prier. Un groupe de copains m’avait proposé une soirée dans l’une des boites de nuit de la ville, loin des problèmes. Le but de la soirée était assez simple : se changer les idées et très certainement finir la tête à l’envers. Je faisais de moins en moins ce genre de soirée, n’y trouvant plus mon compte. Il fallait croire que j’étais en train de grandir… ou de vieillir. Question de point de vue.

Les verres commençaient à s’accumuler sur la table. J’avais bu. Beaucoup trop bu une fois de plus. J’avais besoin d’oublier, de m’éloigner de mon quotidien et son lot de mauvaises nouvelles. Le cancer de ma mère nous avait fait une mauvaise surprise en réapparaissant sans nous laisser une minute de répit. Mon portable sonnait. Une cliente me demandait si j’étais disponible ce soir. Je secouais négativement la tête comme si elle était capable de me voir. Mon meilleur ami me donnait un léger coup de coude, m’annonçant qu’il sortait pour fumer sa cigarette. Je n’avais pas envie de l’accompagner. J’avais envie d’un autre verre et peut-être de la compagnie de l’une de ses demoiselles qui se défoulaient sur la piste de danse en gloussant en groupe. Pourquoi ne pas me perdre dans les draps de l’une d’entre elles ?

Je rejoignais la piste de danse et me retrouvais rapidement avec les bras d’une jeune femme autour de mon cou et des petits mots glissaient à l’oreille. J’avais son numéro de téléphone dans la poche arrière de mon jean. Je n’allais pas en avoir besoin. J’allais certainement avoir oublié jusqu’à son prénom le lendemain. Je n’étais pas de ceux qui tombent amoureux. Après quelques danses langoureuses, je lui proposais de lui offrir un verre. C’était la moindre des choses. Ravie, elle accepta avant de me suivre jusqu’au bar. Un cocktail hors de prix. Tellement prévisible. Je ne bronchais pas et lui offrais, me prenant une bière au passage. J’avais besoin de ralentir un peu. A cette heure, la boîte de nuit était bondée. Mon dos était accolé au bras d’un mec dégoulinant de sueur et qui bougeait au rythme de la musique. Je pouvais également participer à la conversation des deux mecs derrière moi à propos d’un film de science-fiction récemment sorti. Je commençais à avoir chaud. Beaucoup trop chaud.

Je me dirigeais vers la porte. J’avais besoin de prendre l’air. Un gros type baraqué se planta devant moi. Je ne lui accordais aucune attention. Passablement éméché, il cherchait sans aucun doute les embrouilles. J’eus plus de chance que l’homme qui me suivait, qui, très certainement déséquilibré, le percuta. Pas de quoi faire mal à qui que ce soit. Je soupirais et passais ma main dans mes cheveux. J’allais reprendre ma route lorsque des éclats de voix se firent entendre. Le brouhaha de la musique d’ambiance m’était déjà insupportable. J’aurai dû continuer mon chemin. C’était la chose à faire. Pourtant à la place je me retournais et faisais volte-face à cet imbécile beaucoup plus musclé que cérébral. « C’est bon fous lui la paix. Tu es un grand garçon. Ok il t’a bousculé, mais tu ne vas quand même pas te mettre à pleurer. » J’étais vraiment doué pour m’attirer des ennuis.