“wild is my favorite color”
w/ @Will Burbank

Un dossier de plus sur la pile, c’était tout ce qu’il fallait pour qu’Adelaïde comprenne que sa journée était enfin terminée. Elle avait pas mal carburé et l’idée de pouvoir enfin s’éloigner de toutes ces histoires lui faisait un bien fou. Sa veste en main, la jolie rousse salua des collègues et quitta son lieu de travail. Installée dans sa voiture, la jeune femme prit quelques secondes pour fermer les yeux et respirer profondément. Être substitut du procureur était l’une des meilleures choses qui aurait pu lui arriver, mais il fallait avouer que ce n’était pas facile tous les jours. Poursuivre les mauvaises personnes dans l’intérêt des victimes était une chose qu’elle adorait toujours autant faire aujourd’hui, avec la même passion et ferveur. Adelaïde avait toujours eu une foi inébranlable en la justice, mais elle ne pouvait nier qu’elle avait parfois du mal à porter le malheur des autres sur ses petites épaules frêles. Raison de plus pour laquelle elle méritait amplement d’aller boire un verre, maintenant que la semaine s’était terminée. Un peu plus tôt dans l’après-midi, la jeune femme avait reçu une invitation de sa bande d’amis pour se rejoindre dans leur QG et décompresser ensemble. Il ne lui avait pas fallu très longtemps avant d’accepter. C’est avec une certaine satisfaction qu’elle avait démarré sa voiture pour rentrer chez elle au bout d’un quart d’heure. Le temps de manger un bout et de prendre une douche et la jeune femme était fin prête pour sortir. Prenant les affaires qui lui étaient nécessaires, Adelaïde claqua la porte de son appartement pour se diriger vers le Night’N’fever. Elle aimait beaucoup l’ambiance de cet endroit en plus de leur bonne musique. Bon d’accord, Adelaïde n’était pas vraiment le genre de fille difficile et elle écoutait beaucoup de style de musique différent donc son avis n’était pas forcément le plus utile. Arrivée assez rapidement, elle avait rejoint ses amis à leur table habituelle et les salua un par un avant de s’installer et de boire son premier, puis son deuxième verre. Riant aux éclats face aux histoires plus loufoques les unes que les autres de ses amis, la jeune femme décida d’aller se commander un verre au comptoir. Maintenant que la soirée avait complètement commencé, il y avait plus de monde et c’était un peu la bataille pour avoir la totale attention d’un serveur. On est jamais mieux servi que par soi-même, right ? Trouvant une place pile pour elle, Adelaïde héla le barman pour lui demander quelque chose d’un peu plus corsé, au pire elle rentrerait en taxi. Peu de temps après, elle sirotait tranquillement son verre pour être finalement interrompu par une voix masculine très certainement alcoolisée. « Comment une si belle femme peut boire toute seule, besoin de compagnie ? ». Adelaïde ne pouvait s’empêcher de trouver ses approches un peu ringardes et sans effet sur elle, mais elle appréciait le geste, c’était toujours flatteur de se faire approcher. « C’est gentil, mais je ne suis pas intéressée, bonne soirée à vous ». Pour illustrer ses paroles, la jeune femme se tourna légèrement pour tourner le dos au jeune homme, ce qui ne l’empêcha pas de se poster derrière la jeune femme en s’approchant un peu trop d’elle. « Pourtant, je suis de vraiment de très bonne compagnie, je vais te le prouver ». Elle était agacée, pourquoi la gente masculine n’était pas capable de comprendre que “non” signifiait “non” ? Elle roula des yeux et voulut faire face à l’homme pour lui faire comprendre une bonne fois pour toute qu’il devait s’en aller, mais il n’avait pas l’air de l’entendre de cette oreille et commença à lui caresser le bras.


     

“wild is my favorite color”
w/ @Adelaïde Finnigan

Depuis l’inconfortable tabouret qu’il a réquisitionné en arrivant, Will observe la piste de danse en jouant distraitement avec son verre vide. Dans son épuisante quête pour trouver quelques bonnes raisons de rester à La Nouvelle-Orléans un peu plus longtemps et son petit manège pour éviter soigneusement tous les endroits où il pourrait tomber sur Aiden, il a pris cette nouvelle habitude de sortir avec ses collègues du labo au moins une fois par semaine. C’est un sacré changement, quand on sait qu’il n’a jamais été très amical avec eux au cours de l’année écoulée, mais il semble qu’avec un peu d’alcool et de la musique trop forte, on lui ait vite pardonné son comportement passé. Ils se retrouvent au Night’n’Fever si souvent que le chercheur se sent presque redevenir un étudiant fêtard, mais il apprend à voir la vie d’un tout nouvel oeil, sans homme pour venir lui prendre la tête, sans solitude pour peser sur ses épaules… ça fait un bien fou.

L’alcool aide certainement beaucoup. Non pas qu’il soit particulièrement ivre, ni ce soir, ni ceux qui l’ont précédé d’ailleurs, mais il a déjà assez bu pour être naturellement joyeux même quand il ne fait rien d’autre que d’observer ses collègues d’un oeil critique. De toute évidence, ils ne savent pas mieux danser que lui, mais il est le seul à ne pas s’y essayer malgré tout. Le temps qu’ils s’épuisent, Will décide qu’il peut bien s’offrir un dernier verre et abandonne son perchoir pour se frayer un chemin jusqu’au bar. “Vous êtes ridicules !” lance-t-il à l’un de ses collègues quand il passe près d’eux en longeant la piste de danse. Une réponse toute aussi désagréable lui est retournée sur le ton de la plaisanterie, mais il ne s’y attarde pas. Il y a beaucoup de monde pressé contre le bar, espérant attirer l’attention du barman pour un verre et il faut un certain temps à Will pour être servi. Il se sent presque comme un gladiateur sortant victorieux d’un violent combat quand il a enfin un verre à la main et qu’il s’apprête à retourner à sa table. C’est malheureusement presque impossible compte tenu de la barrière de personnes qui s’élève derrière lui pour prendre sa place contre le comptoir.

C’est comme ça qu’il se retrouve planté, dos au bar et bras levé au-dessus de sa tête pour protéger son verre, à observer les alentours dans l’espoir de trouver une échappatoire. Il est bien heureux d’être plus grand que la moyenne dans ces moments-là, capable de voir juste au-dessus de toutes les têtes qui lui barrent le passage. Il trouve une petite issue sur la gauche, près d’un couple accoudé au bar qui attire son oeil d’abord vaguement. C’est quand il voit la tenue de la sublime rouquine qu’il leur prête réellement attention et la grimace sur le visage de la jeune femme ne tarde pas à faire sonner le signal d’alarme. Il existe bien une petite chance qu’il fasse erreur, mais il est prêt à parier une partie de sa fortune que cette fille n’est pas du tout amoureuse du type qui se colle à elle en ce moment et qu’elle voudrait être n’importe où ailleurs qu’ici. Le plus triste étant sûrement que Will semble être le seul à avoir remarqué ce qui se passe, alors qu’il y a tout juste la place de respirer. Exaspéré et visiblement juste assez ivre pour se prendre pour un super héros, Will n’hésite pas plus d’une petite seconde avant d’approcher du duo et de se planter devant la jeune femme. Il pose son verre sur le bar et pare son visage d’un grand sourire alors que sa main se pose sur l’épaule de la rouquine. “Enfin je t’ai retrouvé !” lâche-t-il assez fort pour que les deux comparses l’entendent bien. Il lève les yeux vers l’homme. “Tu me présentes pas à ton nouvel ami, bébé ?” demande-t-il l’air de rien. Il est possible que la jeune femme n’apprécie pas tellement son aide, voire même qu’il soit terriblement mauvais dans le rôle de l’hétéro, mais c’est toujours mieux que de regarder sans rien faire, non ? “Si tu pouvais arrêter de tripoter ma fiancée, ça m’éviterait de me faire mal en te collant mon poing dans la figure.” ajoute-t-il à l’adresse de l’homme, sans perdre ni son sourire, ni son air léger.  

     

“wild is my favorite color”
w/ @Will Burbank

Elle en avait marre, Adelaïde. Marre de n’être qu’un vulgaire morceau de viande aux yeux d’une grande partie des hommes. Bien évidemment, elle ne mettait pas tout le monde dans le même sac, ce serait absurde et très loin de son genre, mais elle ne comprenait pas comment c’était encore possible après tant d’évolution dans la place donnée à la femme. Clairement, ce n’était pas suffisant pour se faire respecter un minimum. C’était triste et aberrant que ce soit toujours le cas en 2020. Tout ce qu’elle voulait, c’était siroter tranquillement son verre et passer une bonne soirée, était-ce trop demander ? Apparemment, oui, puisque celui qui venait de l’agacer était toujours là et qu’il commençait à être un peu trop tactile à son goût. Pour qui se prenait-il sérieusement ? À mesure que les secondes passaient, Adelaïde bouillonnait intérieurement. Elle ne voulait pas être grossière ou s’énerver. Déjà parce que ça allait clairement lui retomber dessus - comme à chaque fois - qu’elle ne voulait pas envenimer davantage la situation étant donné que l’homme avait l’air plutôt alcoolisé et qu’en plus, elle avait passé une assez longue et stressante journée pour devoir en plus gérer un cas pareil. Elle n’avait pas forcément envie de sortir la carte de substitut du procureur et de passer sa soirée au commissariat.

Affichant un sourire pas du tout sincère, mais pour donner bonne impression, Adelaïde s’apprêtait à réitérer sa demande de le voir s’en aller avant d’être coupée dans son élan par un verre posé sur le comptoir. Elle n’a eu qu’à peine le temps de suivre la trajectoire du verre qu’une main s’était posée sur son épaule. C’était une blague ? Sérieusement ? Encore un ? Décidément, ce n’était pas sa soirée. Prête à laisser de côté toute forme de politesse et de diplomatie, Adelaïde voulu se dégager de l’emprise de la seconde personne, mais elle s’arrêta net lorsqu’il prit la parole. Elle n’avait pas eu besoin de beaucoup de temps avant de comprendre qu’il s’agissait d’un sauveur plus qu’autre chose. Elle qui pensait que personne n’avait remarqué ou alors que tout le monde fermait les yeux devant la situation. “T’en as mis du temps, tu m’as tellement manqué”. Fin de phrase qu’elle avait délibérément prononcé en posant son regard sur l’indésirable. Un sourire narquois aux lèvres, elle avait passé son bras autour du jeune homme pour rendre leur jeu de rôle plus crédible. En le regardant faire et l’écoutant, Adelaïde remerciait le jeune homme intérieurement. Clairement, elle n’aurait pas pu se débarrasser de ce lourdaud sans son intervention. Elle sentait bien que ça marchait au vu de la grimace sur son visage. Après avoir murmuré quelques mots dans sa barbe que la jeune femme n’avait pas compris, elle eut la satisfaction de le voir s’éloigner du comptoir, manifestement furieux d’avoir loupé son coup. La jolie rousse se tourna alors vers son sauveur et prit soin de récupérer son bras au passage. “Mon héro !”. Et c’était peu de le dire, il venait de lui épargner un très long et mauvais moment. Adelaïde était reconnaissante et c’était grâce à ce genre de personne qu’elle avait encore foi en l’homme. “Laisse-moi te remercier en te payant ton prochain verre… s’il te plaît ?”. Elle n’hésita pas à lui faire une petite moue pour le convaincre. Elle restait une inconnue à ses yeux, donc il aurait peut-être voulu retourner à sa soirée sans plus s’attarder auprès d’elle. Mais elle tenait réellement à lui rendre la pareille ou du moins, à le “récompenser” pour être venu à son secours. “Au fait, moi c’est Adelaïde”. Au moins maintenant, il ne pouvait pas s’enfuir sans faire de présentation. La rouquine pouvait enfin se détendre maintenant que la partie désagréable de la soirée venait de s’en aller.

“wild is my favorite color”
w/ @Adelaïde Finnigan

Un bref instant, Will craint que ses menaces se retournent contre lui. Il vient d’approcher une fille qui se fait déjà prendre la tête par un relou et il le fait de la façon la moins subtile au monde. Heureusement, quand elle passe son bras autour de sa taille, cette inquiétude laisse place à celle de devoir mettre ses menaces à exécution. Il doit pouvoir se battre. Probablement. Cela dit, il est bien meilleur pour recevoir les coups plutôt que pour les donner. Tandis que le mec marmonne Dieu sait quoi, Will réfléchit silencieusement dans son coin. On doit mettre le pouce dans le poing ou au-dessus ? Il est sûr qu’il le savait, mais impossible de s’en souvenir. Ses pensées pourraient continuer de vagabonder dans ce sens un moment, mais l’étrange poids du bras féminin passé contre sa taille le tire de sa rêverie quand il disparaît brusquement. Par précautions, le chercheur recule d’un pas et tente le sourire le plus inoffensif qu’il ait en magasin quand il baisse les yeux sur la jeune femme. “C’est rien,” assure-t-il bien trop sobrement venant de lui. “Faut de l’entrainement pour parler le langage de l’homme bourré. Ils comprennent rarement un simple non.” C’est une remarque légèrement hypocrite de la part de Will, comme sa conscience le lui fait remarquer en lui repassant le film des plus beaux coups de poings qu’il se soit jamais pris en essayant de convaincre un hétéro de s’aventurer dans les contrées du sexe entre hommes, mais… Tout ça remonte à si loin, il n’est plus si réfractaire à un non, ces jours-ci !

Il se prépare à faire un autre pas en arrière dans l’espoir de prendre congés rapidement, mais la rouquine insiste pour le remercier et… Après un bref regard vers ses collègues toujours occupés à se déhancher sur la piste de danse, le jeune homme s’avoue vaincu. “Will.” répond-t-il en tendant sa main vers la jeune femme pour la saluer dignement. “Et ok pour le verre.” Il l’observe un court instant, à nouveau subjugué par sa beauté. Il a beau être gay, il sait reconnaître la beauté quand elle se tient devant lui et cette nana doit passer pas mal de ses soirées à échapper aux emmerdeurs. “Et avant que tu ne demandes : non, toute cette mise en scène n’était pas un stratagème inutilement élaboré pour te séduire. Je suis le plus désintéressé de tous les chevaliers servants de cette planète.” Cette légère exagération ne peut pas faire de mal puisqu’il y a de grandes chances que la jeune femme ne découvre jamais la vérité. Il doit pouvoir se tenir bien le temps d’un verre ou deux, pas vrai ?

Ouais… Mieux vaut ne pas trop compter là-dessus. “Alors, Adelaïde…” reprend-t-il, sa prononciation légèrement différente de celle de la jeune femme, ce qui lui fait froncer les sourcils. Il secoue la tête comme s’il en chassait une pensée et continue comme si de rien était. “Est-ce que tu veux que je t’enseigne les bases de la lutte contre l’homme ivre ? Parce que j’ai comme l’impression que ça doit t’arriver souvent de te faire emmerder comme ça et il y a des risques que je ne sois pas toujours là pour te sauver.” déplore-t-il, un poil plus dramatique que nécessaire. “Je te proposerai bien de devenir ton faux fiancé officiel, mais tu vas finir par croire que je me fous de toi et que j’essaye vraiment de te mettre dans mon lit. Et puis, je refuse de vivre dans un monde où une femme ne peut pas se défendre toute seule !” Cette remarque-là aussi, elle lui donne l’air d’un manipulateur près à tout pour approcher sa proie, non ? “Cela dit, j’ai un talent fou pour recruter les vrais fiancés, j’ai un truc pour les hétéros me demande pas pourquoi, ils m’attirent comme du miel. Je dois pouvoir t’offrir encore un peu de ma générosité pour survivre à ce monde de brutes.” Là au moins, les choses sont claires et il se sent beaucoup, beaucoup moins comme une espèce de prédateur.