“We've come a long way from where we began” Il a trouvé le flyer au milieu du courier qu’Isabella a laissé sur sa table basse avant de rentrer chez elle. Une simple affiche pour une pièce de théâtre, rien de très intéressant à première vue, mais c’est en voulant la jeter dans la poubelle qu’il a reconnu le nom de l’actrice du premier rôle sur le papier glacé. Faith Julliard. Un nom qu’il n’a pas vu ou entendu depuis bien longtemps. Le flyer a terminé aimanté à son frigo, sans qu’il ne sache trop pourquoi et a occupé son esprit quelques jours. Il n’a pris la décision d’aller voir la pièce que le jour même, en allant chercher des oeufs pour son petit-déjeuner. Il se souvient assez vaguement de la petite rouquine que Faith était à l’époque où ils se fréquentaient plus ou moins. Pas vraiment une amie, mais… Le temps a passé, de l’eau a coulé sous les ponts et puis, à bien y réfléchir, c’est assez drôle qu’ils se retrouvent tous les deux dans cette ville après toutes ces années, non ?

Entre sa récente rupture avec Aiden, le sentiment de plus en plus pesant de solitude et la nostalgie qui s’accroche, Will a fini par se dire que ce serait une bonne idée de renouer un peu avec son passé. Il n’est pas encore prêt à rentrer à Boston, pas encore prêt à admettre qu’il a échoué à vivre sa propre vie loin de ce que ses parents ont toujours voulu pour lui. Mais l’idée de retrouver un minuscule morceau de son passé semble le compromis idéal entre un pas en arrière et la sauvegarde de son orgueil. Alors quand le vendredi soir arrive, il achète son ticket à l’entrée du théâtre et suit avec attention la pièce du début à la fin. Faith n’a pas trop changé, si ce n’est pour ses cheveux roux qui ont disparu. C’est la première fois que Will la voit sur scène et honnêtement, il n’en pense pas grand chose. Elle ne paraît pas mauvaise, mais il pense davantage à ce qu’il va lui dire après qu’à ce qui se passe sous ses yeux.

Il attend que les spectateurs quittent la salle quand le spectacle prend fin et se faufile jusqu’aux loges des acteurs où on le regarde d’un drôle d’oeil alors qu’il inspecte les lieux, les bras encombrés d’un immense bouquet de roses. Ça lui semblait drôle sur le moment et puis, il faut dire ce qui est, la dernière fois qu’il a vu Faith, Will n’a pas été des plus sympathiques. L’adolescence a été une période assez particulière pour lui. Pas difficile, mais beaucoup trop médiatisé pour son propre bien, peut-être. Il force un grand sourire sur ses lèvres quand il trouve enfin la jeune femme et s’approche, tapotant son épaule doucement pour attirer son attention. “Salut, Julliard !” lance-t-il quand elle se tourne vers lui. Il lui tend le bouquet sans perdre de son sourire faussement innocent. “Ça fait un bail ! Qu’est-ce que tu fais ici ? T’es en cavale ?” interroge-t-il avec humour, faisant référence au petit passage éclair de la jeune femme dans les médias. Une sombre histoire de drogue que Will a suivi avec amusement à l’époque. Peut-être pas le meilleur sujet à aborder pour renouer, mais il reste Will, qu’importe la maturité qu’il a gagné ces derniers mois. On ne fait pas de miracles.

 

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“We've come a long way from where we began” Bien sûr, Will n’a pas l’audace de croire que tout est pardonné, mais le fait que la jeune femme ne lui balance pas son bouquet de fleurs au visage ou lui réponde sans froideur particulière est un très bon signe qui le met immédiatement en confiance. Non pas qu’il ait pour habitude de manquer de confiance en lui, cela dit. En tout cas, il sourit un peu plus largement aux mots de Faith, enchanté qu’elle ne se referme pas dès la première attaque, car Dieu sait que d’autres suivront si elle lui en laisse l’occasion. Mieux vaut qu’elle ne se formalise pas trop et elle doit certainement le savoir, ayant été plusieurs fois victimes du caractère pour le moins incisif de Will par le passé. “Pour ton information, j’ai une vie culturelle très riche.” répond-t-il à son tour alors que l’actrice s’étonne de le voir dans un théâtre. “C’est juste que généralement, j’évite les petits théâtres de quartier. J’ai une réputation à tenir, tu sais ce que c’est.” Bien qu’ici, si loin de Boston, il n’ait pas trop à souffrir de l’attention du public et le fait que son grand-père n’ait finalement pas poursuivi sa campagne pour la Présidence lui aura au moins épargné de retrouver le flash aveuglant des appareils photos. “Mais en voyant ton nom sur l’affiche, je ne pouvais pas rater ça !” Il est beaucoup trop fier pour admettre de but en blanc les vraies raisons qui l’ont attiré ici, mais pas pour lui accorder qu’il est venu en grande partie pour elle, bien que ce soit probablement très surprenant, le connaissant.

“J’ai emménagé dans le coin depuis… bientôt un an.” fait-il savoir, ramenant la conversation sur ce qui importe vraiment. “On m’a offert un poste de chercheur à Tulane.” D’un haussement d’épaule, il insinue que ça n’a pas grande importance et c’est plutôt raccord avec ce qu’il en pense réellement. Tulane est peut-être une université respectable, elle n’est clairement pas à la hauteur de ce à quoi Will pourrait prétendre, loin de là. “J’avais besoin de prendre un peu l’air.” conclue-t-il, à peu près sûr que la jeune femme peut comprendre ce sentiment sans qu’il n’ait besoin de l’expliciter davantage. Ils ont grandi dans un monde assez semblable, après tout, qui, malgré les avantages certains qu’il apporte, peut vite se révéler oppressant. Il existe pourtant certains morceaux de cet univers qui manquent à Will, ces jours-ci, au point qu’il se retrouve devant Faith alors que leur relation n’a jamais tellement justifié cela. “C’est sympa, de voir un visage connu dans ce coin du monde. La Louisiane, ce n’est pas vraiment le genre d’endroit où je m’imaginais faire ma vie…” Ce n’est pas un état connu pour son ouverture d’esprit, l’ambiance y est très différente de ce que Faith et Will ont connu dans les grandes villes du Nord-Est. Ce n’est pas un endroit où il se sent tellement à sa place et où il arrive à s’intégrer.

Mais peut-être qu’il peut changer ça ? Il a presque réussi à se trouver plus ou moins un ami en la personne de Lane et maintenant, il y a Faith ! “Ça te dirait d’aller boire un verre avec moi ?” propose-t-il, nonchalamment. “Qu’on rattrape un peu le temps perdu. J’ai vraiment envie que tu me racontes à quoi ressemble la vie d’une grande criminelle !” Un léger rire lui échappe, il prend vraiment sur lui pour parvenir à un compromis entre le crétin prétentieux qu’il est d’habitude et une version un peu plus amicale que la jeune femme voudra bien supporter un peu. “Bien sûr, c’est moi qui invite.” ajoute-t-il pour terminer de la convaincre, parfaitement indifférent au fait qu’elle vient de passer deux heures sur scène et qu’elle est peut-être épuisée. Ou bien qu’elle n’a tout simplement pas envie de faire un effort pour un type qui n’a jamais réellement mérité autant d’attention de sa part. Mais tout ça, c’est du passé, pas vrai ?

 

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“We've come a long way from where we began” Will ne cache pas très bien son air sceptique alors que la jeune femme affirme qu’on s’habitue plutôt bien à vivre ici. Il n’est certes pas le mieux placé pour en juger en ce moment, où il a tendance à ne voir que le mauvais côté des choses, mais… Il vit très loin de son univers et il s’y fait beaucoup moins bien que Faith, de toute évidence. Il ne fait aucun geste pour la contredire, pas pour le moment en tout cas, histoire de ne pas l’agacer avant qu’elle ait accepté son invitation. Ce qu’elle fait avec une facilité presque déconcertante, qui arrache un sourire victorieux à Will. Pourquoi refuserait-elle, de toute façon ? “Parfait, à tout de suite !” lance-t-il avant de lui tourner le dos pour sortir. Jusque là, tout se passe à merveille, exactement comme il l’espérait. C’est un encouragement plus que bienvenue pour lui assurer une confiance infaillible.

Dehors, Will se plante près de l’entrée du théâtre et attend ce qui lui fait l’effet d’une éternité, qu’il passe à observer les passants avec un certain dédain. Il est en bonne voie pour devenir quelqu’un d’à peu près normal, mais certaines habitudes ont la vie dure. Ce à quoi il devient doué, cependant, c’est de limiter les remarques désobligeantes à quelques fois par conversation, plutôt que chaque fois qu’il ouvre la bouche comme c’était le cas il n’y a pas si longtemps. Et pour preuve, quand Faith sort enfin du théâtre, il ne fait aucun commentaire sur le temps qu’il a passé à l’attendre - probablement pas aussi long qu’il veut bien le croire - ou sur les vêtements qu’elle porte. À la place, il lui offre un grand sourire et l’invite à le suivre d’un signe de la main, alors qu’il se dirige vers le bar le plus proche, sans même se soucier de ce à quoi ressemble l’endroit. Il lui tient la porte après être entré, tire sa chaise pour l’aider à s’installer et se félicite silencieusement de son comportement de gentleman. Si avec tout ça, il ne marque pas des points, alors il ne comprend vraiment rien aux femmes.

“Alors, Faith Julliard…” souffle-t-il quand il est installé face à elle, les mains croisées sur la table, son regard sérieux scrutant le visage de la jeune femme. “Dis-moi la vérité : la vie à New-York ne te manque pas terriblement ? Tu aurais pu devenir une grande star là-bas, juste avec ton nom, sans avoir besoin de faire tellement d’efforts. Et de ce que j’ai vu sur ce soir, tu as même du talent !” Le talent de Will, c’est peut-être de faire des compliments d’un ton tellement dérisoire qu’on ne sait jamais vraiment si c’est une attaque ou un éloge sincère. Il ne connaît pas les détails de l’affaire, mais pense en savoir assez sur le bref passage médiatique de l’héritière pour deviner qu’elle n’est pas venue se cacher ici seulement par envie. Il est trop bien élevé et bientôt désespéré de se faire quelques amis pour demander trop directement qu’elle lui parle de cet incident, mais sa question mène assez subtilement sur cette voie. “Mais bon, si tu tiens à rejoindre le club des héritiers exilés en Louisiane, on se réunit tous les jeudi soirs.” se moque-t-il avec un clin d’oeil. Non pas que lui ait été exilé, mais c’est plus ou moins sa façon, très personnelle, de lui offrir son amitié.

 

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“We've come a long way from where we began” Loin de s’offusquer de la remarque, un sourire presque fier étire les lèvres de Will quand la jolie blonde admet qu’il a participé à créer certains de ses mauvais souvenirs. Il est plutôt doué pour ce genre de choses, un talent naturel qu’il exploite et entretient avec soin depuis si longtemps… ça lui manque un peu, parfois, de ne plus faire comme s’il était un petit Prince au milieu de sa cour dans les soirées mondaines. Pas assez pour qu’il retourne s’installer à Boston, cela dit. S’il y a bien un avantage à son exil volontaire en Louisiane, c’est qu’il est un parfait inconnu ici et que ses frasques ne font jamais la une des journaux locaux. Un sentiment de liberté dont il n’est pas encore prêt à se séparer. “Tu n’imagines pas comme je suis honoré d’apprendre que j’ai marqué ta vie.” lance-t-il, amusé, pour rassurer Faith sur le fait que son ego est intact malgré sa pique. Il l’a mérité et ils le savent tous les deux, de toute façon. Alors quel intérêt de prétendre le contraire ?

Pour tout dire, il apprécie même encore davantage leurs petites retrouvailles quand la jeune femme ne fait aucun effort pour le ménager. Ça lui donne un sentiment de familiarité dont il manque cruellement dans ce petit coin du monde. Quelqu’un qui attend le pire de lui, n’essaye pas de le brosser dans le sens du poil, mais supporte quand même sa présence… ça ne lui est plus arrivé depuis trop longtemps. “Je vois que tu as entendu parler de notre petit cercle !” s’émerveille-t-il. “Bon évidemment, le côté anonyme est assez difficile à conserver, on est tous des célébrités à notre façon, mais l’alcool coule à flot ! Et les plaintes aussi.” Quoi que dans le fond, Will n’est pas si malheureux qu’il veut bien le laisser croire. En ce moment, peut-être, mais ça a plus à voir avec sa récente rupture que la ville. “Je me dois d’être transparent... à l’heure actuelle, on s’emmerde pas mal, vu que je suis le seul membre. Mais avec toi à mes côtés, ce sera bientôt le club le plus populaire de la ville, j’en suis sûr !”

Sans avoir jeté le moindre regard à la carte, il fait un geste à l’adresse d’une serveuse pour qu’elle vienne prendre leurs commandes et c’est à peine s’il lève les yeux vers la jeune femme quand elle s’approche de leur table. “Ce sera un bourbon pour moi,” informe-t-il, son regard rivé sur Faith, “et toi ? Fais-toi plaisir surtout.” Il la laisse passer sa commande, obligé de se mordre l’intérieur des joues pour s’empêcher de commenter son choix et attend sagement qu’ils soient de nouveau seuls pour reprendre la parole. “Je ne disais pas ça pour te flatter, au fait. J’ai vraiment beaucoup aimé ta performance de ce soir. Je pense que c’est la première fois que je te voyais sur scène, ça a complètement détruit toutes mes certitudes sur le fait que tu n’étais rien d’autre qu’une petite jet-setteuse pleine d’orgueil.” Cette remarque lui fait froncer les sourcils. Il n’a jamais vraiment pensé à ce qu’il disait, adolescent, et honnêtement il a oublié la moitié des trucs horribles qu’il pouvait sortir sur les autres gosses qu’il fréquentait à l’époque… Y repenser maintenant fait qu’il est d’autant plus surpris que Faith soit assise face à lui. “J’étais un sacré con, hein ?” Question rhétorique s’il en est. Ce serait assez abusé de sa part de jouer la surprise. “Je te dois des excuses. Tu peux commander un autre verre à me jeter au visage, si tu veux. On sera à peine quitte, mais vois ça comme une offre de paix. À croire que l’air de la Louisiane me fait du bien, finalement !” Il espère un peu qu’elle ne va pas sauter sur l’occasion, la chemise qu’il porte vaut une petite fortune, mais c’est typiquement le genre de grand geste dramatique qu’il trouve particulièrement excitant. “Bref, tu comptes me raconter ce qui s’est passé ou tu préfères que je te harcèle de questions indiscrètes jusqu’à ce que tu craques ?”

 

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“We've come a long way from where we began” Une vraie petite révolution se joue dans la vie de Will et il n’a pas le public qu’il mériterait pour le constater. Il reste quelques habitudes dont il ne se défera sans doute jamais : une nonchalance un peu agaçante, des vérités qu’il assène sans la moindre hésitation, ses excentricités pour attirer l’attention. Et pourtant, il est assis là à avoir une conversation presque amicale avec quelqu’un qu’il a méprisé par principe une grande partie de sa vie. Il n’est même pas sûr que Faith ait jamais mérité ce traitement, ça n’avait tant d’importance à l’époque. Aujourd’hui, son ego ne souffre même pas quand il présente des excuses officielles à la jeune femme, chose qu’il n’aurait jamais eu le cran de faire à peine quelques mois plus tôt. Il lui est tout de même fort reconnaissant de ne pas en faire toute une histoire et de conserver le ton léger de la conversation. Le passé n’a pas besoin d’être sans arrêt remué et ils sont tous les deux ici pour vivre une nouvelle vie, n’est-ce pas ?

Avant de fermer pour de bon le chapitre des jours anciens, Will ne peut cependant contenir sa curiosité et en vient plus ou moins à exiger poliment que Faith lui donne sa version d’un scandal qu’il a suivi de loin dans les médias. Il espérait pouvoir en rire, mais cette envie lui passe aussitôt que la jeune femme lui fait le résumé le plus concis possible de l’histoire. “J’imagine que personne n’a voulu croire à cette histoire.” remarque-t-il sans attendre vraiment de confirmation. Elle n’est plus dans sa petite bulle new-yorkaise, c’est la seule preuve dont il ait besoin. “J’avoue que ça ressemble à une excuse foireuse pour échapper aux conséquences, mais sérieusement… T’as vraiment pas la tête d’une criminelle et encore moins d’une dealeuse ou d’une junkie.” Il ne dit pas ça pour la réconforter, pas vraiment. C’est un fait, la réaction qu’il a eu en découvrant l’histoire dans les journaux : cette fille n’est pas crédible dans le rôle de la petite criminelle des hautes sphères et il se demande sérieusement comment quiconque a pu la penser coupable. “Enfin, d’une certaine façon, ça te donne l’occasion de prouver ta valeur par toi-même. On ne pourra plus jamais t’accuser de réussir simplement parce que tu t’appelles Julliard.” C’est une façon de positiver qui ne doit pas être d’un grand secours non plus, mais il est trop évident que la jeune femme n’a pas envie d’en parler beaucoup plus longtemps et étonnamment, Will ne compte pas insister.

“J’adore me plaindre, mais la vie n’est pas si mal ici. Ça fait du bien d’être un peu à l’écart de toutes ces histoires.” ajoute-t-il comme pour clore le débat et, peut-être, remonter un peu le moral de Faith. “Et puis, de ce que j’ai vu, il y a pas mal d’autres exilés dans notre genre. Je connais un ancien joueur de hockey qui est venu se cacher ici. On devrait pouvoir recruter rapidement des petites célébrités pour notre club si on s’en donne les moyens !” Bien sûr, on parle de Will et même s’il fait de gros efforts pour devenir un homme meilleur, toutes ses mauvaises habitudes ne peuvent pas disparaître en un seul jour. Il en a fait beaucoup, ce soir, pour prouver à Faith qu’il n’était plus le même crétin qu’elle a connu. Suffisamment pour considérer qu’il a droit d’être un tout petit peu lui-même, du moment que ça reste gentillet. Et il n’y a rien qui soit plus tenace chez lui que la curiosité et la facilité avec laquelle il ose poser des questions dès qu’il en a envie. “On peut peut-être aussi te trouver l’homme de ta vie, qui sait !” lance-t-il, faussement innocent, avant d’ajouter très vite : “Sauf s’il y a déjà un monsieur Julliard que tu nous caches ? Sinon, je suis prêt à partager tous les canons qu’on arrivera à faire entrer dans notre cercle.”

 

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“We've come a long way from where we began” Entre autres choses, Will se sent surtout désolé pour Faith. Il ne sait pas ce qu’elle a fait pour que ses parents doutent autant d’elle, mais franchement ? Même lui qui ne la connaît pas plus que ça sait que toute cette histoire est complètement surréaliste. Enfin, si la jeune femme avait envie de critiquer ses parents pendant des heures, il est certain qu’elle ne s’en priverait pas. Vu comme elle reste polie et pratiquement monosyllabique tout le temps que le sujet est abordé, il devine qu’elle n’a pas envie d’en parler. Avec lui ou de manière générale, ça ne fait aucune différence. Et comme il redouble d’efforts pour devenir une meilleure personne, Will décide d’abréger ses souffrances et de changer de sujet.

Il parle vaguement de Nathaniel, sans entrer dans les détails de peur de faire fuir la rouquine s’il en dit trop au sujet de ce drôle de personnage. Et finalement, un soupir désespéré lui échappe quand la jeune femme annonce qu’elle ne veut surtout pas d’homme dans sa vie. “Vraiment ?” interroge-t-il, dubitatif. “Faut que t’apprennes à te détendre un peu ! Je ne te parle pas de mariage, juste de t’amuser.” Il peut comprendre le fait de ne pas vouloir s’engager et se compliquer la vie avec un mec. Sérieusement, ces temps-ci, il comprend mieux que personne… Mais c’est presque drôle comme on se sent seul quand on a eu quelqu’un dans sa vie tous les jours pendant un an. Il a envie de se calmer, de prendre son temps, mais la présence d’un homme à ses côtés lui manque vraiment. Et, de toute évidence, il projette ce sentiment sur Faith. Dommage qu’elle ne veuille pas jouer le jeu. Cela dit, rien n’empêche Will de lui faire changer d’avis à ce sujet.

C’est ce qu’il espère, en tout cas, mais elle l'assassine en lui retournant sa question. Avant de lâcher le moindre mot, il pince les lèvres, ne dit rien quelques secondes. “Pas vraiment.” lâche-t-il juste avant que son silence ne devienne vraiment gênant. “J’en sais rien.” Elle est forte, très forte. “Je sors d’une relation assez… compliquée.” admet-il, mal à l’aise juste à penser à Aiden. “Et y'a ce mec… Je sais pas. Il me plait bien, mais ce n’est pas très sérieux pour l’instant.” Il lance un regard un peu meurtrier à Faith, agacé que son petit jeu se retourne contre lui. “En tout cas, moi, je profite !” grogne-t-il, plein de mauvaise foi. Ce n’est même pas vrai, clairement, il n’y a eu personne dans sa vie depuis Aiden et il fait de son mieux pour résister aux tentations qui se mettent sur son chemin. Il a de bonnes raisons de faire ça, pas comme Faith, c’est certain. “C’est bon, t’as gagné, on oublie les hommes. Parle-moi de ce théâtre. Vous jouez tous les soirs ?” Ce n’est pas son plus beau changement de sujet, mais quelque chose lui dit qu’ils seront malgré tout tous les deux ravis de sauter sur l’occasion, aussi grossière soit-elle.


 

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