Elle est fatiguée, Karelle. Fatiguée parce que la vie peine à reprendre son cours, parce que les épreuves sont encore nombreuses. Les choses commençaient à se tasser et pourtant, tout est pire qu'avant. Tout est pire parce que c'est la rentrée. Et parce que tout le monde la pointe du doigt. Elle a redoublé à cause de cette histoire et même avec ça, sa réputation la suit encore et encore. Elle aimerait que Noah soit là, qu'elle la réconforte, qu'elle lui dise que tout va bien. Dans la famille, Noah c'est son alliée plus que n'importe qui d'autre. Déjà parce que c'est une fille, bien sûr. Mais aussi parce qu'elles se ressemblent sur tellement de points.. Mais voilà, sa grande soeur est partie pour le travail durant quelques mois... Et Karelle a la sensation de se retrouver isolée, esseulée. Ce n'est pas le cas, bien sûr. Avec la fratrie qu'elle a et ses grands frères à peine plus âgés qu'elle, elle sait très bien qu'elle a de quoi faire si elle a besoin pour parler. La vraie question c'était : qui ?

La réponse s'est pourtant offerte de façon tout à fait logique. Elijah est le seul à être au courant de toute l'histoire et à l'avoir déjà réconforté. Alors, quelques jours auparavant, avec l'annonce du prolongement du départ de Noah en la voyant désemparée, il est venu la trouver dans sa chambre pour lui apporter le confort dont elle avait besoin. Alors, aussitôt après la sortie des cours, c'est chez lui qu'elle se rend. Parce qu'elle a besoin de son grand frère.

Son sac vissé sur son épaule, la tête toujours baissée dans la rue pour ne pas trop qu'on la dévisage elle se rend chez lui, au quartier étudiant, pour le voir. Et aussitôt qu'elle le trouve devant sa porte, son visage s'illumine.

La rentrée commençait a arriver, mais pas pour toi. Tu avait encore un bon mois, peut être deux de répit après des examens de fin d'année tardif. Tu avais un peu perdu le compte. Tout ce que tu savais, c'était que tu avais du temps pour toi  Et c'était tant mieux, parce que ça te permettrait de pouvoir te concentrer uniquement sur ta musique. T'étais bien comme ça.
Aussi, ça te laissait du temps pour ta famille. T'avais décidé de te rapprocher de tes frères et soeurs, décidant qu'ils n'étaient pas les responsables des actes de vos parents. Et que ton éloignement ne devait pas signifier de les abandonner. Tu ne voulais pas de ça. Et au final, tu trouvais que t'avais bien fait, étant donné de l'état de Karelle et de ses problèmes. Tu avais fait ton possible pour être présent pour elle, et tu lui avais fait comprendre qu'elle pouvait toujours passer dans ton appart etudiant, que même en ton absence, elle pouvait y rester. Cependant, elle avait comme une honte de venir quand tu n'étais pas là, et a chaque fois, elle avait la chance de tomber sur toi quand elle sonnait. Comme cette fois ci.

C'était avec un grand sourire que tu lui ouvrais la porte, l'accueillant avec une étreinte qui se voulait rassurante, après avoir ouvert la porte sur elle.

»tout va bien ?« lui demandais tu bêtement, avant d'aller lui chercher un verre de jus que tu mettais sur la table qui se trouvait quasiment dans ton entrée. Elle n'en avait pas l'air, et toi, ça t'inquiétais sincèrement.