La nuit tombait peu à peu, et Alize attendait. Elle avait invité Cléo à passer la soirée avec elle. En temps normal, la blonde n'avait pas vraiment d'amis, mais depuis qu'elle avait rencontré l'adolescente, elle était désormais dans un tout autre état d'esprit. D'autant que, même si elle ne connaissait pas vraiment l'histoire de la jeune fille, elle comprenait qu'elle était en pleine période de trouble pour en avoir elle-même déjà vécu une. Elle espérait simplement qu'elle ne connaîtrait pas les mêmes déboires qu'elle, bien que ça semblait déjà être le cas, au plus grand damne d'Alize qui avait réussi, en très peu de temps, à énormément s'attacher à la jeune fille.
La soirée qu'elle avait prévu ne serait pas vraiment excitante. Elle avait commencé à faire des pâtisseries, en plus des quelques dont elle n'avait pas réussi à se débarrasser pour le lendemain: si son patron voyait qu'elle remettait en vente les pâtisseries de la veille, elle ne donnait pas cher de sa place dans la boulangerie pâtisserie où elle travaillait.
Elle savait que Cléo aimait bien pâtisser: elle lui avait proposé une fois et la réaction de la jeune fille avait été sans équivoque, pour la plus grande joie de la blonde.
Assise sur son canapé, feuilletant un magazine sur la table, la blonde commençait à s'impatienter. Cléo n'était pas vraiment en retard mais Alize, qui n'avait pas eu de vraie amie depuis Natasha, dont elle n'avait plus de nouvelles depuis qu'elle était partie à l'université d'elle ne savait trop plus quel état du pays. Elle n'avait donc pas énormément de "bonnes" relations avec les autres, bien qu'elle ne devait s'en prendre qu'à elle-même et à sa manie de s'écarter volontairement.
Contre toute attente, au moment où elle commençait sérieusement à se lasser de son magazine et s'imaginait déjà l'envoyer valser vers la poubelle, quelqu'un frappa à la porte de la maison des James, vers laquelle elle se rua, prête à ouvrir, tout sourire, à la personne qui se présentait.

I'm Afraid of not being good enough. - FT. Sullivan.

Aller voir Alize était toujours une bonne chose aux yeux de Cléo. Elle connaissait la jolie blonde depuis peu mais elle se sentait en confiance avec elle, ce qui était assez rare pour l'adolescente. Elle savait bien que la jeune femme avait conscience que quelque chose n'allait pas chez la rouquine, même si elle ne disait pas un mot là-dessus. En même temps, Cléo se voyait mal expliquer à quoi que ce soit qu'elle détestait son père autant qu'elle voulait qu'il l'aime, qu'elle le jugeait responsable de al mort de sa mère mais qu'elle voulait qu'il cesse de la regarder comme une vulgaire erreur de parcours. Elle ne pouvait pas non plus dire que le regard de son père lui avait infligé tellement de haine envers elle-même, qu'aujourd'hui la nourriture semblait être l'ennemi public numéro un. Elle savait que c'était ridicule mais elle peinait à manger ne serait-ce qu'une assiette pleine, elle était dégoûtée sans vraiment comprendre pourquoi, sans vraiment pouvoir agir là-dessus.

Alize lui avait donc proposé de passer pour faire de la pâtisserie et la rouquine ne s'était pas faite priée. Certes, elle en avait après la nourriture mais la pâtisserie tenait une place à part -surtout dans le fait de les faire-, sa mère pâtissait tout le temps, pour toutes les œuvres caritatives du monde et tous les goûters d'enfant du quartier. Pour Cléo ce n'était pas le plaisir de déguster qui comptait mais l'assurance de passer un bon moment en préparant ces petites gourmandises. Cléo avait donc demander la permission à Sullivan qui lui avait donné sans trop de problème, sans doute rassurer de constater qu'elle voyait d'autres que les membres de la famille Collins. Et l'adolescente s'était mise en route vers la maison d'Alize.

Elle ne tarda pas à arriver et à peine eut-elle toquée qu'une jolie blonde l'accueillait avec un sourire radieux que Cléo ne pouvait que lui rendre. L'adolescente se laissa guider à l'intérieur par son amie. « Comment tu vas ? ». Alize était une vraiment une amie pour Cléo, elle s'était attachée plus vite qu'elle ne l'aurait voulu mais quand elle lui demandait comment elle allait, ce n'était pas pour meubler. Elle voulait tout savoir, de sa journée de boulot à la dernière émission qu'elle avait pu regarder... ou presque.

Excitée comme une petite puce, Alize ne tenait pas vraiment en place, même une fois devant son magazine. Elle n'avait jamais vraiment eu d'amis, ou du moins pas de puis son passage en centre de réalimentation, mais malgré la différence d'âge qui les opposait, elle était certaines que les choses avec Cléo pourraient être faciles.
Même si c'était elle la plus âgée et donc supposément elle la figure de sécurité des deux, la blonde trouvait en Cléo ce petit truc rassurant qu'elle trouvait également avec Thiago, mais à un degré différent bien évidemment. Elle aimait donc passer du temps avec elle. Puis elle avait l'impression de ne pas être vu comme un cas désespéré, une anorexique sans espoir. D'autant qu'elle soupçonnait Cléo de suivre le même chemin qu'elle.
C'était pour ça qu'elle avait "organisé" cette soirée. Elle savait que, comme elle, la jeune fille aimait la pâtisserie. Si Alize avait appris à aimer en faire, elle avait aussi appris à aimer en manger, l'empêchant ainsi de retomber dans le cercle vicieux qui voulait qu'elle stoppe totalement de s'alimenter. Certes, elle avait toujours eu Bianca pour la soutenir, mais maintenant, elle était quasiment certaine de pouvoir aller de l'avant, tourner la page: il y avait Bianca, la pâtisserie, Cléo et Thiago. D'ailleurs, si sa relation avec ce dernier n'était pas aussi étrange elle se serait empressée d'en parler à sa soeur. Elle hésitait même à en parler à son amie, bien qu'elle se doutât que le sujet finirait tantôt par arriver à son tour.
Jetant son magazine sur la table, elle s'était empressée d'aller ouvrir, tout sourire. En général, elle souriait surtout pour qu'on ne lui pose pas de questions, mais avec Cléo, c'était plus un sourire joyeux, enjoué. Bref, un sourire naturel.
Elle ouvrit la porte et laissa la jeune fille entrer dans la modeste demeure. « Je vais bien, merci, et toi ? » C'était tant une question semi rhétorique qu'une vraie question, elle s'inquiétait réellement pour elle. « Alors, prête à pâtisser? Si tu savais !! J'ai préparé de quoi nous faire des concours et tout et ... j'avoue, je me suis un peu beaucoup enthousiasmée, j'espère que ça ne te dérangera pas ! »

Soirée tranquille. - FT. Alize.

Cléo était bien heureuse de voir Alize, ça lui changerait nul doute les idées et puis c'était une fille cool, Alize. « Je vais bien, merci, et toi ? ». L'adolescente haussa les épaules d'un geste nonchalant, comme toutes les adolescentes de son âge avait tendance à le faire. « Oh tu sais.. tant que je ne suis pas au lycée, tout va bien ! ». Ce n'était ni tout à fait vrai ni tout à fait faux, bien sûr que Cléo était mieux dès lors qu'elle était loin de tout établissement scolaire mais elle ne pouvait pas prétendre qu'elle allait réellement bien, seulement qu'elle ne voulait pas s'apitoyer sur son sort. Il faut dire que ce n'était pas dans ses habitudes, c'était même quelque chose qu'elle n'avait jamais fait, pas même à la mort de sa mère.

« Alors, prête à pâtisser? Si tu savais !! J'ai préparé de quoi nous faire des concours et tout et ... j'avoue, je me suis un peu beaucoup enthousiasmée, j'espère que ça ne te dérangera pas ! ». La rouquine se mit à rire sincèrement, si ça la dérangeait ? Absolument pas, c'était même plutôt une bonne chose, au moins elles seraient occupés. « Oh non c'est parfait !Il faut voir les choses en grand... ». Et puis s'il y avait trop, elles trouveraient forcément preneur de leurs gourmandises, parce qu'il était certain qu'à elles deux, il y avait peu de chance qu'elles mangent tout si comme Alize le disait, elle avait prévu en quantité. « Par quoi on commence ? ». Et tout en disant cela, la demoiselle suivait son amie en direction de sa cuisine où tous les ingrédients les attendaient, promettant de passer un bon moment.

Tout en retroussant ses manches pour éviter de s'en mettre partout, l'adolescente posa un petit regard inquisiteur sur son amie. « Bon alors, ta semaine ça a été ? Pas de charmant client à la boutique? ». Quelque part, elle cherchait à en savoir plus sur les amours de son amie, à vrai dire c'était un sujet qui intriguait toujours la jeune fille qu'elle était même si elle, se refusait d'aimer quelqu'un... enfin d'être avec quelqu'un.

La jeune femme se doutait bien que Cléo avait besoin de se changer les idées. Elle avait remarqué, quelques temps auparavant, combien les choses semblaient compliquées et se dégrader pour l'adolescente. Avec un regain de compassion -et il fallait bien l'avouer, quelque part, de pitié- elle s'était dit que la meilleure façon de l'aider à oublier ses soucis, était une bonne soirée entre copines. Et outre son propre plaisir personnel à passer du temps avec une de ses rares copines, c'était la solution parfaite à ses yeux.
D'autant qu'elle allait pouvoir passer la soirée à son premier amour: la pâtisserie. Elle aurait bien affirmé que son premier amour était Thiago, mais outre le fait qu'il n'était absolument pas question de l'avouer, elle préférait admettre qu'il s'agissait de quelque chose qui datait de bien avant sa propre déchéance dans l'anorexie.
En entendant la réponse de la rousse, Alize haussa les épaules. Oui, elle connaissait bien ça et, dans le fond, elle se doutait très fortement qu'il s'agissait des mêmes raisons, même si elle préférait entendre Cléo l'affirmer elle même que la pousser à dire quelque chose qu'elle préférait taire. « T'inquiète, je comprends! Le lycée n'a jamais été ma tasse de thé non plus, tu sais. »
Cachant sa honte dans et de ses propres paroles, Alize commença alors à tripoter ses cheveux nerveusement dans l'attente d'une réaction de sa jeune amie. OUF! elle n'était pas tout à fait prise pour une folle... ou du moins, elle l'espérait! « Absolument! Sinon, ça ne sert strictement à rien! » rit-elle alors. « Je ne sais pas. Tu veux commencer par quoi? » demanda-t-elle tandis qu'elles se dirigeaient toutes deux vers la petite cuisine des James. Avec plus de honte que jamais, elle cacha tant bien que mal les boites de préparation de gâteau qu'avait acheté sa grand mère, persuadée qu'Alize n'aurait pas le temps de lui faire ni des tartelettes, ni des macarons grandeur extrême. Voyant que son stratagème marchait momentanément, elle mit les boites de préparation dans un coin de sa tête et ne mit pas longtemps à les oublier complètement.
Devant sa question, elle comprit très vite où elle voulait en venir. Devait-elle lui parler de Thiago? Si oui, devait-elle le présenter comme un client ou comme son "copain amélioré" étant donné qu'ils se connaissaient depuis maintenant quelques temps? Elle devait avouer qu'elle avait un peu peur de la réaction de la lycéenne... « Eh bien... » elle avait rougi, elle le sentait. Elle n'avait donc désormais plus d'échappatoire. « Il y a bien un flic, qui vient de temps en temps, qui est plutôt mignon... » Ce n'était pas tout à fait un mensonge, même si elle cachait une grande part de vérité. Ce n'était pas "un flic", c'était Thiago, et il était assez important dans sa vie, même si elle s'efforçait de ne pas le montrer. « Et toi alors? Pas de bellâtre qui te donnerait envie d'aller au lycée? Ni de coup de coeur soudain dans la rue? » Elle avait dit sa dernière phrase avec un petit sourire moqueur, sachant pertinemment que ce n'était pas vraiment le genre de Cléo.

I'm Afraid of not being good enough. - FT. Sullivan.

« T'inquiète, je comprends! Le lycée n'a jamais été ma tasse de thé non plus, tu sais. ». Cléo afficha un large sourire complice, ravie qu’Alizé ne joue pas le couplet sur l'importance du lycée comme beaucoup le ferait. Mais après tout, elle aurait dû s'en douter précisément, la jolie blonde était de ces amies qui ne jugent pas mais qui comprennent. Du coup, la jolie rouquine était d'autant plus heureuse de passer un tel moment avec elle même si elle avait prévu en quantité, ça ne lui faisait pas peur. « Absolument! Sinon, ça ne sert strictement à rien! ». Cléo se mit à rire avec elle, le pire c'est qu'elle était totalement d'accord, autant faire les choses en grand. « Je ne sais pas. Tu veux commencer par quoi? ». Cléo suivait la jolie blonde jusqu'à sa cuisine où Alize avait tout installer, pour faire de le pâtisserie, de la vraie pâtisserie... ça ne manquait pas d’ustensile ni d'ingrédient. « J'aurais bien envie de faire une tarte meringuée, t'en dis quoi ? ». C'était l'un des déserts préférés de Cléo même s'il ne contenait pas nécessairement de chocolat, elle en était fan. Enfin, elle ne savait pas si actuellement, elle serait capable d'en manger ne serait-ce qu'une part mais elle aimait encore le cuisiner ça, c'était certain.

Enfin retroussant ses manches et commençant la préparation, l'adolescente se montra curieuse sur la vie sentimentale de son amie. Alize était une fille géniale qui méritait un garçon génial, alors forcément que Cléo, en tant qu'amie -et petite fouine-, ne pouvait que s'interroger. « Eh bien... » Elle rougissait déjà, Cléo n'avait plus de doute à avoir, il y avait bel et bien un garçon dans la vie de Mademoiselle James. « Il y a bien un flic, qui vient de temps en temps, qui est plutôt mignon... ». Cléo leva les sourcils avec un sourire amusé se rendant bien compte que malgré tout, Alize ne lui disait pas tout. « Et ce flic à un prénom peut-être ? Et j'imagine qu'il ne vient pas pour rien... ». Il est vrai qu'elle aurait pu se contenter de la réponse d'Alize mais l'adolescente tenait à savoir ce qui se passait réellement... ce qui était plus ou moins normal quand même. « Et toi alors? Pas de bellâtre qui te donnerait envie d'aller au lycée? Ni de coup de coeur soudain dans la rue? ». Cléo ne put s'empêcher de laisser un petit s'échapper de ses lèvres, Alize savait pertinemment à quel point Cléo pouvait se montrer réticente. Il faut dire aussi que jusqu'à présent, aucun garçon ne lui convenait. « Oh non très peu pour moi, ni au lycée, ni dans la rue...et je n'ai pas non plus de flic sexy dans ma vie. ». Elle afficha un large sourire amusé, d'un côté, heureusement qu'elle n'avait pas un flic dans sa vie, elle aurait peur constamment, ils étaient rarement ses meilleurs amis. Il faut dire qu'avec ses fugues et autres, elle s'était attiré quelques ennuis.

Le sourire de Cléo fit comprendre à Alize qu'elle avait bien fait de parler du fait que le lycée n'avait pas été son truc à elle non plus, plutôt que de jouer les hypocrites en lui affirmant, bien que très justement pourtant, qu'elle devait mettre ses soucis de côtés parce que le lycée était un tournant très important dans la vie d'un adolescent.
C'était dans ces moments là qu'Alize était bien contente d'avoir trouvé, en Cléo une amie qui ne défaillait pas vis à vis d'elle. Et elle ne pouvait pas en dire autant des personnes qui la côtoyaient plus régulièrement et qui avaient le même âge qu'elle. Comme quoi, finalement, la différence n'était pas si mauvaise que ce qu'on était capable de lui dire!
« Tarte meringuée? Pourquoi pas !. » affirma-t-elle avec un sourire, sachant pertinemment que, si elle adorait les faire, elle n'en mangerait pourtant pas une seule miette. Elle avait était étiquetée comme étant anorexique trop longtemps pour être capable d'aimer ce qui était à ce point sucré. Mais faire plaisir à Cléo était la chose la plus importante pour elle cette soirée là. Surtout qu'elle était persuadée qu'elles avaient toutes les deux autant besoin de parler l'une que l'autre.
Alize soupira, tandis qu'elles commençaient toutes deux la préparation. « Eh bien... oui, il a prénom mais... je ne suis sûre de rien et... j'ai peur de trop m'avancer et que ce ne soit pas réciproque... puis les choses entre lui et moi sont trop compliquées en ce moment... » En effet, une amitié améliorée, c'était tout sauf simple. Elle haussa les épaules. Non, il ne venait pas pour rien, mais avouer la raison pour laquelle il venait serait très certainement redescendre dans l'estime de son amie, et par la même occasion dénigrer Thiago alors que la petite rousse ne le connaissait peut être même pas.
La blonde haussa un sourcil, peu convaincue par la réponse de Cléo. « Pas de flic, d'accord... d'un côté heureusement mais... rien? Même pas de nouveauté d'un autre côté ? » s'étonna-t-elle alors. Ne restait plus qu'à Alize soit de prendre le risque de raconter à son amie sa vraie relation avec le "flic sexy" soit de détourner très largement la vérité. Et elle n'était pas certaine de vouloir mentir.

I'm Afraid of not being good enough. - FT. Sullivan.

L’appétit de Cléo était capricieux, c'était ce qu'elle préférait se dire plutôt que d'admettre un vrai problème. Une tarte au citron meringuée, à la base elle adorait ça et au fond d'elle, elle se disait qu'un désert qu'elle aimait autant ne pouvait pas lui faire défaut mais elle n'en était tout à fait certaine. « Tarte meringuée? Pourquoi pas !. ». La rouquine offrit à son ami un large sourire, ravie qu'elle soit partante. Il n'y avait plus qu'à s'y mettre et c'est ce qu'elles firent.

Et autant les filles mettaient la main à la pâte, autant elles ne se privaient pas pour parler non plus. Surtout qu'Alize en avait des choses à dire à Cléo, enfin... Cléo se montrait curieuse concernant la relation de son amie avec un flic. « Eh bien... oui, il a prénom mais... je ne suis sûre de rien et... j'ai peur de trop m'avancer et que ce ne soit pas réciproque... puis les choses entre lui et moi sont trop compliquées en ce moment... ». La rouquine afficha un sourire amusé, c'est fou comme dès lors qu'on n'ose pas quelque chose cela devient compliqué. Après, elle ne savait pas trop ce qui se passait entre les deux jeunes tourtereaux mais elle était à peu près certaine que la jolie blonde avait peur de parler à son flic de ce qu'elle ressentait. Cléo ne pouvait pas la blâmer, parler de ses sentiments n'était pas chose facile pour elle non plus, surtout d'amour parce qu'elle connaissait trop bien la capacité destructrice de ce sentiment. « Il serait bête de ne pas craquer sur une fille comme toi. ». Elle lui fit un petit clin d’œil avant de rajouter « Bon, en quoi c'est compliqué ? ». Bien sûr que non, Cléo n'allait pas lui trouver une solution mais en parler ne pouvait pas faire de mal, avoir un regard extérieur non plus même si l'adolescente n'avait fait que voir l'amour, elle ne l'avait jamais connu. « Pas de flic, d'accord... d'un côté heureusement mais... rien? Même pas de nouveauté d'un autre côté ? ». La rouquine fit une moue en haussant les épaules, non rien, parce que rien -ou plutôt personne- ne l'intéressait pour le moment. « Bah y'a bien certains qui ont voulu, des copines qui ont essayé de me trouver quelqu'un mais, c'est pas très concluant... ». Elle eut un léger rire, non définitivement pas, pourtant certaines amies faisaient vraiment de leur mieux et certains garçons -notamment celui du club d'échec dont elle ne connaissait pas le prénom- s'accrochaient mais, plus ils tentaient, plus Cléo se renfermait. Elle n'était pas à l'aise avec les relations sociales, sauf exception -comme avec Alize par exemple- et l'idée d'avoir une relation amoureuse était d'autant plus flippante pour elle. Bon allez, raconte-moi... ». Elle voulait tout savoir, sur cette fameuse relation.

Faire de la pâtisserie, même si c'était son quotidien, avait ce petit plus qui lui permettait d'être détendue, surtout si c'était plus pour le plaisir que pour le travail qu'elle en faisait.
Elles s'y mirent toutes les deux sérieusement. Ce qu'Alise préférait dans cette préparation, c'était le côté "meringué", même si, dans le cas où Cléo voulait le faire elle, elle lui laisserait le champ libre. Puis, elles savaient toutes deux qu'aucune des deux n'en mangerait vraiment, où alors juste pour dire "voilà, c'est bon, j'en ai mangé un peu", et finalement abandonner la malheureuse tarte à son triste sort. Et c'était parce qu'elle le ferait très probablement qu'elle ne forcerait pas Cléo à en manger beaucoup, même si, par état de conscience, elle s'assurerait que l'adolescente en mange un petit peu et n'aille pas se faire vomir aux toilettes. Elle n'avait aucune envie qu'elle ne finisse comme elle, trop à cheval sur les calories, affamée la plupart du temps quand elle recommençait à manger convenablement, et risquant chaque seconde de rechuter dans cette foutue maladie.

La blonde se mordit la joue, l'air de rien. Thiago. Thiago. Devait-elle réellement parler de lui ? Clairement expliquer ce qu'il en était de leur relation? Elle savait très bien que Cléo ne la jugerait pas. Mais elle avait trop peur que son regard sur elle ne change, et elle n'était pas certaine d'avoir envie de prendre le risque.
Elle en avait suffisamment dans sa vie, à commencer par Thiago lui-même, leur relation et... les sentiments qu'elle craignait d'avoir pour lui, ou du moins qu'elle craignait d'accepter ouvertement.
Alize sourit légèrement, un peu gênée. « Une fille comme moi? J'ai peur de ce que ça veut dire » s'amusa-t-elle un instant. Elle soupira, se questionnant encore plus sur la manière de présenter les choses, sans choquer. Ce qui, en soit, pour elle, était impossible. « Disons que notre relation est surtout physique. On se plaît sans forcément qu'il y ait des sentiments... même si j'ai l'impression que ça va beaucoup plus loin que la relation où l'on ne fait que s'apprécier. En tout cas, pour moi. Et comme je ne sais pas ce qu'il ressent, que je n'ose pas le lui demander, et que j'ai peur de tout gâcher, je ne sais pas trop... » Pas de terme de "sexe entre amis" ni "amitié améliorée" mais elle était quasiment sûre de s'être très bien faite comprendre. En espérant que le sujet vire plus sur la vie de Cléo plutôt que de s'éterniser sur la sienne. « Mais personne d'autre est au courant... Même pas ma soeur. Je préfère totalement ignorer ce qu'il arriverait si elle le savait d'ailleurs! » Et son coeur accéléra rien qu'à cette simple idée.
Elle haussa les sourcils, dubitative. « Et personne n'a réussi ? Je suis étonnée, tu dois pourtant avoir du succès auprès des garçons au lycée, non? »

Soirée tranquille. - FT. Alize.

La rouquine était en train d'écouter son amie lui parler de ce garçon, Thiago. A vrai dire, elle ne voyait pas exactement en quoi c'était compliqué, Alize était une fille géniale et l'adolescente ne pouvait pas entendre que quelqu'un lui résiste, il fallait être crétin ou alors absolument gay -voir absolument marié, ça fonctionnait aussi-. « Une fille comme moi? J'ai peur de ce que ça veut dire ». La rouquine leva les yeux au ciel, amusé par le comportement de son amie. « Une fille tellement géniale qu'elle ne s'en rend même pas compte. ». C'était vrai, Alize n'était pas du genre à se lancer des fleurs et pourtant, elle pourrait, c'était une battante et une femme particulièrement adorable. « Disons que notre relation est surtout physique. On se plaît sans forcément qu'il y ait des sentiments... même si j'ai l'impression que ça va beaucoup plus loin que la relation où l'on ne fait que s'apprécier. En tout cas, pour moi. Et comme je ne sais pas ce qu'il ressent, que je n'ose pas le lui demander, et que j'ai peur de tout gâcher, je ne sais pas trop... ». Là, Cléo comprenait mieux pourquoi tout était si compliqué aux yeux de la jolie blonde, il n'y avait rien de sérieux du moins... d'un point de vue officiel on va dire. Alize était doucement en train de tomber amoureuse d'un homme sans savoir s'ils avaient un avenir concrets, en dehors de leurs rapports sexuels. Bon, l'adolescente n'avait pas été confronté à ce genre de problème et pour cause, elle était telle une feuille vierge mais, cela ne l'empêchait pas d'être persuadée d'une chose : si la situation durait trop, Alize finirait par en souffrir. Or, c'était une hypothèse qu'elle ne voulait pas voir devenir réalité, son amie méritait d'être heureuse. « Gâcher quoi ? Tu trouveras un tas de garçons qui ne veulent que du sexe... si tes sentiments changent tu ne pourras pas rester dans l'ombre longtemps... je veux dire, vaut peut-être mieux que tu sois fixé. ». Plus elle attendait, pus elle prenait le risque de tomber de haut et de se conforter dans des illusions. « Mais personne d'autre est au courant... Même pas ma sœur. Je préfère totalement ignorer ce qu'il arriverait si elle le savait d'ailleurs! ». L'adolescente se mit à rire, Alize avait l'air horrifié à l'idée que sa sœur puisse apprendre que non, la jolie blonde n'était pas une sainte. « Je ne dirai rien, c'est promis ! ». De toute façon, elle n'avait aucune raison d'en parler et surtout, personne à qui en parler.

Enfin la rouquine accepta elle aussi de se confier sur sa vie amoureuse mais c'était beaucoup plus simple : la sienne se résumait au néant. « Et personne n'a réussi ? Je suis étonnée, tu dois pourtant avoir du succès auprès des garçons au lycée, non? ». La demoiselle haussa les épaules, avec un air innocent. Ce n'était pas le problème d'avoir ou non du succès c'était surtout qu'elle faisait de son mieux pour qu'ils lâchent l'affaire. « Ils ne me plaisent pas... et puis tu vois, l'idée de sortir avec quelqu'un dans cette petite sphère qu'est le lycée... ça me plaît pas trop. ». Elle n'avait pas envie de faire confiance, de s'ouvrir pour que tous ses secrets se retrouvent étalés à la première dispute parce qu'à vrai dire, c'était souvent comment ça que les choses se passaient.

Alize rougit. Même si Cléo était son ami, les compliments n'étaient pas ce qui la mettait la plus à l'aise, elle qui avait toujours été rabaissée pour son anorexie, soutenue seulement par sa grand-mère et sa soeur, délaissée par son père, ignorée par sa mère. Pas pire que d'autres, mais il y avait sérieusement mieux. Alors recevoir un compliment, même si ce n'était pas nouveau, c'était toujours à la fois flatteur et embarrassant. « Merci Léo... »

Elle lui adressa un sourire réconforté avant de se lancer dans sa tirade, qui la mettait d'autant plus mal à l'aise, sinon terriblement plus que le compliment de Cléo.
Elle contenta de hausser les épaules. Y avait-il seulement une seule petite chance pour que Thiago s'intéresse à elle pour autre chose que le sexe? « Je ne sais pas si j'ai envie d'être fixée. Parce que, malgré tout, on a de bons moments sans cette partie là de la relation et... je ne sais pas. Peut être que l'ombre me plaît mieux après tout... C'est là où je suis tout le temps, j'ai l'habitude. » Car c'était vrai: à la pâtisserie, elle était en cuisine et non pas au comptoir, ou alors seulement deux trois fois par semaine. Dans sa vie... elle été restée dans l'ombre, en centre de réalimentation, loin de la vie normale. Alors oui, Alize n'avait peut être pas une vie comme les autres, mais elle préférait s'en tenir à ce qu'elle avait.
Elle adressa à Cléo un nouveau sourire. « Je sais très bien que tu ne diras rien. C'est pour ça que tu es la meilleure amie que je puisse avoir! »

Elle retint un petit rire. Cléo, pas intéressée par la maturité des garçons au lycée, c'était tout à fait plausible. Pire, c'était évident. « Tu m'étonnes! Moi non plus j'étais pas intéressée à l'époque » dit-elle en pensant à Kris, qui l'avait toujours martyrisée et traumatisée avec ses réflexions méchantes et perçantes.