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| Sujet: Drink up me hearties → Mark - Lun 5 Oct - 22:58 |
« Non, c’est toi qui raccroche. » « Non, toi. » « Okay je raccroche, j’ai un double appel. Bye ! » Ce double appel tombait rudement bien. En effet, Keo en était à un stade de sa relation où elle était bleue de son Devin mais où elle ne souhaitait pas en avoir l’air. Là-dessus, elle raccrocha. Peu avant cela, la jeune fille était accoudée à ce qui lui faisait office de balcon et fumait une cigarette tout en écoutant la voix de Devin, parti à Chicago pour régler ses histoires de divorce. On était jeudi soir et elle n’avait rien de mieux à faire pour occuper sa dernière soirée de non fête avant le week-end. Si elle ne bossait pas, elle serait là en bas parmi la foule qui faisait la fête comme c’était le cas à peu près tous les soirs dans son quartier. Rien d’étonnant à cela puisqu’il s’agissait du centre-ville, mais bon, c’est le prix à payer lorsqu’on est une bosseuse malgré tout et qu’on veut arriver à quelque chose dans sa vie. Pour en revenir au double appel, elle avait tout d’abord cru à une blague car c’était le numéro de Mark, son boss, ou plutôt son maître de stage pour être exacte, mais ce n’était nullement sa voix. Il devait lui faire une farce, et haha, c’était tellement drôle ! Sauf que non en fait, ce n’était pas du tout un canular mais le barman d’un bar quelconque qui l’appelait à la rescousse. « Pourquoi moi ? » fut la première question qu’elle se posa. Bien sûr qu’elle l’aimait bien, Mark était un chic type, très sympa et tout ce qu’on veut mais bon, elle n’était jamais que sa stagiaire et sans doute pas la personne à appeler dans ce cas-là. Cependant, une fois que le barman lui eut donné l’adresse, elle saisit que c’était en fait parce que ça se trouvait à deux pas de chez elle. L’espace d’un instant, Keo songea bien à rappeler Devin pour s’excuser de lui avoir un peu raccroché au nez et pour lui expliquer qu’elle devait aller chercher son maître de stage adoré qui, selon le type à l’autre bout du fil toujours, avait quelque peu picolé avant qu’il y ait du grabuge dans son établissement mais finalement elle n’en fit rien. C’était tellement mieux de jouer la fille hyper cool et détachée, voilà. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la rouquine avait sauté dans son jean et son blouson, attrapé son sac et ses clefs, inutile de prendre Johnny – sa voiture, une authentique et très antique Coccinelle rouge -, pour descendre dans la rue. De là où elle se trouvait, on pouvait entendre le son produit par un saxophone, ce qui était courant à la Nouvelle-Orléans, berceau du jazz et c’était ça qui faisait que cette ville était si agréable à vivre. Histoire de ne pas se tromper ou se perdre en chemin, Keo avait demandé des indications précises au barman pour se rendre dans ce bar. Elle peut ainsi découvrir par elle-même qu’effectivement, ce n’était qu’à deux pas de chez elle. L’enseigne au néon se trouvant juste au-dessus d’elle portait bien le nom qu’on lui avait indiqué. L’endroit était légèrement minable, mais ça passait, elle avait connu bien pire. Une fois à l’intérieur, elle s’aperçut que c’était surtout l’extérieur qui ne payait pas de mine et que ça ressemblait un peu à l’un de ces lieux où elle se produisait parfois. C’était un bar sans prétention, mais dans un coin, il y avait une minuscule scène ou un jeune type avec une voix groovy chantait Summertime. Mais soit, Keo n’était pas là pour s’extasier sur l’endroit ni pour juger du talent du chanteur, ça ce n’était définitivement pas son truc. Il fallait qu’elle trouve Mark. Dans un cas pareil, la première étape était de passer au bar. D’abord pour vérifier que la personne recherchée ne s’y trouvait pas, ensuite pour discuter avec son contact qui n’était autre que le barman, ce qui signifiait qu’il ne pouvait pas, ou très rarement, quitter son lieu de travail. En parlant de ça, ce mec était carrément magique, il devait avoir un don, ce n’était pas possible car non seulement il connaissait son numéro de portable mais en plus, au moment où elle lui apparut, il lui fit signe d’approcher et lui désigna ensuite le coin du comptoir. Maintenant qu’elle y réfléchissait, il l’avait peut-être reconnue parce qu’elle était la seule personne qui n’était pas en âge de boire présente. Comme si ça l’avait arrêtée… toujours est-il que Mark était bien là, avachi accoudé au comptoir, une bouteille de whisky posée devant lui et l’air légèrement somnolent. De là où elle se trouvait, elle ne pouvait qu’entrapercevoir sa pommette enflée. Bon, ça lui faisait bizarre de venir la récupérer alors qu’elle était plus jeune que lui et sa stagiaire rappelons-le, mais il le fallait bien. Et pas avec un ton autoritaire, sous peine de se faire virer, bien sûr. La jeune fille s’approcha et lui tapota doucement l’épaule. « Hé salut ! Alors qu’est-ce qu’il se passe ? T’en as pas assez de me voir tous les jours à la radio et je te manquais, c’est ça ? »
Après tout, c’était le ton de la plaisanterie qui lui allait toujours le mieux, pourquoi se forcer ?
Dernière édition par Keo James le Dim 11 Oct - 2:25, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Drink up me hearties → Mark - Mer 7 Oct - 3:12 |
❝ Drink up me hearties ❞
Keo James & Mark S. Austen
Un jeudi soir comme les autres à la Nouvelle-Orléans. Ville festive, musicale et miteuse aux yeux du trentenaire, qui n'en connaissait que trop bien les rues et bars du centre-ville. Obligation professionnelle, aimait-il se répéter. Sans compter que les bars du quartier français étaient bien trop propres à son goût. Trop clean, il ne s'y passait jamais rien d'intéressant. Son obligation l'avait donc encouragée en ce soir de semaine à pénétrer dans le pub à la façade la plus délabrée du coin, et à commander au comptoir la boisson la plus forte et la plus odorante de l'établissement.
« Salut Austen. Trois glaçons, comme d'habitude, je suppose. »
Nier qu'il était un habitué des lieux n'aurait eu aucun sens. Il acquiesça. Mark n'aimait pas particulièrement le whisky, à qui il préférait la bière ; mais c'était une boisson d'homme, connue pour ses vertus miraculeuses, plus particulièrement contre les problèmes. Et si le liquide ambré pouvait l'aider à se vider la tête, alors il en viderait la bouteille.
Les glaçons tintèrent sur les parois du verre lorsque le barman le fit glisser jusqu'à lui. « Tu sais combien tu me dois, je t'encaisse maintenant. »
Il sortit un billet de 50$ de la poche de son jean car, malgré ses aisances, le trentenaire évitait autant que possible les factures par carte et n'emmenait jamais de porte-feuilles avec lui. Il se contentait de glisser ses billets froissés dans les poches de son pantalon ou, dans le meilleur des cas, les rangeait dans son paquet de cigarette. Fumeur invétéré, il était sur de ne jamais les perdre. En revanche, il les jetait régulièrement avec ses paquets vides. « Garde la monnaie, elle sera pour les suivants. »
« Tu deviens prévoyant, c'est bien. Ca t'évitera les notes de frais ! »
Premier verre. Mark lui adressa un sourire ironique et fit claquer le verre vide sur le comptoir de bois. Et bien qu'il n'ait pas pris le temps de savourer la boisson ambrée en l'avalant d'un cul sec, il pouvait sentir le liquide lui réchauffer le ventre. Il marmonna :« Ressert moi. » Un nouveau verre glissa devant lui. Deuxième verre. D'un claquement de doigts, il désigna le nouveau verre vide au barman.
« Putain Austen, tu te fous de ma gueule !? Tu devrais pas boire aussi vite, surtout si t'es v'nu en bagnole ! »
Troisième verre. S'il ne l'appréciait pas autant, Mark lui en aurait bien collé une. Il n'était pas le genre d'homme à se laisser crier dessus, surtout par un barman de seconde zone. Son train de vie ne regardait que lui ! Qu'est ce qu'ils avaient, tous, à lui faire la morale ? Mais le trentenaire devait avouer que l'autre n'avait pas totalement tort. Peut-être aurait-il dû manger avant de venir boire ? Après tout, il avait un peu faim. C'était peut-être ça, le tiraillement dans son ventre ? Mais manger au studio pour bouffer chinois encore une fois... Il n'était pas sur d'en avoir le courage.
« J'te laisse la bouteille. J'ai autre chose à faire que de rester devant toi à te resservir. »
L'homme déposa devant lui une bouteille de whisky à demi-vidée.
« Tu ne voudrais tout de même pas que ce soit moi qui me serve ? »
Le barman rigola « Mais t'es qui pour moi, Mark ? J'suis pas l'un de tes larbins qui te sucent la queue parce que t'es pété de fric ! »
Mark se releva brusquement, renversant le tabouret sur lequel il était assis. « Ce que j'ai gagné, je ne le dois à personne ! Et c'est certainement pas un putain de profiteur comme toi qui va me dire quoi que ce soit ! » à bout de nerfs, il jeta le contenu de son verre à la figure barman. Dans le pub, le temps s'était arrêté. Tous s'étaient tourné vers lui pour assister à la scène et pas un n'osait intervenir. Lui, était saoul et furieux. Malgré son naturel calme et placide, il y avait un sujet à ne pas aborder avec lui. Celui-là. L'autre con le savait. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, toutes ces fois où ils avaient bu un verre ensemble, lors de la fermeture du bar.
« Austen, tu te casses. » le second, qui servait accessoirement de videur à l'établissement, venait d'approcher et tentait de l'empoigner par le bras.
« Ne me touchez pas ! » Il dégagea son bras gauche de la poigne du videur et le repoussa de son bras droit. La suite fut un enchainement de coups tellement rapides, que Mark lui-même serait incapable de tous les décrire. Il lui semble avoir décroché une droite dans la mâchoire du colosse et s'être pris un coup de poing au niveau de la pommette. Peut-être a-t-il saigné à ce moment là, ou peut-être était-ce son adversaire ? Ils auraient roulé à terre, avant d'asséner plusieurs coups de genou dans le ventre du videur et de s'en prendre à son tour quelques uns. Là, il est presque sur d'avoir vu le colosse cracher du sang, jusqu'à l'intervention des autres clients du bar.
« Putain Austen, tu fais vraiment chier.. »
Toujours à terre et le souffle court, il se laissa trainer par le barman à l'extrémité du comptoir. Peut-être avait-il un peu chargé, ce soir ? Se hissant sur un tabouret branlant, il commanda d'une voix rauque un verre d'eau. Pourvu que ce coup sur sa pommette ne ressorte pas demain au travail... Alors que l'homme qu'il avait insulté quelques minutes auparavant lui versait un verre d'eau en l'observant d'un oeil inquiet, Mark sortit son portable de la poche de sa veste pour en évaluer l'état. Il était un peu moins de minuit.
« Tu devrais manger quelque chose, t'as pas l'air bien. »
Il répondit au barman par un grognement.
« Je rigole pas. T'as peut-être mis Kevin K.O, mais dans mon cas je te filerai la note de pressing et cette histoire sera réglée. Par contre, j'veux pas te voir prendre le volant, ça me ferait mal au coeur de voir ta Mercedes dans un mur. »
Un nouveau grognement signifia qu'il n'avait pas de quoi prendre le taxi. Il avait un de ces mal de crane, maintenant. Il ne lui manquait plus que ça... Avoir la tête sur le point d'exploser. Et son portable qui, disparaissait !? Décidément, il avait vraiment besoin de boire ce verre d'eau. Et de dormir peut-être, un peu...
« Hé salut ! Alors qu’est-ce qu’il se passe ? T’en as pas assez de me voir tous les jours à la radio et je te manquais, c’est ça ? »
Le trentenaire sursauta au contact d'une main sur son épaule. Une jeune femme ? Non. Sa stagiaire. Cléo..Non, Keo. Elle, dans un pub miteux comme celui là ? Et à son âge en plus ?
« Qu'est ce que tu fous là ? J'ai pas besoin de café, ni de photocopies ! »
Le barman, qui observait la scène, retint un fou-rire. Mark n'avait pas désaoulé. D'un geste de la main, il attira l'attention de la jeune femme, pour l'éloigner du trentenaire. Elle était le numéro le plus composé dans les dernières 48 heures. Il lui lança les clés de voiture du producteur.
« Bonne chance, il ne laisse personne toucher à sa Mercedes. »
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| Sujet: Re: Drink up me hearties → Mark - Dim 18 Oct - 17:27 | Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mark n’avait pas du tout l’air heureux dans la voir dans ce bar. Alors qu’elle avait fait le déplacement juste pour lui. Alors qu’il lui faisait clairement comprendre que tout ce à quoi elle était bonne en tant que stagiaire, c’est-à-dire faire le café et des photocopies, ne lui était d’aucune utilité en ce moment même, la jeune femme se renfrognait. Pire encore, elle était même carrément scandalisée qu’il s’adresse à elle de cette façon. L’alcool n’excuse pas du tout et il était hors de question qu’elle ferme sa bouche. Tout producteur qu’il soit. Mais avant même qu’elle ait pu l’ouvrir, le barman, qui semblait s’amuser de la situation, lui lança un jeu de clefs par-dessus le comptoir. Keo les attrapa au vol avant de jeter un coup d’œil prudent à son patron. On ne sait jamais, des fois qu’il ait envie de le récupérer et qu’il soit prêt à se jeter sur elle pour y parvenir. Dans son contrat, la rouquine n’avait pas signé pour reconduire Mark chez lui en cas de biture, c’était vraiment du grand n’importe quoi. Surtout s’il n’était pas prêteur question voiture. Puis qu’est-ce qui lui disait qu’il ne lui en retournerait pas une aussi ? Bien sûr, il le regretterait mais elle aussi puisqu’elle se faire probablement virer après ça. « Eh oh, je suis une stagiaire, pas un chien. Me parle pas comme ça, steuplaît. » Pour plus de sûreté, elle rangea les clefs dans la poche de son blouson et prit place sur un tabouret, aux côtés de l’homme. Il n’y avait pas de raison qu’elle passe dans un bar sans prendre un verre et donc elle fit signe au barman qu’elle voulait commander. Celui-ci la sonda du regard avant de hausser les sourcils. Irait-il jusqu’à lui demander sa carte d’identité s’il lui venait à l’esprit de commander une Cubanisto ? Oh, ça va, elle était majeure, juste pas en âge de boire légalement. C’étaient les lois américaines qui étaient trop mal faites et puis voilà ! Cependant, la demoiselle préféra ne prendre aucun risque car elle était quand même en présence de son maître de stage et qu’il valait mieux qu’elle fasse bonne impression. Aussi se contenta-t-elle d’un coca zéro. Comme ça tout le monde était content ! Sauf elle. Quelle plaie. Bref, une fois son verre posé devant elle, Keo se retourna vers Mark. « Tu le sais peut-être pas mais ce gentil monsieur derrière le bar a interrompu un coup de fil super important pour me demander de venir te chercher. » Les mots « super importants » étaient même un euphémisme en réalité parce qu’elle n’était pas au téléphone avec n’importe qui à ce moment-là. C’était Devin. Devin qui s’était absenté deux jours pour aller à Chicago, autant dire que ça lui paraissait bien plus long que ça et que chaque minute passée au téléphone avec lui était extrêmement précieuse. En résumé, c’était plus important que si c’était Obama lui-même qui lui avait téléphoné. Mais bien sûr, elle ne rentrerait pas dans les détails, ça ne regardait qu’elle. Un peu énervée, la rouquine fouilla ses poches à la recherche de son paquet de clopes et de son briquet et c’est à cet instant qu’elle se rendit compte qu’elle n’avait ni l’un ni l’autre sur elle. Merde ! Bon sang ce qu’elle se trouvait cruche sur le moment. Mais peut-être y avait-il un distributeur dans les toilettes, eh oui, elle avait l’habitude des bars un peu glauque. Pour ce qui était du briquet, il n’y aurait qu’à demander à un des ploucs bien alcoolisés assis plus loin. Oui voilà, elle ferait ça en partant. « Bon alors, Mark, ça te dit que je te raccompagne chez toi ? » Puisqu’elle était venue pour ça, hein. Et d’ailleurs, elle ne voyait même pas pourquoi elle posait la question. Elle aurait très bien pu en profiter pour taper du poing sur le comptoir en lui criant « allez, on rentre ! » vu que c’était elle qui avait les clefs de la Mercedes. Ça ne lui laissait pas tellement d’autres choix : soit il rentrait avec elle, soit il rentrait à pieds. Et dans le second cas, elle pourrait faire tout ce qu’elle voudrait de la Mercedes, comme une virée où elle se la péterait à fond, par exemple. Oh oui, ça serait bien ! Keo en vint même à espérer que Mark lui dise qu’il n’avait pas besoin d’être chaperonné par une gamine pour faire ça. Mais les chances que ça arrivent étaient proches de zéro, s’il était à ce point amoureux de sa voiture et donc il valait mieux qu’elle ne se fasse pas trop d’illusions à ce sujet. La jeune femme en vint à la conclusion que si elle ne pouvait pas au moins gagner une virée en Mercedes, alors autant qu’ils se dépêchent de rentrer, qu’elle puisse rappeler Devin. Elle attrapa les clefs de la voiture dans sa poche et les agita sous le nez du producteur. « T’inquiète pas, je conduis très bien. Je ne lui ferai pas la moindre égratignure. » Qu’elle y ferait attention, c’était certain mais qu’elle conduisait bien… enfin oui, elle conduisait bien, elle aurait pu être pilote de rallye si elle avait voulu, mais elle avait du mal à s’adapter à la conduite en ville en revanche.
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| Sujet: Re: Drink up me hearties → Mark - Mar 27 Oct - 4:18 |
❝ Drink up me hearties ❞
Keo James & Mark S. Austen
L'esprit embrumé par l'alcool, Mark fixait la jeune femme de manière bien peu délicate. Keo elle-même ne semblait pas à l'aise, chose suffisamment rare pour être signalée dans le cas de la stagiaire. Droite comme un I, les lèvres pincées, elle se retenait de cracher tout son venin sur son patron. Et bien qu'ayant remarqué la colère sourde de la jeune femme, le cerveau du producteur fut incapable de faire preuve de tact.
« Eh oh, je suis une stagiaire, pas un chien. Me parle pas comme ça, steuplaît. »
« Stagiaire, hein...? Tu fais preuve de beaucoup d'ambition, pour une simple stagiaire, non ? »
Mark lui adressa un sourire ironique et se retint de rire devant l'air indigné qu'affichait la jeune femme. Il préféra la prendre de court avant d'entendre sa réponse acerbe.
« Ne répond pas. Mais tu ne peux pas nier que tu ne serais pas venue chercher ton vieux patron si tu n'avais pas un minimum de la suite dans les idées. »
L'ambition n'était pas un défaut pour le producteur, au contraire. Elle rendait ses employés plus performants et plus à l'écoute dans leur travail. Mark su à quoi s'attendre avec la jeune femme dès le moment où elle franchit la porte de son bureau. Elle s'était assise devant lui, comme une fleur, en le regardant droit dans les yeux et sans même connaitre son rôle exact dans la Radio Mix Entertainment. Mais elle avait le knack et désirait prouver au monde entier qu'elle était autre chose qu'une petite fille tout droit sortie d'un village de pêcheurs. Après tout, ne venait-il pas lui-même d'une petite base militaire en Angleterre ? Keo s'installa sur un tabouret, près de lui. Peut-être par provocation, il n'en aurait pas mis la main au feu mais c'était bien là son genre. Il la laissa faire sans rien dire, et réprima un sourire en l'entendant commander un coca zéro. Elle n'osait pas commander d'alcool. Mais qui commanderait un verre d'alcool un jeudi soir, en compagnie de son patron ? Peut-être aussi n'était-elle pas encore majeure, il ne s'en souvenait plus. Il ne lisait jamais les CVs de ses employés. Ils ne s'étaient jamais retrouvés côte à côte, de cette façon, tous les deux. Même dans le cadre du travail. Ils n'avaient jamais déjeuné ensemble. Mark décida qu'il l'inviterait dans les jours à venir. Un peu pour la remercier et un peu pour apprendre à mieux la connaitre.
« Tu le sais peut-être pas mais ce gentil monsieur derrière le bar a interrompu un coup de fil super important pour me demander de venir te chercher. »
Cette fois, il ne put s'empêcher de rire.
« Ton petit ami, je présume. Quelle importance ! »
Le trentenaire ne parvenait pas à détacher un sourire moqueur de son visage. Les appels professionnels s'arrêtent toujours après 20 heures, il le savait bien et s'assurait toujours de ne plus répondre au téléphone après cette heure-là. Personne ne souhaite tomber sur une ancienne conquête pleurnicharde pendant son repas ou devant un film. Certainement pas lui.
« Mais tu m'en vois désolé. Il y a un téléphone près des toilettes, n'hésite pas. Je te laisse terminer de te faire larguer, puisque ton appel est si important. »
Keo n'allait certainement pas laisser passer ça. C'était le plus gros défaut des effets de l'alcool sur Mark. Sans filtre, il devenait cruel et bien trop sarcastique aux normes de la société.
« Qu'est ce que tu cherches, tes cigarettes ? »
Il se releva de son tabouret, le temps de fouiller dans la poche de son jean noir pour son paquet de gitanes et ses allumettes. Il fit glisser le paquet sur le comptoir, à hauteur de la jeune femme. Il murmura.
« Un peu fortes, mais ça ne devrait pas te déranger. »
« Bon alors, Mark, ça te dit que je te raccompagne chez toi ? »
Il l'observa, plus résigné à cette idée qu'hésitant. Paradoxalement, le trentenaire tenait déjà entre ses mains son fidèle cuir, prêt à partir. Il déposa sur le comptoir quelques pièces de monnaie pour la consommation de Keo.
« Pas vraiment, mais j'pense pas avoir le choix. »
Non pas qu'il soit rassuré pour autant. Il devait reconnaitre qu'il était toujours un peu pompette et détestait laisser une autre personne que lui aux commandes. Même dans son état.
« T’inquiète pas, je conduis très bien. Je ne lui ferai pas la moindre égratignure. »
Mais de quoi parlait-elle ? Il vit des clés de voiture s'agiter sous son nez. Ses clés. Par réflexe, il les chercha frénétiquement dans toutes ses poches pendant quelques secondes, avant de comprendre et de jeter au barman un regard noir.
« C'est mort. Rend moi mes clés. »
L'ordre de Mark sonnait comme une menace. Il avait pris son ton autoritaire, celui qu'il n'utilisait qu'avec sa famille lors des disputes ou lorsqu'il était très très furieux au studio. C'était sa Mercedes. Sa Mercedes. Bien plus précieuse que n'importe quelle femme au monde. Celle qu'il avait pu s'offrir avec la prime de sa promotion de producteur. Il détestait ces hommes accros à leur bagnole, c'était un fait, mais sa voiture était plus qu'une simple voiture de luxe. Elle était le symbole de son ascension sociale. Une revanche sur la vieille escort de son père qui lui faisait honte étant jeune, et dont il avait explosé le pare-choc dans le muret du jardin des voisins. Le trentenaire profita d'un instant d'hésitation chez la jeune femme pour saisir les clés au vol, et se diriger vers la sortie du bar.
« Dépêche-toi, je te ramène. »
Dehors, l'air était frais. Une petite brise d'automne fit voleter les cheveux longs du producteur. La voiture était garée plus loin, la ruelle n'étant accessible en voiture qu'aux résidents. Après quelques minutes de marche silencieuse dans les rues festives de la Nouvelle-Orléans, Mark et Keo arrivèrent dans l'avenue principale du quartier. La Mercedes était là, à une dizaine de mètres d'eux, à peine. Une dizaine de mètres, près de deux policiers en service.
« Merde ! » Mark n'était certainement pas le plus apte des deux à conduire, même de visuel. Le pas incertain, la pommette enflée, il ressemblait tristement à ces ivrognes en fin de soirée. Sans compter que sa chemise, tout comme son haleine puaient le whisky. Si ces policiers se décidaient à le tester, il était cuit pour rentrer avec eux au poste. Alors qu'il était immobile, Keo vint se placer près de lui, triomphante. Il était encore plus furieux qu'avant !
« On ne fume pas dans la voiture. »
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| Sujet: Re: Drink up me hearties → Mark - Mar 27 Oct - 19:34 |
Par définition, une ou un stagiaire s’employait à ne pas le rester très longtemps. Donc ce que Mark était en train de lui cracher au visage était très juste, en fait. Non, rien de ce qu’elle faisait quand on parlait travail n’était désintéressé et elle l’assumait totalement. Enfin, devant tout le monde à l’exception de son patron. Si elle lui montrait qu’elle n’était qu’une jeune louve aux dents longues, ça pouvait ne pas lui plaire, parce qu’en quelque sorte, elle représentait le futur, peut-être même sa remplaçante. L’espace d’un instant, elle feignit donc d’être scandalisée par ces propos. C’était ce qu’ils voulaient tous. Mais alors, Mark, que l’alcool ne rendait pas plus sympa, loin de là, jugea opportun d’en rajouter une couche. Keo ne put alors s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ce n’était pas de sa faute, c’était un véritable réflexe chez elle et ça lui avait valu une ou deux gifles de la part de ses parents. Heureusement qu’il n’était pas l’un d’eux. Ensuite, elle croisa les bras et finit par hausser les épaules. Bien sûr qu’elle était ambitieuse, ce qui n’était pas un défaut selon elle, bien sûr qu’elle avait de la suite dans les idées, elle n’était pas la dernière des connes non plus. « Je ne nie rien du tout. Si après ça tu me portes un peu plus dans ton cœur, au point de me proposer un CDI par exemple, alors j’aurai bien joué, non ? » Parfois c’était tout simplement mieux de se montrer sincère. C’était même souvent ce que la rouquine choisissait, préférant que tout soit clair dès le départ plutôt que de faire des coups par derrière. Ce qui suivit en revanche eut le don de lui hérisser le poil. Oui, son petit ami était important à ses yeux, voire même plus important que de voler au secours d’un boss beurré, tiens. Mais ça, il ne valait mieux pas qu’elle le dise tout haut, d’autant qu’elle avait à cœur de ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle. Une utopie sans doute, mais elle voulait y croire. Raison pour laquelle elle ne répondit pas. Ni à la question du petit ami, ni à cette pique concernant un quelconque largage. Pffft, il était tellement loin du compte que c’en était risible. Enfin, elle eut tout même la folle envie de lui coller sa main dans la figure, exactement comme elle l’avait fait avec cet autre producteur à la radio, mais pas pour la même raison. Cela dit elle était assez avisée pour s’en empêcher et se contenta de soupirer longuement. C’est à ce moment-là qu’il fit glisser son paquet de cigarettes devant elle et il fut presque instantanément pardonné. Un peu fortes, oui tu parles, elle était sûre elle aussi que ça ne la dérangerait pas le moins du monde. La rouquine ricana même en attrapant le paquet. « A vrai dire, je suis un peu déçue. Je te croyais du genre à fumer le cigare. » Ben quoi ? Ce n’était pas ce que fumaient tous les producteurs du monde ? Déception ! Surtout que Keo n’aurait rien eu contre le fait d’en fumer un, là, tout de suite. D’où est-ce que ça lui venait ? Pas de son père en tout cas, lui n’avait jamais toléré qu’elle fume quoi que ce soit. Disons que c’était devenu une coutume lorsqu’elles sortaient avec sa meilleure amie, pas plus tard que l’année passée. Elles terminaient toujours la soirée par un Scotch et un cubain qu’elles se faisaient offrir. Mais bon tant pis, elle se contenterait des clopes de Mark, c’était toujours mieux que rien. Cependant, elle n’eut même pas le temps de s’en griller une puisque le propriétaire du paquet n’était soi-disant pas près mais il était déjà debout et avait également payé les consommations en attendant. Ça ne lui plut pas du tout de voir qu’elle avait ses clefs de voiture en sa possession et il eut tôt fait de les lui reprendre, sans qu’elle ait compris quoi que ce soit à ce qu’il venait de se passer. Son ton autoritaire l’avait juste fait hésiter un quart de seconde alors qu’elle savait très bien qu’il fallait impérativement qu’elle réponde par la négative et surtout qu’elle garde les clefs. Ah quelle sombre cruche elle faisait, vraiment ! Là-dessus, Mark annonça qu’il la raccompagnait chez elle tout en se dirigeant vers la sortie. Ah non, non, pas question qu’elle monte en voiture avec lui dans cet état, hein. Il pouvait bien aller se crasher, elle n’en serait pas responsable mais en tout cas, elle ne serait pas dans l’accident. La jeune femme lui courut après pour lui dire que non, elle refusait qu’il la raccompagne, mais une fois qu’ils furent dehors, elle se rappela qu’elle avait les cigarettes et décida de s’en allumer une tant qu’elle le pouvait. Lorsqu’elle rejoignit enfin son boss, il se trouvait devant sa voiture. Qui se trouvait elle-même devant deux flics. Mark s’était raidi en les voyant. Bien, il lui restait suffisamment de bon sens pour ne pas se placer derrière le volant sous leurs yeux alors que sa marche était très incertaine et que rester un peu trop longtemps dans son sillage suffirait à saouler n’importe qui. Un sourire triomphant s’afficha sur le visage de la rouquine alors qu’elle exhalait sa fumée tout à côté du producteur. Sans mot dire, elle tendit la main pour qu’il lui rende les clefs. Ce qu’il fait de mauvaise grâce, fatalement et en lui signalant qu’on ne fumait pas à bord de sa précieuse caisse. Ce que Keo comprenait tout à fait, on ne fumait pas non plus à bord de Johnny, mais elle était tellement remontée après lui qu’elle répondit simplement : « Eh bien alors on attendra que j’ai terminé. » C’est vrai quoi, il ne pouvait tout de même pas lui demander d’écraser sa clope alors qu’elle venait tout juste de l’allumer, ça serait un sacrilège. Même qu’elle la fuma jusqu’au bout et pendant ce temps, les flics n’avaient pas décampé. Ah c’était tellement parfait, elle se sentait… puissante, oui, c’était le mot. Une fois qu’elle eut fini, elle ne traîna cependant pas pour prendre place derrière le volant. Wow, cette voiture était gigantesque comparée à Johnny. C’était un peu comme de conduire un tank. Un règlement de siège plus tard, Keo avait beau être grande, elle ne l’était pas autant que Mark, ils étaient en route. « Wow c’est génial. Ça change… tout ! » Elle ne le faisait pas exprès, c’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle s’extasie. Elle fut même bien tentée d’appuyer sur le champignon comme elle le faisait avec sa Coccinelle mais elle n’osait pas. Ce qui fait qu’elle avait la sensation de rouler comme une grand-mère. « T’habites où, au fait ? » Tant qu’à faire, ça serait bien qu’elle sache où elle allait au lieu de tourner en rond. Mais tandis qu’elle attendait la réponse, l’imbécile devant elle, il fallait bien que ça arrive en plus, il n’y avait qu’eux sur la route, freina subitement car le feu était passé au rouge. Arriva alors ce qui devait arriver et Keo vint lui emboutir l’arrière-train. Plus choquée qu’elle en ce moment, ce n’était pas possible. D’ailleurs, la preuve en était qu’elle ne cessait de répéter : « Oh merde, oh merde, oh merde ! » En trois ans de conduite sportive, c’était son tout premier accident. Il fallait que ça se passe alors qu’elle roulait à la vitesse d’un escargot et au volant d’une autre voiture que la sienne. Un comble. made by pandora.
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