Caterina & Leah

t'es pas toi quand t'as faim

Pas grand chose à faire. J'avais la vie la plus trépidante qui était. Honnêtement, je ne crois pas avoir jamais autant rien fait de toute mon existence. Je m'ennuyais. Et pas qu'un peu d'ailleurs. Je rêvais qu'une occupation vienne frapper à ma porte ou ... ou bien m'envoie un texto d'ailleurs, puisque c'était ce qu'avait Caterina. Je regardais son texto et souris. J'avais l'air d'une chaussette, en pyjama, avec mes pantoufles aux têtes de lapin, et pourtant j'étais encore capable de sortir comme ça, mes cheveux emmêlés et incoiffables et ma tête de déterrer que je ferai mieux de cacher avec un peu de maquillage.
Je lui répondit que ça m'allait, même si le fait que ce soit elle qui payait me mettait mal à l'aise. J'étais encore capable de payer ma part et, même si j'étais bien loin d'être pauvre, même pour quelques misérables dollars (non pas que je méprisais l'argent, je connaissais sa valeur tout de même!), je détestais avoir des dettes, que ce soit pour n'importe quoi.
Je me préparais rapidement avant de m'éjecter de mon appartement. Je me dirigeais donc vers le McDonalds des îles vénétiennes avant de pousser la porte de l'enseigne. L'odeur de la friture vint me chatouiller les narines. Je n'aimais pas particulièrement cuisiner -et surtout faire la friture- mais j'adorais tellement l'odeur. J'aperçus Caterina avant de me diriger vers elle « C'est pas bien, de fumer! », la charriai-je, sachant pertinemment qu'elle risquait de me sortir son excuse du "faut bien mourir de quelque chose". D'une infirmière, je trouvais ça plutôt ironique. Et j'adorais l'ironie. En somme, j'adorais Caterina quoi.

Caterina & Leah

t'es pas toi quand t'as faim

Je n'étais jamais en retard. Sans vouloir me vanter bien sûr ! Mais par rapport à Caterina, je savais toujours que je l'étais. Si j'étais toujours pile à l'heure, elle arrivait très souvent à l'avance. Voire toujours d'ailleurs, si l'on réfléchissait bien.
J'arrivais au McDo rapidement. J'avais été prévenue à la dernière minute alors le temps de me préparer, je ne préférais même pas savoir combien de temps j'avais fait attendre mon KitKat. Je lui dis alors, en la voyant fumer, que ce n'était pas bien. Je pensais qu'elle m'aurait tiré la langue. Mais elle se contenta simplement de me dire que ça détendait. Oui, je le savais. Quand j'étais adolescente, j'avais aussi fait quelques expériences avec tout ce qui pouvait se fumer. Bien que j'avais vite arrêté quand nous avions déménagé, d'autant que, enfant du milieu, j'avais toujours plus ou moins donné l'exemple quand il y avait un conflit familial.
Pour répondre à sa question, mon ventre gargouilla bruyamment. J'éclatai de rire. « S'il se révolte autant, c'est que la réponse est positive, je pense! », ris-je de plus belle. Elle écrasa sa cigarette devant l'entrée et me fit entrer de force, en me tirant par la main.

HJ: T'en fais pas, c'est moi qui mets le plus de temps à répondre alors ♥

Caterina & Leah

t'es pas toi quand t'as faim

Caterina éclata de rire face aux grognements de mon ventre et face à ma phrase, m'arrachant un petit rire également. Et autant dire que l'odeur qui se dégageait du restaurant rapide ne faisait qu'augmenter la faim que j'avais.
La queue pour prendre notre commande était longue. Très longue. J'aurais pu réussir à remplir une grille de mots fléchés, moi la ratée de la famille, puisque c'était, en quelque sorte ce que j'étais, pas familière ni avec l'art ni avec l'économie, ni les sciences et encore moins le sport. Une fois notre tour finalement arrivé, Caterina commanda son menu, affirmant que la totalité de sa commande était pour elle. Je me retins de rire. Elle mangeait beaucoup, je le savais. J'étais un peu comme elle d'ailleurs. Mais peu importe que la serveuse la regardait, étonnée. Telle que je connaissais Caterina, elle s'en fichait bien pas mal, ce qui comptait pour elle, c'était de faire les choses comme elle seule l'entendait. Et j'admirais, au moins, elle se fichait plus que tout du regard des autres, au moins sur ce qu'elle avalait, c'était déjà ça. « Quant à moi, je vais prendre un maxi best of CBO, un wrap, coca normal et un frappé vanille s'il vous plaît », annonçai-je à la serveuse, en lui souriant. Notre commande passée, nous nous dirigeâmes vers une table pour pouvoir déguster notre énorme festin. « Eh bien écoute, ça va ... j'ai peut être trouvé une coloc, tu sais? » affirmai-je, tout sourire. J'étais presque persuadée que, bientôt, je pourrais quitter mon appartement pour une colocation, bien que je préférais ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. « Et toi ? »

Caterina & Leah

t'es pas toi quand t'as faim

Nous commencions alors à manger, une fois toutes les deux assises. Je savais très bien que, en entamant la conversation sur ma probable colocataire, Caterina aurait une autre vision de la chose que moi. Pour moi, c'était l'occasion de ne pas m'ennuyer toute seule, de continuer à partager un maximum, même si j'avoue, j'étais assez renfermée, surtout quand il s'agissait de partager ma vie de quelque façon que ce soit. Mais avec Delaney, ce n'était pas pareil, elle ne me posait pas de questions gênantes comme d'autres alors ça ne me dérangeait plus. Pour Caterina, c'était sans doute plutôt le moyen de faire des sales coups juste pour rire. Même si j'avoue, c'était aussi le genre de choses qui me faisaient rire aussi. « Delaney Gordon, je sais pas si tu connais. Elle est flic. Et elle est très sympa, oui! »
J'écoutais alors Caterina m'expliquer ce qu'elle, avait à raconter. Le sourire aux lèvres, j'étais aux anges, trop heureuse pour mon amie. « Oooooooh, c'est trop mignooon! » affirmai-je d'un ton mielleux. « Il te plaît ? Comment ça "il te l'a avoué assez spécialement"? » J'étais curieuse, c'était vrai. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher, pour le coup/

Caterina & Leah

t'es pas toi quand t'as faim

Je ris à la réflexion de mon amie. « Ah oui? Amies juste pour cette raison? » Décidément, Caterina arrivait toujours à me rendre le sourire. Je n'avais aucune idée de comment elle faisait, mais toujours était-il qu'elle réussissait bien souvent. Mais en un sens, je pouvais vaguement comprendre sa motivation à devenir amie avec Delaney. Après tout, c'était toujours utile, au moins pour avoir des informations et parfois même pour se sentir en sécurité d'avoir des agents de police comme amis. Tant qu'ils n'avaient pas leur flingues à côté, je trouvais ce raisonnement plutôt véridique.
Je haussais les épaules. Oui, moi je trouvais ça trop mignon. Peut être étais-je trop fleur bleue, mais même s'ils ne se connaissaient pas, je trouvais au moins le fait d'avoir déclaré ses sentiments à mon amie trop adorable. Quoi qu'un peu flippant, mais adorable tout de même. J'acquiesçai. Si elle ne comprenait pas que c'était un double oui, alors tant pis, mais j'avais la bouche trop pleine de frites pour parler et risquer de tout lui cracher au visage, littéralement parlant, pour le coup.
Voyant que Caterina ne semblait pas vouloir répondre à ma question, je souris. Je la reconnaissais bien là tout de suite. Mais elle arrêta son petit jeu et finit par me raconter. Je l'écoutais attentivement. Je lui souris.« Eh oui, ma vieille, c'est ce qu'on appelle le coup de foudre. L'amour au premier regard si tu préfères! »
Je lui adressais un regard réconfortant. « Peut être qu'en apprenant à le connaître tu pourrais l'apprécier? » Sans aucune ambiguïté, j'espérais qu'elle le comprendrait.