“perfect love is the most beautiful of all frustrations because it is more than one can express.”

What are we fighting for ?

Madeline░Valentino

∞ Cette conversation le blessait. Enfin, les sujets auxquels elle touchait. Comment Madeline pouvait bien croire qu'il était plein de haine ? Lui qui croyait qu'elle le connaissait. Peut-être qu'en partant, elle avait décidé de mettre de côté tout ce qui le touchait, et que désormais, petit à petit, elle essayait de rencontrer quelqu'un de nouveau ? Mais pour Valentino, les choses étaient tout autre. Tout était là, encore tout chaud, comme si tout s'était produit la veille. Les bons, mais aussi les mauvais côtés -qui prenaient de la place malgré toute chose - étaient restés près de lui, et ne cessaient de lui envoyer des petits "bips" mentaux de rappel. Même si parfois, la piqûre faisait plus de mal qu'on ne l'aurait cru.

C'était avec peine qui l'avait sommée d'arrêter. En plus de la difficulté de la voir, de ne pas la toucher, mais surtout, d'avoir raté six années de sa vie, elle semblait toujours en rajouter. Sauf que là, ce n'était pas le moment. Il ne savait pas quand, ni si ce serait un jour le moment. Peut-être qu'ils s'étaient rencontrés trop tôt, et que désormais, il était trop tard, au final.. Comme quoi, Cupidon ne faisait pas forcément les choses bien. Cependant, il restait encore un espoir. Celui d'être de bons partenaires, comme ils l'étaient autrefois, avant qu'ils ne commencent à se fréquenter, et à ne plus être capables de se détacher l'un de l'autre. Parce que c'était ce qui était arrivé. Et c'était peut-être aussi pour ça que le choc du départ avait été plus difficile à encaisser. Il y avait tout l'espace d'un instant, et celui d'après, plus rien. Le néant.

C'était troublant comme Valentino pouvait se montrer froid. Volontairement, évidemment, pour lui faire comprendre que les choses ne seraient plus comme avant. Non pas qu'il ne le voulait pas. Mais il n'était pas sûr de le pouvoir. De supporter de la revoir partir. Et puis, de toute façon, rien ne voulait dire qu'elle avait encore de la place pour lui. Si ça se trouvait, elle avait un gosse avec un mec, un enfant déjà grand... En six ans, il pouvait s'en passer des choses. Valentino cligna des yeux volontairement, pour effacer cette image de sa tête. Il n'avait pas le droit de lui demander des explications. Pas après qu'il lui ait demandé à plusieurs reprises, de façon plus ou moins polie de se taire, de ne pas parler de ce sujet. Et encore une fois, il l'avait arrêtée dans son élan, avec un seul mot. Et il l'avait accusée de tous ses maux. Tout n'était pas sa faute, mais c'était tellement plus simple de voir les choses comme ça. Et tu quoi ? demanda-t-il soudainement curieux. Depuis qu'elle était revenue, Madeline n'avait jamais rebroussé chemin pour lui dire ses pensées, même quand elle fonçait tout droit dans l'erreur, avec l'affreux épisode de la salle de travail. Non, c'est bon oublie... Il ne voulait pas la forcer à dire ce qu'elle ne voulait pas dire. Et elle semblait tellement se battre avec elle même pour ne pas lui dire, et aussi, se battre contre tout ce qu'il lui avait donné comme informations, que dans un sens, c'était légitime. Mais à ses yeux à lui, c'était encore une fois où il avait cette impression qu'à travers sa prise de responsabilité, elle se positionnait en victime..Tu sais.. je pense qu'on devrait arrêter de mettre notre vie personnelle au boulot...fut un temps, où c'était tellement facile. Il la regardait, impassible, droit dans les yeux. Et étrangement, il y trouvait un réconfort, même s'il était toujours en colère. Non, Valentino. On se reprend mon grand !
∞

Madeline avait de dire tellement de choses… A maintes reprises elle s’était imaginée l’instant où elle ouvrirait les vannes et qu’un torrent d’explications et d’excuses viendraient s’écraser aux pieds de son ancien amant. Ça n’avait jamais été la même version, toujours avec des scénarios différents, et pourtant elle finissait toujours dans le même état : affaiblie, triste mais pleine d’espoir quand à la compréhension qu’il aurait pu avoir à son égard. C’était peut-être ça qui l’avait fait tenir dans le fond… Une envie d’y croire et un refus catégorique de l’abandonner pour toujours. Alors bien sûr, si elle le formulait à voix haute, il serait le premier à la stopper pour lui balancer que c’était fait, qu’elle était partie et qu’elle l’avait donc, en soit, abandonné. Il n’aurait pas totalement tord… Mais comment lui faire comprendre qu’il avait toujours été dans un petit coin de sa tête, comme un lourd regret pesant sur son cœur. Rêvasser et imaginer son quotidien à ses côtés lui avait fait tant de mal. Elle s’était punie toute seule en se rappelant ces nombreux souvenirs, ces joies, ces moments de tendresse et de passion… Aujourd’hui, elle doutait presque qu’il puisse rester de maigres braises du feu qui les avait animé par le passé.

Valentino lui montra une once d’intérêt, relançant le débat d’une simple question. De part sa curiosité il l’invitait à s’expliquer davantage. Madeline fut prise de court, pensant au contraire qu’il ne voulait rien entendre d’elle. C’est ce qu’il lui répétait depuis qu’elle avait mis un pied au bureau, et il s’y était toujours tenu. Alors là, elle bafouilla quelques mots… « Je… Eum… J’aurais voulu… Et bien… » Bon sang ! Ce qu’elle se sentait idiote à chercher ainsi ce qu’elle pouvait bien lui dire. Elle avait pourtant vécu ce moment tellement de fois, dans les profondeurs de son imagination ! Valentino n’eut pas la patience d’attendre qu’elle se décide, et revint sur ses pas. Il la coupa net, lui demandant d’oublier cette question qu'il semblait regretter. C’est alors qu’il confia qu’il était, selon lui, plus judicieux de laisser leurs vies personnelles loin de la brigade. Elle se figea, comme si quelque chose venait de se briser en elle. Les mots avaient eu un sacré impact sur elle, lui donnant l’impression qu’une porte venait de se refermer, juste devant son nez. Mais sa vie, c’était son travail. Une part de sa vie avait toujours été lui. A des milliers de kilomètres ou dans ses bras, il avait toujours été question de Valentino ! Ce qu’il lui suggérait de faire allait être sacrément difficile.

« Je… Ok. Je pensais pouvoir te montrer que j’étais… » La même ? Mais en mieux ? Qu’on pouvait compter sur elle et qu’elle avait appris de ses erreurs ? Elle s’était stoppée avant de dire tout ça, ne voulant pas le mettre hors de lui. Il n’aurait vraiment pas apprécié, pensant sûrement qu’elle se foutait de sa gueule. « Très bien. On va oublier tout ça. » -dit-elle sans en être convaincue elle-même. C’était un véritable crève cœur…

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∞ C'était mieux comme ça. De toute façon, Valentino n'était même pas sûr d'avoir envie qu'elle ne refasse une apparition dans sa vie personnelle. Ca lui faisait mal de devoir le dire à haute voix à Madeline. Mais de toute façon, ça ne devait pas grandement lui changer des quelques échanges qu'ils avaient eu depuis son fameux retour. Qui ne concernait, aux yeux de Valentino, que la police. Il ne se voyait pas vraiment sortir entre collègues avec elle. Après, si jamais ils étaient un grand nombre, il pourrait peut-être tenter de faire abstraction de sa présence. Mais la voir là, c'était douloureux. Ne plus la compter dans sa vie, ça le tuait à petit feu. Mais le pire, c'était que d'imaginer lui laisser une place à nouveau, ça l'angoissait, et lui faisait autant de mal que de la voir sans pouvoir la toucher comme avant. Pourquoi diable avait-il fallu qu'il l'embrasse ce fameux soir après une virée entre collègue..? Les choses seraient certainement différent. Son départ, il ne l'aurait pas mal vécu. Peut-être même qu'ils seraient restés en contact ? Bon, n'abusons pas non plus. Mais les choses auraient forcément été plus simples. Enfin, en tout cas, dans l'esprit de Valentino, elles l'auraient été.

Pour la première fois depuis longtemps, il l'écoutait. Et pour aussi la première fois depuis qu'elle était de retour, il ne la coupait pas. Pourtant, ça restait la même chose, elle semblait toujours stoppée dans son élan, comme dans une voix mentale que Valentino aurait pu avoir, pour lui dire "ferme la." Sauf que cette fois, il l'écoutait. Peut-être était-il un peu trop curieux de savoir ce qu'elle avait à lui dire. Lui qui ne voulait presque pas entendre le son de sa voix à son arrivée. Cela dit elle n'avait de cesse de s'arrêter. Alors, il soupira, et fit un geste qui voulait dire qu'il arrêtait. En cas, c'est pas grave. Je ne sais mêem pas pourquoi je te demande de continuer, de toute façon, je crois qu'au final, on n'a peut-être jamais su vraiment communiquer. Enfin, si mais par la parole. Valentino était redevenu maussade, et leva les yeux au ciel. Je ne pensais pas que me parler, ça t'aurait fait si peur que ça. Mais je crois que je finis par comprendre mieux certaines choses. Comme le fait qu'elle soit partie sans explication. C'était le mystère, et le triste résumé de sa vie, apparemment. Madeline sans explication. Et c'était encore pire de l'entendre acquiescer au fait qu'ils ne devaient mettre en avant que leur vie professionnel, plus rien de personnel entre eux. Si c'était un test, elle venait de le rater. Et cela montrait à Valentino qu'il avait eu raison de mettre le hola. Même si ça lui faisait tout drôle de se rendre compte qu'il était bien plus attaché à elle qu'il ne l'aurait cru. Et ça voulait dire pour lui que Madeline n'en avait plus rien à faire. Soit ! Il arriverait certainement à s'y faire.. enfin, un jour, peut-être. Faisons donc ça.. Il s'était redressé, et commençait à se décaler vers la sortie. Valentino voulait rester un instant. Mais pourquoi et pour quoi faire ? Il soupira en regardant autour de lui. Il n'y avait plus rien pour lui ici. Et en parlant, il s'en était juste assuré.
∞

Valentino était bien le seul homme capable de la déstabiliser à ce point, car aux yeux de Maddy il était le seul à la connaitre aussi bien. Face à lui, elle avait toujours joué les dure à cuire et les entêtée… En tout cas, ça avait toujours été ainsi puisque leur relation reposait sur une grande complicité. Mais aujourd’hui, ses réactions étaient toutes autres… Elle en perdait ses moyens, il la faisait hésiter et elle se sentait complètement à l’ouest. Il devait penser qu’elle n’avait rien à dire alors que son cerveau la bombardait de répliques diverses et variées pour s’excuser et éclaircir la situation. Rien de tout ceci ne sortait clairement, et ça ne faisait qu’envenimer les choses puisque Valentino perdait peu à peu son calme apparemment au profit d’un agacement profond. Selon lui, ils n’avaient jamais su communiquer. Cet aveu blessa Madeline en plein cœur… Voilà comment il les résumait : un couple qui n’avait jamais vraiment échangé, qui ne s’était jamais livré l’un à l’autre, qui ne savait pas communiquer. Pourtant, elle se revoyait blottie contre lui, à lui confier ses doutes professionnels, ses histoires de famille, ses sentiments envers lui… Mais ça n’avait peut-être jamais eu assez de poids en fait. Là où il marquait presque un point ce fut en supposant une crainte le concernant… Oui elle avait eu peur de lui parler… Non pas parce que c’était lui, parce qu’elle le craignait ou n’avait pas confiance… Mais parce qu’il y avait un troisième petit être dans l’histoire et que c’était plus ce bébé qui l’avait effrayé. Sauf que tout ça, il n’en savait rien. « Je ne pense pas… » - chuchota-t-elle, tout bas, comme pour elle-même.

Doucement, elle venait de baisser les yeux. Elle était tellement déçue de ne pas trouver la force de lui expliquer ce qu’elle avait traversé, ce qu’elle avait craint… Ça ne l’aurait pas excusé, mais peut-être qu’il aurait davantage compris. Il aurait su la vérité et aurait cessé de se faire sa propre idée, faussée. Lui aussi avait finalement acquiescer. Ils se forçaient l’un l’autre à accepter un deal qu’ils avaient du mal à respecter, du mal à supporter. Madeline se faisait violence pour ne pas revenir en arrière et refuser de tout laisser de côté. Dire oui, c’était l’abandonner. Une seconde fois. Souffrir doublement. Et c’était tellement difficile…

« Val’ ! » Elle avait relevé la tête dans sa direction, l’interpellant avant qu’il ne s’éloigne pour de bon, et probablement pour toujours. Elle avait employé son surnom spontanément, presque instinctivement, pour une dernière fois. Et par chance, il s’était arrêté. Il ne disait rien, certes… Sûrement blasé par ce maigre échange. Mais il avait freiné le pas et attendait à présent qu’elle réagisse et poursuive. Mais les mots ne sortaient pas. Bordel ! Ces saletés de mots refusaient de franchir la barrière de ses lèvres. Elle le voyait partir, son dernier espoir de retrouver un brin du Valentino qu’elle avait aimé lui échappait, et elle restait plantée là comme une gourde ! Quelques secondes s’écoulèrent sans que l’un ou l’autre ne prenne la parole, et quand elle sentit qu’il perdait patience et allait soupirer pour ensuite s’en aller, ce fût plus fort qu’elle : elle fonça droit sur lui et l’enlaça, enroulant ses bras autour de son coup. Il allait peut-être essayé de l’en dissuader, de la repousser, mais elle le contra en soufflant quelques mots à son oreille : « Je ne te demande pas ton avis… S’il te plait. » De cette supplication, elle espérait qu’il comprenne qu’elle avait besoin de ça pour accepter qu’ils ne seraient plus que deux collègues. Et encore… C’était elle qui tentait de s’en convaincre. Elle se répétait que c’était une manière de tourner la page, alors que tout son être refusait de faire une telle chose. Elle en oubliait la douleur de ses côtes, et ne pensait qu'à cette douce chaleur qu'elle tentait de lui voler. Mads cherchait un peu de réconfort, presque en vain car le temps lui était compter. Valentino voulait instaurer de la distance entre eux, ou du moins maintenir celle qu’elle lui avait imposé six années auparavant. Alors le câlin… Il allait rapidement y mettre un terme, selon elle. Une larme roula sur joue et Madeline s’empressa de la faire disparaitre d’un revers de la main, alors qu’elle se détachait à regret de lui. « Excuse-moi... C'était déplacé, je sais. En totale contradiction avec ce qu'on vient de dire. Mais... J'en avais besoin. »

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∞ Finalement, ils ne devaient pas être faits pour se retrouver. Il allait falloir un peu de temps à Valentino pour l'accepter. Et ce n'était certainement pas ce qu'ils venaient d'avoir comme échange qui allait l'aider à faire diminuer la colère qu'il avait contre elle, au fond de lui. Bien au contraire. Elle lui avait dit de façon implicite qu'il n'y aurait plus rien. Et elle n'avait, une fois encore, pas eu le courage de lui dire les choses en face. Enfin, de façon directe, en le regardant droit dans les yeux. Il lui faisait si peur que ça ? Apparemment, lui dire les choses comme telles n'était pas simple pour Madeline.

Et puis, alors qu'il allait tourner les talons, la jeune femme l'avait interpelé, et s'était juste approchée de lui, ce qui lui avait fait se demander ce qu'il se passait, arrêtant Valentino dans son élan. Il avait été hébété qu'elle l'enlace. Mais... qu'est-ce que c'était que ça ? Valentino était resté un instant sans bouger. Et puis, finalement, il avait essayé de la repousser, alors qu'elle s'agrippait à lui, en lui demandant d'accepter. Mais accepter quoi ? Qu'elle joue avec lui comme ça ? Non mais et puis quoi encore ? Après avoir attendu quelques secondes, sans lui rendre son étreinte, bien au contraire, en restant totalement passif, Valentino l'avait repoussée. Mais à quoi tu joues ? Il avait froncé les sourcils, et lui lançait un regard colérique. Elle croyait quoi ? Qu'elle pouvait le laisser tomber, et l'instant d'après, arriver et lui faire un câlin ? Non mais et encore aussi..?

Il l'avait repoussée, et avait fait quelques pas en arrière, secouant négligemment la tête.. Non, non.. tu peux pas faire ça.. C'était du foutage de gueule. Et à nouveau, la colère montait. Que diable ! Il ne pouvait donc pas être une journée sans éprouver de la colère contre elle ? Pourtant, il y avait tellement de chance dans l'étreinte qu'elle avait tenté d'avoir qui aurait pu être plein de bonnes choses à ses yeux. Son odeur, l'impression causée par son contact. Mais ce n'étaient que des souvenirs, qui n'avaient de cesse de lui pincer le cœur et lui tordre l'estomac. Il passa une main sur son visage pour tenter d'oublier ce souvenir, et écarta les bras, comme l'aurait fait un agent immobilier pour montrer la pièce. Tu peux pas arriver, accepter, et venir dans mes bras. C'en est assez de jouer comme ça.. Il soupira, et tourna le dos, avant de revenir, et de mettre le holà, avec un signe du doigt. Ne t'approche plus de moi à moins d'un mètre, sauf si c'est nécessaire pour le boulot. Il n'aurait pas voulu en arriver là. Ca lui faisait quasiment autant de mal que la situation. Mais c'était pour le plus simple..
∞

A quoi jouait-elle ?! Mais à rien ! Elle ne s’amusait pas et il n’avait pas l’air de le comprendre. Certes, elle ne donnait pas l’heure juste et revenait sur ses propos. Seulement elle n’était pas la seule fautive pour le coup, merde ! Il n’arrêtait pas de lui laisser entrevoir l’ancien Valentino, lui rappelant violemment ce qu’elle avait perdue. Alors, lorsqu’il lui demandait d’abandonner, de laisser leurs vies privées loin de la brigade, que pouvait-elle faire d’autre que de s’y résigner ? Cette étreinte, elle en avait besoin… Comme quelqu’un qui devait faire le deuil d’une relation qu’elle ne retrouverait peut-être jamais. Elle savait que ça n’était pas très réglo de sa part de se blottir contre lui et de lui imposer ce contact, égoïstement. Madeline en avait conscience et elle s’en était aussitôt excusée. Seulement la réaction de Valentino fut si… violente. Il s’était dégagé d’elle, reculant de plusieurs pas comme pour instaurer une distance de sécurité entre eux. Son regard était noir de colère et ses sourcils froncés lui donnait un air mauvais. Maddy compris qu’elle allait passer un sale quart d’heure, pour un malheureux câlin spontané. Elle était muette, se doutant qu’au moindre son qui sortirait de sa bouche, elle planterait le coup de grâce et il s’acharnerait sur elle. Mieux valait le laisser réagir pleinement, voir s’énerver contre elle, jusqu’à ce que la surprise et l’agacement retombe… Tout n’était qu’une question de pression, non ?

Apparemment non. Il passait sa main sur son visage, réalisant ce qu’elle venait de faire… Et pour le coup, Madeline avait l’impression d’avoir commis l’irréparable tant c’était démesuré. Il ouvrait en grand ses bras et lui balançait qu’elle ne pouvait pas se comporter de la sorte avec lui, qu’elle n’en avait pas le droit. « Je me suis excusée quand j’ai réalisé… Et… Je ne joue pas, merde ! » Elle avait dit ça alors qu’il tournait les talons, bien décidé à partir. Ses mots durent résonner dans sa petite tête, puisqu’il revint finalement sur ses pas et la pointa du doigt. L’ordre qu’il venait de lui donner lui fit froid dans le dos… Elle avait ouvert de grands yeux surpris, et se voyait peinée d’en arriver là. Valentino lui collait une interdiction de l’approcher, comme si elle était une folle hystérique, une harceleuse. « T’es sérieux ? » Il n’avait pas l’air de plaisanter, malheureusement pour elle. Les choses allaient être encore plus difficiles que prévue, et le dernier rempart de Madeline se fissura sous les yeux de Valentino. Foutu pour foutu, que risquait-elle de perdre désormais ? « Tu sais quoi ? Très bien. » Elle recula exagérément de lui, symbolisant ce fameux mètre réglementaire qui devait désormais les séparer. « De toute façon, quand je m’énerve, je cries, ça ne te va pas. Si je suis calme, ça ne va pas ! Je te montre un peu plus d’attention ? Ça ne va toujours pas ! En fait, quoique je fasse, c’est mal ! Et ce n’est pas mon silence ou ce putain de câlin qui te dérange Valentino… c’est juste moi le problème. C’est ma tronche qui ne te revient pas ! » Qu’elle ait ses propres difficultés, qu’il s’agisse de prise de parole ou d’expression physique, il n’avait pas l’air de le concevoir. Il interprétait et se fiait à tout ce qu’il pensait savoir. Ni plus, ni moins. Alors Madeline devait sûrement se faire une raison… Peut-être qu’ils n’arriveraient plus jamais à communiquer normalement ; pas après ce qu’elle lui avait fait. La jeune Ellis allait devoir vivre avec ses erreurs passées et ses regrets. « Tu me transmettras l’ordonnance du tribunal pour cette interdiction. Au point où on en est de toute façon, ça ne m’étonnera plus ! » Elle devenait moqueuse et ironique, saturant complètement. « Tu peux te décaler, s’il te plait ? Je voudrais atteindre la sortie. » Il l’avait piqué à vif avec cette interdiction à deux balles. Elle avait mal et dans son tempérament de petite lionne sauvage, elle se défendait en attaquant. « Je resterais loin, t’as ma parole… Pour ce qu’elle vaut à tes yeux, c’est pas grand chose, je sais, merci ! » Elle allait finir par devenir folle à faire ainsi la girouette dans cet ascenseur émotif.

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∞ Il était abasourdi. Tant par elle, que par lui.. par eux, en fait. Ca lui brisait le coeur, mais il venait si souvent à se demander ce qu'ils avaient pu faire ensemble auparavant.. Il ne voyait désormais que ce qui les séparait. Leurs différences, leurs caractères, leurs envies, leur façon de voir les choses.. Rien ne semblait avoir un jour rendu possible le fait qu'ils s'aiment. Et pourtant, c'était arrivé. Il fallait croire que les ressemblances n'étaient pas les seules à rassembler. Mais que les opposées pouvaient aussi se repousser, ce qui était actuellement le cas. Valentino la regardait, en étant en colère. Il se retenait de ne pas réagir dans l'excès. Toute cette histoire d'Italie, de fierté, ça n'aidait pas vraiment à arranger les choses. Bien sûr.. fit-il avec ironie, en réponse à son affirmation qu'elle ne jouait pas.

Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle n'avait pas saisi où il venait en venir avec la distance. Mais d'un autre côté, c'était une grande nouveauté chez eux. Ils ne se disaient plus rien, et pourtant, tout à moitié. L'autre n'avait plus qu'à comprendre ce qu'il voulait, et le tour était joué : une engueulade en perspective. Valentino avait maladroitement tenté de lui dire que le contact physique, c'était mieux s'il n'y en avait pas. Mais après tout, en voyant sa réaction, le flic s'était dit que c'était mieux qu'elle le prenne comme ça. Ca rendrait les choses moins compliquées. Chacun dans sa bulle, chacun pour sa pomme, à faire la gueule à l'autre. C'était comme ça qu'il s'était réhabitué à sa présence. Et puis, ça ferait de quoi jaser à la brigade. Bien que ce ne soit e genre de chose qui l'énervait plus qu'autre chose. Il la regarda, toujours les sourcils froncés. Il devait arriver à les défroncer, de toute façon, désormais, il n'écoutait qu'à moitié ce qu'elle disait. Et vu qu'elle s'énervait, et transformait tout, autant ne pas la contredire, Valentino souhaitait juste en finir vite.Au fond, tu as sûrement raison.. Ce n'était décidément pas la meilleure manière de mettre les choses à plat et de les améliorer.. Il avait pris une attitude je m'en foutiste. Les mains dans les poches quasiment, mais finit le regard froncé. Il haussa les épaules en l'entendant parler.   Si ça peut éloigner les hystériques, à la limite. Sous-entendu : les hystériques comme toi. Elle passait son temps à crier après lui, non stop. Bon, il n'aidait pas vraiment, à ne pas bien tourner ses phrases, mais bon, tant pis, de toute façon, peu importait comme il aurait dit les choses, ça aurait finit de ce genre de façon. C'était inévitable. Valentino s'était décalé à sa demande, et alla vers un des bancs, pour être le plus loin possible d'elle. Il attendit qu'elle eut passé la porte pour cracher son venin. De toute façon, elle s'imaginait qu'il disait des choses, à peu près pareilles. Et il ne s'en cachait pas, si elle l'entendait, il pourrait très bien le répéter. ça ne lui faisait pas peur.Pauvre tarée.. Il soupira. Décidément, leurs échanges étaient destinés à être tendus, même lorsqu'ils se faisaient la promesse de rester professionnels. Mais il fallait avouer qu'ils avaient si longtemps laissé leur vie professionnelle prendre le dessus, créer un lien particulier dans leur binôme, affecter leur travail, en bien quand ils étaient ensemble, en mal depuis leur séparation, que ça se présentait assez difficilement.
∞

Clairement, Valentino n’avait plus la moindre once de confiance en Madeline, puisqu’il remettait sa parole en doute quand elle affirmait qu’elle ne jouait pas avec lui. A ses yeux, c’était improbable qu’elle ne se foute pas de sa gueule en agissant de la sorte. Pourtant, Mads était simplement perdue et son comportement ne l’aidait pas à y voir plus clair. Il était si différent et à la fois si… Elle ne trouvait pas les mots, mais des détails lui rappelait le Val’ d’y a six ans et elle s’accrochait désespérément à ça. C’était en cela qu’elle donnait l’impression d’être une véritable bipolaire qui soufflait le chaud puis le froid. Il la blessait, elle revenait à la charge pensant apercevoir une issue et tout se cassait finalement la figure. Comme à cet instant précis, où une étreinte avait tout fait voler en éclat. Les non-dits de l’un faisait gamberger le second, et inversement. Chacun se faisait sa propre idée de la situation, et l’abcès n’avait en soit jamais été crevé depuis qu’elle était revenue. Alors, dans de telles conditions, les conflits étaient inévitables. Ils ne se comprenaient pas, puisqu’ils n’avaient pas toutes les cartes en mains. Valentino la rejetait tout le temps avec une certaine forme de brutalité, qui blessait la brunette au plus haut point. Peut-être ne s’en rendait-il pas compte… Tout comme elle ne réalisait pas qu’aller dans son sens pouvait donner l’impression qu’elle se moquait éperdument de le perdre ou non.

Ce fut d’ailleurs au tour du jeune homme de jouer sur cette corde sensible, affichant désormais un air des plus décontractés face à leur prise de tête. Il se tenait devant elle, les mains dans les poches, haussant les épaules comme s’il attendait qu’elle plie et dégage rapidement. Elle aurait pu dire n’importe quoi, ça n’aurait rien changé. Valentino ne devait même plus l’écouter, passant en mode « Roi des petits cons ». Et il lui en fournit la preuve sans attendre, sous-entendant alors qu’elle n’était qu’une hystérique qu’il fallait tenir à bonne distance. Madeline se figea, laissant sa mâchoire tomber légèrement de surprise et son regard se voiler de déception. Jamais elle ne se serait attendue à une telle réplique. Jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse penser cela d’elle. Comme tout couple, ils avaient traversé pas mal de disputes. Parfois  même de grosses tempêtes d’ailleurs ! Mais pas une seule fois Valentino en était arrivé à la traiter de la sorte. Lui dire qu’elle était chiante, butée, et j’en passe… Bien sûr ! Mais hystérique… Madeline en tombait littéralement des nues. « Wow… » -souffla-t-elle doucement, comme si elle venait d’encaisser un énième coup, qui lui avait bloqué la respiration. « Pour ton bien visiblement, n’adresse plus la parole à l’hystérique. » Les mots avaient été posés si calmement, si froidement, que cela donnait l’impression que Madeline avait souhaité glacer toutes tensions entre eux. Elle lui adressa un dernier regard, avec peine et difficultés… Mais prit soin de l’éviter comme convenu, le contournant avec exagération pour regagner la sortie du gymnase. Cette douleur lancinante n’allait donc jamais cesser ?! Elle avait récupéré ses affaires à la va vite, et passé la porte d’un pas pressé. Il fallait fuir cette réalité à tout prix ! Spontanément, elle s’empara de son portable et envoya un message à James. Inutile de s’attendre à la voir demain, ni même le surlendemain. Elle posait deux jours off, dans l’espoir de pleurer un bon coup et de revenir blindée comme jamais.

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∞ Valentino avait fini par se dire que s'il faisait comme s'il ne s'en préoccupait pas, les disputes, et la situation avec Madeline ne l'atteindraient plus. Mais bon, c'était pas vraiment ça pour le moment. Au fond, ça ne devait être qu'une question d'habitude. De la regarder sans s'en inquiéter, c'était assez compliqué. Il avait passé les six dernières années à être sans cesse rappelé par son souvenir. Quand il était avec une autre femme, quand il travaillait, quand il avait un nouveau partenaire qui n'était pas à sa hauteur. Tout avait été un motif pour le faire se remémorer de ce qu'il n'avait plus. Même si, avec le temps, ça avait fini par ne plus le blesser comme ça le faisait auparavant. Sauf que voilà, depuis qu'elle était là, Valentino était submergé par la colère et la tristesse qu'il avait si longtemps refoulées. Il haussa les épaules, accompagné d'un "Qu'est-ce que tu veux que je te dise?" qui sonnait particulièrement faux, ce qu'elle n'avait pas du entendre, puisqu'elle avait pris ses affaires, et avait décampé. A son départ, il s'assit quelques instants. Décidément, rien ne s'annonçait facile. Lui qui avait comme espoir que cette discussion rendre les relations entre collègues plus simple, au final, parler, ça n'avait fait que compliquer.
Au bout d'un instant, il se leva, alla chercher ses affaires, qu'il avait posées près du ring, et lança un regard à James pour dire que ça ne s'était pas bien passé. Il l'informa également de la suite de ses actes. Je rentre chez moi. Si vous avez besoin, suffit de me téléphoner. Et ce fut le coeur lourd de culpabilité et surtout, de ce qu'était la situation, que Valentino tourna les talons et quitta le poste de police, pour rentrer chez lui.∞