Être flic engendrait de nombreuses responsabilités… Non seulement ils étaient la représentation de l’ordre, faisant respecter la loi et la justice du mieux qu’ils pouvaient, mais ils veillaient aussi sur leurs concitoyens, en tout temps. C’était un métier qui devait être fait avec convictions et droiture, respect et passion… En tout cas c’est ce qu’avait toujours pensé Madeline. Elle avait toujours fait attention à ne pas en déroger, aimant profondément ce qu’elle faisait au quotidien et nourrissant des valeurs qu’elle espérait transmettre un jour à ses enfants, ou ne serait-ce qu’à de nouvelles recrues au sein de la brigade. Elle l’avait toujours un peu fait d’ailleurs, en particulier auprès de ses indic’, qui lui rendaient d’énormes services et renseignements contre rémunération… Évidemment, elle restait toujours très professionnelle et gardait ses distances avec chacun d’eux. Néanmoins, certaines personnalités demeuraient plus difficile à éloigner. Plus attachant, plus sociable, plus avenant… Les raisons étaient multiples et le résultat le même : elle le considérait bien plus qu’elle n’aurait dû ! Il faut dire qu’avec les années, on finit par nouer de réelles relations avec eux et très vite on en vient à les traiter comme des membres à part entière de l’équipe, alors qu’ils ne sont qu’un petit maillon de l’enquête…

Ca avait été le cas lorsqu’elle avait travaillé ici, six ans plus tôt. Madeline avait fait la connaissance de Patch, et très vite le petit brun était devenu un véritable allié. Très jeune, certes… Mais d’une efficacité redoutable ! C’était sa petite fouine à elle ; le genre de petit gars capable de faire de vrais miracles lorsqu’il était question de renseignements. Ses oreilles trainaient de partout, il semblait connaitre la terre entière alors qu’il était simplement très spontané et sociable, capable de parler à n’importe qui, dans n’importe quelle situation, avec n’importe quel prétexte ! C’était un petit don… Ou peut-être était-il simplement curieux de nature et que ce rôle lui allait à merveille ! Peu importe ! Tout ce qui avait toujours le plus compté, c’était les résultats… Alors forcément, en revenant à la Nouvelle-Orléans, Madeline n’avait pas pu échapper à l’envie de savoir s’il faisait toujours partie de ce réseau, ou bien s’il avait décroché préférant s’éloigner de toutes ces embrouilles… Il fallait bien que la jeune femme reprenne ses marques, ses habitudes et surtout ses contacts pour mener à bien ses enquêtes ! Personne ne lui avait réellement fait le bilan de la situation, et elle savait pertinemment que c’était à elle de faire l’état des lieux et de s’informer. Alors, elle avait farfouillé dans la base de données et retrouvé le profil de son petit brun préféré ! A en voir la photo, il n’avait pas tellement changé… Bien sûr, ses traits étaient moins enfantins, et il avait mûri… mais ça n’était pas si changeant que ça ! Maddy avait alors mis à jour sa fiche contact dans son téléphone, puis s’était di qu’il lui serait peut-être utile dans l’enquête que venait de leur confié James. Elle n’en toucha pas un mot à Valentino, faisant la gueule à se dernier et pensant simplement que tant qu’elle n’aurait pas d’éléments concrets et de résultats à lui présenter, elle ne lui adresserait pas la parole.

C’est de son côté, en solo, qu’elle entreprit d’entrer en contact avec son indic’, lui envoyant un message. Elle se contenta du strict minimum, demandant quelques informations sans entrer réellement dans le vif du sujet… Communiquer par messages était très risqué, elle en avait conscience… Alors, comme à son habitude, elle demandait toujours des informations sur un type inconnu aux bataillons, ou qui n’avait rien à voir avec son enquête en cours, tout simplement pour donner rendez-vous à Patch. Ce n’était que lorsqu’elle se retrouvait en face de lui qu’elle le briefait réellement sur ce qu’elle attendait de lui. Aujourd’hui encore, elle fonctionna ainsi, ne manquant pas de glisser à la fin du message un petit surnom pour qu’il puisse, éventuellement, la remettre. Après tout ce temps, ça n’était pas dit qu’il y arrive et qu’il fasse le lien… Mais pourquoi pas ! Peut-être avait-elle marqué son esprit ? Madeline lui donna donc rendez-vous près d’un café, où ils pourraient faire mine de se rencontrer comme deux amis allant prendre un verre pour parler de choses et d’autres… Elle s’y pointa en avance, pour repérer les lieux et s’assurer que ça ne craignait rien. Installée derrière le volant de sa voiture, elle observait tout ce qui l’entourait et vit alors Patch entrer dans son champs de vision. Il s’avançait, toujours très décontracté, et se posa sur un banc, le plus tranquillement du monde. Madeline esquissa un sourire en coin, et quand ce fut l’heure, elle quitta son auto et se dirigea vers lui. « Ça faisait longtemps, non ? » -lança-t-elle comme si de rien était. En fait, comme une amie aurait pu le faire !  

La réaction du jeune homme fut si extrême qu’elle ne pu que décrocher un sourire à Madeline. Il semblait content et à la fois un peu surpris… Comme s’il venait de réaliser qu’il s’agissait d’elle, qu’il venait tout juste de le comprendre et cela en devenait amusant. Machinalement et presque instinctivement, la brunette jeta un regard autour d’eux, pour s’assurer qu’il n’avait pas trop attiré l’attention sur eux. Heureusement, ils apparaissaient aux yeux de tous comme deux amis, deux proches, qui se retrouvaient après une longue absence. Si bien qu’elle ne lui fit aucune remarque, se contentant de sourire en haussant les épaules. Patch était tout simplement mignon. Du genre attendrissant, de ceux qu’on a envie de prendre dans nos bras pour lui faire un câlin. Même s’il n’était qu’un indic’, qu’un collègue à part entière… La relation flic/indic’ pouvait parfois être particulière, forte, ou tout simplement sincère et importante à sa manière. Patch faisait partie de ces gens qui avait pu marquer la carrière de la jeune femme.

Voilà qu’il lui proposait de payer sa tourner, sur le ton de l’humour avec un brin d’ironie. Il l’avait entrainé avec lui dans la galerie marchande, entamant un monologue assez étonnant mais qui était égal à lui-même ! Patch était une vraie pile électrique, et il avait un débit de parole assez impressionnant. « Hey ! Doucement… J’ai du mal à te suivre ! » Selon lui, elle aurait pu être vraiment plus claire. Mais il savait bien qu’elle avait des consignes à respecter et que les informations devaient être au maximum transmises de vive voix. Quoique ça faisait peut-être longtemps qu’il n’avait pas été contacté, qui sait ? Patch avait-il perdu ses habitudes ? Madeline esquissa un sourire en coin. « Je vais te briefer, ne t’en fais pas ! »

Il la laissa passer devant lui une fois dans le café, lui présentant toutes les boissons que l’établissement pouvait lui servir. Elle fronça légèrement les sourcils, signe qu’elle se concentrait, et observa alors le listing. De l’index, elle vint tapoter ses lèvres, hésitante… Puis elle finit par faire son choix. « Ca sera un double latte pour moi ! » Elle adressa un regard à Patch et le laissa commander à son tour. Elle l’observait, regardant ses réactions et ses attitudes, toujours plus amusantes les unes que les autres. La serveuse s’occupa de leurs boissons, et une fois les gobelets tendus, ils purent se décaler et s’installer confortablement à une table. « Comme tu l’as dit, ça fait un bail… Mais voilà, je suis de retour en ville et j’ai repris du service ! » Elle remuait lentement son café, tout en le fixant, droit dans les yeux. En fait, elle savait comment attirer son attention : être dynamique, sérieuse, et le plonger dans une ambiance de petit agent secret. C’était cette adrénaline qui avait toujours plu au jeune homme. Quand d’autres fournissaient des informations à la police pour effacer une sale affaire de leur casier, se sortir du pétrin ou encore s’assurer une certaine sécurité pour X raisons, il y avait de l’autre côté Patch, qui faisait ça pour le fun ! Étrange ? Oui, un peu… Mais Madeline s’en fichait, elle l’avait dans son équipe et c’était un bonheur ! « On va avoir besoin de tes yeux et de tes oreilles pour une enquête en cours… Je ne t’ai pas dit grand chose dans le message car on doit vraiment faire preuve de discrétion. » Il semblait capter ce qu’elle lui disait, hochant la tête et se montrant assez concentré pour une fois. « Alors voilà… On est sur une affaire de disparition. Une jeune femme, Amélia Sanders, s’est volatilisée dans la nature. Elle était en lien avec un de nos suspects dans une affaire de trafic de drogue. C’était un élément clé et là… On n’a plus aucune trace d’elle… Du coup, on aurait besoin d’une petite fouine sur le terrain, pour obtenir des informations d’un certain Eddy, propriétaire d’un club en centre ville… » Elle le faisait dans les grandes lignes, histoire de savoir si le jeune homme était dans un premier temps partant ou non pour collaborer avec eux.