Sullivan avait été appelé en urgence dans la matinée. Il avait dû, plus tôt dans la journée, fermer le restaurant deux heures auparavant, puisqu'on lui avait demandé d'être avant deux heures à l'aide pour l'enfance. La petite famille Collins avait décidé, vu que désormais, tout marchait bien pour eux, qu'il serait une bonne idée de devenir famille d'accueil. Après tout, eux aussi savaient ce que c'était que d'avoir besoin d'aide pour s'en sortir. Pourquoi ne pas commencer dès l'instant, par la suite ? Cela faisait bientôt six mois qu'ils étaient inscrits au registre des familles d'accueil. Au début, ça avait été dur d'exposer la situation. Parent isolé, avec trois enfants, Sullivan n'était pas vraiment le profil type du père d'accueil idéal. Surtout qu'il travaillait beaucoup. Mais, il avait toujours réussi à gérer, surtout avec l'aide de ses enfants. Depuis qu'ils possédaient ce titre, ils n'avaient reçu qu'un petit garçon de six ans, qui était resté chez eux moins d'un mois, et depuis, plus rien. Alors, quand les services d'aide à l'enfance l'avaient appelé, il avait eut un peu l'angoisse de savoir qui c'était.
Sullivan était arrivé dix minutes avant l'heure qu'on lui avait fixé, et s'était assis sur un des bancs, attendant simplement qu'on ne vienne lui dire qu'il était temps. Ce qui arriva assez vite. L'assistante sociale vint à sa rencontre, et commença, dans les grandes lignes, à lui expliquer le cas d'un adolescent nommé Merlin, qui avait 16 ans. Afin de mieux lui permettre d'en savoir, ils allaient, comme l'indiquait la procédure, se rencontrer dans un sas, un endroit neutre, en étant que tous les deux. Certainement le pire moment de ces rencontres. Il se mit donc à attendre que le jeune garçon n'arrive, étant un peu stressé de la suite des évènements. "ça va bien se passer, Sulli, ne t'en fais pas" se disait-il. Décidément, à chaque fois, il avait toujours cette angoisse.

Ce genre de situation impressionnait Sullivan. Oui, c'était vrai. D'un côté, il n'était pas encore habitué à être famille d'accueil, après tout, ce n'était que le deuxième enfant qui ne venait chez eux. Et le fait qu'il se tienne à l'écart, tentant à tout prix de détourner les yeux, ce n'était pas pour le mettre très à l'aise, autant l'avouer. Allez Sulli, ce n'est qu'un jeune garçon, imagine toi que c'est ton fils.. avec quelques années de moins. Oui, voilà. Désormais, et pour une durée pour l'instant encore indéterminée, Merlin serait son fils. Voilà qui arrangeait le tout.
Après un raclement de gorge, Sullivan regarda le jeune homme et lui sourit gentiment, un peu comme un papa poule qu'il était. Bonjour.. Je suis Sullivan !
Bon, d'accord, c'était minable. Mais il n'avait jamais eu besoin de se présenter devant ses enfants, et pour le premier qui était venu en accueil, il était bien plus petit, et du coup, ils n'avaient été présenté que lorsqu'il y avait eu une assistante pour faire le lien. Plus facile puisqu'elle avait déjà connaissance de l'enfant, et qu'entre adultes, ce n'était pas non plus très difficile.C'est donc moi qui vais m'occuper de toi.. enfin, et il y aura aussi mes trois enfants, que tu auras le plaisir de rencontrer un peu plus tard...enfin, bref, je te souhaite la bienvenue parmi nous. reprit-il, sans perdre son sourire. Après tout, s'il faisait la gueule, il risquait d'effrayer ou faire mauvaise impression au petit.

Enchanté Merlin !Dit-il en un grand sourire.Bon, le contact ne semblait pas si facile avec le jeune homme, mais au moins, il avait été créé. Le jeune garçon semblait autant, sinon plus mal à l'aise que lui, et, en revanche, il semblait effrayé des réactions que Sullivan pouvait avoir avec lui. Il ne connaissait pas son histoire, l'assistante ne la lui avait pas dite, car, malgré toute chose, et malgré le fait qu'il ne doive connaitre le garçon dont il avait désormais la garde, certaines choses n'avaient pas le droit d'être révélées aux familles d'accueil. C'était aux enfants d'en parler s'ils le souhaitaient. Et Sullivan se doutait que derrière les longs silences de Merlin, il y avait bien plus à dire que l'on ne le pouvait penser.
Enfin, sa question l'avait tout de même assez perturbé, autant l'avouer. Pourquoi diable irait-il à le frapper ? Il n'avait jamais fichu que des gifles justifiées à ses enfants, et il s'en était toujours mordu les doigts. Mais c'était quand ils étaient petits et qu'ils faisaient de grosses bêtises. Depuis plus de dix ans, il n'avait plus rien fait de tel, pourquoi le ferait-il ?Non, bien sûr que non ! Pourquoi le ferais-je ?Il essaya de faire le sourire le plus rassurant possible pour le jeune garçon. Rien que la question semblait dire beaucoup de choses qu'il ne saurait déchiffrer sans se tromper sur le passé de Merlin. Ne t'en fais pas, on fera tout pour que tu te plaise parmi nous. Mes enfants sont gentils, et ils sont assez content qu'on ait un nouvel enfant qui ne vienne !