Voilà plusieurs heures que Piya se rongeait les ongles d'inquiètude. Elle s'était violemment disputée avec Gaya, qui lui avait manqué de respect. Comme souvent, depuis ces derniers temps. La petite blonde ne s'entendait pas vraiment avec sa mère, qu'elle prenait pour sa tante, d'ailleurs. Et Piya n'acceptait de la voir que comme une enfant, refusant d'admettre le temps et les années qui les avaient séparées. Sans compter que ça ne facilitait en aucun cas les relations avec Xalya, qui ne comprenait certainement pas comment et pourquoi sa mère se comportait de la sorte avec sa cousine. Les choses étaient devenues tellement compliquées à cause de ses erreurs de jeunesses.. bien que dans ses erreurs elle ne comptait aucune de ses filles.
Xalya était sortie avec des copines, sans se préoccuper de sa "cousine", certainement plus pour éviter la dispute, pour ne pas entendre ce qu'il se disait. Mais entre Piya et Gaya, les mots étaient allés loin. Très loin. Et cela faisait souffrir la encore jeune maman. Alors, Piya avait tout fait pour essayer de dédramatiser.

Elle avait appelé son meilleur ami qui lui avait dit que la petite reviendrait. Piya était son seul point d'encrage à la Nouvelle-Orléans, qu'il avait dit. Enfin, c'était sans compter que sa mère, légalement, tout au plus, avait également des connaissances en ville, connaissances que pouvait tout à fait connaître la petite blondinette. Alors, elle avait tenté d'oublier, de penser à autre chose. Elle s'était installée sur sa terrasse, une cigarette à une main, un verre de bon vin rouge dans l'autre main, cendrier et bouteille encore pleine, quasiment vidée que par son verre de vin. Mais ça ne fonctionnait pas vraiment. La sensation de bien être disparaissait à chaque fois que la fumée sortait par ses lèvres, ou que le goût du vin disparaissait, laissant plus place à la sensation d'avoir l'haleine au vin que le goût sur la langue.

Alors qu'elle se levait, pour éteindre et écraser sa cigarette dans le cendrier, et qu'elle allait revenir à l'intérieur de son appartement, elle entendait les clefs tourner dans la serrure. Que ce ne soit Gaya ou Xalya, c'était forcément une bonne chose. Soit elle aurait l'occasion de s'expliquer avec son aînée. Soit elle pourrait partager un peu de temps avec sa petite dernière. Et pourtant, elle sentait une bouffée d'angoisse lui monter. Depuis qu'elle était confrontée au quotidien à ses mensonges, l'anxiété ne savait plus la quitter. Alors presque elle fermait les yeux, comme effrayée de la sentence, pendant que la porte ne s'ouvrait.