Je ne m’attendais pas à être reçu par le silence, du moins pas par un silence aussi profond. Pourtant il ne dit rien, il se contenta de rester là alors que la vérité était tombé. Était-il possible que sur un mal entendu il ait fini par entendre raison ? Par cesser de remettre chaque chose en question. La réalité me sauta aux yeux quand il reprit la parole, j’avais dit quelque chose qui l’avait privé d’un discours, d’une croisade. Il était désolé, il ne pouvait pas imaginer, mais il cherchait à savoir ce que je ferais après, comment reprendre cette vie justement. Il cherchait sa place dans cet avenir non ? C’était complexe, dans un sens si j’avais été confronté à cette situation bien avant il n’y aurait eu une réaction bien avant, mais là… Là j’avais un gros travail, une réflexion à avoir sur sa place à lui. Qu’aviendrait-il ? Ou serait-il ? Prenant une grande inspiration, je brisais mon silence douloureux, « Si tu n’étais pas là je refuserais encore d’avouer que j’ai un problème. », c’était sans doute pour ça que j’avais refusé d’avoir quelqu’un qui m’attendait à la maison. Car c’était une remise en question continuelle, constante. Car il y avait eu un témoin à mon retour cette fois-ci, quelqu’un pour voir le problème, pour le pointer du doigt. Il n’y avait plus juste cette ombre sans avenir. Il n’y avait plus de flou, il y avait une vérité distinct.

« Voir un psy pour commencer non ? » demandais-je assez perturbé par cette réalité. Voir un psy réclamait un minimum de maturité sur la situation non ? Ça demandait que j’accepte d’être remis en question et quand je repensais à comment cela se passait avec Will quand on se remettait mutuellement en question… Il y avait une tension, des conflits, alors avec un mec, ou une femme avec qui je n’aurais aucune affinité ? Je doutais d’être plus retenu, quoi qu’avec un inconnu… Peut-être que mon éducation et l’arrogance saurait prendre le dessus. Ce qui serait clairement une façade, soyons d’accord. Alors le concernant lui ? Quelle serait cette place ? Ou irait-il ? Que ferait-il ? Il ne fallait pas trop m’en demander, comme il était clairement impossible d’affirmer pour l’heure que la solution, la vrai serait de changer de métier. Pourtant j’y avais déjà pensé, mais pour faire quoi ? Pour aller où ? C’était tellement variable que là maintenant tout de suite, affirmer que je le ferais était trop compliqué, en revanche je pouvais déjà avancer dans cette voie non ? Ou essayer. « Y’a quoi d’autre qu’un homme comme moi peut faire pour essayer ? » lui demandais-je. Si je ne voulais pas d’une dispute, je voulais au moins qu’il réagisse, qu’il bouge, qu’il dise quelque chose de moins conforme.

J’avais besoin que clairement il en parle, qu’il avance des arguments, des faits. Si il posait la question c’était qu’il avait une idée derrière la tête et si je pensais sincèrement pouvoir avancer, si je pensais sincèrement qu’il y avait quelque chose à faire, il devait être là. Dépendre de quelqu’un était nouveau et je n’étais pas à l’abris d’une explosion, mais je ne supporterais pas de m’enfoncer une nouvelle fois. Je ne supporterais pas de me noyer à nouveau. Ou du moins, l’on ne survivrait pas à ça et étrangement, je commençais à tenir à cette chose étrange que nous étions. Un couple. Être attendu était bel et bien inédit, mais jusqu’ou cela me ferait changer ?

Ne pas vouloir régler mes problèmes à cause de lui ? Le faire pour moi ? Ce n’était pas possible de le faire pour un ensemble de chose ? J’avouais que je ne saisissais pas trop ce qui lui arrivait. Je n’arrivais pas à comprendre. J’agissais pour la première fois en adulte dans cette relation, mais lui fuyait ? Il partait se rhabiller, il parlait de l’horreur de ce mois, de la précipitation de tout ça. Il ne voulait pas se mêler des décisions que je devais prendre, mais alors à quoi bon en parler ? Me levant à mon tour, je sentais la colère et l’incompréhension monter et noyer ma gorge. Je sentais aussi les efforts que j’avais fait s’écrouler. Repassant mon sous vêtement à mon tour, je revenais pour m’arrêter devant lui, pour contenir l’explosion aussi, pour demander, pour comprendre, « Si j’étais seul je continuerais à boire, à me taper tout ce qui bouge et à ignorer les problèmes. » commençais-je nerveux, « Si j’ai envie d’aller mieux notamment car t’es dans ma vie c’est un problème ?! », qu’il y ait eu un déclic, une prise de conscience grâce à lui était important. Pour moi, pour mon propre bien je ne changerais pas, il fallait une raison, quelque chose me donnant envie d’aller de l’avant, alors en quoi le fait que cela soit lui puisse le déranger ?

« Et tu veux qu’on se parle non ? Ca implique qu’on parle ensemble des sujets sensibles et ça implique aussi que je puisse te demander ton avis non ? », je ne parlais pas, je ne me communiquais pas jusqu’à présent, là je faisais des efforts, j’avançais, je tendais la main. Sans m’en rendre compte j’avais commencé à tourner à rond, j’avais commencé à exulter la colère comme je pouvais. J’étais comme un lion en cage ne pouvant se défaire de ses préoccupations. Soufflant un bon coup je m’arrêtais pour le regarder. M’énerver ne servirait à rien, ce mois avait été difficile pour nous deux, je ne devais pas reculer, je devais me calmer, « Pardon. » déclarais-je donc dans un premier temps avant de retourner m’asseoir sur le canapé, « J’essaie vraiment de penser à nous là. », mais était-ce suffisant ? Y avait-il encore un nous ? Ou une chance qu’il y en ait un ?

Ce mois avait finalement servit de tester, « Tu penses qu’il y a un avenir pour nous ? Que tu sauras supporter cette situation une nouvelle fois ? » demandais-je sincèrement. Ca avait l’enfer pour moi, mais de toute évidence, le petit monde de perfection de Will venait d’éclater. Il avait finalement réalisé que ça n’avait rien d’agréable, rien de romantique. Je n’aurais pas parié sur autre chose, je n’aurais pas parié sur des retrouvailles agréable. Alors quoi, il fallait faire quoi ? Ou allions nous ? Qu’attendait-il ? Je n’aimais pas me projeter, c’était frustrant, inhabituel, mais avec lui c’était plus sérieux que ce que j’avais pu faire jusqu’à présent… Après cette relation avait-elle quelque chose de sain ? J’aimerais y croire.

Il ne voyait pas en l’avenir, moi non plus, mais quand il était question de vouloir devenir mature, je sais pas, il aurait pu sauter sur l’occasion non ? Alors oui j’entendais qu’il ne veuille pas être une condition pour que j’aille mieux, mais le fait que je puisse le faire était visiblement trop compliqué à admettre, à accepter. Il voulais que j’aille mieux, mais pour lui, j’allais arrêter de faire des efforts juste car notre histoire prendrait fin ? En fait il voulait un plan de secours, il ne voulait pas être piégé avec moi et autant l’idée était compréhensible autant la formuler beaucoup moins. Alors non ce n’était pas un crime, mais c’était une preuve qu’il y avait toujours bel et bien un décalage entre ses discours d’homme en mal d’amour et la vérité. Finalement il avoua avoir envie que ça marche, mais il avait peur qu’on ai pas les mêmes envie pour l’avenir. Donc si tout allait sauf ça ça serait suffisant pour mettre fin à tout ça ? Pinçant l’arrête de mon nez face à la migraine que je voyais déjà naitre je répondis un peu sèchement, « Ça a toujours été évident qu’on avait pas les même envies d’avenir. », il parlait d’enfant, tandis que moi je refusais ne serais-ce que d’en approcher, mais en sortant avec lui j’avais déjà repoussé quelque chose que je m’étais interdit depuis longtemps, c’était bien une preuve que l’on pouvait changer non ?

« Je vois pas ce qu’il y a de mal à prendre une décision grâce à quelqu’un. », commençais-je de plus en plus nerveux, « Et ça serait bien qu’un jour tu arrêtes de te croire tellement important que le monde pourrait cesser tourner si tu partais. » et là mes mots avaient dépassé ma pensée, quoi qu’il était vrai que Will était très clairement égocentrique, mais de là à lui reprocher… Je n’étais sans doute pas mieux. Sauf que là moi j’essayais de faire un effort, pas lui. « Je rentre de mission et il faut qu’on se prenne là tête sur ton impact négatif sur ma vie si tu venais à partir… On aurait pas pu s’arrêter deux minutes sur le fait que je sois suffisamment traumatiser par ce métier de merde pour vouloir de l’aide ?! Et que je veuille le faire pour que ça ailler mieux ici. », ça allait toujours trop loin, mais je ne comprenais pas qu’une fois encore on en soit à se prendre la tête alors que pour une fois j’avançais.

« Tu pourrais bien sortir de l’évidente prison dans laquelle je t’ai enfermé que ça changerait rien au fait que je supporte plus ma vie ! Je voulais juste que tu me soutiennes réellement au lieu de freiner des quatre fers à la simple idée que tu puisses être à l’origine de ma décision. Tu parles de gosses, de fêter Noel l’année prochaine, mais tu peux pas supporter ça ?! », quelque chose n’allait pas, vraiment pas. « Et si t’en doute je t’aime et j’ai aucune idée de quoi sera fait l’avenir, mais au moins j’essaye de devenir meilleur, moi ! », il n’était pas la perfection, ça serait bien qu’il s’en rappel. Avançant dans la salle de bain pour retrouver mes affaires, je me rhabillais dans l’unique but de rentrer chez moi, de me calme et de… Boire… J’avais besoin d’un verre, réellement. M’arrêtant finalement devant lui je lui demandais, « C’était vraiment si difficile de juste pour une fois pas se prendre la tête ? », je t’aime, moi non plus… On devenait toxique, j’en étais certain.

« Si t’es de mon côté alors pourquoi tu me prends la tête pour l’élément déclencheur ?! » grognais-je à moitié avant de m’habiller pour partir d’ici. Il était impossible d’avoir une discussion avec lui qui soit un tant soit peu constructive sans que cela n’explose, sans que cela n’éclate en mille morceaux. Enfin ici c’était sans doute plus car il pensait que je lui avais tendu un piège, que j’avais essayé de le punir alors qu’il n’était en en effet question que de mon état de santé. Je n’aurais d’ailleurs pas du lui répondre, ça m’aurait évité quelques ennuie en soit, mais j’avais cru bien faire et le fait est qu’à présent, je me retrouvais le bec dans l’eau avec une situation impossible à désamorcer quelque soit le sens dans lequel l’on prendrait ça. C’était mort, impossible à sauver et je n’en avais de toute façon pas envie. Il n’y avait eu aucun piège la dedans, c’est lui qui avait parlé d’avenir, moi qui avait du faire avec en essayant de m’adapter au mieux. Alors il y avait peut-être une bonne part de mauvaise foi et d’absence d’une réelle dévotion, mais en quoi c’était ma faute ? Je n’allais pas ramper après lui en sachant pertinemment qu’il n’en ferait pas autant par orgueil.

« Il n’y avait aucun piège justement, juste une discussion se voulant mature ! », mais il n’avait que 31 ans, il avait toujours tout eu et il croyait au prince charmant de toute évidence le retour à la réalité s’était fait plus brutalement qu’il ne l’aurait voulut. Huit ans d’écart c’était sans doute trop, « Donc je ne te puni pas, c’est toi qui te sens pris à parti ! », pourquoi je m’emmerdais encore à me battre contre lui sérieusement ? Je n’avais pas mieux à faire ? Non, enfin si boire serait bien plus agréable, bien plus supportable aussi. Prenant donc ma veste et mon sac, je concluais, « T’auras qu’à m’appeler quand tu seras calmer, moi j’ai besoin de dormir. », ce qui n’était pas forcément vrai tant j’avais l’angoisse de dormir. La nuit laissait mes démons m’envahir, me noyer, et je n’étais pas encore en état de lutter réellement.

« Merci d’être venu me chercher. » concédais-je toutefois avant d’ouvrir la porte pour quitter l’appartement sans un regard en arrière, sans une preuve d’affection. Ma mère disait toujours qu’il ne fallait pas quitter une personne à qui l’on tenait après une dispute et sans l’avoir pardonné, ou s’être fait excuser, mais si elle connaissait Will, son avis serait très clairement différent à n’en pas douter. Will n’avait rien de charmant quand il s’y mettait, il était juste usant, agaçant et là… Je n’allais pas prendre sur moi de le brosser dans le sens du poil uniquement pour lui faire plaisir. Il me soutenait peut-être, mais je l’étouffais visiblement bien trop.