Just married!

Claire avec un autre homme. Claire avec un autre homme! C'était tout ce que j'arrivais à penser durant le voyage dans la voiture que mon frère conduisait. Je n'arrivais pas à y croire. Elle avait osé. Elle l'avait fait. Moi qui étais gage de fidélité, elle avait préféré aller ailleurs voir si c'était mieux que de préparer notre mariage alors que nous étions récemment fiancés. Je n'arrivais pas à y croire. C'était hallucinant. Le ciel me tombait dessus et j'étais sûr que si Hermès n'était pas là pour me soutenir, je serai plus perdu que jamais. Eros, notre autre frère, était en voyage d'affaires et ne m'envoyait que quelques SMS, probablement poussés par une intervention caché de mon autre aîné.

J'étais rentré chez moi après avoir découvert le fin mot de l'histoire. Je n'avais pas été dans mon état normal, je me rappelais à peine ce qu'il s'était passé par la suite. Je ne me rappelais pas avoir réussi à réfléchir posément. C'était impossible, complètement impossible à faire dans l'état où j'étais. Mais qu'avais-je fait au bon dieu pour en arriver là? Sans plus m'attarder, j'avais pris à la volée le plus grand sac que j'avais trouvé et l'avais rempli du maximum d'affaires que j'arrivais à faire rentrer dedans, sans même me soucier de si ces affaires étaient en boules ou pliées, ce que je faisais quand même avec un minimum de souci en général. J'avais essayé de faire rentrer le reste dans les poches du sac en me disant que je n'avais pas grand chose à ajouter, tant pis pour le peu qu'il resterait. Puis, j'avais conduit dans toute la ville sans réfléchir, en espérant pouvoir dépasser les limites de vitesse pour me changer les idées. Un excès de vitesse et déjà je me dirigeais jusqu'à chez mon frère, mon coach. Je savais Hermès plus capable de m'héberger qu'Eros. Je les aimais autant l'un que l'autre, mais je savais d'expérience qu'une cohabitation seul avec Hermès était plus simple qu'une cohabitation seul avec Eros. Et je préférais aussi ne pas être seul. Mon frère m'avait accueilli les bras grands ouverts et m'avait écouté sur les quatre mots que je lui avais dit. "Elle m'a trompé". Je n'avais pas été capable de dire plus et déjà je m'étais affalé sur un canapé, les yeux rivés vers le plafond, stoïque pendant des heures.

Ce n'était qu'après ces heures passées à ne pas bouger et à ne pas répondre à quoi que ce soit qu'Hermès s'était efforcé de me faire bouger. Il m'avait secoué comme un malade. Son idée? Un road trip. Nous étions passé par de nombreuses villes et avions fini à Los Angeles, après des virées de plusieurs jours. Le soleil chaud me changeait les idées du temps assez changeant de la Nouvelle Orléans. Puis l'ambiance de cette ville était totalement différente de l'esprit de la Louisiane. Ici, ce n'était pas le bayou, c'était le vrai océan, celui qui se déchaînait pour le plaisir et qui n'abritait aucun crocodile, seulement de féroces requins. Mais c'était différent. Par rapport à ce que la Louisiane m'avait offert jusque là, la Californie représentait une réelle bouffée d'air frais.

Mais notre voyage ne s'était pas arrêté là. Suite à une excellente idée d'Hermès, nous nous étions dirigés vers Las Vegas, à quatre heures de Los Angeles. Ce n'était pas particulièrement loin, surtout pas après les heures de routes que nous avions faites jusque là. Heureusement que nous avions une voiture qui tenait le coup. Et nous étions là, avec moi gardant en tête la tromperie dégueulasse de ma fiancée, que je n'arrivais même plus à considérer autrement que comme une simple connaissance, une personne de mon passé alors que tout ça ne s'était passé que quelques jours plus tôt. Je l'aimais toujours, oui, mais ma rancune était telle que j'avais simplement envie de tout casser, de lui faire de la peine en ne donnant plus de nouvelles. Pas la meilleure vengeance du monde, certes, mais c'était déjà un bon début pour moi malgré tout.

J'avais ce nœud au creux de mon estomac qui me donnait envie de vomir, envie de crier, et, très étrangement, de pleurer, moi qui n'avais pas versé une larme depuis plus d'une dizaine d'années. Et même les bonnes intentions de mon frère n'arrivaient pas à changer ça. Je me sentais trahi, sali par la seule femme que j'avais jamais aimé en dehors de ma mère. J'avais alors fini par soupirer de façon agacée alors que je voyais à peine le panneau "Las Vegas" sur l'autoroute. Chouette, j'allais enfin pouvoir faire autre chose que regarder bêtement les voitures passer et nous dépasser. J'allais enfin pouvoir marcher, courir, me défouler quoi, peut-être même essayer de taper dans un mur si la colère m'envahissait, mais je préférais m'abstenir, des fois que ce soit un crime et qu'on m'accuse de préméditation.

Puis nous avions finalement réussi à arriver. Le soleil commençait à baisser lentement et déjà l'horizon se rosait. Connaissant mon fêtard de frère, je me doutais déjà qu'il ne se contenterait pas d'aller passer notre temps dans une ville telle que Vegas, à courir juste pour courir. Non, son occupation préférée en dehors du sport qu'il faisait déjà au travail, c'était courir après les femmes. Toujours le même type. Jeunes, belles, originales et toujours les traits doux. Bref, la figure parfaite du petit agneau qui va se faire dévorer. Mais elles cachaient souvent bien leur jeu et aimaient se faire courtiser. Alors, c'est sans surprise que, une fois au motel où nous posions nos affaires, il me força presque à monter dans la voiture pour aller dans le bar où il était déjà venu une fois. Et c'est en très peu de temps que nous y arrivions.

À peine le pied dans le bar que mon frère me laissait tomber. C'était bien son genre, quand j'avais un problème et besoin de soutien, de me laisser me débrouiller tout seul. Après tout, les sentiments, c'était pas trop son truc, alors il n'y avait que l'alcool pour lui qui pouvait me requinquer. C'est ça ouais! Toujours était-il que, toujours gardant un œil sur lui au cas où il trouverait l'idée de faire une bêtise -on était bien à Vegas, non?- je me dirigeais vers le bar. « Un whisky s'il vous plaît » annonçai-je, maussade, au barmaid.

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Je n'avais de cesse de me poser la question. Mon frère était bien gentil de m'héberger, de tenter de me changer les idées, mais en avait-il réellement quelque chose à faire de ce que je ressentais vraiment. Ce qui m'étonnait surtout c'était qu'avec les liens assez fusionnels qu'il avait avec Claire, il n'ait pas réagi et n'ait pas essayé de la contacter. Mais en un sens, ça m'avait bien arrangé. Au moins, je me coupais complètement d'elle et de ce qui me reliait à elle. C'était un vrai cassure, peut-être aussi importante que celle que mon coeur subissait chaque seconde de plus que je respirais.

Malgré l'incompréhension que me faisait subir mon frère, je lui devais au moins quelque chose: la Californie avait été purificatrice et avait eu un effet sur moi, pas des moindres. J'avais réussi à me vider un peu la tête de mes soucis. Même l'écriture de mon livre en cours ne m'avait pas pris la tête depuis que nous avions commencé ce pseudo road trip. Je regrettais tout de même amèrement la présence d'Eros mais ne pouvait pas lui en vouloir. À l'inverse d'Hermès, je n'étais pas son principal client et quand bien même, il estimait avoir bien plus d'utilité en voyage pour promouvoir mon image qu'à mes côtés à me voir me morfondre. J'en demandais probablement beaucoup à mes aînés, mais ils savaient tous les deux que quoi qu'ils aient besoin par le futur, je serai là pour les soutenir, en faire de même qu'eux l'avaient toujours fait avec moi, même si pour l'instant, c'était mieux qu'il reste à l'écart. De toute façon, il ne s'était jamais entendu avec Claire et son côté bagarreur aurait pu l'amener à faire bien des choses regrettables.

Alors je me "contentais" de la présence d'Hermès, qui me convenait complètement et qui était largement suffisante, même s'il était comme le meilleur ami de ma fiancée. Ou ex-fiancée, appelez ça comme vous voudrez, de toute façon, à ce niveau, je ne risquais pas de lui faire confiance rapidement, elle m'avait tout simplement trahi et je n'étais pas même sûr, malgré les miettes de mon coeur qui n'arrivaient pas à se reformer, de l'aimer un jour comme je l'avais aimée auparavant. Ma confiance se gagnait et la reperdre c'était comme casser un vase : recoller les morceaux risquerait d'être long, fastidieux, et peut-être même inutile.

Alors, bien au delà de Las Vegas, mon frère avait surtout essayé de m'emmener dans un endroit où je pourrais me souler à volonté pour oublier. Parce que derrière tout ce que je me persuadais d'être, j'étais surtout meurtri et triste, parce que je l'aimais. D'une façon que je n'aurais pas dû après qu'elle m'ait trompé, mais d'une façon comme une autre, quoi qu'il en soit. Alors, avec un bon verre de Whisky - un seul suffisait, il fallait juste le remplir plusieurs fois - je m'étais contenté de m'installer au bar pour boire, mon frère étant déjà parti s'amuser à sa façon. Espérons juste qu'il ne se ramène pas avec une nouvelle fille en nous annonçant qu'ils étaient maris et femme.

J'avais beau tenir à l'alcool, au bout de deux verres, je me sentais déjà un peu engourdi. J'avais perdu la main depuis la dernière fois que je m'étais soulé, c'était assez impressionnant de le constater, finalement. Ce n'est qu'après le troisième verre cul-sec que je fus rejoins par une jolie blonde. Si Claire avait à mes yeux toute la beauté du monde en elle, cette femme-là, c'était autre chose. Magnifique serait une terrible injustice à cette beauté. Et c'était bien la première fois que je pensais une telle chose d'une blonde, aussi jolie soit-elle. Je l'accueillais tout de même avec un léger sourire, mi-sincère, mi-poli. « Bonsoir! » répondis-je, vaguement. Je tournai les yeux vers elle avait d'inspirer profondément. L'alcool commençait doucement à s'insinuer dans mon sang, j'étais désormais libre d'une quelconque retenue. Puis mon frère me l'avait dit, le but c'était que je m'amuse et que j'oublie, alors je n'avais rien à craindre. Puis je ne reverrai sans doute personne dans les alentours à la Nouvelle-Orléans. « Puis-je vous offrir un verre? »

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Je n'avais pas l'habitude de traîner dans des bars. Au contraire, si pendant des années j'avais eu une petite amie qui n'aimait presque que la fête, j'étais resté le gars qui ne se prenait pas la tête à se cuiter pour oublier. L'écriture avait été ma purgation des douleurs depuis tellement longtemps que même Katrina n'avait pas réussi à me faire couler au fin fond des abysses de l'alcool. Dieu merci, je n'avais pas envie d'être alcoolique à mon âge, avoir le foi bouffé par une addiction qui finirait par me tuer. J'étais encore plus ou moins jeune selon le point de vue et ma vie n'était vraiment pas proche de se terminer.

Alors, c'était assez étrange de se retrouver plutôt seul dans un bar. Mon frère avait beau m'avoir accompagné, il n'était plus vraiment à mes côtés et j'étais donc seul, livré à moi-même. L'ambiance qui régnait n'était pourtant pas des plus angoissante. Il y avait dans l'air comme un parfum de défi et de convivialité que je ne connaissais pas du tout dans ce genre d'endroit. Mais nous étions à Vegas et ce devait être une ambiance régulière dans cet endroit où régnait l'imprévu, la vitesse, la chance et les bad trip. De façon inévitable, je me sentais à la fois bien au dessus de ça et à la fois complètement dans l'ambiance. J'avais beau essayer d'en faire autrement, mais déjà l'alcool commençait à couler doucement dans mes veines, me menaçant de prendre le contrôle à un moment ou un autre, mais surtout à un moment où je ne m'y attendrais pas. Toutes mes tentatives pour reprendre le dessus étaient donc vaines mais ça ne me dérangeait pas autrement. J'avais subitement décidé de me laisser aller. Ma vie avait déjà été un assez gros ramassis de débris pour que je refuse de contrôler à nouveau pour que la situation ne m'échappe à nouveau.

Le Whisky était autant dévastateur que ce qu'il était cicatrisant. Ma vie allait peu à peu n'appartenir qu'à des réactions qui ne m'appartenaient pas complètement, la honte et la peur allaient me quitter doucement et la tristesse n'allait être qu'aussi peu réelle que ce que l'alcool serait présent dans mon organisme. J'avais, au fur et à mesure que je buvais, l'impression que tout ce que j'avais vécu jusque là n'était qu'un vague cauchemar qui allait peu à peu s'évanouir pour faire place à la réalité. Mais je ne cessais de me demander quelle pouvait être la réalité en ce moment même? Car ce n'était pas dans mon verre de Whisky que j'allais finir par le découvrir, ça non.

Peut-être était-ce tout simplement cette blonde qui venait d'arriver, à la beauté tellement irréaliste que j'avais mis un temps à la saluer, me contentant de l'observer avec ces yeux avides d'en savoir plus sur elle. Elle avait ce charme inexplicable qui pouvait sans aucun doute avoir de l'effet sur tous les hommes qui se trouvaient sur son passage. Un léger coup d'oeil autour de moi pour comprendre que j'avais touché dans le mille sur ce point-ci. En dehors de moi, il devait y avoir une bonne grosse dizaine d'hommes qui, en plus de s'être retournés sur son passage ne la quittaient plus du regard. Ce qui me fit sourire dans mon fort intérieur. Claire aussi avait eu longtemps cet effet et longtemps, l'homme jaloux mais fier que j'avais pu m'avérer être épiait chaque regard de trop sur celle qui aurait dû être ma femme, mais qui était aussi bien content d'être celui qu'elle avait choisi. Enfin, jusqu'à ce qu'elle se soit décidé à en choisir un autre. En fait, peut-être même que ce n'était pas le premier, mais le seul que j'avais surpris, au final. J'avais changé d'éditeur à ce moment là, choisissant un ami de la famille qui me faisait des propositions depuis tellement longtemps, mais qui avait tout de même réussi à faire de moi l'auteur que j'étais avec la publication de mon ouvrage sur Katrina et la mort terrible de mes parents. La polémique, tout ça? C'était grâce - ou à cause, je n'avais jamais réfléchi à ça - à lui. Mais j'avais préféré, peu à peu m'écarter de tout ce qui avait touché à mes premiers écrits, même ces écrits en question. Et mon changement ne m'avait finalement valu que des problèmes. La preuve avec la fin de ma relation avec Claire.

J'avais inspiré profondément, pris mon courage à demain et l'avait salué, du plus poliment et sympathiquement possible.« Un autre! » demandais-je au barman après la question de la blonde. Non, je ne faisais pas naturellement la gueule mais je n'allais pas lui donner le plaisir de répondre, j'étais déjà assez enfoncé. Cependant, elle n'avait pas l'air bien méchante, juste un peu maladroit. J'avalais avec beaucoup de rapidité le verre que le barman me servit. « Vous avez raison, je ne devrais pas être aussi triste! » Surtout pas en aussi bonne compagnie ajoutai-je en pensée pour moi même. Je lui adressais un sourire gigantesque et du plus sincère que je le pouvais. « Vous dansez? » ajoutai-je en me levant et en lui tendant la main. Si elle me le refusait, j'aurais l'air sacrément con.

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Finalement, peut être que mon frère avait eu une bonne idée. Il fallait dire que je n'étais peut être tout simplement pas autant habitué à ce genre d'endroits que lui ou que j'aurais voulu le prétendre. Hermès avait, de toute façon, une facilité d'adaptation assez impressionnante, peu importe l'endroit où il se trouvait. Moi, moins. Ne parlons même pas d'Eros. C'était Hermès le don Juan, nous, nous nous contentions de le regarder faire, de nous amuser de toutes les situations farfelues dans lesquelles ils se fourrait à cause de toutes ces filles qu'il fréquentait chaque soir. Dieu merci, il avait tout de même appris à se protéger lors de ses multiples aventures, notamment après avoir été accusé - à tort - d'avoir transmis une MST à une de ses conquêtes.

Se retrouver dans un bar, c'était comme essayer de draguer pour la première fois. Avec Claire, les choses avaient été si simples et s'étaient faites presque toutes seules. De mon côté, je n'avais jamais eu l'impression d'en avoir fait beaucoup mais à l'époque chaque geste que je faisais semblait la conquérir un peu plus, même lorsqu'il s'agissait de se casser involontairement la figure par terre. Après le recul, c'est vrai que c'était assez étrange, mais j'avais quand même eu un coup de foudre qu'elle m'assurait réciproque. Aujourd'hui, je savais que ce n'était plus vrai, que si coup de foudre il y avait, il ne faisait pas vraiment partie de ceux qu'on a qu'une seule fois. Nous étions trop différents avec des valeurs contraires. Jamais je n'aurais pu la tromper. Pourtant, elle, elle l'avait fait complètement éhontément et n'avait même pas essayé de nier lorsque j'avais découvert sa relation, ni même de s'expliquer. C'était un fait, rien à faire de plus. En même temps, comment la fille d'un milliardaire pourrait-elle simplement s'intéresser à un écrivain fauché sinon dans l'espoir qu'il fasse mieux que son premier best-seller? Les intentions de mon ex restaient encore bien floues dans mon esprit mais je ne me laissais pas abattre pour autant malgré la peine et la douleur qui m'envahissaient à chaque seconde où je pensais à elle. Mieux valait maintenant que plus tard, une fois réellement mariés, me rendre compte qu'elle n'était pas la bonne et faire l'erreur de ma vie en l'épousant.

Mais, cette rencontre avec cette splendide blonde tombait juste au bon moment. J'avais besoin de me distraire un peu et, pour une distraction, elle semblait en être une bien plus que satisfaisante. Déjà, elle avait réussi à me faire sourire dans un moment de morosité extrême et je ne pouvais que me réjouir de sa présence, même si l'alcool commençait sérieusement à s'insuffler dans mon esprit, à la manière d'une petite voix qui me dictait de faire tomber mes protections et de ne dire que ce que j'avais vraiment envie de dire, sans aucun filtre s'il le fallait. C'était ainsi que, sans être certain de m'en être vraiment rendu compte, je lui avais demandé de danser.

Je crus déchanter très sérieusement. Quitte à me prendre une veste, autant qu'elle soit rapide plutôt que lente et douloureuse comme elle promettait de l'être. Je n'étais pas vraiment le genre à prendre du temps à charmer et draguer tout ce qui bougeait, et autant dire que sans la dose d'alcool qui coulait langoureusement dans mes veines, jamais je n'aurais osé l'inviter à danser, moi piètre marcheur, alors danseur, je ne vous en parle même pas ! Mais une intuition me disait que peut-être l'alcool m'aiderait à être un peu moins ridicule. Puis, dans les films, le piètre danseur ne se ridiculise presque jamais en dansant, après tout.

Risquant toujours cette terrible veste qui me guettait certainement plus que je ne l'imaginais, je tentais de garder le peu de contenance que ma conscience restante avait encore. Je me contentais alors de continuer à sourire, du mieux que je le pouvais, comme je savais le faire. J'avais réellement peur d'un non, d'autant que je n'avais engagé le dialogue avec personne d'autre et qu'un simple coup d'oeil autour de moi me suffisait à savoir que mon frère ne me serait d'aucun secours puisqu'il me faudrait encore le trouver pour cela.

Ce fut un poids qui se libéra lorsqu'elle finit enfin par accepter. Je n'y aurais presque plus cru, à tel point que, je faillis lancer un petit cri de victoire avant de me retenir, l'air pourtant très décontracté, mon sourire s'agrandissant un peu plus à chaque instant. Oui, j'étais heureux qu'elle ait accepté. Bien heureux. « Ne vous en faites pas je ne danse pas suffisamment bien pour pouvoir vous juger. » Nous commençâmes à danser, le temps défilant, les minutes passants, et je ne voyais désormais plus les gens autour. J'étais ridicule en dansant mais ce n'était même pas ce que je regardais. Je n'en avais que très peu faire de voir le carnage que j'étais en train de faire, je n'avais les yeux que sur elle et sur sa beauté. Elle avait beau dire, elle dansait bien mieux que la plupart des filles qui se déhanchaient ridiculement autour de nous. Tout au long, elle avait gardé les yeux fermés et je ne pus que sourire davantage en la voyant les rouvrir. D'ailleurs elle avait des yeux encore plus beaux encore que toute son apparence restante si c'était encore possible. Je me contentais de hocher la tête. « Enchanté. Bas... Appelez moi Arès! » Je n'avais pas pu m'en empêcher. J'avais dû lui proposer, coûte que coûte, mon vrai prénom. Je n'avais au moins pas l'impression d'être connu comme étant Bastian Tremblay, l'auteur du Best-Seller de Katrina à la Nouvelle-Orléans. Au moins, je n'étais que moi, et ça faisait réellement du bien.