Breathe and stays calm

Comme tout les dimanches, Léa avait pour habitude de se rendre à la boulangerie à côté de chez elle, elle n'aimait pas particulièrement les gâteaux, mais il lui arrivait d'enfreindre la règle et elle voulait faire plaisir à son colocataire qui, lui dormait encore. Les deux jeunes n'avaient pas le même fuseau horaire en ce qui concerne le sommeil, et bien que d'habitude, elle utilisait un peu la musique pour le réveiller, cette fois-ci, elle décidait de le laisser dormir, et il était encore tôt. Léa était partie courir avant que le soleil ne se lève, c'était son passe-temps chaque jour, sa dose d'adrénaline et le fait de courir lui permettait de faire envoler ses pensées et de la maintenir en forme, ce qui était primordial pour mademoiselle James qui prenait soin d'elle, de son alimentation, de son corps, de tout en réalité.

Elle troquait son survêtement pour une douche avant d'enfiler un slim de couleur noir, suivi d'un débardeur blanc et d'une veste légère noire avant d'attacher ses cheveux et de se parfumer, attrapant ses clés et son porte-feuille afin de se rendre à cette fameuse boulangerie, mais arrivé devant l'établissement, celui-ci était fermé pour causes personnelles. « Fais chier, Zut ! Flute ! Crotte ! de Caca ». Hurla t'elle en pleine rue, se fichant royalement de ce que les gens pouvaient penser d'elle ou de son vocabulaire vulgaire, elle réfléchissait avant de trouver la solution et là, ce fut comme une révélation, la pâtisserie de sa cousine, mais même dans ses rêves, c'est inconcevable qu'elle aille là-bas, elle ne veut absolument pas voir cette meuf qui lui sert de cousine en plastique, mais jusque-là, elle n'a aucune autre alternative alors c'est en traînant des pieds et en ronchonnant qu'elle prenait la route jusqu'au lieu-dit.

Arrivée devant l'enseigne, elle tournait les talons, ce n'était vraiment pas possible, mais après, il n'y a pas qu'Alize qui travaille ici, peut-être que c'est quelqu'un d'autre qui va la servir alors elle pénètre dans l'établissement et se rend au comptoir. « Bonjour, je voudrais deux merveilleux au speculoos ainsi que deux petites tartelettes à la fraise s'il vous plaît ». Mademoiselle James mit ses mains dans ses poches attendant que la serveuse se retourne pour lui faire face et là, ce fut le choc. Et m*rde ! La demoiselle ne montrait aucun signe prouvant qu'elle connaissait la personne, tout le monde pourrait croire qu'elle ne se connaisse ni d'Adam, ni d'Eve, et pourtant. « Oublie le s'il te plaît ». Lança-t'elle en lui offrant un magnifique clin d'œil, croisant ensuite ses bras, regardant autour d'elle, c'est vide ce matin dis donc.  

les apparences ne sont pas toujours ce qu'elles doivent être

La pâtisserie, j'adorais m'y rendre tous les matins. Mais ces derniers temps, c'était devenu compliqué. La vendeuse qui se trouvait au comptoir avait décidé de prendre un congé sans soldes pour une période indéterminée. Résultat, c'était moi qui devais, après avoir réalisé les pâtisseries, en outre, après avoir fait mon métier plutôt que celui d'un autre, jongler entre l'un et l'autre selon le monde que l'on avait, le flux de la journée. Après moult disputes avec mon patron, j'étais à bout. Il refusait d'engager, sous prétexte que sa vendeuse préférée allait revenir et, surtout, qu'il n'avait aucunement envie d'engager et de perdre plus de sous que ce qu'il avait actuellement. Il fallait dire que la pâtisserie marchait très bien, autant dans le quartier qu'ailleurs, et que, même bien avant mon arrivée ici, sa réputation n'avait jamais failli. Alors, je me devais de me taire, et de palier au manque de personnel comme je le pouvais. Résultat, je dormais moins puisque je me levais plus tôt et préparais mes pâtisseries à la chaîne, en réalisant parfois trop, mais tant pis. C'était ses pertes à lui, MONSIEUR le patron. Pas les miennes, moi, je faisais mon boulot puisque, pareil, il n'y avait personne derrière les fourneaux avec moi à cette période-là de l'année. Toujours pas de stagiaire en deux mois, pas d'alternant, rien. Et il fallait dire que le dernier pâtissier, celui qui m'avait formée, était parti à la retraite et comptait bien en profiter, c'est à dire ne surtout pas revenir travailler dans des conditions déplorables avec un patron borné et complètement abruti, qui ne venait même pas travailler lui-même pour aider sa boutique. Le plus révoltant dans tout ça, c'était qu'il s'en sortait toujours. Soit parce que j'étais trop conne pour dire oui, soit parce qu'au moment de craquer, il embauchait des stagiaires et autres. Dans tous les cas, lui ne perdait jamais au change, alors que les employés, ceux qui étaient là à l'année... bah si.

J'avais préparé une grosse fournée. En fait, j'avais profité de l'absence de monde pour avancer un maximum mes gâteaux, ainsi que mes nouvelles créations, que je refusais de partager avec cette pâtisserie. Autant les ramener pour Bianca, Nonna, et Elizabeth. Elizabeth, elle goûtait tous mes gâteaux pour me donner son avis. À la maison, c'était différent, je ramenais surtout leurs préférés, mes recettes et un gâteau de temps à autre. Mais je ne partageais pas avec mon patron. S'il voulait des nouveautés, qu'il les crée lui-même ! J'avais commencé à poser les pâtisseries prêtes sur les présentoirs du mieux possible. J'étais quand même payée à faire mon boulot, autant le faire jusqu'au bout, même si, parfois, ça me faisait assez chier. Et puis, j'arrangeais ensuite le reste, même si ça ne me plaisait pas vraiment. Assez occupée, je remarquais à peine que quelqu'un était entré dans la boutique, et je manquais de sursauter en entendant qu'on me parlait. Mais j'avais reconnu la voix et j'étais plutôt désespérée d'être seule et de devoir me retourner.
« Oh... C'est toi... bonjour. » Aucune surprise ici, juste une terrible constatation. « Que j'oublie le s'il te plaît ? »] Elle se foutait de moi ou quoi ? C'est pas parce qu'elle était face à moi que le respect ça n'existait pas. « Si j'oublie le s'il te plaît, tu peux oublier ta "commande". » Avec Iléana, je n'y arrivais pas. Je ne l'appréciais pas et si j'avais pu faire sans elle, je l'aurais fait. Alors qu'elle me suggère d'oublier sa pseudo politesse, ça me rendait folle. En un autre contexte, si j'avais eu un verre d'eau dans la gueule, je lui aurais pas seulement renversé l'eau dessus, mais envoyé le verre dans la tête. Ca oui ! Dommage...