Drink and sober up

Tu avais passé ta soirée, et une partie de la nuit, à encaisser coup sur coup. Alors, non, tu ne t'étais pas fait fracasser par un bourrin qui avait un peu trop bu, non non. Tu étais un des bourrins qui avait trop bu. Il fallait dire qu'un verre toutes les demis-heures pour ensuite te retrouver à enchaîner dix fournées de douze shots en tout genre, ça ne te réussissait pas forcément. Mais il fallait dire quelque chose, c'était que tu t'étais gravement amusé à cette soirée. Et ta copilote aussi, visiblement.
Et puis, subitement, tu avais eu besoin d'air. Et une grosse montée gastrique qui n'annonçait rien de bon. Tu avais regardé Alaina, la copilote susnommée, et elle semblait avoir compris. De toute façon, il était déjà quatre heures trente du matin et vous n'aviez pas prévu de vous éterniser plus longtemps. Alors vous étiez sortis. L'air frais t'avais fait un bien fou immédiatement et l'envie de dégueuler était vie passée. Vous aviez marché un peu sur le trottoir de l'autre côté du Night 'n' Fever, et vous vous étiez laissés tomber sur le premier banc que vous aviez trouvé. « C'est plus de mon âge, tout ça 'laina, je crois... » Tu la regardais, un petit air malicieux. Déjà, elle était plus âgée que de presque deux ans, donc c'était davantage à elle de sortir ce genre de réflexions de vieux, et ensuite vous saviez l'un comme l'autre que vous n'étiez pas prêt d'arrêter à déconner. Ca non ! Mais bon, toi, il allait clairement falloir que tu te calmes sur l'alcool et les doses que tu t'enfilais, sinon tu n'allais pas tenir la distance très longtemps.
 

Tu venais de passer une belle petite soirée. Comme souvent tu aimais les passer d’ailleurs. Tu n’avais jamais été trop adepte des soirées devant la télévision chaque jour de la semaine. Il te fallait sortir et profiter de la vie plus que tout. Une vie, tu n’en as qu’une après tout. Cette soirée, comme souvent, tu l’avais passée en compagnie d’Aaron. C’était avec lui que tu sortais le plus. En tout bien tout honneur hein … Vous aviez la même idée de ce qu’était une soirée réussie. Ici, tu sortais juste du Night ‘n’ Fever. Chouette endroit que tu fréquentes depuis longtemps. Tu t’étais bien amusée, t’avais vu également mais t’avais posé une limite ce soir. T’étais pas à la limite d’être malade, tu te sentais encore potable. Aaron, lui, avait beaucoup plus bu que toi. Façon, vu l’heure, il était temps de rentrer. Quatre heures du matin. Si tes parents savaient ça, ils te feraient la leçon directement. Heureusement, ils étaient loin d’ici. Quelle aubaine. Assez fatiguée quand même et ayant de l’alcool dans le sang tout de même, le premier banc qui croisa ton chemin et celui d’Aaron fut le bienvenu. Tu t’y laissas tomber sans ménagement. Bon sang, que ça faisait du bien de respirer l’air un peu pur de la ville et de ne plus être enfermée dans un endroit bourré de gens. C’est plus de mon âge, tout ça ‘laina, je crois… Un léger rire sortit de tes lèvres alors que tu croisais le regard d’Aaron. « Genre t’as seulement un quart de siècle et tu te permets déjà de dire une telle chose ? Mais mon cher, que devrais-je dire alors ? » T’avais juste que deux ans de plus que lui mais c’était déjà deux ans. La trentaine approchait de plus en plus. Pourtant, tu ne comptais en rien changer ta petite vie de fêtarde. « On finira mariés à l’alcool et aux soirées. C’est moi qui te le dit. » Humour, humour.

Drink and sober up

Après ça, Alaina a tous les droits de se foutre de ta gueule. T'as vingt-cinq ans, bientôt vingt-six et tu lui sors que t'es trop vieux pour des soirées comme celles-ci. Pourtant, c'est toi qui lui a suggéré d'aller à cette soirée. Alors, certes, c'était pas complètement ouvert, c'était davantage un léger "je vais là bas, si jamais t'as envie, viens aussi", tu l'avais pas forcée non plus, mais la belle brune était du genre à ne jamais refuser une invitation, aussi vague soit-elle, à aller en soirée. Toi, t'avais tellement bu que tu regrettais presque d'avoir un estomac. Te faire ballonner comme ça, c'était pas cool, vraiment. Tu te plaignais, mais en soi, t'étais bien content d'avoir fait la fête à boire comme un trou. Sauf que d'ordinaire, tu tiens bien mieux à l'alcool qu'en l'occurrence. Ce qui est bien dommage pour toi. Assis sur le banc à côté de ta colocataire et partenaire de soirée, tu lui lances un regard, sourcil haussé, langue tirée. « J'suis bien plus proche des vingt-six que des vingt-cinq après tout, alors j'ai plus du quart, d'accord ? Mais toi c'est pas pareil ! Tu as plus l'habitude justement par rapport à ton âge, ma vieille ! » "Ma vieille", c'était pas vraiment la chose la plus subtile à lui sortir, mais que faire ? Et puis, tu préférais penser lui avoir fait un compliment plus qu'autre chose. Tu soupirais. Pff, il allait falloir que tu te calmes sur la bouteille, mais t'en avais pas envie. Seulement tu pouvais pas te mettre dans cet état la majeure partie des soirs de la semaine, c'était pas possible ! Ton rire t'abandonna pour exploser hors de toi. « Même pour une bouteille et une bonne soirée je ne me ferai pas passer la bague au doigt ! Mais c'est vrai qu'on est jamais déçus avec l'alcool, le compromis doit pas être si mal. Enfin, peut-être... » Mais oui, Alaina avait raison. Tu avais plus de chance de finir marié à quelque chose d'éphémère qu'engagé dans une vraie relation. Enfin, ça...
 

T’avais vingt-sept ans. Vingt-sept ans et toujours en colocation. Toujours aux études. Ta vie n’était pas nulle, loin de là. Tu l’aimais bien ta vie et tu te fichais bien de ce que les gens pouvaient penser. Certains de tes amis vivaient déjà avec leur « grand amour », avaient un enfant, un travail … Toi, non et alors ? C’était pas une tare à tes yeux. T’aimais bien toi, vivre dans la colocation. Bon, tu t’entendais pas de la même façon avec tout le monde, t’avais même du mal avec une demoiselle rousse mais n’empêche, t’aimais cette façon de vivre. « Je te remercie pour le vieille, ça fait plaisir. » dit-elle outrée bien qu’elle plaisantait, ce mot ne la froissant pas ce soir, merci l’alcool dans les veines. « J’ai pas forcément plus l’habitude, je rappelle à Monsieur qu’avant d’arriver à la coloc, je sortais moins quand même. » Avant, tu consommais un peu d’alcool, tu sortais un peu moins aussi. Stricte vérité. Aaron explosa ensuite de rire lorsque tu parlas de bague au doigt. Lui ne comptait pour rien au monde ne se la faire passer au doigt. Chacun son point de vue. « Possible mais … Peut-être qu’un jour, plus tard, je finirai par dire oui, j’aurai la bague au doigt, je serai la femme d’un homme des plus charmants. » C’était bien la première fois que tu parlais de la sorte du mariage. Tu n’y avais jamais vraiment pensé et le désirais-tu vraiment te marier un jour ? Pas tant que ça. Pour toi, le mariage c’était une signature sur un bout de papier, ça ne prouvait pas forcément l’amour qu’il pouvait y avoir entre deux personnes. « Ou juste vieille fille entourée par ses nombreux chats. » Un vrai cliché que voici. « Pouah, non, j’veux pas finir comme ça. Je préfèrerai encore être entourée de boissons. »

Drink and sober up

T'es bien content de t'être trouvé dans cette colocation. Certes, t'es arrivé bien avant Alaina, mais sans ça, tu ne l'aurais pas connue et tu n'aurais pas eu de complice de soirées comme c'était le cas. Ta petite brune, tu l'adore. Alors certes, c'est le genre de choses qui foutent un peu la merde à la colocation parce que les uns s'adorent pendant que les autres se détestent. Par exemple ta cousine, ton adorable cousine... elle est un peu trop proche de Matthew. Le seul que tu ne peux pas te blairer, conventionnellement. Alors forcément, c'est plus simple avec Alaina qui est ton double au féminin, et c'est drôlement agréable d'avoir quelqu'un comme elle à tes côtés pour te flinguer la santé à l'alcool. Tu lui donnes un coup d'épaule. « Pour te servir ! » T'as beau aimer passer du temps avec elle, la charrier c'est une véritable passion également. « À ce moment-là, je te souhaiterai tout le bonheur du monde. Mais je plaindrais sincèrement ton mari. » Un petit clin d’œil. Alaina n'est pas difficile à vivre, c'est pas ce que tu sous entends. Mais lui passer la bague au doigt, faut tout de même avoir du courage, pour espérer qu'elle se range. À moins que tu ne confondes avec toi. Tu secoues fébrilement la tête. Non non non, pas de chat. Pas de chat, c'est horrible, et un stéréotype "à la con". Puis Aly est un peu trop dynamique pour laisser sa vie dans les pattes de petits félins allergisants. « Si jamais tu finis comme ça, excuse-moi, mais ne compte pas sur moi pour te rendre une visite. » Toute façon, elle le sait, les chats, t'aime pas ça.