"How are you ? - I'm fine."

Même devant sa mine triste plutôt pathétique, je ne pouvais résister à la tentation d'exploser de rire. Je lui fendais le coeur ? Eh bien lui il m'avait donné des maux de coeur avec son geste dégueulasse, à cette allure. « Eh bien, fais avec ton coeur fendu, aucune pitié pour toi » . Même s'il était clairement pathétique. Enfin, j'avais presque envie de le prendre dans mes bras pour le réconforter, mais il m'en dissuada aussitôt. Ma joue était rouge ? Je le détestais encore plus. « Dans tous les cas, c'est ta faute, non ? »

L'idée de rentrer ne me déplaisait pas, mais il fallait dire que je n'étais pas certaine d'avoir vraiment envie de partir de cet espèce de cocon dans lequel nous nous retrouvions. Et puis sortir dans l'état où j'étais, sans une once de maquillage, ça me dérangeait grandement aussi. Je roulais des yeux à la réflexion de Thiago à ce sujet. « Très bien ? Mais bien sûr. Sans maquillage, on ne voit que mon nez et mes rougeurs. Déjà qu'en plus tu t'amuses à irriter mes joues, elles vont pas disparaître comme ça hein. »

J'eus l'impression, l'espace d'un instant, de l'avoir perturbé. Dire que j'avais apprécié cette espèce d'escapade n'était pas un mensonge et je me devais de le souligner. Au moins pour ne pas totalement le dégoûter de passer du temps avec moi. Et pour être honnête, dasn tous les cas. Mais sa surprise m'étonnait plus qu'elle ne l'aurait dû. « Oui, bien sûr. Ca t'étonne à ce point ? » lui demandais-je, le ton presque déçu de voir son air ahuri.

Fin prête, j'avais annoncé être sur le départ s'il l'était aussi. Et il ne manqua pas de me répondre, bien évidemment. Je haussais les épaules. « qui va nous prendre le plus de temps c'est d'aller jusqu'à elle. Après je pense, oui. Puis s'il manque, on poussera, au pire » . Je ne pus m'empêcher de penser que ce serait drôle à voir. Dans les films, lorsqu'il faut pousser une voiture, c'est à hurler de rire. Les râleries, tout ça... après c'est peut-être justement parce que ce sont des films. « Oui sûrement » , lui répondis-je l'air ailleurs. J'avais tout de même hâte de rentrer au bercail.

"How are you ? I'm fine."

Feat I. Alize James.

C'était sa faute ? Il ne put que rire à cette « accusation ». "Tu n'as aucune preuve ma p'tite. Et je sais de quoi je parle.", plaisanta-t-il, croisant les bras sur sa poitrine. Est-ce que ce surnom qu'il venait de lui donner allait l'énerver ? Il avait hâte de voir ça. En même temps, il faut dire ce qui est, Alize n'était pas bien grande. Mais ça avait un côté affectueux, en tout cas dans sa bouche ça l'était.

Elle ne le croyait pas lorsqu'il lui disait qu'elle était très bien comme ça, qu'elle n'avait pas à se faire de soucis ? "Ton nez et tes rougeurs ?", répéta-t-il, comme pour être bien sûr qu'il avait bien entendu. Il rit légèrement à cette remarque. Comment pouvait-elle se trouver autant de défaut là où il ne voyait que des qualités ? "Arrête de ne voir que des choses négatives sur toi. Tu es très belle comme tu es Alize, avec ou sans maquillage, crois-moi.", lui avoua-t-il en la regardant droit dans les yeux afin qu'elle puisse constater par elle-même qu'il ne mentait pas. Il savait que sa maladie n'avait pas seulement affaibli son corps, qu'elle avait aussi affaibli sa confiance en elle. Si seulement elle pouvait se voir à travers ses yeux à lui, ça arrangerait tous le monde !

"Oui, bien sûr. Ca t'étonne à ce point ?", lui demanda-t-elle, déçue. Il secoua alors la tête, faisant non de la tête. "Non... Enfin...si, je suis étonné. Je n'ai pas forcément été d'une très bonne compagnie hier soir, au contraire même. Alors oui, je suis surpris que tu aies passé un bon moment. Surtout que ce n'était pas vraiment une... escapade prévue.", avoua-t-il finalement. "Mais tant mieux, au moins je ne t'ai pas fais totalement peur.", rajouta-t-il avec un petit sourire un peu gêné peut-être. Après tout, elle l'avait vu en plein pétage de plomb, et elle ne s'était pas enfuie en courant. C'était plutôt bon signe...

"Et bien allons-y alors, rentrons chez nous.", lui proposa-t-il, prenant son sac de voyage d'une main, et lui ouvrit la porte de l'autre.