J’avais toujours eu une grande passion pour les jeux vidéo depuis tout petit. C’était dire à quel point ça comptait pour moi. Et puis après le lycée j’avais décidé qu’à l’avenir je travaillerai dans ce domaine. Une fois mon diplôme en poche, je m’étais donc lancé dans une licence professionnelle avec une spécialisation en jeu vidéo. J’avais donc fait trois ans d’études avec succès dans ce domaine avant d’enfin devenir concepteur de jeux vidéo. Mon rêve s’était donc réalisé puisque je n’avais pas eu beaucoup de mal à trouver un employeur intéressé par mon profil. Je ne pouvais nier le fait que j’étais épanoui dans mon job. Bien que depuis plusieurs semaines j’avais la tête quelque peu ailleurs…

En effet une jolie rousse hantait mes pensées depuis l’enfance mais je n’avais plus aucune nouvelle d’elle depuis ce fameux soir où alcoolisé j’avais embrassé à pleine bouche une petite brune. Joan avait assisté à ça et ne m’avait pas laissé le temps de m’expliquer. J’avais bien essayé de la joindre à plusieurs reprises mais j’étais toujours tombé sur son répondeur. Probablement le signe qu’elle m’en voulait. Ce qui me faisait penser qu’elle devait ressentir plus que de l’amitié pour moi. Autant vous dire que je m’en voulais affreusement d’avoir fait cette bêtise et qu’elle y ait assisté.

Cet après-midi je travaillais mais je n’étais pas au bureau. Pour cause je faisais le tour des magasins de jeux vidéo afin de voir s’ils avaient déjà ou non en rayon le dernier jeu d’aventure à choix narratifs que j’avais créé. S’ils l’avaient c’était cool et s’ils ne l’avaient pas encore, il fallait que je fasse ma pub afin de le faire connaître et si possible qu’ils passent commande auprès de mon employeur. Autant dire que ce n’était pas la partie de mon job que je préférais mais comme le disait si souvent mon patron : « Qui est mieux placé que vous pour parler du jeu que vous avez conçu ? » Très bonne argumentation de sa part, je ne pouvais le nier et donc je me voyais guère refuser de me plier à cet exercice.

Voilà pourquoi aujourd’hui je me trouvais dans ce centre commercial du quartier Français et que je passais l’entrée de la boutique de jeux vidéo. Tout d’abord je faisais donc le tour des différents rayons afin d’avoir une vue d’ensemble des dernières nouveautés exposées à première vue. Au passage ça me permettait également de voir ce que faisait la concurrence et pourquoi pas de me trouver un nouveau jeu pour ma PS4. Playstation, ma marque de console favorite depuis l’enfance. Pour faire simple je les ai toutes eues en main et d’ailleurs j’ai encore les 4 modèles à la maison… Tandis que j’arrivais au niveau des jeux RPG je fus saisi de voir une chevelure rousse ici. En me rapprochant je pus voir qu’il s’agissait de celle qui ne cessait d’être dans mes pensées, Joan. J’étais sur le cul de la voir ici. « Jo’… » Soufflais-je doucement afin d’attirer son attention puisque visiblement elle ne m’avait pas encore remarqué. Je me doutais bien qu’elle n’aurait probablement pas envie de me parler mais d’un côté j’étais content de la voir puisque je n’avais plus eu aucun signe de vie depuis cette fameuse soirée. J’étais assez stressé mais tâchais de ne pas le montrer malgré le fait que mon cœur battait la chamade de la revoir et que j’avais les mains moites. « Depuis quand tu te passionnes pour les jeux vidéo ? » Dis-je sur le ton de l’humour. Après tout je savais très bien que ce n’était pas sa came, contrairement à moi. Je me penchais pour regarder la pochette de jeu qu’elle avait dans les mains. Je pinçais mes lèvres entre elles avant de dire. « Excellent choix, ce jeu est une pure tuerie. Je le conseille bien qu’il ne soit pas de moi. » Dis-je en riant doucement. J’espérais que Joan ne prendrait pas la fuite car j’aimerais vraiment lui présenter mes excuses et pouvoir calmement m’expliquer avec elle. D’ailleurs j’étais complètement en train de zapper ce pour quoi je me trouvais ici.

Comme je l’avais tant craint, mon amie Joan refusait tout bonnement de m’adresser la parole. J’étais peiné de la situation, qu’on en soit arrivé à ce point-là mais je ne lui en voulais pas… Après tout elle devait vraiment souffrir par ma faute. Néanmoins je n’avais pas envie de laisser filer cette chance qui m’était offerte de lui présenter mes excuses et de clarifier les choses avec elle. Je le savais je serais sûrement le lourdaud de service mais je me devais de le faire. Et ce même si elle n’avait pas envie de me voir ni même de m’entendre. Après ça je la laisserai tranquille si elle le souhaite mais je lui dois bien ces explications. Alors bien que je risquais de m’attirer les foudres de la rousse, je la suivais tandis qu’elle quittait le magasin après avoir payé le jeu qu’elle avait dans les mains.

Je me sentais quelque peu mal à l’aise de la suivre ainsi mais je ne me voyais pas repartir sans lui dire. Je tenais vraiment à essayer de retrouver au moins mon amitié avec elle. Car plus me paraissait être impossible après ce que j’avais fait.  Bien qu’au fond de moi j’avais envie de redevenir plus que son ami. Mais pour l’heure ne serait-ce que m’expliquer serait déjà pas mal. Je déglutissais difficilement en croisant le regard de Joan. Elle me demandait de ne plus la suivre, mais je ne pouvais m’y résoudre. Je soutenais difficilement son regard, me sentant coupable. « Je… » J’inspirais un grand coup pour essayer de me donner du courage. « Non je ne peux pas m’y résoudre. Je, il faut qu’on parle. » Comme je l’aurais fait par le passé, j’avais attrapé sa main pour l’entraîner un peu plus loin, vers un banc libre. Je restais debout, me mordant la lèvre nerveusement. « Je sais que tu n’as pas envie de me voir, ni de me parler. Je vais t’en demander beaucoup, mais j’aimerais juste que tu m’écoutes… Après on pourra reprendre chacun notre chemin si tu le souhaites… » Je sentais une boule se formait dans ma gorge mais tâchais de l’ignorer. J’inspirais à nouveau un grand coup. « Tout d’abord je tenais à m’excuser pour ce que tu as vu ce soir-là… » Inutile de lui préciser de quel soir je parlais, je savais pertinemment qu’elle comprendrait. « Je, je n’étais pas moi-même. J’avais bu car je souffrais atrocement de la perte de ma grande sœur… Et tu sais que je ne tiens pas l’alcool puisque je n’en bois quasiment jamais. » Je pris une pause durant laquelle je pinçais mes lèvres. « Je me sentais vraiment mal et je suis sincèrement désolé que tu m’aies vu dans cet état. Je n’ai jamais voulu te faire souffrir Joan… Bien que manifestement c’est ce que j’ai réussi à faire. » Dis-je en évitant son regard, baissant la tête. « J’ai été bête de me renfermer sur moi en apprenant le décès de ma sœur… » J’avais toujours du mal à parler de Madison mais tâchais de ne pas le montrer. « Bref mille excuses. Et si ça peut te rassurer, cette fille ne m’a jamais intéressé, c’était une pure connerie sous l’effet de l’alcool… » Et quitte à ce qu’elle ne me parle plus jamais, je préférais jouer cartes sur table même s’il était sûrement déjà trop tard. « J’ai été lâche de ne pas te le dire plus tôt mais la seule fille dont je sois tombé amoureux, c’est toi… Et ça ne date pas d’hier. » Lui avouais-je. Dire que je ne l’avais pas fait plus tôt car j’avais peur de perdre son amitié et que mes sentiments ne soient pas réciproques. Et là que je l’avais probablement déjà perdue à cause de ma bêtise, bizarrement j’avais réussi à lui dire et assez facilement en plus. « Je pense que j’ai dit tout ce que j’avais à te dire. Maintenant si tu ne veux toujours pas me parler, je le comprends et j’accepterai ton choix. » Dis-je doucement, attendant de savoir quel serait son choix.

Bien que je m’étais confié à Miss Dixon-Mills, je ne m’en sentais toutefois pas plus léger. J’avais toujours sur les épaules cet énorme poids dû à la culpabilité que je ressentais vis-à-vis de la rouquine. Et ça ne s’évaporerait sûrement pas de sitôt. Peut-être même que ce sentiment me rongerait pour toujours.