(LYRA) holiday on ice

Holiday on ice ft. lyra & leah
Avec cette chaleur écrase, je recherchais sans cesse la fraîcheur. À l'appartement, ce n'était pas compliqué, vu que les volets restaient fermés la majeure partie de la journée et que nous étions dans un courant d'air, mais j'en avais marre de sans cesse me retrouver à l'appartement une fois le travail terminé. Ne me restait plus que quelques choix, peu engageants, du style aller à la piscine municipale où se trouvait les trois quarts de la population néo-orléanaise ou dans les petites criques aménagées autour du bayou où se trouvait très probablement le reste. Alors, c'était devenu un peu difficile de trouver l'endroit où se retrouver au frais en dehors de son chez-soi.
Et puis, la solution s'était imposée à moi-même, ou du moins presque : la patinoire ! Seul bémol, j'étais la Bell avec aucun talent, sinon la compassion. Autant vous dire qu'enfiler des patins pour jouer sur mon équilibre, c'était clairement pas mon art de prédilection. Alors, tout naturellement, j'avais envoyé un message à Lyra pour qu'elle me rejoigne. Pourquoi Lyra ? Aucune idée. C'était la sœur de laquelle j'étais la moins proche, avant mon départ en mission humanitaire à travers le monde. Et pourtant ce choix m'avait semblé être une évidence. Mes relations avec Luna s'étaient détériorées, Luca était beaucoup occupée, et Leia passait ses derniers examens pour son année, ou peu importe, elle n'était pas le genre non plus à venir dans une patinoire où la température était très basse alors qu'elle pouvait profiter d'une piscine où qu'elle veuille, surtout chez nos parents.
Je n'avais pas attendu bien longtemps avant que ma soeur ne me rejoigne. J'étais déjà sur les patins, assise sur les bancs autour de la glace, la regardant avec envie et à la fois dégoût. Combien de fois allais-je tomber dans cet après midi ? Lyra vint s'asseoir à côté de moi pour enfiler ses patins et je lui souris. « Salut sis' ! Tu m'en veux pas trop de t'avoir fait venir au froid, dis ? »

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On va là faire comme à la météo : aujourd’hui, il y a beaucoup de soleil (pas un seul nuage à l’horizon). Cela signifie donc que l’indice UV s’élève à 8 ou 9 selon le moment de la journée. Malgré le fait que je sois bien plus que passionnée par la danse, par cette chaleur, je ne me vois absolument pas préparer une nouvelle chorégraphie pour mes élèves. Alors que faire ? Lire un livre, regarder un film à la télé ? Rien de tout cela ne me permettra de dire que cette journée caniculaire est passée vite. Après que Leah m’ait demandé par message de là rejoindre à la patinoire, je me dis que finalement ne pas faire de plans peut être une bonne chose. Après tout, pourquoi ne pas essayer de se rapprocher de Leah ou au moins, pourquoi ne pas essayer de connaître un peu mieux Leah ? C’est cette dernière idée qui m’a poussé à répondre assez rapidement et ce de manière positive à Leah. En plus de cela, je savais pertinemment que Leah ne m’attendrait pas bien longtemps avant que je ne là rejoigne puisque mon sac était déjà fait. Je ne veux pas paraître prétentieuse, ni faire croire que je suis parfaite en disant cela mais, quand on fréquente le milieu de la danse, on se doit d’être rigoureux et surtout incroyablement organisé. D’où le fait que mon sac « spécial patinoire » soit préparé par avance ! Après être passée par les vestiaires comme je le fais à chaque fois que je vais à la patinoire, je vis Leah avec ses patins aux pieds, assise sur un banc. A ce moment-là, un jeu de regard s’est mis en place entre nous. Rien qu’en là regardant, je me doutais qu’elle devait se demander pourquoi elle m’avait demandé de venir avec elle à la patinoire puis, surtout, combien de temps allais-je me moquer d’elle suite à ses éventuelles chutes. En me regardant, je suis sûre qu’elle devait se dire la chose suivante : mon dieu, qu'ai-je fait ? En plus de ne pas être née pour aider, Lyra a un sacré talent artistique et ce contrairement à moi. Après cette légère analyse spirituelle, je suis allée m’asseoir auprès de Leah pour enfiler mes patins mais aussi pour discuter un peu avec elle avant que les choses sérieuses ne commencent. Je pense sincèrement que Leah a un don concernant tout ce qui touche à la socialisation. C'est elle qui fut le premier pas. Avant de me dire la chose suivante : « salut sis’ ! Tu m’en veux pas trop de t’avoir fait venir au froid, dis ? », Leah me souri. Je crois que je n’ai jamais autant ri que cette fois-là. Après mettre ressaisie, je fus savoir à Leah que je n’avais rien contre le fait de passer un moment avec elle à la patinoire surtout quand on connait le contexte du jour. Par la suite, je me suis levée ; me suis avancée vers la bordure pour prendre place sur la glace ; fus un léger «demi-tour sur place » afin de m’adresser à Leah tout en lui tendant ma main en signe d’entraide.

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Quand il s'agissait de mes frères et soeurs j'étais plus le genre à prévoir à la dernière minute. Ils le savaient, ils me connaissaient. Mais surtout, le temps définissait souvent ma journée. Aller à la plage en plein week-end alors que le thermomètre indique 100°F c'est tout, sauf une bonne idée. D'autant que la plage, à la Nouvelle-Orléans, c'était souvent synonyme de petits plans d'eau où trouver une place revenait à la tâche de chercher une minuscule aiguille dans une gigantesque botte de foin. À vrai dire, de la place dans ces plages aménagées, ça n'existait que dans l'eau profonde, ou sur un canoë en plein milieu. Donc inutile de tenter. De même, autant préférer dépenser sa paie dans une journée sauna que d'aller skier sur des petites pistes les rares fois où la neige apparaissait à proximité. Alors, je faisais tout à l'envers, histoire d'être un peu plus intelligente que les gens agglutinés les uns à côté des autres et qui se donnaient sans doute plus chaud encore en étant collés comme des sardines en boite devant un peu d'eau fraîche.

Après ma phrase, Lyra avait explosé de rire. Allez comprendre pourquoi, mais elle savait facilement lire en moi, et je culpabilisais de mes idées débiles, ça oui. D'autant que mes fesses étaient déjà douloureuses des chutes que je ferai. En voyant Lyra se lever, je n'ai qu'une chose en tête : CHANCEUSE. Elle, au moins, si elle tombe, elle trouvera toujours le moyen de se rattraper. C'est ça quand on danse. À la différence quand on est une tige de fer, c'est un peu plus compliqué. Or c'est malheureusement mon cas. Tandis qu'elle me tend la main, je ris nerveusement. « Tu appelles les pompiers si je tombe, pas vrai ? »

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D'après moi, nous vivons dans une société où il existe deux types de rire: le rire du type, la personne à un âge mental très peu développé donc elle se fou totalement de vous ou alors du type, la personne rigole uniquement parce que le rire est comme un système de défense. Si je devais dire sur le champ quel genre de personne je pense être, je dirais que je suis de la catégorie des personnes qui rient pour rendre leurs journées meilleures; qui rient parce le rire est un système de défense; qui rient parce que le rire vous rend plus serein et espérons, vous fera vivre plus longtemps que la majorité des personnes qui meurent en ayant été une bonne partie de leur vie acariâtres.
Après avoir ri pendant un assez long moment, certes je fus savoir à Leah que je n’avais rien contre le fait de passer un moment avec elle à la patinoire toutefois, cela ne m'a pas empêché, pour la première fois depuis très longtemps, de me sentir coupable. Coupable parce que Leah ne sait pas ce que je pense par rapport au fait de rire; coupable parce que je sais que Leah ne me porte pas véritablement dans son coeur, ce qui fait qu'elle a du croire que je me foutais littéralement d'elle alors que c'était tout le contraire. Je suis sûre que beaucoup de personnes vont trouver cela étrange mais, sur le moment, j'ai pensé à tout ce que Leah devait penser par rapport à moi et cela m'a tout simplement fait rire. Je pense très honnêtement que ce fou rire a été mon système de défense car au fond de moi, je sais que je ne suis pas celle que l'on imagine or, je ne sais pas comment faire pour que cela change.
En prime, je sais que Leah ne m'a pas demandé de manière anodine si je ne lui en voulais pas trop de m'avoir fait venir au froid. En réalité, je pense qu'elle m'a demandé cela car elle doit regretter son idée d'une part à cause de sa peur de chuter devant moi (la professionnelle), d'autre part, à cause du fait qu'elle puisse penser que si je tombe, je trouverai toujours le moyen de me rattraper. Or, Leah ne sait pas tout ! Leah pense probablement me connaître mais ce n'est pas parce que l'on s'est rencontrées au moment de l'arrivée de la famille Bell et que l'on s'est analysées pendant des jours et des jours que l'on se connaît véritablement. La seule qui me connaisse vraiment, c'est Mia ! D'ailleurs, quand elle a su que j'allais à la patinoire avec Leah, mon dieu, qu'est-ce qu'elle s'est foutue de moi !
Je savais que mon attitude envers Leah avant que l'on se lance sur la glace pouvait être perçue comme l'attitude d'une personne qui savait ce qu'elle faisait, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai agi ainsi. Je voulais rester digne avant ce que j'appellerai le début de la fin !
Ce que certaines personnes peuvent croire, Mia ne pourra pas le croire surtout lorsqu'il s'agit de patiner sur la glace. Prenons pour exemple Leah, parce que je suis une danseuse classique professionnelle, elle doit penser que si je tombe, je trouverai toujours le moyen de me rattraper. A l'inverse, Mia sait ce que peut donner une séance de patinoire en ma compagnie. Mia sait pertinemment que je ne peux pas toujours trouver le moyen de me rattraper. La preuve avec ce qu'il s'est produit peu de temps après que Leah eu décidé d'accepter mon «aide». Je n'aurais pas du faire celle qui savait ce qu'elle faisait; je n'aurais pas du rassurer Leah après qu'elle m'ait demandé avec un petit rire nerveux si je comptais appeler les pompiers en cas de besoin. J'aurai tout simplement du lui dire que je ne suis vraiment pas douée lorsque j'enfile des patins. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête mais après coup je m'en veux vraiment. Tout s'est passé tellement soudainement: ma chute, le bruit accompagnant ma chute, la douleur paralysant ma cheville, des larmes perlant sur mes joues sans que je puisse les contrôler. A s'en douter, ce n'est pas moi qui est appelée les pompiers; ce n'est pas Leah qui a eu besoin de l'assistance de trois jeunes ambulanciers nommés Jeremy, Christophe et Ethan. En temps normal, dans une situation comme la mienne, la première chose que l'on fait est d'appeler ses parents or, à ce moment-là, la seule chose dont j'ai eu besoin fut Leah. Lorsque Jeremy monta mon brancard dans l'ambulance, mon réflexe a été de tendre ma main vers Leah tout en lui disant la chose suivante: « Leah, s'il-te-plaît reste avec moi. Luca, Lane et toi, vous êtes ma famille. J'ai peur d'être seule ». (LYRA) holiday on ice 1634776480

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Voir Lyra exploser de rire de la sorte, c'était très drôle, et, en même temps, ça avait un petit côté vexant. Rarement, nous nous retrouvions à partager un moment complice où nous rions. Alors, certes, j'essayais d'être loyale à tous mes frères et soeurs, mais face aux tensions qui pouvaient régner entre eux, forcément, ce n'était pas simple. Et comme Luna était un peu comme ma confidente dans la famille et ce réciproquement, je n'avais jamais beaucoup partagé avec Lyra. Enfin, me direz-vous, Leia reste ma petite chérie d'amour, ma protégée, et elle, elle est très proche de ma soeur aînée, et c'est vrai que ce n'était pas très logique de ma part de réfléchir comme je le faisais. Mais, j'aimais être avec chacun de mes frères et soeurs, même si, c'était vrai, je préférais être seule avec certains, tandis que le groupement avec d'autres me dérangeait moins, et m'arrangeait même carrément, histoire d'éviter les histoires à deux balles.

J'aimais voir la confiance dans les gestes de ma soeur. Je me disais que, moi, je n'allais pas tarder à être sur les fesses en montant sur la glace. Mais quelle nouille je faisais de l'avoir traînée ici ! Si je tombais, je risquais de passer plus de temps en béquilles qu'à être utile, et si je venais à la faire tomber, elle allait devoir mettre de côté sa carrière le temps de se rétablir. Quel dilemme... et en même temps, les chances pour qu'une catastrophe n'arrive sont d'environ 0,001%. Soit quasiment nulles.

Au fait ! Ne vous ai-je jamais dit que j'étais une grosse poisseuse ? Un vrai chat noir par la même occasion ? Eh bien, maintenant, vous le savez ! Oui, parce que, tandis qu'elle me rassurait sur le fait que les pompiers ne seraient pas utiles, même s'il s'agissait d'une blague plus qu'autre chose, la catastrophe éclata. Lyra était tombée et s'était fait mal. Je l'avais entendu, et ça m'avait terrorisé. C'était quoi ? Un crac ? Un os éclaté, torturé, ou juste retourné ? Toutes les éventualités me tordaient l'estomac de culpabilité. Mais quelle nouille je faisais, moi alors !

J'avais appelé les pompiers, complètement tétanisée et affolée à la fois. Ils étaient arrivés en un rien de temps - il fallait dire aussi que la caserne n'était véritablement pas loin de là - et je me rongeais les ongles et les sangs de savoir si tout irait bien pour ma soeur. Sur son brancard, Lyra agissait comme une mourante. En d'autres circonstances, ça aurait pu être drôle. Mais là, pas. « N'oublie pas Leia non plus. Et t'inquiète, je suis là, tu risques rien... » Avec un petit sourire, j'ajoutais d'une voix à peine audible, de sorte qu'elle soit la seule à entendre : « Enfin, sinon d'être accompagnée par de beaux pompiers »

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Si aujourd'hui je me considère comme un rock cela n'a pas toujours été le cas. Quand on était petites, le rock de la famille c'était maman. Quand elle me voyait désemparée; quand elle sentait que je traversais une période de vide intérieur, elle me rappelait toujours que le rire était certes un poison dans certaines circonstances mais finissait toujours par être un échappatoire, un remède contre la morosité. Quand je me suis mise à rire devant Leah, je n'ai absolument pas pensé au fait qu'elle ait pu également vivre de ces périodes de morosité si intense que plus rien ne vous intéresse à part l'envie de vous terrer dans un coin pour éviter d'avoir à endurer autre chose que ce que vous avez déjà enduré. Très inconsciemment, ce qui me faisait peur était le fait que Leah puisse se vexer alors qu'en temps normal et cela depuis des années, il est véritablement rare pour elle et moi de se retrouver en quelques lieux de la Nouvelle-Orléans dans le but de partager un moment complice qui pourrai nous amener à pleurer de rire tellement le fou rire nous aura pris. Il faut dire que dans ce qui est pour moi la nouvelle "famille" Bell, les périodes de tensions se font plus présentes que les périodes de convivialité. Ce qui d'ailleurs est un problème quand vous pensez à notre sortie. Qui sait si nous n'avons pas créé une rixe familiale avec cette dernière. Prenez par exemple le cas de Leia, à l'exception de ma soeurette (Luca), elle est celle qui est le plus proche de moi mais elle est aussi d'après ce que je crois comprendre de ma situation familiale très liée à Leah alors d'après vous que va-t-elle penser de ce nouveau rebondissement ? N'oubliez surtout pas que le nouveau rebondissement dont je vous parle n'est autre que le rapprochement qui s'opère petit à petit entre Leah et moi. En parlant de rapprochement, existe-t-il mieux que le fait de vouloir rassurer Leah sur le fait que les pompiers ne seraient pas utiles pour ensuite devenir l'objet d'une gigantesque catastrophe. Et oui ! La danseuse professionnelle est tombée comme Newton fit tomber sa pomme. Je suis certaine qu'en me lisant, vous allez vous dire: "bah, elle exagère en disant qu'elle fut l'objet d'une gigantesque catastrophe. Elle est tout de même danseuse professionnelle". Et bien, je peux vous assurer que ce n'est pas le cas ! En tombant, je me suis bel et bien fait extrêmement mal. A la suite, du mouvement ayant entraîné ma chute, nous avons entendu un bruit qui je l'avoue était des plus terrorisant. Nous avons été incapable de le décrire à Jeremy tellement nous ne savions pas s'il s'agissait d'un simple crac ou bien si j'avais atteint le summum de la catastrophe en me brisant un os. Non seulement nous étions extrêmement terrorisées par ce qui venait de se produire mais en plus j'eus comme un black-out qui me fit tout oublier à part la peur panique de rester seule. Dans mon malheur ce qui me fut vraiment du bien, c'était d'être avec Leah. C'est fou comme elle peut trouver aussi rapidement un moyen d'estomper vos maux. Ainsi, pendant que Jeremy me hisser sur mon brancard, elle me fit un léger sourire avant de me dire très discrètement qu'il ne pourrait rien m'arriver sinon d'être accompagnée par de beaux pompiers. Grâce à Leah, suite à la retombée du choc, j'ai pleinement recouvré mes esprits et c'est alors que je me suis sincèrement demandée comment elle pouvait être comme ça et si un jour je serai capable de sortir de ma bulle pour vivre aussi simplement que Leah.

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La situation aurait pu être risible si, à mes yeux, elle n'avait pas été si catastrophique. Comprenez-moi : j'amène ma soeur aînée, dont les jambes sont une partie de son revenu mensuel, faire un peu de patin sur glace. Jusque là, rien de bien terrible. Mais, quand elle essaie d'en faire, la danseuse qu'elle est, qui devrait POURTANT tenir sur ses jambes au vu de tout l'exercice qu'elle fait en journée, se casse la figure et se fait mal. Qui est responsable ? Eh oui, moi, sans hésitation ! Bon, ce n'était pas grave non plus, elle était toujours vivante, mais il me semblait que la douleur lui avait fait dire des bêtises plus grosses qu'elle. Non, elle n'allait pas mourir, ni être toute seule, mais son ton restait terriblement dramatique. D'où le fait que la situation aurait pu être complètement risible. Mais encore une fois, elle était bien trop importante pour être drôle. J'avais tenté de la rassurer. Je n'étais pas très douée pour ça, et j'avais du mal à prendre trop au sérieux ou trop à la dérision les événements, du coup c'était pas véritablement simple non plus comme ça. Mais j'avais essayé et visiblement ça avait marché.
N'en connaissant pas suffisamment sur Lyra puisque j'avais eu du mal à garder le contact avec elle ces derniers temps, je m'étais efforcée de me racler la gorge pour reprendre un peu de contenance. « Tu as besoin que je prévienne quelqu'un ? » Sous entendu "je préviens ton mec, si t'en as un ?". J'étais tellement pas au courant de sa vie que c'en était une honte, réellement.

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Pour me démarquer des autres, il a toujours fallu que je travaille encore et encore.
Ce qui a fait que je suis devenue la danseuse professionnelle que je suis aujourd’hui tient probablement au fait d’avoir bourlingué de pays en pays pour observer et assimiler les techniques. Pour moi, une musique n’est pas seulement faite de sons qui s’échappent d’un instrument mais elle est plutôt un sentiment, une sensation, un cri.
Sur ce lit d’hôpital, je ne pouvais me mouvoir et plus les jours passaient, plus je me sentais prisonnière de ce plafond blanc, de ces murs blancs. J’essayais autant que faire ce peut de m’extirper de ce monde aseptisé par la pensée mais rien n’y faisait. Les quelques moments passés avec Leah, qui avait soit dit en passant la gentillesse de passer me voir très régulièrement, me faisaient du bien mais cela ne suffisait pas.
Il faudrait faire tomber les masques mais comme je le disais souvent à Luca, cela reste plus facile à dire qu’à faire. Pourtant, en pensant aux conversations que j’avais entretenues jusque là avec Leah, je ne pouvais m’empêcher de penser que ce jour se profilait peu à peu.
Pour que vous compreniez pourquoi, il est important de remonter au moment de la dernière visite de Leah. Elle sortait tout juste du travail. Rien qu’en voyant son visage, on pouvait facilement deviner qu’elle avait passé une très mauvaise journée et qu’elle avait besoin d’un peu d’attention. Le problème avec moi c’est que dans ce genre de situation je ne sais jamais comment démarrer une conversation ce qui avait d’ailleurs dû sauter aux yeux de Leah puisqu’elle commença par me demander comment je me sentais. A cette question, j’aurais pu répondre que j’avais mal, que les médicaments ne m’étaient d’aucune utilité mais pour le coup, à ce moment précis, je savais qu’il ne fallait pas que cela sorte de ma bouche alors j’ai préféré lui dire qu’il fallait que cet événement reste derrière nous. Je ne voulais surtout pas qu’elle se sente coupable. En plus, même si j’avais des doutes sur la question, elle n’avait apparemment pas à se sentir coupable vu que les médecins tenaient un discours positif à mon sujet. Et puis, comme certains peuvent le penser, il n’y avait pas non plus de quoi fouetter un chat dans la mesure où je suis toujours de ce monde.
Alors que Leah me regarda d’un air légèrement dubitatif, un blanc se fit sentir dans la pièce. Puis, soudainement, Leah se racla la gorge avant de me demander si j’avais besoin qu’elle ne prévienne quelqu'un à ma place. A ce moment précis, je sentis que le jour où les masques allaient tombés se profiler peu à peu. Toutefois, au lieu de lui parler de Mia comme j’aurai dû le faire, je lui répondis qu’il n’était pas nécessaire de prévenir qui que ce soit. N’allez surtout pas imaginer qu’il n’y avait personne à prévenir ! C’est juste que pour la première fois depuis longtemps, les forces me manquaient. Je voyais bien qu’elle aurait voulu que je lui en dise plus mais je ne pouvais vraiment pas.

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Les heures avaient passé depuis l'accident de Lyra à la patinoire et, même s'il m'avait fallu prendre sur moi pour ne pas alerter toute la famille et leur dire que j'avais été la raison de sa blessure, et l'alerter tout court, j'étais restée à ses côtés même après l'arrivée de l'ambulance. C'est d'ailleurs au moment où les pompiers étaient arrivés que je lui avais proposé de contacter quelqu'un. Lyra, sur sa civière, me confirma qu'elle n'avait besoin que je ne prévienne personne. Je restais dubitative. Ma soeur, populaire comme elle était, ne pouvait n'avoir absolument personne à prévenir avant d'aller en radiographie. « Tu es sûre ? Même pas Lane ou Lexi ? » Je savais qu'elle s'entendait très bien avec les jumeaux, puisqu'à eux trois, ils avaient immédiatement trouvé une raison de vivre commune : gâcher la vie de Liam et Luna, ce qui, de mon côté, tout en m'agaçant assez, me faisait plutôt rire, car je savais souvent qu'il ne suffisait pas de grand chose pour lancer mes deux aînés sur des chemins piquants. En somme, quand il s'agissait des jumeaux, ils partaient au quart de tour. Et depuis que nos demi-soeurs avaient fait leur apparition dans nos vies, Lyra s'ajoutait également à l'équation.

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