Comme au bon vieux temps

« Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. » ► RIMBAUD

Depuis mon arrivée à la Nouvelle-Orléans, je n’avais pas vu le temps passer. Les journées s’enchaînaient et j’avais l’impression que c’était sans fin. J’étais tranquillement installée sur mon canapé en train de zapper les chaines de la télévision. Aucunes de mes trois colocataires n’étaient présentes aujourd’hui et je devais bien avouer que je ne savais pas trop quoi faire maintenant. Mes cours de la journée étaient terminés et la caserne m’avait donné un jour de repos à cause de ma maladie cardiaque. Je leur avais pourtant assuré que j’étais au meilleur de ma forme mais ils n’ont rien voulu savoir. Et me voilà maintenant enfermée à l’appartement et en train de m’ennuyer à mourir.

Je pris mon portable à l’arrache et fis défiler les différents numéros. Ce fut à ce moment-là que le prénom Elena me tapa dans l’œil. Elena… Cela faisait si longtemps que nous nous connaissions. Nous avions parcouru un long chemin ensemble à New-York avant que je m’envole pour Los Angeles. Ce fut avec le sourire aux lèvres que je décidai de lui envoyer un texto.

« Hey ma belle c’est Thaliou ! Ça te dirait qu’on se voit aujourd’hui ? Rendez-vous au parc dans une dizaine de minutes ? »

Une fois le sms envoyé, je me levai précipitamment et fis une dernière vérification dans la salle de bain. J’avais décidé d’attacher mes cheveux roux en un chignon. Je me remis une dernière couche de gloss et me voilà fin prête. J’enfilai manteau et chaussures et claquai la porte de mon appartement. Un beau soleil m’y attendait et je l’accueillis avec plaisir. Les rayons du soleil était des plus agréables et j’étais vraiment contente d’avoir pris l’initiative de lui envoyer un message. Elle m’avait beaucoup manqué et même si nous avions eu beaucoup de désaccord dans le passé, nous n’en étions pas moins restées amies.

Une dizaine de minutes plus tard, j’étais enfin arrivé à City Park. Je constatai qu’il n’y avait pas grand monde. Je nous trouvai un banc et commençai à l’attendre avec impatience.

Comme au bon vieux temps

« Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. » ► RIMBAUD

Je n’eus pas besoin d’attendre très longtemps avant de l’apercevoir. Mes yeux étaient rivés sur elle tandis qu’un sourire ravi pendait sur mes lèvres. Depuis toutes ces années, je remarquai qu’elle n’avait pas tellement changé. Elle était toujours aussi magnifique et j’étais vraiment contente d’avoir pris l’initiative de la recontacter. Malgré le fait qu’on se soit quittés en mauvais termes, j’avais toujours espéré qu’on se reparle à nouveau et qu’on rediscute. Dire que notre amitié s’était terminée à cause d’une stupide histoire de garçon ! Maintenant que j’y repensai, c’était vraiment puérile et enfant.

Lorsqu’elle fut à quelques centimètres de moi, je me penchai vers elle pour lui faire la bise. J’étais légèrement gênée, surtout par le fait que je ne savais pas trop comment me comporter vis-à-vis d’elle. La prendre dans mes bras après tout me semblait terriblement déplacé.

« Hey ! Tu vas bien ? Ça faisait longtemps dis donc commençai-je en l’invitant à s’asseoir sur le banc. Tu n’as pas trop changé Elena. »

Comme au bon vieux temps

« Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. » ► RIMBAUD

Pourquoi étais-je autant embarrassée en la voyant arriver ? C’était comme si j’avais l’impression que nous n’étions pas naturels. Comme si nous savions parfaitement comment notre amitié s’était terminée et qu’on s’amusait à jouer les hypocrites en tenant de faire table rase sur le passé. Je n’étais pas spécialement friande de cette sensation et je voulais éclaircir les choses rapidement entre elle et moi pour ne plus être gênée en la voyant. Après tout, nous étions très proches lorsque nous étions petites alors pourquoi ne pas tout recommencer depuis le début ?

« Je vais bien et toi ? Oui c'est clair, un bail même » « Je vais bien aussi merci. Un peu fatiguée mais j’ai l’habitude » répondis-je en riant doucement et en laissant porter mon regard vers l’horizon.

Comme nous nous l’étions faits remarquées, nous n’avions pas changé depuis la dernière fois. Peut-être était-ce une bonne chose ? Ou carrément le contraire. De toute façon, avec moi, il n’y avait pas trente-six mille solutions. C’était soit blanc, soit noir mais pas gris. Si le courant ne passait pas entre nous, je ne continuerai pas dans ce sens. Jouer les hypocrites était tout simplement impensable. Surtout avec Elena.

« J’avoue que lorsqu’on est perdus dans une foule, ça peut-être un avantage à être reconnue… Enfin bref, je vais être honnête avec toi Elena. Je suis plutôt gênée par la situation et j’aimerais vraiment qu’on mette les choses au clair toutes les deux… Enfin si tu veux bien évidemment ! »