En début d'après-midi, j'étais censé me rendre au New-Orléans Hospital. Ma jambe blessée au combat me faisait encore souffrir, il fallait laisser le temps agir selon les médecins même s'ils n'étaient pas certains que je puisse remarcher un jour. C'était ce qui anéantissais mes espoirs, si ma jambe ne se remettait pas, je ne pourrais plus combattre et je n'aurais plus de raison d'exister. Je servais mon pays depuis toujours, j'étais un véritable passionné et j'adorais m'occuper des autres, cela me donnait la sensation d'être plus forts, cela me paraissait tellement naturel. Mais depuis ce traumatisme, je me sentais vulnérable, à vrai dire je n'avais jamais était aussi faible, autant accablé par ce sentiment de culpabilité si profond que j'éprouvais. J'étais victime de nombreux cauchemars, je souffrais en silence tout simplement car me plaindre n'était pas mon genre, je préférais lancer des faux sourires et affronter mes propres démons, seul. Le médecin venait d'examiner ma jambe, s'était douloureux, je grimaçais sans geindre d'avantage. Après tout à quoi bon montrer ma douleur, cela ne la ferait pas disparaître et j'en avais conscience. Et cette douleur dans mon coeur ? Elle était indescriptible. Bien sur, j'aurais pu demander à June de m'accompagner mais je préférais l'éloigner de tout cela. Pourquoi ? Tout simplement car notre séparation était toujours d'actualité, je l'aimais toujours c'était certain, mais voir de la pitié dans ses yeux était une chose que je ne saurais supporter même si elle était aux petits soins avec moi.

Une fois l'examen terminé, le médecin se montra franc et direct avec moi. Il ne me cacha aucuns détails et précisa que j'allais devoir faire de la rééducation, que cela serait un long périple particulièrement douloureux. Il me conseillait de ne pas me renfermer sur moi même mais s'était plus simple à dire qu'à faire, j'en avais assez. Il me demanda d'attendre les résultats dans la salle d'attente. Je positiva de la tête et m'empara de mes béquilles, j'arriva dans la salle d'attente et pris place sur un siège. J'étais angoissé, me trouver dans ce lieu ne me rendait pas à l'aise au contraire, je détestais cet endroit. Je posa mes béquilles sur le côté et posa mes coudes sur mes genoux afin de me tenir la tête. Ces sombres pensées qui m'accaparées souvent revinrent, je pensais encore aux hommes qui étaient mort, ceux de mon unité, ceux que je considérais comme des frères d'armes et qui étaient morts au combat. Et moi ? Moi j'étais en vie. Je soupira longuement puis secoua la tête légèrement, il fallait que je prenne l'air, j'avais l'impression d'étouffer ici. Je pris mes béquilles et me leva avec difficulté. Je me sentais oppressé et le chemin de la salle d'attente jusqu'au hall me paraissait interminable. C'était pathétique, je détestais me sentir si vulnérable. Une fois dehors, j'inspira une grande bouffée d'air tentant ainsi de me détendre au maximum. Mais s'était peine perdue, je sentais mon coeur toujours sous pression, c'était même pire que cela. Je parti m'asseoir sur un banc, je remarqua alors une jeune fille qui semblait plutôt pensive. Une fille assez jolie mais ceci n'était qu'un détail, elle capta mon regard et je lui accorda un sourire en coin. - Salut... Murmurais-je alors à son égard, espérant ne pas la déranger.

Je supportais très mal de me trouver dans cet état, c'était même pire que cela. Je refusais sous n'importe quel prétexte l'aide qu'on voulait m'apporter, je refusais catégoriquement de montrer le moindre signe de faiblesse. Certains diraient que j'ai trop de fierté, peut-être mais j'étais comme ça, je n'aimais pas me plaindre, je préférais aider les autres, c'était ce qui faisait ma force depuis toujours tout simplement. La médecin fut direct avec moi et ne me cacha rien, je savais que remonter la pente serait particulièrement difficile mais je gardais espoir de pouvoir remarcher un jour, je le devais. Et pourtant ce n'était pas si évident. Je souriais à tout bout de champ, je cachais ma détresse car s'était tellement simple de faire comme ci tout allait bien, parfois je souhaitais y croire vraiment. Seulement ces images horribles qui me revenaient en tête chaque nuit me rappelait que plus rien ne serait comme avant. Je pensais souvent à tous ces éclats de rire avec June, de notre rencontre à notre mariage, ce fut les plus belles années de ma vie sans aucun doute. Et aujourd'hui je passais mon temps à la repousser sans oser aborder nos problèmes conjugaux, sans parvenir à lui ouvrir mon coeur comme autrefois. Je n'étais pas dupe, elle avait des sentiments pour cet autre, s'était sûrement ce qui compliquait les choses, s'était sûrement pour cela que j'avais tant de mal à lui parler ouvertement sans être froid, voir glacial. Cette situation me pesait, durant cette mission je n'avais attendu qu'une seule chose : le jour où je la retrouverais, ce jour où je pourrais lui dire ce que je ressens pour elle, mes regrets et lui demander de me pardonner. Désormais je n'y croyais plus vraiment, je ne croyais plus en rien.

J'étais parti prendre l'air aussi vite que possible, du moins aussi vite que mon état me le permettait. J'avais l'impression d'étouffer ici, j'allais finir par littéralement péter un câble. Une fois dehors, j'inspira longuement dans l'espoir de me sentir mieux mais s'était peine perdue, je me sentais toujours sous pression. Je me déplaça donc jusqu'à un banc situé non loin de moi, j'y pris place et constata qu'une jeune fille avait eu la même idée que moi. Une jeune fille incroyablement jolie, vraiment. Je me surprenais à le penser si fort, ces derniers temps courir après les filles ne me disaient pas grand chose, mais je l'avais remarqué, cette fameuse fille. Je ne savais pas si elle serait ouverte à la discussion mais je tenta ma chance en murmurant un simple salut. J'espérais ne pas la déranger tout simplement. Elle semblait assez pensive, je n'étais pas certain d'avoir eu raison de l'aborder ainsi. Mais finalement, elle capta mon regard, ses yeux d'un bleu océan étaient envoûtants. Elle me tendait gentiment un paquet de bonbons à la fraise et m'en proposa, précisant que ça lui redonnait le moral. Je lui offrir un sourire, le sien était à coupé le souffle. - Je ne suis pas aussi convaincu que toi mais je te remercie... Lui répondis-je doucement en m'emparant d'un bonbon. Je le porta à ma bouche alors que la jeune fille venait de poser sa tête sur ses genoux. Une légère brise venait de se lever, elle savourait ce moment et je l'enviais quelque part. Je me contentais de l'observer discrètement ne voulant pas insister par crainte de la mettre mal à l'aise, après tout on ne se connaissait pas. Après un court instant, elle tourna à nouveau la tête vers moi et se présenta en me tendant la main. Je m'empara de sa main doucement et lui accorda un nouveau sourire. - Enchanté Chay'... moi c'est Wesley mais on m'appelle souvent Wes'... Lui répondis-je gentiment. Je trouvais cette charmante inconnue plutôt sympathique, s'était agréable de me trouver en si bonne compagnie, sans crainte d'être juger ou même interroger sur mon état. Mon entourage s'inquiétait beaucoup pour moi certes, mais s'était pesant de sans arrêt devoir me justifier, affirmer que tout allait bien même si ce n'était pas tout à fait vrai. Chaya passa ensuite une mèche de cheveux derrière son oreille, je l'avais remarqué car à ce moment là je lui jeta un regard en coin. Elle raconta ensuite qu'elle avait déjà eu des béquilles, mais qu'elle n'était pas vraiment douée avec ça car elle était plutôt de nature maladroite. A mon avis, s'était sa façon d'engager la conversation, s'était particulièrement plaisant et j'appréciais. Son léger rire m'apaisa quelque peu, cela me faisait un bien monumental. - Je pense que c'est une question d'habitude... ça ne devait pas être si catastrophique quand même... Lui répondis-je amusé par sa remarque. - En tout cas tu m'as fais changé d'avis... tes bonbons m'aide beaucoup... Ajoutais-je ensuite avec un léger clin d'oeil. Puis je détourna mon regard du sien et regarda devant moi. Je me sentais étrangement mieux soudainement, du moins une infime partie en moi se sentais mieux. Le reste était toujours aussi douloureux mais parler avec Chaya était quelque part libérateur et je devais le reconnaître, j'avais envie d'en savoir d'avantage sur elle.