Après toutes les péripéties qui m'étaient arrivées, c'était comme si j'avais été incapable de remonter la pente. Je m'étais trouvée dans galère sur galère, et à chaque fois que je faisais un pas, c'était forcément de travers. J'avais fini par me louper devant ma mère en parlant des études, en parlant musique, plutôt que médecine. Il était grand temps qu'ils le sachent, de toute façon, non ? Si l'avis de mon père m'inquiétait désormais très peu, je craignais toujours le courroux de ma mère, quand bien même elle logeait à la colocation que Sunee et moi avions, au moment où elle avait appris la vérité. Et concernant le groupe, je m'en étais désintéressée, et, de loin, j'avais eu une impression de fin, comme si la séparation ne saurait tarder. Et pourtant, heureusement, chacun avait été là pour soutenir le choc là où moi je n'avais su qu'être absente. Et apparemment, ils ne m'en avaient pas trop tenu rigueur. Ce pour quoi je leur étais plus que reconnaissante.
Ils ne s'en rendaient peut-être pas compte, mais je leur devais plus que ce qu'ils ne pourraient se l'imaginer.

Mais c'était devenu évident à mesure que j'avais du lâcher les rennes du groupes. La maniaque du contrôle en moi avait du laisser la place à la Sara incapable de faire vraiment face, et qui avait désespéramment besoin de l'aide de ses compagnons.
Et j'avais bien fait. Parce que je ne savais pas lequel d'entre eux avait été à l'origine de l'initiative de déposer une de nos chansons originales à la radio. Après quelques jours, ça avait porté ses fruits, puisque sur le mail du groupe, on venait de recevoir un message comme quoi elle passerait dans la journée. Wow, ils avaient fait fort. J'arrivais à toute vitesse au point de rendez-vous habituel, dans notre garage à musique, et en voyant la porte déjà ouverte, je déboulais comme une folle, jusqu'à voir Mathieux déjà présent. Maaaaaat ! t'as regardé les mails ? demandais-je, en sautillant sur place, comme une puce surexcitée.