(Gemma) ❀ Run, baby run

Invité

Il était rare de te voir loin de la salle de sport. Avec le temps c'était devenue ta seconde maison, tu y passais beaucoup de temps même si tu ne le confiais pas à Jake. Tu préférais qu'il l'ignore, tu ne voulais pas le blesser en lui disant que tu pratiquais encore régulièrement la passion qui vous avait uni alors que lui ne pouvait plus. En lui disant, tu avais le sentiment que tu allais lui faire du mal gratuitement et dans ce cas, tu te disais qu'un secret n'était pas grave. De toute manière, tu avais beau te persuadé du contraire, tu savais que lui aussi avait ses secrets et tu espérais que comme toi, un jour, il trouverait le courage de t'en parler. Mais en voyant le soleil ce matin, l'idée de t'enfermer dans la salle te brisait le coeur. Après plus de six ans dans les mêmes murs, tu sentais de plus en plus l'overdose arriver. Tu n'étais pas faite pour l'intérieur, pas faite pour l'ambiance qui règne souvent dans la salle de sport. Tu n'en fais pas par envie d'être belle ou par besoin de te comparer, c'est simplement quelque chose qui te permet de te dépenser, de vider ton sac et de reprendre ton souffle. Alors plutôt que de faire une nouvelle fois le mur d'escalade que tu connais par coeur, tu décides de courir. De courir à l'extérieur, de voir un véritable paysage défiler même si en réalité, tu te perds dans tes pensées bien plus vite que tu ne le devrais. Tes pieds te guident sur le chemin et ta tête est déjà loin quand tes yeux l'a voient. Tu vois au loin une demoiselle que tu connais plutôt bien avec les années. L'une des rares amies que tu avais réussis à te faire dans la salle de sport, peut-être parce qu'elle avait remarqué que tu n'étais pas une menace et que tu ne risquais pas de leur piquer Sergio le prof de yoga. Ou alors simplement parce que dans ce genre de salle, on y trouvait aussi des passionnées de sport normaux. Tu t'approches d'elle et tu lui souris. « Salut, qu'est-ce que tu fais ici de bon matin ? » Tu jettes un coup d'oeil sur la montre à ton téléphone accroché sur ton bras et tu réalises que l'heure avait tourné bien plus vite que tu l'avais espéré.

« Je regrette, Mademoiselle Carpenter, mais c'est bel et bien foulé. Du coup, je vous déconseille très fortement la pratique de tout sport, pendant trois mois, histoire de ne pas aggraver la situation.» Elle le regardais avant de hausser un sourcil. Savait-il au moins que le soccer se pratiquait avec les pieds, et non le poignet ? N'étant pas gardienne de but, elle n'avait aucune nécessiter à utiliser ses bras : mieux, cela l'empêcherait de commettre des fautes en touchant la balle de ses mains. La souffrance la ferait très certainement reculer ses mains, pour ne pas être accentuée par un coup. Elle savait parfaitement qu'il disait cela pour son bien, mais c'était une des raisons pour lesquelles elle aurait préféré aller voir un médecin du sport, et non pas un simple généraliste aux urgences. Elle était tombée après avoir fait une partie d'escalade avec deux de ses coéquipières. Et c'était la seule raison pour laquelle dans cette chute, elle se trouvait chanceuse : ses jambes allaient à merveille. Et si ses parents s'étaient permis de lui faire des reproches sur ses joggings matinaux, malgré les avertissements du docteur, elle n'allait certainement pas s'arrêter.

Une semaine après la visite chez le docteur, elle avait tout simplement continué son train de vie, Gemma. Parce qu'elle aimait trop le sport, qu'elle voulait, et avait besoin de conserver la même santé physique pour pourvoir pratiquer son sport, le soccer, qui était aussi son métier. Alors tant pis pour ce qu'en dirait le docteur. Elle pouvait se passer de sa main en attelle pour courir, non ? Et puis, elle sentait déjà sa main aller de mieux en mieux. Après tout, sa main droite n'était pas celle qu'elle utilisait le plus. Et puis, Gemma était bien trop têtue pour laisser un docteur guider de sa vie. Même si ça avait été la cheville, elle aurait peut-être duré un mois sans courir, sans pratiquer ? Et après, quoi ? Elle en aurait eu bien assez de rester assise, appuyée sur des béquilles. Alors elle aurait fini par très certainement aggraver sa situation, mais par rejoindre ses teamates pour jouer. Ou au moins pour les entrainements. Histoire de ne pas perdre la main. Ou plutôt le jeu de jambes, en l'occurrence.

Alors, quand bien même ça avait été difficile, elle s'était attaché les cheveux, avait enlevé l'écharpe qui immobilisait son bras, comme tous les matins, et était partie, écouteurs sur les oreilles. Ca lui faisait du bien de sentir le soleil qui lui réchauffait doucement chaque grain de peau. Elle avait l'impression qu'il l'encourageait à accélérer et tenir le rythme de sa course. Puis, elle prit une pause après un long moment de sprint, pour reprendre son souffle. Et observer l'environnement qui l'entourait, qui la surplombait et parfois l'étouffait. Sauf que ce matin-là, c'était surtout la beauté de l'endroit qui la rendait presque perplexe. Était-ce la première fois qu'elle passait par là ? En tout cas, elle avait l'impression de ne jamais avoir observé ces arbres, cette route, et la couleur de ces maisons. Peut-être qu'elle était enfin devenue sensible à ce qui l'entourait ? Quoi qu'il en était, elle allait se remettre en route quand elle aperçut Kamille, une de ses amies de la salle de sport. Coïncidence de la retrouver à si longue distance de l'endroit ce jour-là, à courir également. Gemma lui sourit gentiment. Elle aimait bien Kamille, et son histoire l'émouvait.
« Hé Salut ! » Commençait-elle, avant de reprendre. « Bah écoute, il faisait trop beau pour aller à la salle, et j'avais besoin de me changer les idées.. Je vois que t'as eu la même idée.» rit-elle en montrant les vêtements de son amie, habillée comme à la salle. Au fond, elle était contente de la voir, quand bien même elle ne savait pas si elle se serait remise à courir pour la journée.

Invité

@Gemma Carpenter

Ses deux dernières années, tu t'étais découverte des talents dans l'art de mentir et tu devais bien avouer que tu n'en étais pas fière. Tu es le genre de femme qui culpabilisait de ses mensonges, le genre de personne qui croyait ne pas savoir mentir. Pourtant aujourd'hui, elle mentait à la perfection à l'homme qu'elle aimait. A la personne à qui elle tient le plus dans cette ville et elle doit l'avouer, cela l'a ronge. Autant de mentir que de savoir qu'elle est capable de le faire et de s'endormir sur ses deux oreilles le soir. Elle ne voulait pas que cela devienne une routine entre eux, mais elle le sentait secret et elle avait au fond d'elle cette petite voix qui lui disait que parler s'était remué le couteau dans une plaie pas encore cicatrisé. Que parler c'était le blesser alors elle mentait, le plus souvent par omission. Dès que tes pas de marche s'étaient transformés en pas de course, ton esprit s'était évadé. Beaucoup disent que courir leur permet de réfléchir en ce vidant l'esprit, que cela permet d'oublier les problèmes. Pas toi. Toi c'est tout le contraire, ton esprit cherche des solutions à des problèmes qui te hantent depuis des années en vain. Pourtant, tu aimes ta vision de tout cela quand tu cours. Tu as le sentiment que ton esprit est plus libre, plus ouvert, plus lucide. Souvent quand tu as fini, tu ignores si c'est ton corps ou ta tête qui est le plus épuisé, tu te sens vide, légère. Et même si ce n'est que temporaire, tu aimes ses moments-là. Aujourd'hui, tu courrais en essayant d'être prudente, contrairement au tapis de la salle, il fallait que tu prêtes attentions au monde qui t'entourent. Même si tu ne craignais pas les voitures dans le parc, il restait de nombreux obstacles, les poussettes, mais surtout les vélos. Tu ne comprendrais jamais comme ils peuvent aussi peu respecté le monde qui les entourent. C'était en analysant le décor autour de toi que tu avais aperçu un visage familier et tu n'avais pas pu retenir en sourire en l'a voyant. C'était surprenant de la voir ici, enfin pour toi. Parce que tu ne sors presque jamais pour courir, tu courais sur ton tapis habituellement, mais plus le temps passait et moins tu te contentais de te limiter à la salle. Naturellement, tu t'étais approché d'elle pour lui parler. « En effet, j'étais partie pour la salle et puis, je ne sais pas si c'est le soleil ou la beauté du parc mais je me suis retrouvée ici » Tu lui offres un sourire amusé. Si ta présence dans ce parc te surprend, cela ne semble pourtant pas surprendre les gens que tu croises et encore moi Gemma qui te connait pourtant assez bien. Rapidement, tu remarques son poignet et cela te surprend, tu n'avais pas le souvenir qu'une blessure mais il faut dire que vous ne vous étiez pas vu depuis presque quinze jours maintenant. « Tu t'es blessé ? Ce n'est pas trop grave j'espère ? » Tu étais de nature assez curieuse c'est vrai mais tu posais surtout la question parce que tu connaissais le métier de ton amie et le handicap qu'une blessure pouvait représenter. Même si elle n'utilisait pas réellement son poignet, lors d'un match, elle n'était pas à l'abri d'une bousculade qui pourrait empirer la situation, d'une chute ou d'un attroupement en cas de but. Si le soccer était connu pour être un sport d'homme, les femmes n'étaient pas forcément plus douce, enfin pas toutes.

Trop têtue pour accepter la réalité qui s'offrait à elle, Gemma avait décidé de ne pas se laisser aller sans aucune pratique du sport. Laisser ses muscles se refroidir, le gras s'installer, et ne pas être en parfaite condition physique pour pouvoir reprendre le sport plus tard ? HORS DE QUESTION. Ce n'était pas quelque chose de grave qu'elle avait, et elle aimait le sport. Plus comme un plaisir qu'autre chose. Alors oui, bouger son poignet au rythmes des battements de jambes, ça lui faisait un mal de chien par moment, et elle réalisait plutôt facilement que pendant cette toute petite blessure, elle allait certainement devoir lever le pied. Mais elle supportait la douleur pour ne pas avoir l'impression d'abandonner sa passion. Comme à ses yeux, ça n'était pas nécessaire, c'était juste hors de question.

Et puis, comment résister à une si belle journée, ensoleillée, avec les fleurs qui disaient bonjours, et les couleurs qui faisaient déborder les yeux ? Elle, elle en était incapable. Amoureuse de la nature, elle s'en serait voulu comme jamais d'avoir raté les magnifiques floraisons qu'elle ratait généralement en allant à la salle. Oui, elle aurait pu ne faire que marcher. Mais c'était tellement mieux de courir. Et surtout, elle pouvait voir tellement plus en allant plus vite. Elle était comme ça, Gemma. A faire des plans sur un coup de tête. Et se ficher complétement des conséquences sur elle-même. De toute façon, depuis toute petite, faire du sport, c'était sa bouffée d'oxygène. Ce qui l'empêchait de devenir comme ces reines des abeilles qu'on voyait si souvent dans les séries. Elle n'était pas B. Waldorf, et pour elle, c'était uniquement grâce au sport. Parce qu'il la contenait. Il contenait ses frustrations, ses erreurs, ses craintes et ses colères. Et heureusement, parce que, même elle le savait, sans ça, elle serait certainement quelqu'un d'horrible.

Rencontrer Kamille l'avait faite sourire. Parce que voir un visage familier ça lui faisait du bien. Et puis, elle appréciait également de voir que d'autres aimaient prendre le grand air, quand bien même c'était pour faire du sport. D'ailleurs, toute Gemma qu'elle était, elle ne s'était pas gênée pour faire remarquer la chose à Kamille. Et c'était encore plus du genre à la faire sourire. « Certainement la beauté du parc accompagnée du beau temps ! » annonçait-elle, ravie. Comme s'il y avait quelque chose de fantastique à annoncer ça. Mais ce qui était vraiment magnifique pour elle, c'était qu'il faisait beau, et qu'il était désormais temps de profiter. Attelle ou non.
Presque comme un réflexe, elle baissa sa main, tentant de cacher ce qui annonçait forcément une blessure. Mais c'était inutile, elle l'avait vu, et c'était un geste très enfantin, qu'elle n'assumerait pas de la sorte. Elle haussa les épaules, histoire de minimiser tout ça. « C'est trois fois rien. Je me suis fait un peu mal en faisant de l'escalade. » Elle sourit, et cette fois-ci, remonta son poignet avant de le rabaisser et de le cacher derrière son dos. « Mais vraiment, rien de bien grave. » Autant ne pas alarmer ce qui n'était pas nécessaire, n'est-ce pas ? Et on se fiche du risque de prendre un coup de ballon dans la main, surtout.

Très vite, elle changea de sujet, histoire de ne pas s'arrêter mille ans. La dernière fois, Kamille lui avait confié que ça n'allait pas trop chez elle. Elle avait saisi une partie de la situation, mais n'avait pas osé en poser trop de questions. Alors, elle tenta tout de même une approche, en essayant de marcher sur des oeufs. « Ca va, toi ? Enfin, ça va mieux, ça se passe mieux chez toi ? » Peut-être était-ce une erreur d'avoir amené le sujet sur la table... Et aussitôt, elle l'avait regretté.

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(Gemma) ❀ Run, baby run

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