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Allongée sur une serviette près du lac, tu profites du soleil. Tes lunettes vissées sur ton nez, écouteurs dans les oreilles, tu es bien contente que la chaleur soit revenue à la Nouvelle-Orléans. Tu prends l'air et tu profites. Ton sourire est aussi viscéralement collé à ton visage que le sont tes lunettes à ton nez. Tout est bien. Il a fallu que tout aille mal dans ta vie pour que tout aille enfin bien. Le vide de ta vie a été comblé par ce qu'il t'avait toujours manqué : une soeur. Cette soeur que tu as cherchée si longtemps sans savoir qu'elle était ta soeur, cette soeur dont l'absence formait inconsciemment un trou, un néant dans ta poitrine. Dans ton coeur. Une place à prendre. Et désormais, il y a aussi Mathieux. Tu tournes ta tête vers lui. Bien sûr, il est là avec toi. Tu aurais presque envie de ressortir ton cahier de musique pour noter, pour partager ce que vous savez le mieux partager tous les deux. Mais tu l'as tané pour que vous soyez au soleil, à l'extérieur, loin des salles fermées, loin de vos groupes de paroles, loin des bureaux de psychiatrie. Loin de tout ce qui fait de vous des illuminés aux yeux de bien des gens.
Tu es à l'extérieur assis sur une serviette prenant le soleil. Vous ne faites rien, vous êtes juste ensemble et cela vous suffit. Tu ne supportes pas être là à rien faire. Mais pour ta Blanche, tu serais capable de tout. Tu te surprends à aimer faire des choses qu'auparavant, tu avais horreur. Tu te surprends à aimer la vie. Elle t'avait demandé si il était possible de prendre l'air. De faire quelques choses de différents et devant ses beaux yeux noisette, tu fus incapable de lui dire non. Tu es faible fasse aux femmes de ta vie. Ta soeur elle aussi, c'est quand même obtenir ce qu'elle souhaite de toi. Mais peu importe, c'est ainsi que tu es fait. Les gens qui t'aiment ne veulent pas te changer. Tu portes un affreux tee-shirt que Blanche t'a acheté. Dessus, il y a écrit un truc qu'il lui fait un petit compliment. ça lui avait fait sourire et tu avais fini par l'apprécier, car elle, l'aimait. Il faut dire que tu as perdu goût à tout. Il faut dire que tu ne vois plus l'intérêt aux choses simple de la vie. Il t'arrive d'être triste, de regretter l'époque ou tu voyais le monde comme n'importe quel adolescent. Puis tu te souviens des mots de ton père, de la violence et tu te demandes pourquoi tu es encore de ce monde. Puis tu baisses la tête vers la délicieuse Blanche et tu te dis que sans elle, les choses seraient bien différentes. "Tu es bien ? Tu veux quelques choses ?" Tu vois au loin un marchant de smoothie et tu veux bien en chercher un pour ton amie.
Ta peau blanche est toujours une excuse pour prendre le soleil. Tu sais que Mathieux n'est pas du genre à ne rien faire de la journée, et tu ne comptes pas cuire comme une saucisse sur le barbecue, le teint écrevisse ça ne te convient pas tout à fait. Tu es prête à faire ce qu'il a envie de faire ensuite, même si tu ne serais pas contre le fait de t'avancer un peu plus vers le lac pour piquer une tête, tu ne veux rien lui imposer non plus.
Le lac est animé, mais sans plus, et tu aimes ça. Il n'y a pas foule, mais vous trouvez de quoi vous occuper l'esprit, de quoi passer un bon moment. Et surtout, le peu de monde dans le lac qui se baigne te donne encore plus envie d'en profiter : des eaux calmes et propres, sans enfants pour t'arroser quand tu n'en veux pas.
- Tout va bien... mais je serai pas contre l'idée de se rafraîchir un peu, avec cette chaleur. Sans comprendre le quiproquo qui pourrait s'installer, tu lui fais un grand sourire. Tu es bien depuis que tu le connais, tout est simple. Et tu apprécies chaque instant tous les deux.
Tu trouves cela tellement étrange d'être si bien avec une personne. Jamais ô grand jamais tu n'aurais cru avoir la chance de connaitre ce sentiment. Avec Blanche, vous n'êtes qu'une seule personne. Elle te comprend mieux que personnes et elle sait lire en toi comme dans un livre ouvert. Tu n'aimes pas être au soleil. Tu n'aimes pas grands choses, ta soeur dit que tu es grincheux. Un des plus célèbres nain de blanche neige. Tu boudes tout le monde et rien n'est assez bien. En réalité c'est toi que tu ne trouves pas assez bien. Il n'y a que quand tu joues de ta musique que tu es bien. Derrière ton synthé tu te sens revivre, tu te sens heureux. Ce n'est pas tout à fait juste, tu es bien aussi avec Blanche, mais ça tu le gardes pour toi. Tu évites de sourire bêtement, tu ne voudrais pas casser la bonne ambiance qu'il y a entre vous. Elle te fait comprendre qu'elle voudrait se raffraichir. "Est bien, il y a un lac, fait-toi plaisir!" Tu sais qu'elle sous-entend d'y aller avec toi. Mais tu n'aimes évidemment pas ça. Mais pour elle tu pourrais faire cet effort. Un effort parmi nous tans d'autre. Car, depuis que tu connais la demoiselle, tu oses vivre, tu oses être heureux.
Il ne se plaint pas de ce temps passé au soleil, et tu en es parfaitement ravie. Tu as conscience que tu lui imposes beaucoup, mais tu le fais aussi pour passer du temps à autre chose qu'à parler de vos vies de merde, de vos exploits terrifiants pour mettre fin à vos jours. L'idée de sortir de tout ça, de faire autre chose pour vous occuper l'esprit ou ne pas parler du pire, ça ne te déplaît pas du tout. Et tu es certaine que, même si sa présence te fait le plus grand bien, c'est plus ou moins pareil pour lui : ne pas parler de ce qui ne va pas, parfois, ce n'est pas plus mal.
Tu prends tes yeux de poisson frit, ou encore de bichon apeuré. Tu ne t'attendais pas à ce qu'il te propose aussi vite d'aller te baigner, mais tu as bien compris ce qu'il sous-entend dans ces vagues paroles. Va te baigner seule, Blanche. Ca aussi, tu t'es doutée qu'il n'était pas trop fan.
- Tu viendrais avec moi ? Ton chantage aux yeux doux, tu espères sincèrement qu'il va fonctionner. Tu adores passer des moments précieux avec Mathieux, même si tu sais qu'il fait parfois en sorte de te laisser les vivre seule, tu vois les efforts qu'il fait pour que vous vous amusiez. Mais s'il te dit non, tu as des tonnes d'idées pour le lui faire regretter.
Tu n'as pas la moindre envie de la suivre dans l'eau, mais quand elle te regarde avec ses yeux là, tu n'oses rien lui refuser. Tu baisses les yeux facent à sa beauté, tu ravales ta salive et tu finis par soulever tes épaules. "Si cela te fait plaisir." Tu souffles, tu n'aimes pas te baigner, car tu n'aimes pas te mettre en maillot. Ton corps remplit des coups de ton bourreau, les cicatrices encore fraiches de ton suicide et les regards des gens à ton égard, ce que tu ne supportes pas. Tu n'aimes pas attirer l'attention.
Alors, pour faire plaisir à Blanche, tu prends une grande respiration et tu enlèves ton tee-shirt afin de rester en short de bain. Tu souris à ton amie "Allons-y, le plus vite possible" Tu cours en lui prenant par la main après avoir attendu qu'elles se mettent elle-même en maillot. Vous courez dans l'eau comme deux enfants que vous pouvez être encore. Et vous plongez la tête la première. Tu regardes avec insistance Blanche si belle, alors que ses cheveux dégoulinent d'eau. Ton coeur devient chaud quand tu vois le doux et beau sourire sur le visage de ton amie.
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