(c) nightgaunt

C'est la mère Rosa qui a perdu son chat

Rosa & Will

☾☾ Quand Will ouvre les yeux, il est brièvement désorienté. Le lit dans lequel il se réveille n’est pas le sien, les vêtements qu’il porte non plus. Le mal de tête frappe au premier coup d’oeil vers la fenêtre d’où filtre la violente lumière du jour et il lui faut quelques secondes pour se souvenir qu’il a passé la nuit chez Jasper après qu’ils aient vidé une bouteille de vin dans le salon du jeune homme. Jasper… Une drôle de grimace s’installe sur le visage de l’ingénieur alors qu’il regarde la chambre tout autour de lui. Ce n’est pas la première fois qu’il vient ici et pourtant, les deux hommes ne se sont rencontrés que récemment. Cette relation démarre d’une façon particulièrement nouvelle pour Will et il n’est pas encore tout à fait sûr de ce qu’il compte en faire. Ils n’ont même pas encore couché ensemble, ont à peine échangé un baiser. Jasper est différent, plus jeune que tous les hommes que Will a fréquenté jusqu’à maintenant, plus jeune que lui-même d’ailleurs. C’est un étudiant en biologie à Tulane. C’est un garçon timide et fleur bleue qui veut prendre son temps. C’est une vraie bouffée d’air frais après le désastre Aiden.

Doucement, le jeune homme sort du lit et de la chambre, retrouvant la pièce à vivre dans le même état que la veille, à un détail près : sur le frigo, un post-it jaune indique à Will que l’étudiant a dû partir tôt, mais qu’il laisse l’ingénieur rester aussi longtemps qu’il le veut. Il lui indique où est rangé le café et où trouver des serviettes de toilette propres. C’est attentionné, adorable. Terriblement perturbant. Il tire sur le débardeur noir légèrement trop ajusté que lui a prêté le jeune homme, avec le jogging un peu trop court qui va avec, et se met à la préparation du café. Le temps que la machine fasse son travail, il ouvre la fenêtre donnant sur le balcon dans l’espoir d’obtenir un peu d’air. La chaleur humide de la Louisiane commence à l’irriter sérieusement. Il tourne sur lui-même et observe : la décoration aléatoire de l’appartement, les meubles disparates dont la plupart semblent usés et vieux, le manque de soin apporté au ménage des lieux qui rendrait folle sa femme de ménage...Et soudainement, il réalise… C’est la première fois qu’il est seul ici. Le café est oublié en un claquement de doigt, alors que Will se met à fouiller l’appartement de fond en comble, ouvrant chaque tiroir, chaque porte qui passe sous ses yeux.

Il est en pleine fouille quand un miaulement le fait sursauter. Au milieu de la pièce se trouve un chat définitivement obèse qui accourt pour se frotter aux jambes de Will. Ce dernier se penche pour lui gratter la tête doucement. “Salut, toi ! Je ne savais pas que Jasper avait un chat…” lance-t-il à l’animal. “Comment tu t’appelles, mon grand ?” Il n’a jamais su résister à ces petites bêtes et même si celui-là pourrait le tuer en se couchant sur sa poitrine, il ne peut s’empêcher de le trouver adorable. Malheureusement, les présentations sont écourtées par des coups à la porte d’entrée. Will va ouvrir aussi naturellement que s’il était chez lui et fronce les sourcils quand la jeune femme de l’autre côté le salut avec trop d’enthousiasme et de chaleur. Il l’observe sans rien dire jusqu’à la fin de sa petite tirade de présentations et quelques secondes encore après ça, l’air effaré et perdu bien visible sur son visage. Peut-être que le chat n’est pas à Jasper, finalement. Dommage. Toujours est-il que cette fille parle trop et qu’elle est de trop bonne humeur pour un Will qui n’a pas encore bu son café. À l’issue d’un silence un peu gênant, il retrouve quand même ses esprits. “Ton chat s’appelle Jim Morrison ?” demande-t-il, incrédule. Il n’a pas le temps de s’intéresser à la réponse qu’un bruit de casse se fait entendre derrière lui et il se retourne à la vitesse de l’éclair. La tasse qu’il avait sorti pour son café est en mille morceaux sur le sol et sur le comptoir où elle reposait jusqu’alors se trouve le fameux Jim Morrison, tout occupé à lécher sagement les tranches de bacon que Will comptait se faire cuire en guise de petit-déjeuner. “Putain !” grogne-t-il en s’empressant de rejoindre l’animal dans l’espoir de limiter les dégâts. Il laisse la porte grande ouverte et la voisine sur le palier comme s’il l’avait tout simplement oublié. “C’était mon petit-déjeuner, ça !” continue-t-il de gronder l’animal qui a déjà sauté au sol pour lui échapper. “Je te conseille de le retrouver avant moi si tu ne veux pas qu’il finisse comme son homonyme.” menace-t-il en jetant un regard à la jeune femme par dessus son épaule. Une bestiole de cette taille, ça ne peut pas se cacher très bien, pas vrai ?

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Rosa & Will

☾☾ Malgré les menaces qu’il vient de proférer à l’encontre de l’animal, Will ne se précipite pas pour le chercher. Le rappel qu’il s’agit du vrai Jim Morrison et pas d’un simple homonyme suffit à lui faire dire deux choses : il a urgemment besoin d’une tasse de café et cette gonzesse, qui qu’elle soit, est complètement allumée. Heureusement pour lui, il ne s’agit ni de son chat, ni de sa voisine, ni même de son appartement, aussi laisse-t-il la jeune femme chercher toute seule tandis que lui sort une nouvelle tasse pour se servir un peu de café. Il s’appuie contre le comptoir et, les yeux clos, déguste quelques gorgées du liquide brûlant en savourant le fait qu’il sera bientôt d’attaque pour une longue journée. Son plaisir est légèrement gâché par un éternuement qui lui fait rouvrir les yeux immédiatement et trouver la folle aux chats à quatre pattes sur le tapis du salon. Il est plutôt d’accord avec elle sur le principe : cet appartement mériterait un bon coup d’aspirateur. Peut-être qu’il peut demander à Isabella de passer par ici après avoir terminé chez lui ? “Je suis bien d’accord avec toi,” lâche-t-il tandis qu’il réfléchit sérieusement à cette possibilité. Pas sûr que sa femme de ménage apprécie, mais s’il lui offre une petite augmentation pour aller avec ? “Malheureusement, ce n’est pas mon appartement, donc pas mon problème.” conclue-t-il et c’est comme une révélation de le dire à voix haute. Pourquoi est-ce qu’il demanderait à sa femme de ménage de nettoyer chez un mec qu’il connaît depuis une semaine et qui ne veut même pas coucher ? Le manque de caféine lui fait définitivement perdre la tête. “Mais je crois avoir vu un balai dans le placard en fouillant, tout à l’heure. Si tu veux t’en occuper, je suppose que ça ne dérangera personne.” propose-t-il, de cette façon tellement nonchalante et affable qu’on a vraiment l’impression, l’espace d’une seconde, qu’il propose cela par pure gentillesse. Impression qui se dissipe hélas très vite.

“Alors, dis-moi…” reprend-il assez naturellement, comme si l’histoire du balai était depuis longtemps oubliée pour lui, “tu as déjà entendu ton chat pousser la chansonnette ou c’est sa ressemblance frappante avec Jim Morrison qui te fait croire que c’est sa réincarnation ?” Ce n’est pas tant que cette information a la moindre importance pour lui, mais il se demande quand même sérieusement s’il doit s’inquiéter pour sa sécurité. Ce serait vraiment dommage de mourir assassiné par la lunatique de l’immeuble juste à cause d’un animal de compagnie voleur de bacon… Si une telle chose devait arriver, il espère sincèrement que son grand-père s’arrangera pour qu’on raconte une histoire épique sur les circonstances de son meurtre plutôt que la vérité. Un petit conte dans lequel il aura le rôle du héros malchanceux malgré son évidente valeur. “Tu connais Jasper ?” demande-t-il tout à coup, alors qu’il pose sa tasse vide sur le comptoir et s’avance de quelques pas vers la jeune femme. “Le mec qui habite ici ?” Il n’a pas appris grand chose pendant son inspection de l’appartement, mais peut-être qu’une voisine attentive peut lui donner quelques précieuses informations ! “Tu sais s’il reçoit souvent de la visite ou s’il est du genre à découcher régulièrement ? Quel genre de musique il écoute, des trucs comme ça ?” Finalement, peut-être que c’est lui, le fou de l’immeuble… Enfin, du moment qu’elle n’appelle pas les flics, il veut bien passer pour ce qu’elle veut.

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Rosa & Will

☾☾ Bien sûr qu’elle ne veut pas faire le ménage… La gentillesse et l’altruisme se perdent de nos jours. C’est un peu triste pour l’avenir de l’humanité, mais ça ne suffit pas à révolter Will plus que ça. Tant pis pour Jasper ! Lui, il se pose des questions bien plus importantes que de savoir quand quelqu’un a passé l’aspirateur ici pour la dernière fois ou qui va ramasser la tasse de café que le chat a envoyé valser. Non, il ne se demande pas non plus où est passé ce fichu chat, d’ailleurs. Il observe distraitement la jeune femme évoluer dans l’appartement de son voisin comme si elle était chez elle, tandis qu’il règle dans sa tête la question de ce qu’on écrira de son meurtre. Dès qu’il est satisfait et que la voisine en a fini avec son post-it - auquel Will jette tout de même un regard perplexe - il s’attaque aux choses sérieuses : qui est donc ce charmant garçon dont il planifie de tomber amoureux dans les prochaines semaines ? D’aucun dirait que ce n’est pas le genre de chose qu’on peut planifier. Will leur répondrait simplement qu’il peut faire absolument tout ce qu’il veut. Ça n’est pas vrai, d’accord, mais tout le monde s’en fiche de toute façon.

Il est malheureusement déçu du peu d’information qu’il parvient à tirer de la voisine. Il ne s’en cache pas, étirant une moue un peu boudeuse quand elle lui conseille plutôt d’aller faire passer son interrogatoire à la commère de l’immeuble. “J’y passerais peut-être en partant.” concède-t-il tout de même, envisageant un instant la question. Il pourrait aussi avoir la patience d’apprendre à connaître Jasper tout seul, mais… Il se montre déjà très patient avec l’étudiant. Il est ramené à la réalité par une question qu’il trouve somme toute très bonne et Dieu sait qu’il adore quand on lui pose les bonnes questions. Il n’a qu’un seul petit regret… “Tu viens de me surprendre à ouvrir la porte d’un appartement qui n’est pas le mien, te le dire en te regardant droit dans les yeux, et me dévoiler tout ce que tu sais de ce type… Et tu réalises seulement maintenant qu’il y a un petit problème ?” demande-t-il, amusé. Il n’y a qu’à regarder autour d’eux pour voir que Will a fouillé. Quoique vu comme le propriétaire des lieux ne semble pas très soigné, il veut bien excuser la jeune femme de ne pas avoir repéré ça tout de suite. “Je ne suis pas un voleur.” la rassure-t-il tout de même, avant d’ajouter : “Mais c’est ce que je dirais même si j’en étais un, n’est-ce pas ?” Il ne peut s’empêcher de sourire, pas comme s’il se moquait d’elle, bien qu’on pourrait se poser la question, mais plutôt comment s’il se moquait avec elle. “Je m’appelle Will. Je suis chercheur à l’université où étudie Jasper. On s’est rencontré le week-end dernier à un petit festival organisé sur le campus, il tenait le stand de l’association LGBT de la fac. On sort ensemble.” explique-t-il, fronçant les sourcils sur la fin. “Je crois. Je n’en sais rien. Il m’a laissé entrer chez lui, en tout cas. Mais seulement chez lui...” Il ne cache pas son petit air résigné, déçu, se fichant totalement de la possibilité qu’il puisse mettre la jeune femme mal à l’aise.

“Le jeans sur le canapé,” reprend-t-il naturellement, “c’est le mien. Mon permis de conduire est dans le portefeuille dans la poche avant, avec mon badge d’accès au labo de la fac, si tu veux vérifier mes propos.” Il est presque sûr qu’elle n’en fera rien, alors il soutient son regard comme s’il la défiait d’y aller, de lui montrer qu’elle ne lui fait pas confiance. “Mon téléphone doit être avec, si tu veux quand même appeler les flics.” Un autre sourire se dessine sur ses lèvres, il croise les bras sur sa poitrine et il attend un peu. “Comment tu as dit que tu t’appelais, déjà ?”

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Rosa & Will

☾☾ La confiance est visiblement un concept très fluide chez cette femme, car à peine affirme-t-elle à Will qu’elle lui fait confiance, qu’elle s’en va quand même fouiller dans son portefeuille pour vérifier qu’il ne lui ment pas. Ou bien juste pour se moquer de lui, le doute est permis. Il étire une petite grimace à ses mots, pas très heureux qu’on se fiche aussi ouvertement de sa tête, même si, en toute bonne foi il doit lui accorder raison sur ce point. La bonne foi n’est, hélas, pas l’une de ses qualités principales. “Tout le monde a une tête de con sur la photo de son permis,” souffle-t-il, parvenant difficilement à cacher son ton blessé, “c’est une loi immuable de l’Univers.” Il lui jette un petit regard en coin, mais se force à décroiser les bras pour avoir un peu moins l’air d’un enfant vexé. “Montre-moi la tienne, on verra si je n’ai pas de raisons de me moquer de toi aussi !” Après quoi, il s’approche pour lui arracher le permis des mains, pour le cacher dans son poing, loin de son regard inquisiteur et pas du tout objectif. Le coeur de Will balance étrangement pour cette fille, incapable de décider s’il l’apprécie ou non. Il est plutôt d’humeur à lui laisser une chance, cela dit. Se faire de nouveaux amis, c’est l’un des premiers points sur sa liste de bonnes résolutions de l’été. Il a réussi à se défaire de ses relations toxiques - ok il n’a pas appelé Aiden depuis seulement une semaine, mais c’est un bon début - il laisse une chance à une relation beaucoup plus saine, il ne boit plus que deux cafés par jour… Il ne lui reste plus qu’à se faire des amis avec qui il ne finira pas par coucher ou par insulter violemment. C’est plus difficile encore que s’il s’était engagé à faire une heure de sport tous les jours.

“Dis-moi, Rosamund...” lance-t-il, bien décidé à voir s’il en est capable quand même. “Est-ce que tu sais faire les omelettes au blanc d’oeuf ?” L’incident de la photo oublié au profit d’une chose bien plus importante, ses épaules se détendent visiblement et il regagne même un petit ton enjoué. “Tu sais, avec des herbes et un peu d’épices ? Ou bien des oeufs à la coque ? Du pain perdu à la cannelle ? Tu m’as l’air d’une grande cuisinière, particulièrement douée pour les petits-déjeuners, pas vrai ?” C’est la technique, vieille comme le monde, de flatter l’ego de son interlocuteur. Certaines personnes ont tendance à vouloir se montrer soudainement à la hauteur de ses attentes. Mais peut-être que ça ne fonctionne que quand il paye le salaire de l’interlocuteur en question ? Ça vaut le coup d’essayer quand même. “Vu que ton chat a mis sa langue sur mon bacon et que le frigo de Jasper est désespérément vide, on peut peut-être trouver le monstre et prendre le petit-déjeuner chez toi ? Je fais un café du tonnerre !” Tout sourire, sympathique, il croit dur comme fer qu’il obtiendra une invitation parfaitement sincère, quoiqu’il se fiche totalement qu’elle soit forcée. Après tout, c’est le chat de cette fille qui a gâché sa matinée, normal qu’elle fasse un petit geste pour s’excuser au nom de son animal qui manque cruellement d’éducation, pas vrai ?

“Je pense qu’il est un tout petit peu trop bien nourri pour passer sous le canapé, mais je vais aller voir sous le lit.” offre-t-il, toujours incroyablement généreux - d’après ses critères très personnels en tout cas. “Tu peux regarder dans les placards, fais comme chez toi. J’ai déjà vérifié, le petit Jasper ne cache aucun secret inavouable dans cet appartement.” Il a l’air un peu déçu en disant cela, mais après tout il y a de quoi. Il a perdu du temps, de l’énergie et un super petit-déj, pour ne rien découvrir du tout. C’est vraiment frustrant.

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Rosa & Will

☾☾ Un sourire heureux, lui donnant l’air d’un enfant, illumine le visage de Will quand Rosa accepte sans rechigner de l’inviter à prendre le petit-déjeuner chez elle. Elle n’a pas vraiment eu le choix, mais il prend cela pour une invitation consentie malgré tout. Il ne lui en veut même pas de l’avoir appelé William alors qu’il a horreur de ça et, miracle : il ne fait pas le moindre commentaire désobligeant à ce sujet. Peut-être qu’il aime bien cette fille, finalement ! Pour l’instant en tout cas, avec la promesse d’un oeuf à la coque et de pain perdu, elle est pratiquement sa meilleure amie dans le monde. Il serait vraiment temps qu’il sorte un peu de sa bulle et qu’il se fasse de vrais amis s’il en arrive à ce point, mais du moment qu’il a l’estomac plein, tout lui va. “Si jamais mon café ne te plait pas, j’irais t’en acheter un à ton goût au Starbucks pour me faire pardonner !” assure-t-il. Il devrait certainement leur épargner à tous les deux une perte de temps incroyable en allant directement acheter du café qui sera de toute façon cent fois meilleur que le sien, mais il y a un peu d’orgueil dans la balance. Il a appris à se servir d’une cafetière tout seul et c’est même l’une des rares choses qu’Isabella ne fait pas pour lui chaque matin ! Il doit bien pouvoir faire de même avec celle de Rosa, non ?

Avec cet espoir en tête, il se remet à la recherche du chat responsable de tous ses malheurs avec un entrain plutôt impressionnant. Malheureusement sous le lit, il n’y a que de la poussière, de quoi donner des sueurs froides à un maniaque, mais pas la moindre trace d’un animal obèse. Malgré tout, Will essaye de ne pas se laisser abattre et après s’être remis debout au milieu de la chambre, il fait un petit tour sur lui-même en cherchant l’inspiration. C’est comme ça qu’il parvient à résoudre l’énigme du jour. La boule de poils qui dépasse au-dessus de l’armoire est franchement difficile à louper. “Ce chat a vraiment besoin de faire un bon régime, Rosamund !” lance-t-il à la cantonade pour faire savoir à la jeune femme qu’il a localisé la cible. Il est d’une étonnante bonne humeur, réalise-t-il quand il se surprend à prononcer une fois encore le prénom entier de la jeune femme. C’est une façon originale d’exprimer une émotion positive, mais Will n’est pas connu pour faire les choses comme tout le monde. “Il est là, en haut de l’armoire ! Je ne comprends même pas comment il a réussi à monter jusque là et pourtant, je suis physicien !” S’il exagère légèrement à ce sujet, il doute que Rosa puisse le prouver dans les secondes à venir.

Il ne lui en laisse pas trop l’occasion, de toute façon. Il vient se planter dans l’encadrement de la porte pour retrouver une vision claire de Rosa et pointe la chambre dans son dos d’un signe du pouce. “Je pense qu’il vaut mieux que tu t’occupes du sauvetage. Cette bestiole pleine de griffes me fait vraiment flipper…” Il est déjà en plein contentieux avec l’animal et, en toute franchise, il ne lui fait aucune confiance pour ne pas réagir par la violence s’il l’a décidé ainsi. Il vaut donc mieux que Will tienne son beau visage aussi éloigné que possible de cette chose, n’est-ce pas ? “Je t’apporte quand même une chaise, ce sera plus facile. Et après ça, on pourra tous aller goûter ton pain perdu !” lance-t-il joyeusement, alors qu’il laisse la place à Rosa pour entrer dans la chambre tandis qu’il va chercher une chaise dans le salon. Il lui rapporte sans dire un mot et la laisse se débrouiller avec son chat sauvage, profitant de l’occasion pour se débarrasser des vêtements de Jasper et remettre les siens.