Comme tous les matins, il s'était arrêté au French Coffee. Il ne travaillait pas, mais pour autant, c'était encore une matinée pendant laquelle il était réveillé bien trop tôt. Epuisé par son travail, et ses sorties, surtout, ce qui était quelque chose de nouveau, il avait l'impression de ne plus avoir une minute à lui. Et pire encore, encore moins de temps à consacrer à Eryn, sa sœur qui était venue le rejoindre en Nouvelle-Orléans, quittant Houston pour de bon. Certes, c'était toujours plus que ce qu'il ne la voyait avant, mais pas assez pour lui, qui avait l'impression d'être prix comme dans un vortex par son travail, surtout.

Alors oui, il ne travaillait pas. Et il s'était encore levé aux aurores. Mais c'était pour avoir l'occasion de passer ne serait-ce qu'une demi-heure, autour d'un café, seul avec sa sœur. Il adorait cette routine qu'ils s'étaient créée. C'était tellement agréable de se presque réveiller avec un visage qui l'avait vu grandir et qui lui avait tellement manqué. Et même si ça brisait son sommeil ou sa récupération. Rien n'était assez bien pour justifier de rater ce moment qu'il aimait tant. Même si c'était vrai, il leur arrivait de le manquait tout de même. Mais c'était trop précieux aux yeux de Wyatt pour laisser se produire ce cas trop souvent.

Comme tous les matins, il n'était pas en retard, plutôt même en avance, et Eryn était déjà là, ayant commandé pour les deux, ce qui le faisait à chaque fois se dire qu'il devrait commencer à mettre son réveil encore plus tôt pour arriver avant, pour une fois, et qu'elle ne l'attende pas. Mais elle était encore capable de le sentir, et d'arriver trop tôt, encore plus pour ne pas le faire attendre. D'ailleurs, il lui avait fait remarquer un nombre de fois incalculable qu'elle arrivait trop tôt, qu'elle devrait prendre plus son temps, comme ça c'était lui qui gérait le tout. Surtout qu'ils avaient toujours plus de temps que prévu. Encore en avance, à ce que je vois ! plaisanta-t-il en déposant un baiser sur son front, avant de s'asseoir en face d'elle. Salut soeurette ! Il expira un grand coup, regardant sa chaise, comme une impression d'être mal installé. Non, pur produit de son imagination. Tu vas bien ?

Ce matin, je devais voir Wyatt, j'aimais bien ces petits rendez-vous entre nous même si des fois, on devaient annuler, soit parce que j'avais du boulot au centre équestre, boulot que je ne pouvais refuser à mon patron, je ne pouvais rien lui refuser en même temps tant j'étais sous son charme soit parce que Wyatt avait trop de travail. C'est vrai que des fois je trouvais qu'il bossait trop mais il avait rêver toute sa vie de faire ce métier alors je me taisais. Il était assez grand pour savoir ce qui était bien pour lui non ? Après tout, c'est lui l'aîné, ce n'est pas à moi de lui dire quoi faire mais bon d'un autre côté, il n'est pas comme ça avec moi alors que c'est l'aîné donc je ne permettrais jamais de faire ça. Mais ce matin, j'avais rien de prévu hormis retrouver Wyatt au French Coffee, j'avais reçu un SMS de mon patron qui m'informait que j'avais rendez-vous au centre équestre pour mon premier cours qu'à 14 heures, j'avais encore le temps.

J'étais partis en avance, comme souvent, Wyatt me connaissait et il savait que je détestais être en retard et c'était ma hantise mais ça m'avait bien servis pour trouver mon travail, sans dire que je devais commencer tôt, arriver à 8 heures au boulot, presque tout les jours, ce n'est pas donné à tout le monde mais comme je suis du matin, ça avait plu à mon patron qui m'avait engagé pour cette raison, enfin je crois. Wyatt n'étant pas là, je m'assisse à une table et commandais pour Wyatt et moi. Il arriva, en avance mais pas assez pour arriver avant moi. Il m'avait souvent dit de prendre mon temps mais ce n'était pas mon genre, j'étais prête avant l'heure alors autant partir plutôt que de tourner en rond chez moi en attendant l'heure idéal pour arriver pile à l'heure, on ne sait jamais ce qui peut arriver et puis il faut faire attention quand on marche avec des talons hauts. Oui, au centre équestre, je porte des bottes, pas le choix mais en dehors de mon boulot, il est rare de me voir sans talons hauts. Mon salaire me sert aussi à me faire plaisir sur ce point là. Je lui souris et ris doucement en l'entendant :

- Eh oui, on ne change pas facilement ses habitudes. Mais au moins, ton café est déjà prêt.

La serveuse venait de déposer notre commande sur notre table, je la remerciais et reposais mon attention sur mon frère :

- Je vais très bien et toi ? Tu es pas trop fatigué en ce moment ?

Eh oui, même si je ne lui dis pas qu'il travaille trop, je me permets de lui faire remarquer d'une autre façon, je le trouvais fatigué en ce moment et ça m'inquiétais :

- Non parce que tu sembles exténué chaque fois que je te vois et je doute que tu ais des problèmes d'insomnie.

Son boulot devait le crever assez pour tomber de sommeil le soir, moi en tout cas, quand je montais à cheval, ça me vidais de mon énergie, j'avais juste la force de rentrer chez moi, de me doucher, de dîner et hop au lit jusqu'au lendemain après avoir mis le réveil.

Les meilleures journées commençaient avec un café avec Eryn. Depuis qu'elle était là, le monde semblait à nouveau tourner rond. Même si c'était parfois compliqué, même si son travail lui serrait parfois le coeur quand il voyait qu'il n'était pas assez capable. Ils essayaient de limiter le nombre d'erreurs, qui étaient souvent fatales, mais ils n'étaient qu'humains. Et loin d'être à l'abri d'une erreur. Comme d'arriver trop tard, par exemple. C'était souvent le plus dur pour lui. Surtout quand la dernière fois, il y avait une vieille dame dans l'incendie qui avait ravagé un immeuble entier du quartier français. Alors oui, il essayait de continuer d'avancer, mais même des années plus tard, c'était compliqué.
Et heureusement de voir sa soeur, ça comblait son cœur bien trop souvent meurtri. Même si ça l'agaçait, cette façon qu'elle avait d'arriver toujours bien avant lui. Il avait l'impression que même en arrivant deux heures en avance, elle serait là. Un peu comme si elle sentait qu'il allait venir plus tôt. Ou tout simplement qu'elle squattait là depuis la veille pour le faire rager. C'était un jeu entre eux, presque. Mais Wyatt était mauvais joueur.Il haussa les épaules, façon d'acquiescer ce qu'elle disait.mmmh, c'est pas faux. Un point pour la petite dame. dit-il en riant, alors que la serveuse arrivait, pile au moment où il s'assit. J'en conviens, t'es drôlement forte. C'est tout à ton avantage. fit-il en souriant une fois de plus.

Je t'avouerai que si, un peu. Mais c'est partie du boulot. Je savais à quoi je m'engageais en étant pompier. fit-il en haussant les épaules. Et toi, ça va ?Les chevaux se portent bien ? J'ai eu vent que ça se passait bien au centre. C'est bien, je suis content pour toi! dit-il n'essayant pourtant pas de détourner la conversation. Il lui avait répondu, après tout ! Il but un peu de café avant de dire. Dé-li-cieux. puis il posa son gobelet et finit par reprendre. Avec le froid qui approche, c'est un peu la folie. Mais c'est chaque année comme ça. Ca finira par se calmer, ne t'inquiète pas ! Lui, en tout cas, ne s'inquiétait pas. Il se savait capable de tenir le choc. Même s'il avait été un peu plus épuisé du fait que Joy s'était trouvée à l'hôpital, mais il n'était même plus sûr qu'il avait parlé d'elle à sa sœur. Et il n'était pas sur que de lui lancer directement ça dans la tête, avec tout ce qui allait autour, ce ne soit vraiment une bonne idée.