ake passait son temps à être prostré. Assis sur son fauteuil duquel il ne pouvait pas bouger, enfin, sauf quand il était au kinésithérapeute, et qu'il essayer de retrouver l'usage de ses pieds, le jeune homme regardait l'extérieur de chez lui. Devant la grande piscine, il avait l'impression que ses rêves étaient encore accessibles, à portée de main, comme tout ce qu'il pensait avoir perdu. A chaque nuit de sommeil, il revoyait l'incident, il se sentait piégé dans la voiture devenue comme une cage où le danger était toujours plus important, comme s'il n'avait aucun moyen de se retenir de se cogner contre chaque côté de la paroi. Il n'avait pourtant jamais commis d'impair. Pour le coup, Jake savait se montrer droit et prudent sur la route. Il avait fallu que le camion qui arrivait ne lui coupe la route en envoyant la voiture valser. Ces rêves qui le hantaient à répétition, et le fait de voir que ses jambes ne répondaient pas comme il le désirait le rendait dingue. Il s'était renfermé sur lui-même et gardait ce regard vide, cet air pensif et éloigné de tout, de sa famille et de la femme qu'il aimait. Il ne supportait plus de vivre auprès d'eux par moment. Parce qu'en plus du fait qu'il n'allait pas bien d'avoir cette impression que tout était perdu, ils le regardaient avec des yeux pleins de pitié, de peine, de remords ou d'autres sentiments qu'il ne savait pas bien définir, mais qui lui rappelait que pour l'instant, il était ici, coincé, à dépendre de son père pour monter les escaliers qui menaient à la chambre, même s'il avait la possibilité de prendre une chambre d'amis qui était en bas.

ake n'était pas non plus complètement idiot. Il voyait que ses réactions noires, ses coups de gueules marmonnés et ses réflexions parfois acerbes énervaient. Mais ça sortait avant qu'il n'ait pu rattraper les mots à chaque fois. Et par pure fierté, parfois aussi par colère, il n'essayait pas de se faire pardonner. Jake savait se montrer dur depuis ce qu'il lui était arrivé. Ce que souvent il regrettait, d'ailleurs, mais toujours trop tard. L'humeur du jeune homme jouait aux montagnes russes, et comme il était assez fier, ça n'aidait pas vraiment.

vec un soupir, il regardait l'eau de la piscine qui brillait au soleil et avait de très beau reflets faisant un mélange entre la couleur du fond et le reflet du soleil. S'il se plaignait  (le plus souvent mentalement) de sa condition, Jake devait reconnaitre une chose : Il avait eu de la chance. Il aurait pu perdre Camille, sa Mimille, comme il disait quand ils étaient ensemble, ou perdre la vie. Il était encore un peu indépendant, et il avait la chance de pouvoir nager, même s'il devait faire attention à cause de ses jambes, il devait y avoir quelqu'un dans la piscine, quelqu'un qui s'y connaissait en sauvetage à l'eau, mais il avait cette liberté de mouvement. Nager. C'était quelque chose qui tentait bien Jake à ce moment là. Mais il ne pouvait pas sans danger. Il n'était pas bien dans sa peau mais pas au point d'avoir envie de se tuer. Faire du mal aux gens qu'il aimait ? Très peu pour lui.

iré de ses pensées par un bruit de porte, Jake tourna la tête pour voir qui était là. Il était seul, ce qui arrivait souvent, puisque chacun avait ses occupations, ce qu'il comprenait parfaitement, même si la solitude, qu'elle ne soit ou pas momentanée était toujours assez difficile à gérer. Il aperçut Camille, mais il ne bougea pas pour autant. De toute façon, elle devait se douter qu'il était là. Ce n'était pas comme s'il pouvait aller faire il ne savait quoi en moins de deux heures dans cet objet. Il n'était pas des plus agréables, il le savait. Mais peu importait à qui il avait affaire, il se rendait toujours compte après coup qu'il aurait pu essayer d'être plus sympa.

e jeune homme n'avait pas bougé en apercevant Camille. D'un côté, c'était parce qu'il se demandait comment elle allait le recevoir, au vu d'une de leur dispute de la veille. En ce moment, elles étaient de plus en plus fréquentes. Ce qui était normal, vu que la jeun femme faisait des efforts, mais Jake gardait cet esprit borné, et la rejetait souvent. Comme pour chaque autre membre de la famille. Mais comme Camille était la personne avec qui il avait décidé de partager sa vie, elle était plus souvent avec lui. Et elle prenait en pleine figure majeure partie de ses sautes d'humeur. Aussi, Jake, en pur macho qu'il avait toujours été, n'avait pas forcément envie de faire le premier pas pour crever l'abcès. Mais il avait une drôle de chance : la jeune femme était tout sauf rancunière. Il venait de lui envoyer un signal, certes, de façon non voulue, négatif, et elle n'avait pourtant pas hésité à venir et faire le premier pas. Jake avait vraiment de la chance d'être tombé sur une fille comme Camille. Elle était la personne la plus patiente et la plus gentille qui lui avait été donné de rencontrer. Même si parfois, il lui en voulait de le regarder avec ce genre de regard qui était rempli de peine, et de restrictions, vis à vis de ce qu'il lui était arrivé. Il voulait simplement qu'elle agisse comme si de rien n'était. Jake avait vu ses rêves s'envoler, et les visages attristés de sa famille n'aidait pas à oublier ce soucis. Il était peut-être égoïste de penser cela comme ça, mais il ne cessait de se dire que ce serait plus simple pour tout le monde. Même s'il n'était plus 100% autonome, si chacun essayait de faire comme si de rien était, les choses seraient rendues plus simples. Si seulement.

lors que sa chérie vint glisser ses bras autour de son cou, en étant dos à elle, il ferma les yeux, en soupirant légèrement. Ça faisait du bien de retrouver la personne qu'on aime, sans se prendre la tête. Il posa sa main sur le poignet de Camille, faisant des petits ronds avec son pouce. Jake tordit un peu le cou pour voir la jolie blonde. Ce qui lui fit avoir encore plus les cheveux de la jeune femme sur le visage. Il souffla sur les cheveux pour ne pas les manger s'il parlait, puis décida qu'il était plus sage de tourner la tête pour prendre la parole. pourquoi pas... Jake profitait du soleil, mais un moment tout seul, avec sa Mimille était le meilleur moment qui pouvait arriver dans la journée. Même s'ils avaient encore la soirée de seuls, puisque Jen était chez sa meilleure amie, Joy en soirée, et les parents il ne savait où. C'était peut-être la meilleure façon de se retrouver. De toute façon, s'ils n'essayaient pas, ils finiraient par se perdre. Et Jake ne le supporterait certainement pas.
Il sourit un peu plus à la nouvelle proposition de la jeune blonde. On aurait presque pu croire qu'elle avait lu dans ses pensées, et même celles qu'il avait eues avant qu'elle n'arrive. La piscine, c'était le seul sport, et le seul moment de quasi totale autonomie qui restait à Jake. Il marqua un moment d'hésitation. Et pourquoi pas les deux ?

l avait bien fait de ne pas envoyer bouler Camille. Sinon, il aurait tout bonnement fini par la perdre, tant elle essayait sans rien avoir en retour. Mais ce petit moment, c'était tout ce qu'il cherchait, même si on aurait plutôt cru qu'il voulait rester seul et être séparé de la jeune femme. Jake n'arrivait juste pas à exprimer ses sentiments, étant rongé par la haine qu'il avait envers lui-même de ne pas avoir vu l'autre voiture arriver à toute vitesse, et qu'en la voyant, il n'ait pas su arrêter l'engin assez tôt, pour ne pas finir dans le décor. Mais il n'avait pas été maître de son véhicule. Et il s'en voulait tellement qu'il avait fini par laisser ce sentiment prendre le dessus sur sa vie. Ses parents le regardaient désormais comme un enfant meurtri, lui rappelant son erreur. Ses soeurs essayaient de faire comme si de rien n'était, mais c'est encore pire d'ignorer le handicap. Il voulait juste être considéré comme il était, mais sans la pitié qu'il lisait dans les yeux de son père et de sa mère. Il commençait à sentir un changement dans le regard qu'avait Camille sur lui. Un changement qui se faisait dans le bon sens du terme. Même s'il sentait qu'elle espérait chaque jour qu'il recouvre l'usage de ses jambes, et que malgré tout, ça lui faisait une petite pression. Il ne pouvait, dans un sens, que comprendre l'engouement que Camille avait quant à cette guérison.
La jeune blonde s'assit sur ses genoux, et Jake l'encerla de ses bras. Il aurait aimé ressentir plus le poids de la jeune femme sur ses jambes. Mais ce n'était que comme si on venait de mettre un bébé sur lui. Elle n'était pas très lourde, mais le poids ressenti n'était pas tout à fait ça. Il la regarda et fit un petit "Hum..?" quand elle lui dit qu'elle avait quelque chose à dire. Jake souleva un sourcil, se demandant ce qui s'apprêtait à venir. Il fut surpris du baiser échangé avec sa chérie. Mais il ne le laissa pas voir très longtemps, puisqu'il le lui rendit, laissant tout ce qu'il voulait lui dire être affirmé par ce simple baiser.
Jake semblait avoir retrouvé tout ce qu'il était et tout ce qu'il avait avant l'accident. Mais il ne fallait pas se leurrer. C'était Jake dans un bon jour. Si ça se trouvait, le lendemain, il serait en pleine période de doute et finirait par redevenir le Jake taciturne et fermé qui avait pris place à la Villa Greenway ces derniers temps. Il finirait par faire revenir celui qu'il est devenu. Même si ce n'était pas ce qu'il voulait. Il souhaitait simplement que tout devienne moins compliqué. Sauf que c'était souvent lui qui rendait le tout compliqué. Qu'il s'en rende compte ou non. Quand un souci arrive à quelqu'un qui a un caractère de cochon, ça finit rarement bien. Mais pour l'instant, il profitait de ce moment avec sa Mimille. Il passa une main dans son cou, et la regarda.Merci d'être toujours là, mon coeur...

e moment était parfait. Oui, vraiment, il n'y avait pas d'autre mot pour définir ce moment. Mais Jake savait qu'il était éphémère. Il valait donc mieux en profiter. Alors, Jake n'avait qu'une envie en ce moment : en profiter le plus possible. Camille sur ses genoux, il la serrait tout contre lui. Vraiment, sans elle, il aurait fini bien pire que ce qu'il n'était en ce moment là. Le pire de tous. Même si c'est assez difficile de faire pire que ce qu'il était actuellement. Nombreuses fois, il avait cru qu'elle allait partir. Après tout, elle en avait la possibilité, et elle avait aussi peut-être une opportunité de trouver mieux avec. Mais Jake pouvait vraiment s'estimer heureux. Il avait Camille avec lui. Alors, il pouvait braver tous les obstacles du monde. Même ce fauteuil. Bon, il ne lui avait pas raconté ses efforts, mais ça n'en était pas plus un manque d'envie que simplement l'envie de lui faire une surprise. Il était simplement mitigé quant à la suite, peu importait ce qu'elle serait. S'il était aussi désagréable, c'était également parce qu'il pensait qu'elle le quitterait après s'être rendue compte qu'il n'avait plus plusieurs fonctions comme les jambes.
Chassant ses pensées en regardant la jeune femme, Jake lui déposa un baiser dans le cou, notamment en guise de réponse à son compliment. Il la regarda en souriant. Merci ! Tu n'es pas mal non plus ! Il avait ce sourire un peu moqueur. Il avait fait exprès d'utiliser ces mots, pour la taquiner. Parce qu'il fallait pas se mentir, Camille était mille fois mieux que pas mal. Le jeune homme posa ses mains sur les roues de son fauteuil et les mena un peu à l'ombre, histoire d'être plus tranquille et de ne pas risquer de prendre un coup de soleil (plus pour Camille que pour lui, il ne prenait jamais de gros coup de soleil, mais sa chérie avait la peau toute blanche). Après avoir repassé ses bras autour de la jeune femme, il lui sourit et repris la parole Tu veux pas qu'on aille à l'intérieur ? Plus tard pour la piscine, tant pis... Dit il en la regardant, et en espérant une réponse positive. Et voilà Jake dans les starting blocs dans le cas où la réponse de sa chérie soit positive. Et puis si c'était négatif, tant pis, ils iraient à la piscine, ce ne serait rien ! Ils passeraient quand même du temps tous les deux, pour une fois que tout allait bien, et que la mauvaise humeur de Jake semblait être envolée !

e jeune homme se sentait étrangement léger, ce jour-là. Il avait l'impression qu'il pouvait tout dire à sa chérie, à ce moment précis. Pourtant, certaines choses ne sortaient tout simplement pas de sa bouche. Comme lui avouer qu'il arrivait - avec certaines grandes difficultés- à se lever. Il ne marchait pas, mais les séances de kiné lui donnaient espoir. Mais c'était à peine si Camille savait qu'il allait au kiné. A la base, la seule personne au courant, c'était Jen. Mais il avait fini par tout lui avouer, après tout, après toutes les questions qu'elle avait pu lui poser, il avait simplement fini par lui révéler la vérité. Et puis, il avait aussi fini par dire à Camille qu'il voulait retrouver une indépendance (par les jambes, cela allait sans dire) et elle l'avait encouragé. C'était d'ailleurs le fruit d'une de leurs conversations qui n'avait pas fini en jus de boudin. Dans un sens, heureusement, car Jake n'était pas bête.Il se disait bien que si c'était toujours le cas de chacune de leur discussion, ils finiraient par se séparer. Dans son égoïsme pur et simple, il le craignait. Mais dans un autre état d'esprit, il l'aurait compris. Parfois, il serait à se donner des gifles à lui même.
Mais aujourd'hui était un bon jour pour le couple. Et même si Jake n'aurait pas été contre se plaindre, Camille avait réussi à l'atteindre en ce jour. Que demander de plus ? Peut-être que l'égoïsme dont il savait faire preuve ne revienne pas au galop, comme à chaque fois.
Après qu'elle lui ai affirmé qu'elle allait finir toute rouge, Jake commença à faire avancer son fauteuil roulant vers l'intérieur de la maison, après avoir ri avec Camille. Ce fut assez laborieux malgré toute la volonté qu'il pouvait y mettre, d'autant qu'il trouva qu'il était extrêmement lent. En temps normal, il l'aurait portée telle une princesse, et serait rentré avec la demoiselle dans ses bras. Mais ce n'était apparemment qu'un temps révolu. Il fallait s'y faire, désormais. Une fois à l'intérieur, quand sa chérie lui demanda s'il souhaitait boire quelque chose, il répondit: Oui, surtout si ça nous fait garder la ligne !, avec une pointe d'ironie, mais qui était tout autant justifiée que celle utilisée par Camille. Après tout, ça ne faisait pas de mal non plus, un bon coca ! Elle se leva, et, alors qu'il s'apprêtait à s'avancer, pour s'installer sur le canapé le temps de l'absence de la jolie blonde, histoire qu'elle ne le voie pas faire, elle arriva derrière lui, pour le mordiller. Il fit une petite moue et dit Tu vas voir, toi, quand tu reviendras ! Menace joueuse, il s'étonnait presque de cette enjouement qu'il présentait. Il hocha la tête, puis roula jusqu'à un des bras du canapé pour pouvoir y laisser son fauteuil, et s'y installer, en allumant au passage la télévision et en prenant la télécommande. Une fois assis, ce qui fut assez laborieux, il selectionna la masse de stockage de films sur la télévision et commença à y faire dérouler les différentes propositions. Tiens, pourquoi pas le premier Fast and Furious ? Il l'avait adoré. Ou alors, pourquoi pas, un quelque chose d'un peu différent avec Time Out ? Son psy dirait surement que ses choix de films sont une façon de vivre l'action à travers un écran. En vérité, jambes ou pas jambes, il aurait toujours eu ce genre de choix. Ou alors, un film un peu plus basique, qu'il apprécierait tout autant ? Il devrait demander à Camille pour départager, certainement ! Ainsi, il attendit qu'elle revienne pour lui faire part de ses hésitations, n'osant pas hausser de trop la voix à travers la maison.