We are what we are, but i don't think it's a good point.

Au garage, j'avais du pain sur la planche. Seulement, nous étions en pénurie totale d'outils et de pièces pour les voitures que nous étions supposés réparé. C'est pour cette raison qu'en tant que futur hériter et donc futur patron de cette boite qui, à mon avis, ne valait pas grand chose, surtout pas après avoir été célèbre avec la danse (que j'avais abandonné de mon plein gré, sans pour autant le regretter), et après avoir eu des revenus bien différents de ceux que j'avais désormais. Mais je n'avais pas de quoi me plaindre. L'anonymat faisait désormais ma fortune et j'en étais plus que ravi. Pas de paparazzi me harcelant, pas de fan hystérique s'inventant une vie avec moi, bref, pas de souci technique dus à cette célébrité, qui m'avait tant monté à la tête sans jamais me faire avoir réellement les pieds sur terre. Car j'avais eu la grosse tête un très long moment avec tout ça.
Collé à la corvée d'aller acheter toutes les pièces nécessaires pour travailler, je me rendais en centre-ville, lâchant mon quartier français que j'affectionnais tant. Je m'apprêtais à entrer dans le magasin qu'il me fallait quand je me retrouvais face à face avec Nova, mon ex, qui ne m'avait connu qu'une fois que j'avais abandonné la danse. Enceinte jusqu'aux yeux, elle avait l'air d'être en meilleur santé que jamais, ce qui me fit déculpabiliser. En bonne personne civilisée et supposément sympathique que j'étais, je m'approchais d'elle, tout sourire. « Bonjour Nova! Ca fait un bail... tu vas bien? » Pas très original, mais très honnêtement, c'était le mieux que j'avais, même si j'étais d'autant plus surpris de la voir enceinte, et à ce point là. Elle avait dû rapidement refaire sa vie.

We are what we are, but i don't think it's a good point.

J'avais vu dans ces achats pour le garage, un moyen de prendre une pause. De la journée, je n'en avais pas prise une seule. Et je me sentais on ne pouvait plus fatigué. J'avais déjà hâte que ma journée ne se finisse, mais comme c'était à mon tour de faire la fermeture et que l'on fermait vers vingt heures certaines journées, je doutais d'être rentré chez moi suffisamment tôt pour pouvoir faire une bonne nuit de dix heures maximum, ce qui n'avait pas été le cas depuis plus de temps que je ne l'aurais souhaité.
Et rencontrer Nova, n'avait pas arrangé mon état, assez fébrile à cause de la fatigue, rajoutant en plus un certain malaise. La voir enceinte, en bonne santé, et devant moi, c'était assez étrange. Nous nous étions quittés un peu moins d'un an auparavant, et depuis, je n'avais eu aucune nouvelle d'elle, et, de mon côté, n'en avait pas pris non plus. J'aurais pu être jaloux de la voir enceinte, mais ça ne me touchait pas autant que j'aurais pu l'imaginer. Je me rendais compte, en la voyant, que je n'avais plus vers elle qu'une immense affection, rien d'autre. Je me déculpabilisais un peu alors de notre rupture. « Ca va, merci ! » Je ne savais pas trop comment aborder sa grossesse, alors j'y allais un peu maladroitement, me frappant mentalement de mon indélicatesse, surtout que la conversation ne faisait que débuter. « Alors... tu.. tu es enceinte de combien de mois? » Je tentais un sourire, que je savais malheureusement assez crispé, ce qui, j'espérais, passerait plus pour de la gêne de la retrouver dans ce contexte.