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| Sujet: Not only you and I in the end → Devin - Mar 13 Oct - 21:09 | Comme toujours en prévision d’un concert, Keo ne tenait pas en place. Ce n’était pas faute d’essayer et de s’occuper l’esprit le plus possible pour ne surtout pas penser un seul instant à la terrible épreuve qui l’attendait le soir-même. Car oui, monter sur scène représentait une des grosses épreuves qu’elle ait eu à endurer. Parler en public, se vendre sur le plan professionnel ? Aucun souci, elle le faisait les mains dans les poches avec une assurance hors du commun, ce qui en mettait toujours plein la vue à ses interlocuteurs. C’est comme ça qu’on se retrouve stagiaire dans une grande boîte de production à la Nouvelle-Orléans sans avoir vraiment fait ce qu’il fallait pour ça. Loin d’elle l’idée de se vanter, d’autant que ça ne changeait rien à son problème. Problème majeur qui plus est, étant artiste, il fallait bien qu’elle monte sur scène, ce n’était pas comme si elle avait le choix. Cette fois-là ne faisait donc pas exception à la règle, tout ce qu’elle ingurgitait ne restait jamais bien longtemps, elle avait tenté de jouer à un jeu vidéo en pensant buter des zombies pour se défouler mais au lieu de ça, elle s’était retrouvée à stresser encore un peu plus sur un jeu ayant pour titre The Grudge, un truc qu’elle ne connaissait pas. Le but n’était pas du tout de tuer des fantômes – fantômes, zombies, c’est pareil. Enfin non, et elle est bien placée pour le savoir mais ce jour-là, c’était pareil – mais d’y échapper, ce qui était super oppressant en fin de compte. Au bout d’une ou deux heures, la rouquine en vint à balancer sa wiimote contre le mur de son studio miteux. Ce qui lui valut aussitôt une réprimande de la part de sa voisine de palier qui lui hurla d’arrêter de faire autant de boucan. Okay, il fallait qu’elle sorte prendre l’air et tout de suite. Et comme elle était certaine de ne pas revenir avant la fin de la représentation, la jeune fille emmena son djembé avec elle. Une fois bien calé dans le coffre de Johnny, sa Coccinelle, elle pouvait déguerpir. Mais pour aller où ? Elle déciderait de ça plus tard, une fois qu’elle se serait grillée une cigarette en tout cas. Du moins c’est ce qu’elle pensait lorsqu’elle se rendit qu’elle avait inconsciemment pris la direction de l’appartement de Devin. Intéressant comme réaction. D’ailleurs, ce n’était pas une si mauvaise idée que ça. Il devait être revenu de Chicago à l’heure qu’il était. Ça devait même faire un petit temps maintenant. Pour tout dire, Keo était légèrement irritée qu’il ne soit pas passé la voir à son retour mais ils n’étaient pas ensemble depuis assez longtemps pour qu’elle puisse le lui reprocher. D’autant qu’elle tâchait d’être aussi détachée que possible par rapport à tout ça. Soit, c’était peut-être le moment de ravaler son orgueil et de lui faire la surprise. Une fois sur son porche, la rouquine examina longtemps la porte d’entrée qui lui faisait face. On avait beau dire, agent immobilier ça payait bien ! Bien sûr, Devin lui avait déjà proposé de l’aider à trouver quelque chose de plus convenable et toujours dans ses moyens, mais elle s’y refusait obstinément. Selon elle, tous les stagiaires devaient en passer par là, ça les motivait à s’accrocher parce que ce n’est des plus funs de faire du café et des photocopies à longueur de journée. Pile à ce moment-là, un type sortait du bâtiment et, après avoir écrasé sa clope sous la semelle de sa Converse, elle se décida à entrer sans prévenir. C’était en effet là tout ce qui faisait une surprise, hein, ne pas s’annoncer à l’interphone. Une chance que ça ne soit pas la première fois qu’elle venait, dans les immeubles comme ça, tous les étages se ressemblent. Chez elle aussi, remarquez. Bref, elle se tenait à présent sur le pas de la porte, la bonne, et frappa. C’est peut-être con mais on sait dire beaucoup d’un simple coup frappé à la porte, c’est pour ça qu’elle fit en sorte de « frapper légèrement », assez pour qu’on l’entende mais qu’on ne se sente pas agressé. « Hey ! » s’exclama-t-elle une fois que la porte se fut ouverte. Sauf que ce n’était pas la silhouette familière de Devin qui se découpait dans l’encadrement mais bien celle d’une petite fille. Elle s’appelait Emily et n’avait que dix ans – ce que Keo ne devinait pas après lui avoir jeté un simple coup d’œil mais Devin lui avait bien entendu parlé à plusieurs reprises de ses enfants – mais elle était drôlement impressionnante. Au point que la jeune fille en perdit quelque peu ses moyens. « Oh… euh… heeeeey, salut ! Tu dois être Emily, je présume. Je suis K-k-k-keo. Avec un seul K. » Voilà autre chose, tout ce stress accumulé la faisait bégayer et ce n’était clairement pas le moment à en juger par la gamine qui la détaillait des pieds à la tête. Autant dire qu’elle avait l’impression d’être passée aux rayons X. Horrible. « Ah c’est de toi dont papa m’a parlé. Maman ne va pas t’aimer du tout… » Avant de s’offusquer de ce scoop, Keo préféra s’attarder sur le fait que Devin avait parlé d’elle à sa fille ! Bien sûr qu’elle avait ses instants midinette, elle n’avait que dix-neuf ans après tout. Ça la rendait toute chose mais elle se ressaisit rapidement afin que ça ne crève pas les yeux non plus. « Très bien, ton père est là ? » Mais elle n’avait même pas terminé sa phrase que Devin apparaissait à son tour. Ah quel soulagement ! Enfin un peu, car si l’envie de lui sauter au cou ne manquait pas, il fallait se maîtriser un minimum. Elle se contenta donc de lui adresser un sourire. Encore un peu et elle l’appelait « Monsieur Kane » carrément. Encore heureux qu’elle s’était ravisée au dernier moment. Ce qu’elle ne put s’empêcher de faire, en revanche, ce fut de lui tendre la main. En même temps, elle ne voyait pas trop comment le saluer autrement, hors de question de l’embrasser devant Emily !
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Mar 13 Oct - 21:28 | Il n’y a rien de pire qu’un divorce, pensa Devin en signant l’énième feuille de sa pile de documents. Cela devait faire plus de deux heures qu’il était là, assis face à son ex-femme au regard larmoyant et qu’il signait de la paperasse qu’il ne prenait même pas la peine de lire. En effet, son vol était prévu pour dans quatre heures et il n’avait même pas encore clos sa valise. La tension était palpable, même l’avocat n’osait dire mot face aux pleurs de Mary et au visage fermé de l'ex-mari. Très pris par son travail, Devin avait fait le déplacement pour seulement deux jours, juste histoire de se rendre au rendez-vous de l’avocat et de voir ses deux enfants. Résultat il avait à peine croisé Adrian, son aîné, qui était tout le temps hors de la maison avec ses amis et la cadette Emily avait malheureusement passé le weekend chez une copine et n’avait pu voir son père qu’une petite heure avant de partir. Il avait donc passé son vendredi seul dans les rues de Chicago –il en avait profité pour acheter un petit quelque chose pour Keo- et le lendemain, il avait bien pris son temps pour se préparer mentalement à ce rendez-vous. Mary et lui s’étaient retrouvés devant le building au même moment sans le vouloir, elle lui avait simplement envoyé un message la veille en le sommant d’être à l’heure et c’est pour cette raison qu’il était venu bien en avance. Lorsqu’elle le vit, elle prit soin d’éviter son regard comme s’il n’avait jamais été cet homme avec qui elle avait passé plus de vingt ans de son existence et ils finirent donc par s’échanger de simples formalités en montant dans l’ascenseur. Ils avaient beau avoir signé une liasse de papiers, le divorce n’était toujours pas officiel. Il restait encore plein de détails à régler et Devin commençait à en avoir marre. Selon lui, prolonger les délais ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Le plus vite ils en finissaient avec cette histoire de divorce, le mieux ça vaudrait pour eux deux.
Une fois cette séance d’autographes terminée, Mary prit soin de patienter devant l’ascenseur pour attendre son ex-mari, ce qui interpella directement ce dernier. Il se posta à ses côtés, silencieux et attendit que le cadran des étages affiche le leur. « Au fait, Emily veut passer du temps avec toi. Je lui ai dis que tu allais la prendre pour une semaine. » Les mains dans les poches, Devin dévia son regard du cadran pour regarder la blonde. « Oui, je lui ai dis qu’on allait bientôt organiser ça. » Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. « C’est déjà organisé, elle part avec toi ce soir. » L’anglais suivit Mary du regard, les pieds cloués au sol. « Pardon ?! » Il crut d’abord à une blague mais l’air sérieux de son ex-femme lui prouvait qu’elle était loin de rire. « Et mon accord, dans tout ça ? Je bosse moi, Mary ! J’aurai pas le temps de m’occuper d’elle pendant toute une semaine ! » Aussitôt avait-il dit ça qu’il le regrettait déjà, il venait de tendre le bâton pour se faire battre. « Tu n’as pas le temps ?! Et je dois dire quoi, moi ? Je vis avec eux tous les jours depuis que tu as déménagé ! S’il y a bien quelqu’un qui n’a plus de temps pour elle, c’est moi ! Ta fille te réclame et le seul moment où tu peux lui faire plaisir, tu me dis que tu n’as pas le temps ? Tu m’étonnes que je n’ai pas voulu la garde partagée ! Maintenant que tu as retrouvé une vie de célibataire, tu te fiches bien de tes gosses ! » Et durant les vingt-cinq étages qui les séparaient du rez-de-chaussée, Devin en prit plein pour son grade… Bien entendu qu’il était heureux de passer du temps avec sa fille mais le moment était mal choisi. Il devait travailler toute cette semaine et il avait également prévu de passer des moments avec Keo. Il aurait accordé tout son temps à sa fille un peu plus tard dans l’année mais dans l’immédiat, il n’était pas préparé à son arrivée.
Et pourtant il n’eut le cœur à être négatif quand la petite fille accourut dans ses bras après que sa mère lui ait porté la bonne nouvelle. Elle se réjouissait de passer du temps avec son père et ce dernier l’aimait tellement que la voir heureuse le remplissait de joie, quand bien même la situation ne l’arrangeait pas. C’est donc après avoir demandé une semaine de congés au dernier moment (ce qui n’enchanta pas vraiment son boss, mais soit) que Devin se retrouva seul à la maison avec sa fille. The Simpsons et nourriture sucrée à souhait au programme, la journée défila sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Ce n’est qu’à la tombée de la nuit qu’ils furent interrompus par plusieurs coups à la porte. Devin, occupé à débarrasser les cadavres de sachets de gâteaux et bonbons demanda à Emily d’aller ouvrir pour lui. Mais s’il avait su qui se trouvait derrière la porte, il n’aurait jamais envoyé sa progéniture. Son cœur rata un battement lorsqu’il entendit la petite fille lâcher un « Ah, c’est de toi dont papa m’a parlé. Maman ne va pas t’aimer du tout… » et il se précipita jusqu’à la porte d’entrée, ralentissant le pas avant de se montrer derrière son enfant. Keo se tenait là, toujours aussi belle et il eut de suite l’irrépressible envie de l’embrasser comme s’il ne l’avait pas vu depuis des mois. Avec elle, il avait l’impression de redevenir un lycéen qui vit sa première histoire d’amour. Elle le menait par le bout du nez comme la fille populaire qui charme tous les garçons de l’école et il tombait en plein dans le panneau. Il était complètement sous son charme et pas une fois il ne s’était senti coupable de la nature de ses sentiments. En revanche, il ne laissait pas tout transparaître face à la demoiselle. Leur relation était encore trop récente pour qu’il se laisse aller à des folies.
Pourtant, Keo venait d’apprendre qu’il avait déjà parlé d’elle à sa fille. Il n’aurait pourtant pas encore abordé le sujet si cette dernière n’avait pas emprunté le téléphone portable de son père pour jouer à un jeu dans l’avion et n’était pas tombé sur un message de la rouquine. Difficile de mentir à une gamine qui sait parfaitement lire et comprendre les messages affectueux que s’envoient deux adultes. La première réaction de sa fille fut d’hausser les sourcils, pas tout à fait certaine de ce qu’elle venait de lire. Elle avait ensuite tiré sur la manche de son père qui commençait tout juste à s’endormir et lui avait affiché la conversation sms juste devant les yeux. Et puis, après qu’il lui ait expliqué sa relation avec la belle rousse (sans trop entrer dans les détails), Emily avait fixé le vide en lâchant un « Maman ne va pas aimer ça… ». Cette phrase, elle l’avait répété plusieurs fois dans le trajet, sans même poser une seule question sur la nouvelle compagne de son père. Devin s’en voyait presque autant vexé que mal à l’aise, sa fille se souciait plus des émotions de sa mère que des siennes et c’est bien ce qu’il craignait du divorce. Planté face à sa belle, l’anglais ne savait comment faire. Est-ce qu’il fallait serrer Keo dans ses bras ? Lui embrasser la joue ? Le front ? Ou bien tout simplement l’inviter à entrer ? Il était toujours en pleine réflexion lorsque finalement, celle-ci lui tendit… sa main. Devin arqua directement un sourcil, fixant la main de la demoiselle un court instant avant de finalement la serrer.
« C’est bon hein, tu peux lui faire un bisou, je m’en fiche. » lâcha alors Emily qui observait les deux adultes d’un drôle d’air. « Je vous regarde pas, de toute façon… » Et sur ces mots, la petite blonde retourna s’asseoir devant la télévision, laissant le couple seul sur le pas de la porte. Après un court instant passé à se regarder dans le blanc des yeux, totalement désarmés par la situation, l’anglais en profita donc pour déposer un chaste baiser sur les lèvres de sa belle, se promettant de se rattraper un peu plus tard. En cet instant, il était bien trop perturbé par les événements pour s’éterniser sur leurs retrouvailles et il craignait que sa fille ne soit témoin de trop de marques d’affections entre eux. « Désolé, j’étais obligé de lui dire à propos de nous. Elle a vu un de tes messages sur mon téléphone… » fit-il à la belle, l’invitant à entrer pour refermer la porte derrière lui. « Et c’est aussi pour ça que je suis pas directement allé chez toi à mon retour. Tu comprends bien que ça aurait été un peu… compliqué. » Le simple fait d’y penser le fit soupirer. Il n’osait pas dire à Keo que la petite resterait une semaine avec lui, elle risquerait de devenir plus pale qu’elle ne l’était déjà. Les mains enfoncées dans les poches de son jogging, l’homme suivit la jeune femme d’un pas lent jusqu’à la cuisine, réprimandant sa fille au passage. « Emily, pas de baskets sur le canapé. Merci. »
Tout ce changement, c’était dur pour lui. Il ne le montrait pas, surtout pas à ses proches, mais il lui arrivait parfois de se dire que les événements qui allaient suivre n’allaient pas être de tout repos. Il allait maintenant devoir verser une pension conséquente à ses deux enfants, ce qui en soit n’était pas un problème, mais cela voulait dire que ces derniers ne vivraient presque pas avec lui et que les seuls moments qu’ils passeront tous les trois seront courts et bien programmés. Ce qui perdait beaucoup de son naturel. Devin avait toujours été proche de ses enfants, en particulier sa fille avec qui il s’entendait très bien, mais il avait malheureusement l’impression que le divorce les avait éloigné. À son grand dam, il sentait que sa relation avec Keo n’allait pas arranger la chose entre sa progéniture et lui. Et ne parlons pas d’Adrian. Ce qui était injuste maintenant que les enfants vivaient essentiellement avec leur mère, c’est que celle-ci avait tout le loisir d’assombrir l’image de Devin auprès des enfants. Aveuglée par la haine et le dégoût, il savait son ex-femme capable de beaucoup. « Tu veux boire quelque chose ? » demanda-t-il alors à Keo en posant une main sur son épaule.
La présence de sa fille et sa belle dans la même pièce le stressait et cela s’en ressentait. Il manquait de naturel et jetait toujours des regards en direction de l’enfant, comme s’il avait peur qu’elle assiste à un spectacle trop choquant pour elle. Puis, il se sentait mal par rapport à la jeune femme qui n’avait clairement rien demandé de tout ça. À nouveau, il se mit à la détailler alors qu'elle prenait place sur une des chaises hautes de la cuisine. Elle portait une tenue qui mettait si bien ses formes en valeur que Devin se surprit à fixer un peu trop longtemps. « Tu avais prévu de sortir ce soir ? » |
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Mer 14 Oct - 17:14 | Manifestement, c’était « bon » et ils pouvaient se faire un bisou. C’est mot pour mot ce que venait de dire Emily et ça ressemblait bien à une bénédiction de sa part mais bon, ça ne changeait rien au fait que Keo ne fit pas le moindre mouvement, restant plantée sur le pas de la porte toute raide. On ne sait jamais, peut-être que certains enfants sont équipés d’yeux derrière la tête, la nouvelle mode. Non, elle préférait attendre que Devin fasse le premier pas, surtout. Ce qu’il finit par faire bien que ça ressemblait surtout au genre de baiser qu’elle aurait pu donner à son cousin ou à sa grand-mère, bien loin du baiser fougueux dont elle rêvait, mais c’était toujours mieux qu’une poignée de main, c’était certain. Puis, tandis qu’il l’invitait à entrer, il lui expliqua la raison pour laquelle il avait parlé d’elle à Emily. L’espace d’un instant, elle tâcha de se remémorer si tout ce qu’elle avait envoyé était politiquement correct mais oui, oui, il ne pouvait en être autrement, elle n’envoyait pas ce genre de messages. Peu importait la raison, selon elle, l’important c’était qu’il avait décidé de lui en parler plutôt que de nier tout en bloc. Et oui, c’était un peu l’hôpital qui se foutait de la charité que de penser ça quand elle n’était pas fichue d’en parler avec ses propres proches. Tout ce qu’elle avait dit jusque-là c’était qu’elle avait rencontré quelqu’un, qu’elle l’aimait beaucoup et qu’il était un peu plus âgé qu’elle et que les choses étaient un peu compliquées – termes empruntés à Facebook – pour le moment. Ce que son père avait inévitablement par « il a deux ans de plus que moi et il revient d’Irak », elle en était sûre. Mais soit, le moment viendrait. La rouquine commenta donc simplement par un « hum, hum » signalant qu’elle comprenait tout à fait. Elle comprenait qu’il ait parlé d’elle à sa fille et elle comprenait également qu’il n’ait pas pu passer chez elle plus tôt. Il n’allait tout de même pas emmener Emily en lui disant « allez viens, on va dire bonjour à ta potentielle belle-mère ». Une fois que ces mots furent formulés dans sa tête, Keo les regretta aussitôt. Le statut de belle-mère était effrayant mais c’était comme ça, Devin avait des enfants, or elle ne se voyait pas du tout mettre un terme à leur toute fraîche relation pour cette raison. Surtout maintenant qu’il se tenait face à elle et qu’elle prenait enfin conscience d’à quel point il lui avait manqué, durant ces deux jours. Elle entra donc et passa directement dans la cuisine, puisque Blondie occupait le salon et Keo haussa les sourcils d’un air amusé en entendant la remarque de Devin à sa fille. Il est vrai qu’elle ne connaissait pas encore bien cette facette de sa personnalité mais elle aimait bien et ce n’était désormais plus qu’une question de temps. Enfin, en supposant que la mère de la petite ne la déteste pas au point de lui interdire de s’approcher de ses enfants, là ça poserait problème. Mais non, on n’était pas dans une de ces comédies dramatiques sur lesquelles la rousse se basait pour des tas de choses, là, c’était la vraie vie. En temps normal, elle répondait toujours qu’elle ne prendrait que du café quand on lui demandait ce qu’elle voulait boire, mais là, c’était sans aucun doute la pire idée du siècle alors elle laissa tomber ne serait-ce que l’idée. « Je parie que ton réfrigérateur déborde de sodas, pas vrai ? » C’était forcé, parce que les petites filles, avant d’aimer les shoots de tequila, ça aiment les sodas. Et en règle générale, les plus sucrés sont les meilleurs. Mais avant que Devin ne se détourne d’elle pour la servir, elle s’approcha et se pressa légèrement contre lui, suffisamment pour produire son petit effet mais pas assez pour crier au scandale, et lui effleura le bras de la main. « Comment elle a pris la nouvelle, au fait ? » Oui, parce que c’était peut-être le moment de s’en soucier après tout, bien que la môme ne donne pas du tout l’impression de mal le prendre, parfois c’était plus insidieux que ça. Bien que Keo n’en ait pas la moindre idée en réalité, ses parents n’avaient jamais divorcé et son père ne s’était pas remis avec une fille de son âge, mais si elle essayait un peu de se mettre à sa place, elle essayerait sûrement de faire bonne figure sans que ça lui plaise que ça. Puis elle grimpa ensuite sur une chaise et joua des percussions sur la table de la cuisine. Ça allait mieux mais ça, c’était un tic nerveux chez elle, tout comme le fait de jouer avec ses cheveux, ce qu’elle fit ensuite. Il n’y avait pas si longtemps de cela, la rouquine avait noté que quarante pour cent de son capital beauté résidait dans cette flamboyante crinière et elle en jouait souvent lorsqu’elle passait en mode séduction, Devin y avait déjà eu droit, mais là, c’était plus nerveux qu’autre chose. Toujours est-il que la rouquine surprit son regard sur elle, la faisant aussitôt frissonner. Ah si seulement ils n’avaient été que tous les deux ! « Oui, je ne faisais que passer, un de ces stupides concerts. Je venais surtout voir si ça s’était bien passé là-bas. » mentit-elle sans vergogne. Enfin oui, la question serait bien venue dans la conversation mais peut-être pas aussi rapidement. Soit, elle plongea alors son regard dans celui de Devin et dit d’un ton très sérieux : « Je suppose qu’Emily et toi, vous avez besoin de passer du temps rien que tous les deux, alors j’ai pas l’intention de m’interposer. On aura tout le temps de faire des trucs ensemble quand elle sera rentrée à Chicago, qu’est-ce que c’est que trois ou quatre jours de toute façon… » Eh bien ça faisait juste un ou deux jours de plus que ce qu’avait duré cette brève séparation et ça lui avait déjà semblé être éternité. Donc ça serait un peu l’enfer mais elle était drôlement fière d’elle d’avoir fait cette proposition, ça faisait tellement mâture et on ne s’attendait tellement pas à ça de sa part. Puis elle trouverait bien de quoi s’occuper en attendant. Elle pourrait sortir avec des copines, brancher des mecs idiots et leur refiler le numéro de la morgue plutôt que le sien. C’était un de ses passe-temps favoris autrefois. Et peut-être qu’un autre barman louche l’appellerait pour qu’elle aille une fois de plus rechercher son patron qui avait trop picolé et créé des problèmes, ça n’était pas à exclure non plus. Puis ça ne la dérangeait pas outre mesure, c’était une position bien trop délicate pour qu’elle n’en tire pas un quelconque profit. « Sinon vous pouvez venir aussi, c’est tout public. » ajouta-t-elle en rosissant plus qu’il ne l’aurait fallu. Ce qu’elle entendait par « tout public », c’est que ce soir elle ne donnait pas une représentation dans une casse ou autres endroits ô combien folkloriques de ce genre. Qui sait, ça intéresserait peut-être Emily qui, pour l’instant, n’avait l’air d’être fascinée que par Bart Simpson, l’enfant terrible de l’Amérique.
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Ven 16 Oct - 1:35 | Même si Devin avait fêté son quarante-septième anniversaire il y a peu, il avait l’impression d’être redevenu un jeune homme de vingt ans. Entre son divorce et sa relation avec la belle rousse, sa vie avait pris un tout autre tournant et il n’éprouvait aucun remord à apprécier la situation dans laquelle il se trouvait. Certes, il avait tourné une page qui avait duré près de vingt ans et qui incluait un mariage et des enfants mais il se retrouvait face à un nouveau chapitre plus qu’excitant. Keo était jeune mais elle avait la tête sur les épaules et elle lui apportait ce changement et ce grain de folie dont il avait besoin. Avec elle, rien n’était calculé. Tout était question de feeling, de vivre l’instant et de profiter pleinement. Les jeunes se fichaient peu des années, le plus importait pour eux était de vivre insouciamment et pour ça, Devin les enviait tant. Le fait de pouvoir le revivre avec la jeune femme était une réelle opportunité pour lui. Elle n’avait pas à lui démontrer son amour de milles et une façon, sa simple présence pétillante lui suffisait amplement. Il est clair que Keo était une véritable beauté, il lui arrivait souvent de se perdre dans ses yeux vert eau alors que sa main passait dans sa chevelure flamboyante et découvrait les courbes voluptueuses de son corps. Mais elle n’était pas seulement jolie, elle était surtout forte et déterminée, elle émanait la pureté et l’innocence et la malice qu’il percevait parfois dans son regard avait toujours raison de lui. Elle avait été un vrai bol d’air frais à leur première rencontre, peu après le début de la procédure de divorce, au moment où il avait le plus besoin de se changer les idées. Et depuis il ne l’avait plus quitté. Il avait besoin d’elle et même s’il n’osait pas le lui montrer, cela se ressentait à la façon dont il la regardait.
Et puis, il n’avait pas arrêté de penser à elle durant son court séjour à Chicago. Le moindre détail lui rappelait la rouquine et les heures passées au téléphone témoignaient son attachement. Même lorsqu’il avait été lui acheter son souvenir, il avait passé un temps fou dans le magasin à se demander ce qui lui ferait le plus plaisir. Accoudé à la table, Devin était plongé dans la contemplation de la belle et ce n’est lorsqu’elle se redressa pour l’interroger sur le contenu de son frigo qu’il imita son geste pour se diriger vers l’engin et la servir. Mais aussitôt se fut-il relevé que Keo vint se placer tout contre lui. Une petite œillade à sa progéniture pour s’assurer qu’elle fixait toujours l’écran et ses doigts vinrent rapidement se mêler à ceux de la jeune femme. Il les observa un court instant et leva les yeux vers elle : « Eh bien… Ce qu’elle t’a dit sur le pas de la porte, c’est ce qu’elle a répété durant tout le trajet. » commença-t-il avant de poser une main sur sa joue. « Mais n’en tiens pas compte, si elle réagit de cette manière c’est parce que sa mère a trop d’influence sur elle depuis le divorce. Mais avant la fin de la semaine elle t’adorera, tu verras. » Et il la laissa filer, contre son gré. La demoiselle prit alors place sur une des chaises hautes et se mit à battre en rythme sur la table. Ce soir était encore un de ceux où Keo stressait de monter sur scène et Devin savait que la seule façon pour elle de rassembler ses esprits, c’était d’avoir un petit moment à deux avant la performance. Ce qui malheureusement n’allait pas arriver aujourd’hui avec la cadette Kane à la maison. Il aurait bien aimé pourtant, il en avait bien besoin lui aussi après ce weekend.
Il n’y avait strictement rien de sexuel dans ce genre de moment. Il était simplement question de quelques baisers et autres étreintes qui aidaient la jeune femme à se détendre et qui réconfortaient l’anglais. Lorsque la demoiselle lui proposa de venir assister au show, Devin esquissa un mince sourire en coin et fixa sa fille au loin : « Emily, qu’est-ce que tu dirais d’aller voir Keo jouer des percussions ? » La blondinette se retourna, la bouche pleine de bonbons et haussa les épaules : « Bof… Je préfère rester ici à regarder la télévision. » Le père de famille regrettait déjà les futurs moments qu’ils allaient devoir passer tous les trois si sa fille continuait sur cette lancée. Il se sentait surtout mal par rapport à Keo étant donné que tout ce qu’il souhaitait à cet instant même, c’était qu’elle se détende. Il ne savait quoi faire ni quoi dire alors il se contenta de lâcher un petit soupir en lançant un regard désolé à la belle. Il aurait aimé répondre un ‘‘Tant pis, j’y vais tout seul !’’ afin de persuader la petite fille de le suivre mais dans ce cas là, faire jouer la jalousie de l’enfant n’était pas une idée envisageable. Emily risquait de se braquer davantage et il n’en résulterait rien de bon. Il ne savait quoi faire, il ne voulait en aucun cas manquer la soirée de la jolie rousse mais il ne souhaitait pas non plus délaisser sa fille. La seule façon de faire, c’était la persuader et ça, c’était un domaine dans lequel Devin excellait. « T’as tort de pas vouloir venir, Keo est une pro. Tiens, viens voir ce qu’elle sait faire avec des casseroles et des saladiers ! » Et sur ces mots, l’homme alla fouiller dans ses armoires pour en sortir deux casseroles et des petits saladiers en bois qu’il disposa autour de la jeune femme, sur la table. Emily s’extirpa du canapé, non sans soupirer, mais le simple fait qu’elle se soit déplacé était déjà une victoire pour son père. Il se plaça derrière elle, l’attirant un peu plus vers Keo et lança un regard suppliant à cette dernière pour qu’elle se mette à ‘‘jouer’’ n’importe quoi. D’accord, c’était ridicule mais si la blonde acceptait de venir, tout le monde serait content. Surtout lui. |
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Ven 16 Oct - 15:56 | Bien, ce n’était pas que ça commençait tout doucement à lui fiche la trouille, cette histoire vis-à-vis de l’ex-femme de Devin mais un peu tout de même. Alors bien sûr qu’elle n’avait pas imaginé que ça se passerait à merveille entre elles deux et qu’elles deviendraient les meilleures amies du monde, c’était elle qui avait eu la bonne idée de s’acoquiner avec un homme pas tout à fait divorcé après tout – elle n’avait pas vraiment choisi, elle avait tout simplement eu le coup de foudre comme jamais et Keo s’y connaissait en coup de foudre puisque celle-ci l’avait déjà frappée une fois, littéralement, lui laissant une jolie cicatrice le long du dos -, mais ce n’était pas non plus obligé de tourner à la troisième guerre mondiale. Bref, encore un truc qu’elle verrait bien en temps voulu. Tout repousser à la dernière minute faisait partie de ses habitudes. D’autant que là, en l’occurrence, il valait mieux qu’elle se focalise sur Emily qui paraissait avoir à peu près autant de sympathie à son égard qu’envers une mygale. Ce n’était pas gagné et la jeune femme se dit même que c’était carrément mal barré quand la blondinette répondit de but en blanc qu’elle n’en avait rien ciré d’aller à sa représentation et préférait mater des personnages à la peau très jaune. Keo remit son orgueil dans sa poche et fit signe à Devin que ce n’était pas grave. Il lui fallait du temps pour se faire à cette situation toute nouvelle et ça aussi, elle pouvait le comprendre. Ce soir, elle s’impressionnait trop, elle qui ne se croyait pas capable d’une telle patience et maîtrise d’elle-même, elle était tout simplement bluffée. C’est alors que Devin fit une proposition qui la laissa coite. Tout ça dans le but d’intéresser la petite fille. Il fallait qu’elle lui prouve son talent en jouant sur des casseroles et des saladiers. La rouquine rit nerveusement en pensant que c’était une blague mais elle comprit que ce n’était pas le cas en le voyant placer des ustensiles de cuisine sous ses yeux écarquillés. Emily consentit enfin à se lever du canapé, ce qui la rassura encore moins. C’est-à-dire que c’était comme de donner deux représentations dans la même soirée et que, malgré le côté rigolo de celle-ci, elle était tout aussi importante que celle qu’elle donnerait devant un public plus conséquent un peu plus tard, si ce n’est plus, puisqu’il était question d’impressionner la miniature. Avant de se lancer, Keo prit une longue gorgée de soda, espérant que ça ferait disparaître le nœud qui venait de se nouer dans sa gorge mais pas du tout. Tant pis. Ce qu’elle ne ferait pas pour lui, quand même… « Okay, alors c’est quoi ta chanson préférée du moment ? » La fillette la dévisagea quelques secondes pour finir par croiser les bras d’un air défi. « Parfait, j’imagine que tu connais les paroles par cœur, alors t’as qu’à commencer à chanter, d’accord ? » Emily leva les yeux au ciel, de toute évidence pas ravie du tout d’être mise à contribution puis elle regarda son père comme pour lui demander si elle était vraiment obligée de faire ça. Keo quant à elle attendit patiemment que la gamine se mette à fredonner pour lever la main, lui faisant signe de s’interrompre. Après quoi elle sortit de la poche de son blouson une paire de Ray-Ban vintage – autant dire qu’elle s’était ruinée pour acheter ça – qu’elle posa sur son nez. « C’est bon, tu peux reprendre. » Voilà qui eut le don d’intriguer un peu plus la blondinette et ça tombait bien puisque c’était justement le but et elle reprit donc comme Keo le lui avait demandé tandis qu’elle essayait de l’accompagner du mieux qu’elle le pouvait, ce qui rendait bizarrement à cause du matériel utilisé et de l’acoustique de l’appartement mais ça aurait pu être tellement pire qu’elle n’en était pas mécontente. Elle le fut encore moins lorsqu’elle ajouta son petit twist en chantant mal mais elle ne pouvait pas tout faire à la perfection non plus Lips are Movin’ de Meghan Trainor par-dessus, ce qui donnait un mash-up intéressant et qui plut bien à Emily, à en croire sa mine réjouie. Elle était même en train de se dandiner sur la musique, ce que Keo trouva, à sa grande surprise, assez mignon. Pourtant ça n’avait rien de vraiment étonnant, elle ressemblait beaucoup à Devin. Une fois le morceau terminé, la rouquine salua la foule en délire en songeant que si elle avait seulement osé faire ça chez elle, les flics seraient très probablement en train de sonner chez elle pour « tapage nocturne » tandis que Blondie s’exclamait : « Wow, c’est trop cool ce que Cleo fait !! » Cleo… dire qu’elle s’était donné tant de mal pour ça. Mais bon, autant relativiser tout de suite, la méprise pouvait se comprendre, ce n’était pas la première fois qu’on se trompait de prénom et c’était logique car Keo n’était pas un prénom très répandu mais ce n’était pas sa faute si ses parents étaient dans un trip cambodgien lorsqu’elle était née. D’un geste digne, la jeune femme ôta ses lunettes de soleil pour les reposer sur son front et pensa que ça serait bien si les choses étaient quand même un peu moins compliquées avec Adrian, le fils de Devin. Ce dont elle ne doutait pas parce qu’ils n’avaient que quatre ans de différence, alors que les enfants la terrifiaient un peu. Elle leur adressa tout de même un sourire radieux en contournant la table pour se pencher sur la petite demoiselle. « Keo avec un K. Alors, tu préfères toujours regarder la télé que de venir me voir ? Je te ferai même une dédicace ! » Non, non, elle n’était en train d’essayer de l’acheter mais si ça pouvait jouer en sa faveur… Emily y réfléchit alors longuement. On aurait dit qu’elle était tiraillée entre son envie d’y aller et l’idée de faire de la peine à sa mère si elle se montrait un peu trop gentille avec la nouvelle copine. Ce qui était bien normal en fin de compte. Puis elle trancha : « Je veux bien venir finalement… » Ils avaient enfin gagné ! Keo se retint de justesse de se jeter sur Devin pour l’embrasser, histoire de fêter cette victoire.
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Dim 18 Oct - 0:51 | Il savait que ça allait marcher. Il en était même certain. Keo était brillante, elle réussissait toujours à le faire rire ou sourire, même quand le cœur n’y était pas. Emily fonctionnait un peu comme son père ; autrement dit il fallait juste l’intéresser et jouer sur l’humour pour gagner son cœur d’enfant. C’était chose faite puisqu’alors que la belle rousse produisait un mélodieux vacarme sur ses casseroles et ses plats creux, sa fille poussait la chansonnette en se déhanchant. Il resta là à observer ce spectacle, un sourire fier au coin des lèvres, les deux paumes tapant silencieusement sur le plan de travail au rythme des percussions improvisées. Elle était vraiment très douée, c’était un fait. Lorsque son enfant se retourna alors vers lui en vantant les mérites de ‘‘Cléo’’, Devin ne put réprimer un rire. Il passa tendrement une main dans les cheveux de sa fille avant d’entourer ses frêles épaules de son avant-bras. « Très bien dans ce cas, va prendre ta douche et enfiler des vêtements propres. » Petite ruse qui lui permettait également de se retrouver un peu seul avec la jeune femme. Et par seul, il voulait dire vraiment seul et non pas surveillé depuis le canapé du salon.
La petite fille rendit les lunettes de soleil à la jeune femme et courut hors de la cuisine, laissant tout le loisir à Devin d’échanger quelques instants avec sa belle. Alors que celle-ci rassemblait les casseroles pour pouvoir les ranger, celui-ci vint se placer derrière elle et plongea son visage dans sa chevelure flamboyante, fermant les yeux et humant leur odeur. Il adorait l’odeur de son shampoing, aussi étrange que cela puisse paraître. Ses bras vinrent alors entourer sa taille et il resta silencieux un instant avant de déposer un baiser au creux de son cou. « Tu m’as manqué. » Il aurait très bien pu ajouter le mot ‘‘terriblement’’ devant mais une fois de plus, la retenue prenait le dessus. Ce n’était pas seulement une question de timidité, c’était aussi parce qu’il ne voulait pas que Keo soit surprise par l’utilisation d’un tel mot. S’il lui montrait qu’il tenait déjà énormément à elle, qui sait si elle ne finirait pas par être apeurée ? C’est d’ailleurs pour cette raison que jusqu’à présent, Devin n’avait jamais rien tenté de plus. Et aussi parce que d’un commun accord, ils avaient décidé d’attendre que ce dernier soit totalement divorcé pour le faire. Même si, à l’inverse de la demoiselle, l’anglais s’en fichait éperdument. Pour lui le divorce avait été fait lorsqu’il avait franchi la porte du domicile familial.
« Je t’ai rapporté un petit quelque chose de Chicago. » lui susurra-t-il alors avant de se détacher. Après lui avoir fait un signe pour lui demander d’attendre, Devin s’éclipsa quelques secondes pour aller chercher un petit sac dans sa chambre. A son retour, il lui tendit le paquet et l’observa déballa sans dire mot. Il avait mis presque une journée entière à chercher un cadeau pour Keo. Il n’avait pas voulu en faire trop, du genre un énorme bouquet de fleurs qu’elle ne saurait où mettre et un bijou un peu trop significatif, mais il n’avait pas non plus voulu revenir avec un porte-clés ‘‘I love Chicago’’. Il avait donc opté pour un vêtement, une robe en particulier, parce qu’aussi loin qu’il s’en souvienne, il n’avait jamais vu sa copine (cette appellation sonnait vraiment bizarre dans sa tête) porter une robe. Elle était bleue nuit, travaillée au niveau du buste et serrée aux hanches, elle lui irait sans nul doute à ravir. Devin n’y connaissait fichtrement rien en marques de vêtements féminins mais selon une bande de jeunes filles qui passaient devant le magasin le jour où ce dernier regardait les vitrines, c’était « trop classe ! ». Il faisait donc confiance aux jugements avisés de ces demoiselles, en espérant juste que Keo soit aussi conquise... Lorsqu’Emily déboula dans la cuisine quelques instants plus tard, étrangement habillée de la même façon que la rouquine, elle eut juste le temps de voir son père s’éloigner de la jeune femme et n’en fit aucun commentaire. Elle les observa, les bras croisés et soupira un « Bon, on y va alors ? », sauf qu’il en manquait toujours un.
Devin avait passé la journée dans un bas de jogging et un t-shirt, il n’allait certainement pas sortir vêtu de la sorte. « C’est à mon tour d’aller me préparer maintenant, alors pendant ce temps tu patientes avec Keo. » Il appréhendait un peu de laisser sa fille seule avec la rousse, quand bien même elle avait adoré son petit numéro de percussions tout à l’heure. Emily pouvait parfois se montrer un peu trop intrusive et il n’avait pas vraiment envie de laisser Keo gérer ça toute seule. Il savait que la jeune femme n’oserait trop rien dire, de peur que la blondinette ne répète quoi que ce soit à sa mère (ce qui allait être le cas, de toute façon) et cette dernière se sentirait donc en confiance pour manipuler l’amie de son père à sa guise. De quoi empirer la relation entre les deux. Ou bien peut-être que Devin se montait tout simplement trop la tête et que tout allait bien se passer maintenant qu’elles avaient sympathisé grâce à la musique. Après avoir jeté un regard bienveillant à Keo, l’anglais quitta la pièce et partit se doucher en laissant Emily maître des lieux, en quelque sorte. « Alors… » commença la plus jeune en prenant une brique de jus de fruit dans le frigo et en se plaçant sur une des chaises hautes de la cuisine. « Tu es avec papa depuis combien de temps ? » |
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Dim 18 Oct - 16:23 | Ce n’était pas tout ça de se donner en spectacle mais encore fallait-il ranger le matériel ensuite. Précisément ce que Keo était en train de faire comme la jeune femme bien élevée qu’elle était et pendant ce temps-là, Emily était envoyée à la douche. Elle n’avait même pas vu la manœuvre visant à les laisser seuls l’espace d’un instant, mais après coup, elle dut reconnaître que c’était finement joué, une technique secrète de parents même sûrement. Quoi qu’il en soit, elle entendait bien en profiter elle aussi et un large sourire se peignait sur ses lèvres alors que Devin l’enlaçait. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle avait attendu ce moment quasiment toute la journée et qu’enfin elle se sentait bien. La rouquine reposa la tête sur son épaule et posa les mains sur les siennes en se blottissant un peu plus contre lui. Ça pouvait paraître niais à mourir, mais elle ne connaissait rien de mieux que ces moments, une bonne partie de son stress s’était envolée d’un claquement de doigts et elle se sentit fondre en l’entendant lui dire qu’elle lui avait manqué. Oui bon, elle avait bien le droit de se conduire comme une midinette, elle avait l’âge ! Et ce n’était rien de le dire mais Keo ne voulait pas en faire trop non plus. S’il y avait bien une chose que les films lui avaient apprise c’était qu’il ne fallait jamais trop en montrer et puisqu’elle n’avait pas trop, trop d’expérience en la matière… surtout que Devin n’était pas l’un de ces freluquets avec lesquels elle était sortie jusque-là et elle ne voulait surtout pas le perdre pour une connerie pareille. Elle ne voulait pas le perdre tout court en fait. Jusque-là, elle pensait qu’elle ne se débrouillait pas trop mal était donné qu’il lui avait ramené un cadeau de Chicago. Cette information n’aurait peut-être pas dû éveiller en elle une telle excitation, mais c’était pourtant le cas et la raison était super simple : elle adorait les cadeaux, comme tout le monde et ceux qui disent le contraire sont des menteurs. Elle les aimait d’autant plus quand ils venaient d’un homme de goût comme Devin. La jeune femme attendit donc impatiemment et prit le paquet avant de le déballer d’un geste fébrile comme au matin de Noël. Une robe ! Une pièce qui manquait cruellement à sa penderie pour tout dire et les rares qu’elle possédait étaient toutes ultra-moulantes au point qu’il était difficile de se mouvoir dedans. Mais il fallait comprendre, quand les barmen étaient occupés à la mater comme des gros lourds dans une de ces robes, ils en oubliaient de lui demander sa carte d’identité avant de la servir. « Oh, je l’adore ! » s’exclama-t-elle en la sortant de l’emballage pour la mettre devant elle. Ce qui la bluffait, c’est que c’était pile sa taille, on pouvait donc dire que Devin avait l’œil. Puis lorsqu’elle disait qu’elle l’adorait, c’était sincère et pas du genre « wow c’est super, t’oublieras pas de me donner le ticket de caisse pour que je puisse aller l’échanger », ce qui était pourtant arrivé souvent par le passé, non, là elle adorait autant la couleur que la coupe, elle était vraiment trop classe ! Si bien que Keo parcourut les quelques mètres qui les séparaient l’un de l’autre, se planta devant Devin, prit son visage entre ses mains et l’embrassa en guise de remerciement. Autant profiter du fait qu’Emily soit toujours sous la douche, sinon ils seraient encore en train de s’embrasser du bout des lèvres en faisant des manières. En parlant de la Minimoy, voilà justement qu’elle revenait et sa tenue fit tiquer la rouquine. Elle portait un short et un haut exactement de la même couleur que le sien. Eh bien, eh bien, elles avaient fait du chemin depuis tout à l’heure, mine de rien. Enfin ou pas, car lorsque Devin annonça que c’était à son tour d’aller se préparer et que, par conséquent, les deux demoiselles devaient rester toutes les deux pendant ce temps-là, Keo se raidit de nouveau. C’était juste dingue, Emily était haute comme trois pommes mais parvenait tout de même à lui fiche une trouille d’enfer. La jeune femme regarda Devin s’éloigner en se disant qu’elle aurait bien aimé reprendre une douche elle aussi, maintenant, tout de suite, puis elle reporta enfin son attention sur la blondinette qui en était déjà à lui poser des questions indiscrètes. Bon, à partir de là, elle sut qu’elle devrait faire très attention à tous les mots qui pourraient sortir de sa bouche. Mais elle ne risquait tout de même rien sur cette première question. Du moins, elle ne s’en méfia pas. « Un petit moment. Un mois ou deux. » Là en revanche, cet air détaché n’était pas calculé du tout, c’était même plutôt un réflexe, voire un mécanisme de défense. Keo s’accouda à son tour au plan de travail et attendit la prochaine question. C’est qu’elle n’était pas bête et qu’elle savait que ce ne serait que la première d’une longue série. « Ça fait pas longtemps… et tu l’aimes ? » Et voilà, directement dans le vif du sujet. Mais quoi de plus normal, aussi, c’était l’interrogatoire par excellence que devaient subir tous les nouveaux petits copains et petites copines de la part des autres membres de la famille. La rouquine s’y attendait mais le hic c’était qu’ils n’en étaient pas encore à se dire qu’ils s’aimaient. C’était un cap à franchir dans une relation et ça ne se faisait pas par l’intermédiaire d’une tierce personne. Mais d’un autre côté, il fallait peut-être qu’elle rassure l’enfant… Keo se redressa, s’assura à l’oreille que Devin ne pourrait pas l’entendre et baissa même encore d’un ton. « Bien sûr. » « Mais tu veux pas qu’il le sache ! Pourquoi ? » La preuve que cette discussion n’était pas du tout une bonne idée… elle leva les yeux au ciel en cherchant ses mots. Quand elle arriva à la conclusion que le plus simple était le mieux. « Parce que. Alors comme ça, t’aimes bien les Simpsons ? Tu regardes plus Dora l’exploratrice, rassure-moi… » « Naaaaan, c’est pour les bébés. Et puis maman l’aime pas, elle non plus. » Diversion plus ou moins ratée, donc. Une chance que Devin ne passe pas autant de temps sous la douche qu’elle et qu’il revint assez rapidement pour la sauver de tout ça. « On peut y aller, maintenant ?? » Pour une qui ne voulait pas venir à la base, Emily était drôlement enthousiaste. Keo fit alors comprendre à Devin qu’il valait mieux qu’il prenne sa voiture et qu’il la suive pour y aller. Non pas qu’elle ait quoi que ce soit contre l’idée d’emmener tout le monde mais disons qu’elle avait tout de même l’habitude de rouler comme sur un circuit et que ça passait tout à fait quand elle ne mettait que sa propre vie en danger mais plus quand c’était celle d’une fillette de dix ans.
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Ven 23 Oct - 1:27 | Devin venait probablement de prendre la douche la plus rapide qu’il ait jamais pris de sa vie. C’était à se demander s’il s’était réellement lavé. Il avait passé pas plus d’une trentaine de secondes sous le pommeau et il était encore en train de boutonner sa chemise lorsqu’il revint dans le salon quelques instants plus tard. Le fait est qu’il ne voulait pas laisser sa fille et la jeune femme seules trop longtemps pour la simple et bonne raison qu’Emily risquait de poser beaucoup trop de questions et qu’il ne voulait pas embarrasser Keo avec ça. Les questions que la petite n’avait pas osé poser à son père allaient sûrement être lancées à la rouquine et il fallait mieux qu’il soit dans les parages pour éviter cela. Il était persuadé –et même dégoûté à l’idée- que sa femme se servait d’Emily pour espionner son mari. L’enfant n’était sans doute qu’une marionnette qui faisait tout ce que sa mère voulait. Comment expliquer autrement que Mary ait insisté pour que la petite vienne chez son père dès maintenant au lieu d’attendre quelques temps comme ils avaient convenus au départ ? Il y avait anguille sous roche. Et étant donné que le divorce n’était toujours pas prononcé, c’était d’autant plus suspicieux. Ou alors Devin devenait vraiment trop paranoïaque. En revenant dans la pièce principale, l’anglais interrompit une conversation tout ce qu’il y a de plus normal entre les deux demoiselles et il se sentit étrangement libéré d’un poids. « On peut y aller maintenant ? » demanda la blondinette en se plaçant face à son père. Celui-ci avança vers elle, refermant les derniers boutons de sa chemise bleue nuit. « On peut y aller, oui. Va enfiler un manteau et tes chaussures. »
Devin regarda sa fille s’éloigner et laissa glisser sa main le long du bras de sa belle en plongeant son regard dans le sien. « Tu pars devant et je te suis avec elle ? Sauf si tu veux que je te laisse faire le voyage avec ta nouvelle grande amie… » Il arqua un sourcil avant de se mettre à rire silencieusement, caressant tendrement la joue de la belle rousse. Son regard était si électrisant qu’il eut du mal à se détacher. Parfois il lui arrivait de ne se concentrer que sur ça pendant qu’elle lui parlait, après l’avoir embrassé, quand elle laissait transparaître ses émotions. La joie, la colère, la tristesse… Et à chaque fois, Devin avait l’impression de voir un autre regard. Un regard qu’il n’avait jamais vu auparavant et dans lequel il se perdait jusqu’à ce que finalement, elle le ramène à la réalité. Ses yeux et ses lèvres étaient définitivement deux parties de son visage qu’il aimait par-dessus-tout. L’un, reflet de l’innocence, l’autre du désir… Quelques instants plus tard, Devin quittait les ruelles du quartier français au volant de sa voiture, sa fille attachée sur le siège arrière. Et à sa grande surprise, la jeune Emily qui ne cessait de répéter ‘‘maman ne va pas aimer ça’’ la veille, se montrait désormais bien curieuse au sujet de la relation qu’entretenait son père avec la jeune femme. « Keo m’a dit que vous étiez ensemble depuis un petit moment. » L’anglais jeta un coup d’œil au rétroviseur et fit de son mieux pour garder un air sérieux. « Ah bon ? » fit-il alors, ses yeux fixant de nouveau la route. Il était supposé suivre la voiture de la rouquine mais celle-ci était loin de respecter les limites de vitesse dans le quartier et il aurait été enclin à la suivre s’il n’avait pas eu son enfant derrière lui. Ainsi donc, Keo et sa progéniture avaient parlé de lui pendant son absence… « Oui. Elle m’a dit qu’elle t’aimait sauf qu’elle veut pas que tu le saches. » Devin se surprit à sourire bêtement. Un sourire qui disparut bien vite lorsqu’il remarqua que la petite fille le regardait depuis le rétroviseur. « Eh bien, c’est chose faite maintenant, grâce à toi. » Il aurait voulu être une souris pour assister à ce moment. Il ignorait de quelle façon Keo avait répondu à sa fille mais il trouvait ça adorable. Non pas qu’il ait douté des sentiments de la jeune femme jusqu’à maintenant mais le fait de l’entendre dire ces mots, même par le biais d’une tiers personne, renforçait ses propres sentiments à son égard. Et il prenait cela très au sérieux. Elle avait beau être jeune, la rouquine était très mature et il était certain qu’elle ne s’était pas amourachée de lui comme certaines filles de son âge le feraient. Elle éprouvait quelque chose de fort pour l’anglais et il se complaisait dans cette idée. Après tout, c’était pareil pour lui. « Mais elle est jeune, papa… Et toi t’es vieux. » Et une claque en pleine figure, une ! La vérité sort de la bouche des enfants, comme on dit. Bien sûr qu’il avait remarqué ce détail. C’était un de ceux qu’il fallait le plus prendre en compte dans cette relation, avec le fait qu’il sortait avec quelqu’un en étant encore légalement marié. Et c’était sûrement le fait qu’allait relater en premier Emily lorsqu’elle retournerait auprès de sa mère d’ici la fin de la semaine. « Vieux, moi ? C’est juste un concept, ça. Tu penses vraiment qu’un vieux passerait la journée devant les Simpsons en se gavant de sucreries ? »
« Papa… » soupira sa fille, le regard fuyant vers la fenêtre. Fort heureusement, la demoiselle ne dit plus mot jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin au lieu de rendez-vous. Un bâtiment comme la Nouvelle Orléans en possède tant mais qu’on ne verrait dans aucun autre état. À en déduire par le parking déjà plein, l’endroit était bondé et il savait que ça n’allait certainement pas détendre la star de ce soir... Il se gara non loin de Kéo, sûrement déjà stationnée depuis un moment et la rejoignit avec sa fille. « C’est là-dedans que tu vas te produire ? » demanda-t-il en observant le bâtiment. Il baissa alors les yeux vers sa montre. « À quelle heure, d’ailleurs ? Vaudrait mieux pas qu'on te mette en retard… »
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Ven 23 Oct - 17:41 |
Ce qu’il était mignon Devin. Non vraiment, Keo était prête à faire bien des choses pour lui mais ça n’allait pas jusqu’à faire monter sa fille dans sa voiture. Enfin, pas pour le moment tout du moins. La première raison c’était parce qu’elle mourait d’envie d’une cigarette en cet instant précis or elle ne pouvait tout de même pas enfumer sa presque belle-fille. Et accessoirement c’était aussi parce qu’elle avait tendance à se prendre pour Fangio derrière un volant et qu’elle en était tout à fait consciente. Les deux combinés donnerait un mauvais sketch sur les années quatre-vingts, donc non. Mais après avoir secoué la tête, pour se faire pardonner, elle lui pressa doucement la main et lui adressa son sourire le plus charmeur. Puis elle sauta dans sa voiture. Les fenêtres grandes ouvertes déversaient la voix mélodieuse de Justin Timberlake mais ce n’était pas pour que tout le monde en profite qu’elle faisait ça, c’était surtout pour aérer l’intérieur de la Coccinelle car il y n’y avait rien qu’elle détestait plus que l’odeur de tabac en espace clos. Il lui fallut quelques minutes pour se souvenir que Devin la suivait et pour ralentir enfin l’allure. Les mauvaises habitudes ont la vie dure, comme on dit. Malgré le fait qu’elle ait considérablement ralenti, la rouquine arriva tout de même sur le parking avec quelques minutes d’avance. Ce qui lui laissa le temps de terminer sa clope, de s’en débarrasser proprement et de sortir son instrument du coffre. Là-dessus, Devin se gara à côté de la Cox et lui demanda si c’était là qu’elle allait se donner en spectacle produire. La jeune femme se tourna vers l’établissement. C’était à mi-chemin entre une salle de concerts et un bar quelconque. C’était tellement rare pour elle de donner une représentation dans un endroit aussi clean qu’elle en aurait bien fait une croix sur son calendrier. Keo était une habituée des concerts underground, un peu glauques, même. Du genre où les camés se font des fix dans les toilettes et ainsi de suite. Pas par choix mais parce qu’il fallait bien commencer quelque part, puis elle trouvait que c’était préférable à la rue. Elle acquiesça d’un signe de tête avant de déclarer fièrement : « C’est mieux que d’habitude, hein ? »
Car Devin savait par quels endroits elle était passée avant d’en arriver là. Peut-être que ça contribuait à son malaise avant de monter en scène, même. Elle regarda sa montre à son tour et annonça : « Ça va, il me reste vingt minutes. »
Mise en place comprise. Tout ça pour trois pauvres chansons, franchement… ce qu’elle avait hâte d’être enfin reconnue et de ne plus avoir à faire tout ça. Bref, Keo ouvrit donc la marche, pénétra à l’intérieur de l’établissement qui fourmillait déjà en ce début de soirée. Rien de mieux pour accroître son malais mais il fallait bien qu’elle en passe par-là, on ne se faisait pas connaître avec seulement trois ploucs dans la salle, ça n’avait jamais marché pour personne, ça. Elle reconnut le type qui lui avait proposé de monter sur sa scène derrière le bar et se dirigea droit sur lui. Même pas besoin de dire quoi que ce soit, il l’avait déjà reconnue. « Salut, tu veux boire quelque chose ? » « Un cubanisto. »
Même réaction qu’à chaque fois qu’elle commandait une boisson alcoolisée. Et ça avait le don de l’irriter. Enfin quoi, elle n’avait pas demandé un double scotch tout de même et puis ce n’était pas comme si elle avait dix-sept ans non plus, elle était majeure, juste pas en âge de boire à cause des stupides lois de ce pays. Le pire fut quand le gars se tourna vers Devin comme pour lui demander son approbation alors ça, c’était le comble et Keo n’essaya même pas de dissimuler son agacement. « Bon okay, laisse tomber. Un canada dry et ils sont avec moi. »
S’il ne voulait pas lui offrir ce qu’elle voulait alors il faudrait qu’il offre les consommations à tout le monde, voilà ! Il parut soulagé et lui tendit une bouteille de canada dry avec une paille, preuve qu’il la prenait vraiment pour une gamine. Elle attendit que tout le monde ait passé commande avant de se tourner vers Devin et Emily à son tour, car il n’était pas pratique de bouger avec un djembé au milieu d’une foule relativement compacte. « Je vous laisse vous installer, le temps que je mette tout ça en place, il sera déjà l’heure de monter sur scène. A toute à l’heure ! »
En temps normal, Keo aurait invité Devin à venir en « backstage » parce qu’il était le seul à pouvoir la calmer par sa seule présence mais là, c’était un peu compliqué avec Emily, aussi ferait-elle sans. Ou essayerait-elle en tout cas. Une fois qu’elle eut installé son djembé et mis en place sa mise en scène, il lui restait environ cinq minutes qu’elle passa aux toilettes, la tête entre les jambes pour ne pas vomir. Dans la cabine d’à côté, pas de camés et pas de fix, non, mais un couple en train de copuler. Ah ça se faisait partout, ça, manifestement. Stressée ou pas, la rouquine se dit quand même que c’était le summum du mauvais goût. Et oui, elle pouvait parler, elle dont la première fois s’était passée à l’arrière d’une voiture sur le parking derrière le gymnase de son ancien lycée. D’ailleurs ça lui avait laissé un souvenir impérissable mais pas dans le bon sens. Tout ça pour dire qu’elle aurait préféré rester dans ses toilettes plutôt que de monter en piste sur scène. Et pourtant, comme à chaque fois ou presque, ça se passa étonnamment bien. La jeune femme faisait le show. Là en l’occurrence, elle avait choisi d’interpréter trois chansons, Love you like a love song, That’s all en hommage à son Dieu, Phil Collins, et One way or another pour Emily. Blondie, quoi. Mieux valait éviter ses propres compos pour le moment, ça ne brancherait personne. Et qu’elle tape sur son djembé ou sur la batterie que l’on avait mise à sa disposition, à chaque fois ça projetait de la peinture fluorescente partout sur elle. Ah ça devait être très joli à voir mais quelle crasse ça serait à nettoyer… qui avait eu cette idée, déjà ? Entre deux chansons, elle n’entendit qu’une seule fois un illustre inconnu crier « à poil ! » dans l’assistance mais Keo s’estimait heureuse, il y avait des endroits où elle n’entendait QUE ça. Puis lorsqu’elle avait un moment de doute, il lui suffisait de chercher Devin des yeux et de s’accrocher à son regard et alors tout allait mieux. Comme toujours, le temps sembla passer à une vitesse incroyable et la jeune femme devait déjà céder sa place à un autre artiste. C’est le type du bar qui l’accueillit à sa sortie de scène. Il la congratula, lui dit combien c’était cool à voir comme spectacle et tout puis il s’interrompit au beau milieu de ses paroles pour lui demander : « Ça va, Keo ? T’es toute pâle… enfin, plus pâle que d’habitude. »
Keo avait senti le sang se retirer de son visage au même moment où elle avait commencé à voir des petites étoiles défiler devant ses yeux tout en entendant des bruits aigus, lointains. Ce qui ne l’empêcha pourtant pas de répondre : « Ouais, c’était super, whoooooo ! Je vais bi… »
Sauf qu’elle ne finit pas sa phrase puisqu’elle venait de s’écrouler. Plus tard, lorsqu’elle reprendrait connaissance, elle serait reconnaissante à son corps d’avoir évacué la pression de cette façon plutôt qu’en la faisant vomir sur les chaussures de tout le monde. made by pandora.
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Dim 25 Oct - 2:18 | Au départ, Devin avait été un peu dubitatif à l’idée que sa fille assiste à une des représentations de Keo, étant donné les endroits dans lesquels la jeune femme se produisait habituellement. Un repère de camés, d’hommes complètement bourrés et à la recherche d’une paire de belles jambes pour la nuit… Parfois même un baisodrome ou une planque pour les dealers, ça dépendait des lieux. Dans tous les cas, une enfant de dix ans n’avait pas sa place ici et la faire participer à ce genre d’événements était le moyen le plus efficace pour se faire retirer définitivement la garde. Il savait que ce n’était clairement pas la faute de sa belle. Si la jeune femme en possédait les moyens, ces endroits seraient bien les derniers qu’elle fréquenterait. Seulement il fallait bien commencer quelque part et il se trouve que cette voie était la plus susceptible de l’emmener loin… Et puis finalement il s’était souvenu que cette fois-ci, c’était dans un tout autre cadre que la belle rousse allait faire profiter de son talent. Toujours un repère de jeunes, certes, mais il s’agissait là d’un truc un peu plus réglo. Lorsque Keo l’avait emmené dans ce genre d’endroits pour la première fois depuis longtemps, il en était ressorti avec une énorme migraine qui l’avait poursuivie une heure durant. Mais désormais, il s’y sentait comme un poisson dans l’eau et peu lui importait les regards que pouvaient bien lui jeter les plus jeunes. Il n’y avait pas d’âge pour s’amuser, après tout. Il fut surpris en sentant la main de sa fille se glisser dans la sienne alors qu’ils avançaient tous vers le fond de la salle, là où se tenait le bar. L’endroit était plein à craquer, ce qui était plutôt positif pour la belle qu’il sentait plus que stressée. Il aurait voulu la rassurer mais elle ne lui laissa même pas le temps, le laissant seul avec sa fille au milieu de la masse de gens pour aller se préparer à monter sur scène.
D’ordinaire, Devin était toujours là pour la soutenir. Ses bras étaient un réconfort pour la jeune femme et les mots de l’anglais transformaient tout ce stress en détermination. Il savait que Keo en était capable, elle avait juste besoin de ce petit coup de pouce. Et ce soir, elle partait sans. Etait-ce la présence d’Emily ou bien le fait de jouer dans une salle un peu plus grande ? Il n’en avait aucune idée. Mais il était frustré de la laisser partir de cette façon. Pendant un très court instant, il regretta même la présence de sa fille et s’en voulut immédiatement juste après l’avoir pensé. Il est clair que la présence de l’enfant ne permettait pas beaucoup de liberté mais il chérissait les moments qu’il passait avec elle. Il arriverait sûrement un moment où, comme son aîné, Emily refuserait d’endurer plusieurs heures d’avion rien que pour passer du temps avec son ringard de père. Il fallait en profiter tant qu’elle y montrait encore un vif intérêt. Devin patienta au bar, une bière brune à la main tandis que sa fille testait tous les jeux possibles et inimaginables sur son téléphone, aussi peu intéressée que son père par le groupe qui passait avant Keo. Il eut l’impression de voir passer des heures entière avant qu’enfin, la reconnaissable chevelure rousse de sa bien-aimée apparaisse sous le feu des projecteurs… « Emily, voilà Keo ! » s’écria-t-il à l’attention de sa fille qui leva sa tête pour la première fois depuis vingt minutes. Sans aucune gêne, la petite fille entraina un tonnerre d’applaudissement dans la salle et l’anglais suivit, non sans une pointe de fierté et d’étonnement.
Sans grande surprise, Keo ‘‘slayed the stage’’. Sa première fan ne manqua pas de le faire remarquer à plusieurs reprises alors qu’elle tapait frénétiquement dans ses mains pour applaudir la performance de la rouquine. Elle s’en était sortie comme une chef et il n’attendait qu’une chose : la prendre dans ses bras pour la féliciter. Enfin, c’est ce qu’il comptait faire avant qu’il ne la voit s’écrouler à sa sortie de scène. Sa première réaction fut de lâcher son verre de bière qui vint se renverser sur le bar, sa seconde fut de se précipiter vers la belle en bousculant la foule sur son passage. « Keo ! » hurla-t-il pour couvrir le bruit tout en parvenant jusqu’à elle. Mais dans tous les cas, elle ne l’aurait pas entendu. Elle était inconsciente dans les bras du barman de tout à l’heure, aussi pâle qu’un linge et le corps totalement détendu. Si détendu qu’il en devenait lourd pour l’homme qui la portait. Les mains de Devin vinrent porter secours à ce dernier et il lui fit comprendre en quelques mots répétés à la hâte qu’il prenait désormais soin d’elle. Doucement, il se mit à tapoter sa joue en l’appelant plusieurs fois et somma qu’on lui apporte de l’eau. « Il faut la sortir d’ici ! » cria-t-il à l’adresse du barman, un peu comme un appel au secours. A deux, ils réussirent à lui faire prendre l’air et l’anglais alla la coucher à l’arrière de sa coccinelle, en priant pour qu’elle reprenne rapidement connaissance.
Ce fut au moment où il allait composer le numéro des urgences qu’enfin, la belle au bois dormant ouvrit les yeux. Délivrant un long soupir de soulagement, Devin se mit à observer la jeune femme en repoussant les mèches de cheveux qui lui barraient le visage. « La prochaine fois que tu tombes comme ça, assure-toi au moins de le faire sur la foule comme une vraie rock star. » Il y avait mieux à dire à une jeune fille qui venait de retrouver connaissance, certes, mais le stress ne le faisait pas réagir de la meilleure façon qui soit. Il ignorait la raison de sa chute mais c’était tout sauf sain. C’était la première fois qu’il la voyait mal au point et il en vint à se demander s’il n’avait pas manqué quelque chose d’important durant son absence. Et en parlant d’oublier des choses importantes... « Putain, merde ! Emily ! » Sa fille était toujours à l’intérieur et il l’avait complètement oublié. Une fois qu’il fut assuré que Keo allait bien, il se précipita à l’intérieur et chercha sa fille qui avait disparu du bar. Son cœur se mit à battre la chamade et sa gorge se noua si fort qu’il eut l’impression de manquer d’air. Ses yeux balayèrent la salle du regard mais aucun signe d’une petite puce d’un mètre vingt, ce qui le fit d’autant plus paniquer. Une partie de lui essayait de le raisonner tant bien que mal : Emily était loin d’être bête, elle avait simplement dû prendre le chemin de la sortie en s’apercevant de l’absence de son père dans la salle. Mais lorsque Devin ressortit pour la chercher, il ne trouva personne sauf les fumeurs invétérés. Sa progéniture allait le détester, c’était certain. Surtout en voyant le nombre de minutes qu’il allait mettre avant de la retrouver bien sagement devant leur voiture. |
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Dim 25 Oct - 17:38 |
Total blackout, comme l’émission. Dans ces moments-là, vous aviez juste envie de traîner en justice tous les films, les dessins animés, les séries qui vous font croire que lorsque vous perdez connaissance, vous vivez ce qu’aurait pu être votre vie si vous aviez fait tel ou tel choix. A moins que ça ne soit lorsque vous étiez dans le coma… toujours est-il que Keo n’avait jamais eu droit à ce genre de moments. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’elle était victime d’un malaise vagal et ça ne serait probablement pas la dernière, elle n’était qu’humaine après tout. Pas de film narré par un ange ou un fantôme parce que c’est forcément toujours l’un ou l’autre, pas de survol de son propre corps, alors qu’elle pourrait en ce moment voir Devin pâlir presque autant qu’elle à cause de tout le souci qu’il se faisait à son sujet et mettre une claque indolore et invisible à ce barman qui avait l’outrecuidance de la toucher. C’était très urbain de sa part, il lui avait évité de se faire des ecchymoses un peu partout ou pire, le traumatisme crânien, mais la jeune femme ne supportait pas que n’importe qui pose ses mains sur elle, c’était comme ça, seuls quelques élus échappaient à cette règle. Mais rien de tout cela ne se produisit puisque c’était le noir complet. En réalité, lorsqu’elle se réveilla, il lui fallut deux secondes pour comprendre que ce plafond si bas était celui de sa voiture. Elle qui pensait n’avoir perdu connaissance que l’espace de quelques secondes, ça avait manifestement duré plus longtemps que ça, au moins le temps de la transporter jusqu’à la Coccinelle. Ça en revanche, c’était un peu inquiétant mais ce qui eut tôt fait de la rassurer, ce fut la présence de Devin à ses côtés. Mieux encore, ses paroles la firent rire, insufflant ce qu’il fallait de chaleur dans son corps encore un peu engourdi et à son tour elle posa sa main sur la joue de son bien aimé et la caressa du bout des doigts. La rouquine se sentait vidée, comme une pile usée mais au moins n’était-elle plus aussi tendue. Et bien qu’un mal de crâne commença à lui vriller les tempes, elle répondit tout de même : « C’est promis ! Epuisant le métier d’artiste, rappelle-moi pourquoi je fais ça… »
Dire elle ne connaissait même pas encore le côté amusant de la chose. Elle n’avait jamais balancé de poste de télé par la fenêtre d’une chambre d’hôtel hors de prix par exemple, et ça, c’était la vraie vie de rockstar. Keo déprimait légèrement et mentalement à l’idée qu’elle devait se lever tôt quasiment tous les jours pour aller bosser, elle, quand Devin énonça un fait : Emily n’était pas là. Ce qui signifiait forcément qu’elle était restée à l’intérieur. Ce n’était pas dramatique non plus, elle serait en compagnie de jeunes qui ne lui feraient pas de mal mais bon, quoi de plus normal que Devin soit paniqué au point de courir à toutes jambes dans la direction du bar une fois qu’elle lui eut confirmé d’un regard qu’elle allait bien. Bien mieux que tout à l’heure en tout cas. Quelques secondes plus tard, la jeune femme se sentait terriblement coupable de ne pas partir à la recherche de la petite fille elle aussi. Vu comme l’endroit était bondé, ils ne seraient pas trop de deux pour la retrouver, alors elle passa avec bien peu d’agilité sur le siège avant, farfouilla dans sa boîte à gants et en sortit un sachet de caramels. Rien de mieux que le sucre pour se requinquer. Et on lui avait inculqué ça avant même de voir Harry Potter. Keo allait se servir quand un coup frappé à la fenêtre de sa voiture la fit sursauter, envoyant tous les caramels en l’air avant qu’ils ne retombent sur le sol. De l’autre côté de la vitre se tenait Emily, seule, ses mains plaquées sur le carreau comme sur la vitrine d’un magasin de jouets la veille de Noël. On aurait dit une scène des Enfants du Maïs. D’ailleurs, elle avait la même expression réjouie et elle s’écria : « Je me suis perdue, je retrouvais ni toi, ni papa, mais Miles m’a raccompagnée sur le parking puis je t’ai vue et il est parti. »
D’un air inquisiteur, la rouquine jeta un regard autour d’elle, histoire de s’assurer que le Miles en question n’était pas tapi dans l’ombre à les mater pour allez savoir quoi, mais il n’y avait rien à l’horizon. Keo fit signe à la blondinette de monter dans le véhicule, simple précaution et lui offrit un caramel. Ceux-ci étaient emballés, heureusement. « Ton père est parti à ta recherche. S’il n’est pas de retour d’ici dix minutes, on va le retrouver, d’accord ? »
Emily hocha la tête tout en mâchant avec force son caramel. Malgré tout ce qui s’était passé ce soir, elle avait l’air d’être celle qui s’était le plus amusé. Même qu’elle ne cessait de lui répéter que c’était « trop super comme spectacle avec la peinture et tout ». C’était peut-être l’avis d’une gamine de dix ans mais ça n’aurait pas pu faire plus plaisir à Keo. Au moins, elle avait réussi à enthousiasmer quelqu’un et puis ce n’était pas n’importe quelle enfant de dix ans, c’était la fille de Devin, celle dont elle devait gagner le cœur. Ce n’était pas peut-être pas encore le cas mais tout cela était quand même très encourageant. Pendant ce temps, la petite blonde pointait ses taches de peinture du bout de l’index. « C’est marrant, on dirait que t’as la varicelle. Ou des taches de rousseur, comme tu devrais en avoir, si t’étais une vraie rousse. »
Hum, ben du coup la jeune femme ne savait pas vraiment comment le prendre. Était-ce joli d’avoir la varicelle ? Probablement pas. Et puis elle était une vraie rousse, malgré l’absence de taches de rousseur mais ça ne servirait à rien d’argumenter avec Emily, elle semblait toujours avoir raison. Keo se contenta donc d’hausser vaguement les épaules avec un sourire, tout en jetant un coup d’œil vers l’entrée du bar. Toujours pas signe de Devin. Le mieux dans ces cas-là c’est toujours de rester au même endroit, au risque de passer de très longues minutes à se chercher en vain. La rouquine le savait. Mais elle savait aussi que ça la rendait malade de savoir Devin inquiet à un point qu’elle ne pouvait imaginer. C’est la raison pour laquelle elle patienta encore dix secondes avant de prendre la décision de partir elle aussi à sa recherche. Avec l’enfant, évidemment, sinon ça n’avait aucun sens. Elle exposa donc son plan à Emily, qui n’avait rien à redire, lui soumit quelques consignes du genre « tu ne t’éloignes pas trop, ça serait bête qu’on te perde aussi » et elle ne pouvait jurer que la blondinette lui obéirait mais elle osait espérer qu’elle se montrerait raisonnable. Qu’est-ce qui pouvait bien se passer de toute façon ? Dire qu’elle aurait pu tout simplement penser à lui passer un coup de fil. Elle y avait songé en plus mais pas moyen de mettre la main sur son portable. Sans doute que celui-ci était tombé lors de sa chute et sans doute aussi qu’il était en mille morceaux maintenant, elle serait bonne pour en racheter un. made by pandora.
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Lun 26 Oct - 1:37 | Toute cette masse de gens ne le dérangeait aucunement d’habitude, mais cette fois Devin aurait aimé qu’ils disparaissent au moindre de ses mouvements de bras. Il voulait juste y voir plus clair pour essayer de retrouver son enfant entre ces demoiselles en robes courtes et ces messieurs tout transpirants. Sur le bar, son verre de coca-cola à peine entamé était encore là, le socle trempé par la bière qu’il avait renversé un instant plus tôt. Mais elle n’était plus sur ce siège où il l’avait laissé et même si ça lui semblait invraisemblable qu’elle soit entre tous ces gens venus profiter du concert, il l’y chercha quand même. Il imagina alors les pires scénarios possibles et inimaginables concernant sa progéniture : Et si on l’avait embarqué en dehors, dans une camionnette qui menait Dieu seul sait où ? Si un groupe d’hommes un peu trop bourrés l’avaient attiré dans les toilettes ? L’anglais secoua la tête pour chasser ces images horribles de son esprit. Si quelque chose arrivait à Emily, il s’en voudrait toute sa vie. Il serait même capable d’y mettre fin. Il aimait ses enfants plus que tout au monde et même si c’était parfois plus compliqué qu’il ne voulait avec eux, il espérait qu’un jour tout puisse s’arranger. Ce divorce n’était pas facile à gérer, la crise d’adolescence d’Adrian et l’abandon qu’avait cru subir Emily encore moins. Il n’avait pas voulu les abandonner, il avait juste voulu s’éloigner de leur mère avec qui il n’arrivait plus à vivre et bien sûr, il ne put les emporter avec lui. Si son influence sur eux avait été plus conséquente, il n’aurait pas réfléchi à deux fois. Mais la maman est un élément non-négligeable et elle gagne très souvent à ce jeu là.
La peur l’empêchait d’hurler le prénom de son enfant. Et il savait que de toute façon, cette dernière ne l’entendrait pas avec tout le bruit qu’il y avait dans cette salle. Parfois, il attrapait quelqu’un par l’épaule pour lui demander s’il n’avait pas vu une petite fille blonde passer à côté d’eux, mais là aussi ce n’était pas très fructueux. Et pour couronner le tout, la migraine revenait. Devin s’extirpa d’un groupe de jeunes qui sentaient l’alcool à des kilomètres, fermant les yeux pour masser ses tempes douloureuses lorsqu’il fonça de plein fouet dans un homme. Il allait continuer son chemin après un signe d’excuse mais se stoppa net en voyant qu’il s’agissait du jeune homme avec qui il avait porté Keo jusqu’à sa voiture. « Eh ! » s’écria-t-il en l’attrapant par le bras, l’incitant à se mettre face à lui. « T’aurais pas vu ma fille ? Elle était assise au bar et le temps qu’on sorte Keo, elle a disparu ! » Le hochement de tête du dénommé Miles eut l’effet d’un puissant tranquillisant sur Devin et il en fut si soulagé qu’il fut à deux doigts de s’écrouler à même le sol. « Je l’ai ramené dehors, elle a voulu vous attendre devant votre voiture. » L’anglais tapota son bras avant de se diriger vers la sortie. « Merci Mike, je t’en dois une bonne ! » Le jeune homme répondit du tac au tac. « C’est Miles. » Mais le père de famille ne prit même pas la peine de l’écouter. « Ouais bah merci quand même ! »
Une poignée de minutes plus tard, c’est Devin qui se retrouva collé à la vitre du bolide de Keo, le nez presque écrasé contre la paroi. Un grand sourire se dessina sur son visage lorsqu’il aperçut sa fille, caché derrière Keo, les joues pleines. Il se hâta d’ouvrir la porte et resta appuyé à la portière en jugeant les deux demoiselles du regard : « Je vais finir la soirée aux urgences avec vous, entre une qui reste inconsciente pendant un temps et l’autre qui n’a pas arrêté de manger des sucreries toutes la journée… Ça vous amuse de me faire paniquer, on dirait. » Sa fille arqua un sourcil, fourrant un autre caramel dans sa bouche sous le regard désapprobateur de son paternel. « Peut-être, mais c’est moi que tu as laissé toute seule à l’intérieur. » La blondinette attrapa tous les cadavres de papiers de bonbons et jeta le tout par la porte ouverte devant laquelle se tenait son père. Les papiers virevoltèrent et atterrirent aux pieds de Devin. Ce dernier la fixa longuement, le regard menaçant. « Et tu crois sincèrement que je vais te laisser t’en tirer comme ça ? Tu sors de cette voiture et tu viens ramasser tout ça immédiatement, la pollueuse. » Ces agissements n’avaient de cesse de surprendre Devin. Lorsqu’il avait quitté la maison, sa fille était loin d’être une enfant insolente. Il ignorait la raison de ce changement de comportement mais il en était peu fier. On avait toujours fait remarquer la politesse et la bonne tenue de ses enfants et aujourd’hui, ni le frère ni la sœur n’avaient ce comportement impeccable.
Un long soupir plus tard, Emily était agenouillée sur le sol en train de ramasser ses déchets et c’est à ce moment précis que Devin en profita pour caresser rapidement la cuisse de sa belle et s’assurer à l’aide d’un regard pénétrant qu’elle allait bien. Elle avait retrouvé des couleurs et l’appétit, ce qui était déjà pas mal. Le regard plongé dans celui de la jolie rousse, il ne détourna les yeux qu’à la question de sa fille. « Papa, est-ce que Keo peut venir dormir à la maison ce soir ? » A nouveau, il échangea un regard avec la rouquine. En plus d’être sacrément étonnant venant de la part de sa fille, c’était surtout intimidant. Ces choses-là devaient se faire assez naturellement et là, on pouvait dire que c’était tout sauf naturel. En fait, ça lui semblait presque orchestré. Une idée de Keo, peut-être ? Ou peut-être pas, tiens, vu le regard décontenancé qu’elle lui adressait. « Euh… Eh bien, je sais pas. Demande déjà à Keo si elle en a envie… » La balle était dans son camp. C’était elle qu’il fallait surtout convaincre, Devin quant à lui ne s’opposerait en aucun cas à une telle idée. Même si ça risquait d’être très, très étrange. |
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Lun 26 Oct - 22:38 |
Même pas le temps de mettre un pied dehors que Devin était déjà là, signalant sa présence de la même façon que sa fille, ce qui causa une nouvelle petite frayeur à Keo. Non mais c’était un truc de famille de surgir comme ça devant les fenêtres ou bien ? Cela étant dit, elle était bien contente qu’il soit là et qu’elles n’aient pas besoin de retourner à l’intérieur du bar. Avec sa chance, elle était certaine de perdre une nouvelle fois Emily pour ne pas la retrouver de sitôt, donc c’était une chance. S’ensuivit alors une discussion père-fille où pointèrent quelques reproches et la rouquine se garda bien d’intervenir. Pour se terminer par une mini-crise, des papiers de caramels volant en tous sens et Devin haussant le ton. Ce qui lui plaisait définitivement beaucoup. C’est donc avec une véritable pointe d’admiration qu’elle soutint son regard jusqu’à ce que la petite fille propose un truc auquel elle ne se serait pas attendue : elle proposa, même demanda que Keo passe la nuit chez eux. Au départ, la jeune fille fut quelque peu déroutée et interrogeait le principal intéressé du regard. C’est-à-dire que si elle avait passé plusieurs soirées à l’appartement de Devin, elle n’y avait encore jamais dormi et jamais elle n’aurait imaginé que la première fois se passerait de cette façon. Accoudée à son volant, menton posé dans la paume de sa main, la jeune femme fut un peu attendrie par la réponse de Devin et elle rosit aussitôt. Il fallait absolument qu’elle apprenne à maîtriser ça, ça la trahissait toujours. Quoi qu’il en soit, c’était à elle de trancher et ça, Emily l’avait bien compris. Elle se hâta de terminer de ramasser ses emballages de caramels puis vint se planter devant elle, marchant littéralement sur les pieds de son père pour se faire. C’était la première fois qu’elle était victime d’une attaque Chat Potté, Emily cligna à plusieurs reprises de ses grands yeux, au point que Keo pouvait presque entendre le « ting, ting » que l’on entendait dans les dessins animés. Une méthode dont elle avait elle-même usé et abusé avec ses parents. Ce qui fait qu’elle était bien placée pour savoir que ça marchait à chaque fois. Cette fois n’y échappait pas mais elle préféra tout de même peser le pour et le contre avant de répondre. En fait, ça ressemblait plus à une invitation à une soirée pyjama plutôt qu’à une première nuit avec l’homme de sa vie mais elle avait à cœur qu’Emily l’apprécie et c’était l’occasion rêvée. Quitte à dormir sur le canapé s’il le fallait, le canapé de Devin était confortable au point de ne pas se réveiller complètement cassée le lendemain. « C’est d’accord mais il faut d’abord que je passe chez moi récupérer quelques trucs. » C’est qu’elle était couverte de peinture, qu’il lui fallait impérativement un pyjama pour une soirée pyjama, donc, et que, comme toute fille qui se respecte, elle ne pouvait se passer de ses crèmes hydratantes. Soit, inutile d’entrer dans les détails. Emily quant à elle semblait aux anges et grimpa une nouvelle fois dans la voiture, sous l’œil surpris de Keo qui pensait leur dire de rentrer et qu’elle n’en avait que pour dix minutes. Bon, eh bien changement de plan… « J’vais avec Keo ! Je voudrais bien voir où elle vit. » Non, ce n’était pas du tout flippant. La jeune femme leva alors les mains en signe d’impuissance et accepta que la fillette se joigne à elle. Elle promit même à Devin de conduire prudemment et demanda à Emily de passer à l’arrière et de bien boucler sa ceinture. Ça serait une sorte de test voire de défi pour elle, si elles s’en sortaient toutes deux saines et sauves, alors ça voulait dire qu’elle pouvait absolument tout faire, voilà. Une fois de plus, elle consulta sa montre et proposa à son tour, en voyant qu’il n’était pas si tard que ça en fin de compte : « Je peux passer chercher une pizza, aussi. » Ce n’était pas qu’elle mourait de faim après pratiquement trois jours de jeûne mais un peu tout de même, alors si la proposition était acceptée, elle irait même jusqu’à acheter de la glace pour le dessert. Mais encore fallait-il que la proposition soit acceptée, ce n’était pas le repas le plus sain au monde et d’après ce qu’elle avait cru comprendre, Emily avait déjà passé la journée à se goinfrer de bonbons en tous genres, il ne faudrait pas non plus qu’elle soit malade. Une fois qu’elle eut l’accord de Devin, Keo se mit en route, faisant des efforts quasi surhumains pour rester juste un peu au-dessus de la limitation de vitesse, elle ne pouvait pas rouler plus lentement, ça lui semblait contre nature. Dix minutes plus tard à peine, elles étaient devant elle. La rouquine observa alors l’expression de la petite blonde qui était en train de faire la grimace. Et encore, elle n’avait pas vu l’intérieur… son expression de changea pas en le voyant, elle avait l’air tout aussi déçue. Ben oui, Keo n’était que stagiaire, il fallait bien qu’elle vive selon ses moyens. « C’est là-dedans que tu vis… oh, c’est quoi toutes ces petites poupées ? » Blondie venait de remarquer ses minkondi et les retournait entre ses mains. Autant dire que c’était difficile à expliquer, mais elle s’y risqua tout de même : « Ce sont des figurines qui me protègent. » « De quoi ? » « De tout. » « Oh… » Elle possédait également une collection de poupées vaudou mais ça, elle ne les laissait pas à vue. Jamais de la vie, ça soulèverait trop de questions même si dans le fond, chacun ses croyances, hein. Certains brûlaient des cierges et priaient, elle piquait quelques cheveux aux gens qui pourraient représenter une menace et plantait des aiguilles dans des poupées à leur effigie, voilà tout. Et elle aimait à croire que c’était efficace, aussi. Keo laissa la miniature contempler tout ça et même choisir un DVD et eut tôt fait de rassembler ses affaires pendant ce temps-là. Ce n’était pas comme si elle devait courir d’une pièce à l’autre, étant donné qu’il n’y en avait que deux. Et une fois que cela fut fait, elles purent repartir, direction la pizzeria. Ce n’est qu’une fois devant la porte de l’appartement de Devin qu’elle remarqua qu’Emily avait choisi un film d’horreur. « Désolée, j’avais pas vu qu’elle avait choisi l’Exorciste… » dit-elle avec un sourire d’excuse une fois qu’il eut ouvert la porte. A elle ça ne lui posait aucun problème, ce film, elle l’avait bien plus tôt que ça mais peut-être, sûrement même, que Dev et son ex-femme ne voulaient pas éduquer leurs enfants de cette façon, alors… made by pandora.
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Ven 30 Oct - 1:27 | La soirée avait connu beaucoup de situations inattendues. Mais celle là était la plus inattendue de toutes, sans aucun doute. Vu comment les choses avaient commencé entre Keo et sa fille, il était loin de s’imaginer que ça allait se finir de la sorte. Mais surtout il n’imaginait pas que ce serait sa propre fille qui inviterait la belle rousse à passer sa première nuit chez lui. Il avait déjà pensé à ce moment là mais aucun de ces songes n’incluaient la présence de la petite fille. Il faut dire que ce soir, la jeune femme venait dormir à la maison en tant que nouvelle amie d’Emily et non pas en tant que partenaire de Devin. Et c’était quelque chose qu’il fallait particulièrement prendre en compte, notamment parce que la petite blonde allait accaparer Keo sans se soucier une seule seconde de son père. Le regard de l’anglais alla de la rouquine à sa progéniture, un timide sourire au coin des lèvres et il ne put qu’acquiescer à la soirée pyjama qu’elles étaient en train d’organiser. Sauf que dans tout ça, quelle serait sa place ? Fallait-il qu’il s’éclipse ou qu’il s’incruste ? Il appréhendait. Peut-être même bien plus que s’il avait été à l’origine de l’invitation, dans un tout autre but cette-fois. Celui-ci se redressa alors, une main appuyée sur le capot de la coccinelle et l’autre tenant fermement la portière. « Bon, très bien dans ce cas… On se retrouve à la maison. » Et sur ces mots il claqua la porte, levant la main pour saluer les deux demoiselles qui quittaient déjà le parking.
C’est presque une heure plus tard que celles-ci sonnèrent enfin à la porte de Devin. En une heure de temps, il n’avait presque rien fait, pour ne pas dire rien du tout. Il avait voulu faire le lit pour Keo mais il n’avait pas réussi à se décider quant à son emplacement. Il avait également voulu préparer des popcorn pour le film qu’elles avaient prévu de visionner mais il avait abandonné l’idée en se rappelant du fait que la rouquine souhaitait acheter une pizza, mais aussi de toutes les sucreries que sa fille avait avalé aujourd’hui. Il ne manquait plus qu’elle lui fasse une crise de foie et il en entendrait parler de cet incident à chaque fois qu’il aurait son ex-femme au téléphone. Déjà qu’il allait probablement se faire sonner les cloches quant au fait qu’il ait perdu la blondinette dans le bar… Lorsqu’il aperçut les deux filles devant sa porte, l’une brandissant le dvd de l’exorciste et l’autre un carton de pizza fumant, il ne put qu’arquer les sourcils, totalement démuni. « La pizza à minuit, je veux bien. Mais l’exorciste, c’est... Tu sais au moins de quoi parle ce film, Emily ? » demanda-t-il à sa fille en refermant la porte derrière elles. « Bah non, sinon je ne vois pas l’intérêt de le regarder ! » Et toc. C’est qu’elle avait vraiment du répondant et c’était à se demander de qui elle avait pris. Sûrement Mary, pensa Devin, elle avait pour habitude de rétorquer de cette façon… Une habitude qu’elle a toujours, d’ailleurs.
« Viens Keo ! » fit alors la petite fille en attrapant la main de sa nouvelle copine. « C’est à mon tour de te montrer ma chambre… » L’expression qui s’afficha alors sur le visage de la jeune femme (bien qu’elle ait essayé de le dissimuler derrière un petit sourire) décrocha un rire au plus âgé qui se saisit donc du carton de pizza. « Je vais mettre ça au chaud en attendant. Amusez-vous bien… » Il est clair que pour elle comme pour lui, cette soirée était loin d’être une de celles qu’ils avaient imaginés. Mais après tout, c’était peut-être ça le plus marrant. Se retrouver confrontés aux aléas de la vie, ça n’avait pas que du négatif. Ils apprenaient à vivre avec, à gérer ces situations afin de mieux les aborder si elles devaient se reproduire. Il savait désormais qu’au prochain séjour de sa fille, il fallait qu’il cède Keo à cette dernière s’il voulait la tenir contente. C’était à se demander si elle allait désormais venir à la Nouvelle Orléans pour voir son père ou sa bien-aimée. Et il était certain que lorsqu’Adrian allait rencontrer la belle rousse, lui dont les hormones sont en ébullition, il n’allait pas avoir un avis divergent de celui de sa petite sœur.
Laissant les deux filles seules dans la chambre, Dev alla mettre la pizza au chaud dans son four. Et il ne trouva rien d’autre à faire pendant les dix minutes qui suivirent. Il pouvait entendre sa fille au loin qui présentait à Keo le peu de ses objets personnels présents dans la chambre mais il n’intervint pas. Il attendit bêtement, appuyé contre son plan de travail, les mains au fond des poches et une d’entre elles s’aventurant parfois dans le four pour vérifier sa température. Manque de bol, la dernière fois fut la fois de trop puisqu’en voulant retirer sa main, l’anglais se brûla. Premier réflexe : Cracher tous les noms d’oiseaux, malgré la présence de sa fille dans la pièce d’à côté. Deuxième réflexe : Passer sa main sous l’eau jusqu’à ce que le froid du liquide estompe la douleur. Troisième réflexe : Aller dans la salle de bain pour se badigeonner de crème. Il était loin de s’imaginer qu’il allait se retrouver seul dans la même pièce que Keo qui, après avoir visité la chambre d’Emily, tentait d’enlever les tâches de peintures fluorescentes sur son corps dans la douche. |
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| Sujet: Re: Not only you and I in the end → Devin - Ven 30 Oct - 14:56 |
Alors comme ça, Emily ne connaissait pas l’Exorciste. C’était assez logique quand on y pensait, maintenant, quand on parlait d’un film terrifiant dans la cour de récré, c’était sans doute plus d’un film comme Paranormal Activity ou The Conjuring et c’était triste pour cette génération qui ne connaîtrait rien de plus flippant qu’une poupée au design farfelu. Oui bon, Chucky c’était un peu pareil mais au moins c’était un peu plus original à l’époque. Puis Keo devait remercier ses parents de lui avoir fait connaître tous ces chefs-d’œuvre du cinéma d’horreur, sinon elle n’était pas de la bonne génération non plus. Enfin bref, la fillette aurait au moins une bonne surprise, bien que le titre soit assez éloquent… à moins de ne pas comprendre ce mot, évidemment. C’était fou ça, ça faisait seulement neuf ans et elle avait un mal fou à se mettre à la place d’une petite fille de dix ans. Mais le film n’était pas pour tout de suite, ni la pizza d’ailleurs, ce qui la désespéra un peu quand même. Pour l’heure, Emily tenait à lui montrer sa chambre à son tour et la rouquine lança un regard implorant à Devin tandis que Blondie l’entraînait vers son antre mais il préféra se marrer. Okay, un jour ça se paierait, ça. Pourtant, Keo s’attendait à tout sauf à ça. Elle savait que la chambre d’Emily ne pouvait pas être décorée de la même façon que celle qu’elle avait chez sa mère, là où elle vivait la plupart du temps mais là c’était assez drôle. Elle avait eu la folie de croire qu’elle trouverait la cabriolet rose flashy de Barbie, quelques-unes de ses copines et des petits poneys – une réplique de sa propre chambre d’enfant hormis que les petits poneys étaient remplacés par des peluches en forme de homards et déjà en ce temps-là des minkondi – mais en fait, il n’y avait rien de tout ça. A la place, des posters et des CDs. D’un groupe qu’elle ne connaissait que de nom. Ah c’était donc eux les One Direction… ils avaient des têtes qui ne lui inspiraient pas du tout confiance mais elle n’en dirait rien, histoire de ne pas vexer la fillette. Au lieu de ça, elle fit comme si elle s’y connaissait et hocha la tête d’un air appréciateur. Ça serait toujours mieux que son studio de toute façon, qui pouvait tenir tout entier dans cette chambre, soit dit en passant, elle en aurait mis sa main au feu. « T’as l’air d’être bien installée, c’est cool. » Un commentaire comme un autre, auquel Emily répondit d’un hochement de tête à son tour. Là-dessus, la rouquine annonça qu’il fallait qu’elle fasse partir ces taches de peinture avant de passer à table et se retira dans la salle de bains. Une de ses pièces préférées dans l’appartement de Devin. D’accord, c’était une salle de bains de mec, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas tous les produits de beauté qu’il y avait dans son minuscule taudis mais elle était spacieuse et brillante. Puis en terme de produits, elle en avait ramené plus qu’il n’en fallait pour une seule nuit. Même qu’elle les étala sur le rebord de l’évier avant de passer sous la douche. Où elle fredonna Cry me a river au pommeau de douche. Cry me a river sous la douche, c’était du génie, purement et simplement. Keo était une habituée des douches ultra-rapides, elle avait passé son adolescence dans un internat où il fallait se laver de la tête aux pieds, cheveux y compris en moins de dix minutes si l’on voulait avoir de l’eau chaude ce qui fait que même lorsqu’elle avait le temps, elle ne traînait jamais. Réflexe. Et quand elle sortit, Devin était là. Elle ne l’avait même pas entendu en vérité, en partie à cause du bruit de l’eau et aussi parce qu’elle était trop occupée à faire partir sa peau en même temps que la peinture. La jeune femme se figea un court instant. Elle hésita à retourner aussitôt dans la cabine de douche mais d’un autre côté, il fallait bien que ça arrive un jour, elle n’avait juste pas imaginé que ça se déroulerait de cette façon, ça non plus. Elle n’avait surtout pas envisagé qu’elle serait seule à s’exhiber, là était le problème. Puis elle se rassurait en se disant que s’il n’en avait voulu qu’à ses fesses, il n’aurait certainement pas attendu deux mois. Car oui, elle le faisait poireauter depuis si longtemps et ça l’arrangeait un peu. D’un côté, elle appréhendait ce moment, que Devin se rende compte de son inexpérience en la matière et préfère aller voir ailleurs. Parce que ça n’avait pas que des avantages d’être aussi jeune. Et finalement oui, on peut penser à bien des choses en une petite fraction de seconde, elle s’avança d’une démarche totalement pas naturelle, donnant l’impression de sortir tout droit d’une pub pour déodorant et attrapa une serviette qui se trouvait là et l’enroula autour d’elle. Plus awkward comme situation, tu meurs, mais elle agissait comme si tout était normal. On y aurait presque cru si elle n’était pas à présent aussi rouge qu’une pivoine. Se rendant bien compte que si elle essayait de sortir le moindre mot en cet instant, elle bégayerait sans doute de la même façon qu’elle avait bégayé devant Emily un peu plus tôt, la rouquine s’empara du peigne qui dépassait de sa trousse et entreprit de se démêler les cheveux en évitant un maximum de jeter des coups d’œil à Devin par le biais du miroir. C’est qu’elle n’avait même pas eu l’occasion d’évoquer la cicatrice qu’elle avait dans le dos avec lui qu’il avait peut-être entraperçue, le temps qu’elle attrape cette serviette. Certes, c’était joli et tout qui avait pu la voir avait pensé qu’il s’agissait d’une nouvelle sorte de tatouage ou de body art mais tout de même, elle aurait préféré l’avertir. Tant pis. Une fois qu’elle se sentit à nouveau capable, elle le regarda et se mit à parler comme si de rien n’était. « Au fait, je t’ai pas dit mais jeudi, quand on a été interrompus au téléphone à cause de mon double appel. C’était mon patron. Enfin, c’était un barman qui me demandait d’aller récupérer mon patron dans son bar. J’ai eu l’occasion de conduire sa Mercedes… que j’ai crashé contre une autre voiture… Mais rien de grave, d’ailleurs c’était pas ma faute. » En revanche, elle n’allait pas parler du fait que Mark avait lourdement insisté pour qu’elle dorme chez lui, histoire de s’assurer qu’elle irait bien bosser le lendemain matin. Ça ne devrait pas trop plaire à Dev. Puis elle remarqua enfin la raison pour laquelle il était entré dans la salle de bains alors qu’elle s’y trouvait. Keo se tourna alors vers lui. « Ça va, ta main ? Tu lui as fait quoi ? » made by pandora.
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