La journée avait été si longue… Et pourtant, Madeline était toujours derrière son bureau, à classer les dernières paperasses de son dossier. Elle venait tout juste de boucler son rapport, et il manquait plus que la validation du boss pour que tout soit aux normes et qu’elle puisse quitter son poste. « Ellis, rentre chez toi. » En parlant du loup, le voilà qui sortait de sa tanière. James s’était posté devant elle, tapotant sur le bureau du bout des doigts… Ca faisait bien vingts minutes qu’il l’observait en silence, sans qu’elle ne s’en soit rendue compte. Il faut dire qu’elle s’était plongée dans une petite bulle hermétique, comme pour se préserver de tout ce qu’il pouvait se passer autour d’elle. Ainsi, elle restait concentrée et se protégeait des vagues de souvenirs qui hantait littéralement ces lieux. Passer ses journées avec la bouille d’ange de Valentino sous les yeux, mais le voir changé dès lors que leurs regards se croisaient, c’était suffisamment compliqué à gérer pour elle. Si bien que par moment, les soirées étaient chargées d’émotions. Il lui arrivait de rentrer chez elle, complètement épuisée et à bout de nerfs. Voir à fleur de peau. Bien sûr, il y avait Solange, sa petite soeur. Ce petit rayon de soleil lui mettait du baume au coeur lorsqu’elle broyait du noir… Mais elle avait aussi ses cours, qui lui demandait énormément de temps. Alors lorsqu’elle n’était pas disponible, il fallait faire sans elle et trouver du réconfort ailleurs. Les premiers temps, Madeline l’avait trouvé dans le chocolat, dans un bon verre de vin, un film à l’eau de rose, ou un bon match de baseball avec une pizza. Des choses simples, mais qui lui permettait de s’évader un peu. Puis il y avait eu cette rencontre : Alhana. Aujourd’hui, Madeline pouvait la considérer comme une amie, un vrai soutien, malgré la relation naissante qu’elles partageaient. En effet, ça ne faisait pas longtemps qu’elles se connaissaient, qu’elles se côtoyaient. Mais elles s’appréciaient tellement… C’était indéniable ; la présence de la jeune femme lui faisait du bien. C’était la petite de cette dernière qui les avait amener à se rencontrer, et ce simple détail avait eu toute son importance. C’était une femme indépendante qui lui avait fait face. Forte, mature… Et surtout une jeune maman. Au plus profond de son âme, Mad en avait été touchée. Comme à chaque fois qu’elle apercevait une maman avec son enfant. Elle était emportée par une vague de tristesse mais aussi une admiration incroyable.

Ce soir, elles devaient se retrouver pour un dîner entre filles. Pour l’occasion, Madeline n’avait pas oublié de passer chez le caviste pour acheter une bonne bouteille qu’elles auraient partager en refaisant le monde. Comme dit précédemment, cette nouvelle relation dépassait le simple échange entre voisine. Alors elle se comportait comme elle l’aurait fait avec n’importe quelle autre de ses amies : toujours naturelle et spontanée, profitant des choses simples. Arrivée dans le quartier, elle prit d’abord le soin de garer sa voiture devant sa propre habituation, puis se rendit à pieds chez Alhana. Elle traversa la petite allée, souriant à la simple vue de quelques affaires abandonnées dans le jardin par la petite Suzanne. Enfin, elle sonna à la porte et attendit patiemment que la maman occupée qu’était Alhana vienne lui ouvrir.