—Yun & Leah—

You could be happy

Journée difficile. Encore une. Récolter des dons, ce n'était pas de tout repos contrairement à ce que l'on supposait. Certes, ce n'était pas run vrai métier, puisque c'était très peu rémunéré par l'Etat, ou du moins bien moins que si je travaillais en tant que pompier ou policière. Voire même médecin puisque c'était ce qu'était Luna avant de rejoindre ma cause. Parfois, j'en arrivais à culpabiliser à son sujet. Mais elle venait chaque fois me répéter que je n'avais pas de quoi. Soit.
Je passais mon temps à vaquer entre la colocation et l'association que j'avais créée avec ma soeur. Mais le départ de Delaney, mon ancienne coloc, avait été un choc. Kyran, lui, n'en avait strictement rien à faire. Comme d'habitude.
C'était bientôt la fin de mon "service" à l'association. Les gens qui venaient se renseigner étaient de moins en moins nombreux, jusqu'à épuisement. Il devait être dix huit heures, dix huit heures trente quand je m'apprêtais à fermer avant de me rendre compte que je faisais face à une jeune femme asiatique qui regardait par delà les vitrages. « Bonsoir, je peux vous aider? »

 

—Yun & Leah—

You could be happy

C'était rare de passer des journées aussi vides de dons. Et ça n'en était pas plus facile que lorsque l'on croulait sous les demandes. Au contraire. J'avais un peu l'estomac noué de me dire que, quelque part en ville, quelqu'un ne réussirait pas à manger ou dormir dans des conditions décentes. Mais, comme Delaney et Kyran avaient su me faire remarquer, à l'époque où ils s'entendaient encore, je ne pouvais pas me permettre de culpabiliser pour chaque personne que je ne pouvais pas aider, puis à cette allure, je finirai par accueillir tous les démunis de la Nouvelle Orléans dans notre petit appartement.

Au lieu de quoi, je me donnais corps et âmes à mes journées pour essayer, mais ce n'était pas toujours suffisant, à mon plus grand damne. Puis, comme tombée du ciel, il y avait cette jeune femme aux traits doux qui s'était approchée des locaux. Je l'avais vue arrivée, car elle n'était pas comme tous les autres, qui venaient d'un pas titubants, pas certains de vouloir ouvrir leur porte monnaie à une quelconque association.

Je m'étais approchée d'elle afin de l'accoster. Elle n'avait pas l'air des plus à l'aise, et je me félicitais subitement de mon initiative. Certains de mes collègues, notamment dans les hommes, pouvaient paraître drôlement imposants et intimidants. Autant éviter ce genre de contact face à une personne aussi peu détendue, enfin, c'était mon avis.

Il me fallut trente bonnes secondes pour repasser sa phrase dans ma tête afin de la comprendre. Dieu merci, ça n'avait pas pris trop de temps, j'avais peur de la faire fuir. « Bien sûr ! Euh... tenez, un programme » dis-je en joignant à la parole le geste. « Tout est expliqué bien plus en détail, mais en gros, nous récoltons des dons d'un peu tout le monde, allant de 30cts par mois à autant que vous voulez, et nous en profitons pour mettre l'argent dans des programmes de logements, des sortes de "soupes populaires", des plans pour se sortir des situations précaires dans lesquelles certaines personnes peuvent se trouver. Mais bon, il faut dire qu'en ce moment, récolter des dons, c'est pas donné. D'autant que nous sommes en pleines périodes de fêtes, on préfère forcément plus acheter pour sa famille que pour des inconnus. Ce qui est dommage en soi, puisque c'est à ce moment là que l'on travaille le plus ici... » je baissais les yeux, une petite moue sur le visage. Je n'aimais pas penser ainsi, ça m'attristait vraiment, mais c'était une vérité indéfectible, malheureusement.