Quoi qu'il me dise, j'éprouvais de la peine pour lui. Non, ce n'était pas de la pitié. J'avais juste une grande tristesse à me dire qu'il avait vu ce genre de choses, mais encore plus à m'imaginer qu'elles existaient. Je ne vie pas dans le monde des bisounours. Quoi qu'il en soit, j'ai toujours du mal à m'imaginer des horreurs avant qu'on ne m'en parle. Je l'ai déjà dit, je suis égoiste. Je préférerais qu'on ne m'en dise rien, parce qu'imaginer que la mort d'enfants existe me mets l'âme de travers. C'est qui je suis. Je ne le dis pas à voix hautes, mais je le pense très fort. A ses 'j'aurais du' je haussais les épaules. C'était une chose que de dire des si, mais on ne peut pas changer notre passé.Ce sont des erreurs adolescentes. Pourvu que tu ne les refasses pas. Je lui souris légèrement avant d'ajouter Et puis, tu sais, comme le dis ma grand-mère, avec des 'si', on refait le monde. Ton passé est tel qu'il est, tu as été ce que tu as été, et c'est comme ça. Ce qui importe c'est ton présent, et comment tu le géreras pour ton avenir.
Je continuait à sourire à Miles. Ce n'était pas de la naïveté, de l'oubli ou omettre de penser à tous ces gens, mais si on commençait à penser à tout ce qu'il se passe de mal dans ce monde, on ne peut que se pourrir la vie. Il faut essayer de penser qu'on a une certaine chance d'être envie, et d'avancer avec cette idée. Alors je ne suis presque pas choquée que Miles ne changes de sujet. Au contraire, ça me rassure presque, avec cet espèce de silence plutôt pesant qui était venu s'installer entre nous. Je me souviens.. Il a eu du mal pendant tout le cours, après, le pauvre professeur. dis-je, riant au souvenir de ce pauvre enseignant totalement perdu qui avait été des plus perturbés par la venue de mon ancien amoureux. Et ce pauvre prof d'histoire que toute la bande avait participé à son collage à sa chaise.. qu'est-ce qu'on en avait rit.. Je ne sais pas ce que sont devenus les autres. Au final, avec le départ de Miles, ont s'était tous plus ou moins perdus de vue.

J'écoutais sa théorie sur sa grand-mère et sa philosophie. J'étais d'accord avec ça mais c'était un dicton plus que populaire, que je n'ai jamais vraiment compris en fait. C'est juste pour qu'on évite le conditionnel et que l'on reste plus pragmatique. J'arrivais à le concevoir en même temps. Et puis pendant une fraction de seconde, une théorie s'émit dans mon esprit. Si j'étais parti pour mieux la retrouver? Bref passons, j'avais de toutes manière changer de sujet ce qui éveillait nos rires. Je dois avouer que ces souvenirs rappelait une nostalgie agréable, je ne regrettait rien de cette époque. Je repensais aussi à ce gymnase que j'ai remplis de papier hygiénique, ou l'obtention de mon permis et les drift que j'ai fais devant l'entrée de l'école. Je n'avais de nouvelles que de Bianca, les autres avaient changés, certains étaient même investis dans des entreprises, d'autres étaient devenus des déchets. Je ne m'en sortais pas trop trop mal. Bianca non plus. Puis je me mis à repenser à ce moment où je lui avais avoué pour la première fois nos sentiments. C'était sur le porche de cette maison dans laquelle on était. Il pleuvait, je m'étais abrité pendant qu'elle m'engueulé pour avoir tabassé un autre lycéen qui l'avait insulté et rabaissé plus bas que terre. Elle m'engueulé mais j'avais sentis à cet instant un remerciement caché dans son " mais t'es complètement malade! " Et alors qu'elle débitais arguments sur arguments, je l'avais à cet instant precis prise contre moi, ma main sur sa joue, caressais de la pointe de mes doigts ses cheveux qui s'emmêlaient entre ces derniers. Et je l'avais embrassé. L'instant le plus romantique de ma vie entière je crois. Je n'avais plus rien connu de tel après cela. Hormis notre relation qui avait été pleine de petites intentions et d'instant rien qu'à nous. Je souriais comme un idiot. Puis je fus ramené à la réalité par mon téléphone qui se mit à vibrer par manque de batterie. Je tire, vous savez, cette tête quand il arrive une tuile et qu'on se dit "eh merde!" exactement cette tête là! Sans raison apparente, dans le fil de la discussion et de l'évolution, je me mis à lui dire

_Tu sais que je me suis remis sérieusement à la guitare, j'arrive à jouer du Pearl jam maintenant!

Je lui disais ça avec fierté, comme pour flatter en même temps mon ego. Il faut avouer que c'était pas compliquer pour moi de progresser dans ce domaine puisque à part "Nirvana - Smell like teens spirit" je ne jouais rien, avant. Maintenant j'avais varié mon répertoire et je m'étais longuement entraîné. Je rajoute doucement

_Pendant ces longues soirées où j'étais de garde, au camp militaire, j'avais même composé une chanson pour toi. J'étais encore à mes débuts bien sûr. Mais j'avais tiquer, je ne savais pas quoi faire rimer avec "amour". C'est pas si simple d'être chanteur.

Je me mis à rire. Ce n'était pas dans l'espoir de faire avancer notre relation que j'avais dis ça, mais plus pour l'anecdote et l'auto-dérision. Je trouvais sur le coup cela marrant, mais en même temps quand on s'imagine le contexte et qu'on y repense, ça semblait triste. Pourtant à cet instant la de ma vie, je n'était triste que de son absence, mais j'essayais de ne pas y penser pour ne pas rester fixer la dessus. J'aurai pu sombrer. Je serai, à l'heure actuelle, dans la situation que j'étais à cette instant, je le vivrai mal. C'est dingue comme avec le temps les émotions divergent dans les souvenirs. Je me rappelle que pour oublier ce manque j'écrivais dans un carnet comme si je lui parlais à elle. J'aurai pu lui écrire des lettres, mais mon objectif était qu'elle m'oublie. J'étais convaincu que j'y resterai et on ne peut pas rester avec un fantôme toute sa vie. mais bon, voilà, je suis pas mort, j'ai survécu, et elle m'a oublié. Ou plutôt elle ne veut pas retourner dans le passé. Je la comprends, et mon non plus je ne voudrais pour rien au monde, même si ce serait merveilleux. la vie est un parcours d'obstacles qu'il faut savoir franchir. Si l'on en loupe un, on est disqualifié. Et voilà, je repensais à des événements pas très joyeux de ma vie, alors qu'hier soir, je pensais plutôt au verre que j'allais commander. Je me remettais en question, auprès d'elle, elle me rendait réfléchis. J'étais comme face à un miroir, un reflet de moi-même. Une part de moi en elle. C'est hallucinant de voir à quel point elle me rend... Normal. Normal est le terme adéquat. Et les aléas de mes pensées qui se perdent dans son regard. Il fallait que je l'invite. Un rencard, un vrai rencard, mais où? Comment? Est-ce-qu'elle voudra? L'objectif de se rencard, la reconquérir petit à petit. Et si un rencard ne suffit pas, il y en aura un second. Puis un troisième. Je baisse les yeux. Et si je dissimulais ce rencard en soirée entre pote?

_Tu fais quoi ce soir? 'fin on commence à être déjà le soir, mais j'veux dire, là tu vas manger, je vais rentrer me doucher, et manger aussi, et après tu fais quoi? On sort ensemble? Enfin... On s'fait un bar ou un ciné?

Je me doutais plutôt bien que le dicton que j'avais donné à Miles n'avait pas vraiment rassuré. Il était du genre à se dire que c'était une façon de contourner d'autres problèmes. Même si j'ai toujours essayé de le nier, même quand on était ensemble, je le connais bien plus que n'importe qui, et plus que je ne le crois. Enfin, ça, c'est ce qu'on m'a dit par le passé. Je ne suis pas sûre de le connaitre encore. Il a certainement changé avec tout ce qu'il a vécu. Ce qui me fait vraiment peur, en vrai, c'est ça.
Il me faisait rire avec ses façons de se vanner lui-même. C'était fait exprès, je n'en doutais pas. Miles avait toujours aimé faire le plaisantin pour détendre l'attention. Même si des fois, ça ne marchait pas, il était ainsi. Et moi, à son inverse, j'évitais que l'atmosphère ne soit trop à la détente. Même si jamais je n'ai eu quelque chose contre s'amuser et ne pas se prendre la tête. Mais parfois, afin d'éviter les abus de chacun, et pas que de Miles j'entend, il faut savoir revenir à un peu de sérieux. Gentiment, par contre. Pourtant, il y a un choix pour rimer avec Amour... Toujours, Velours.. Le choix est plus large que mon imagination..
Sa dernière phrase m'avait fait pouffer de rire. Il avait certainement compris ce que ça voulait dire, et je ne voulait pas le formuler à haute voix pour ne pas me montrer horrible comme je savais si bien le faire. Mais ça voulait largement dire qu'avant d'être chanteur, il avait encore du boulot. Miles était un très bon musicien, du moins, de ce que je me souvenais. Même s'il ne savait pas vraiment jouer de la guitare tel un grand musicien, mais c'était parce qu'il apprenait. Après, je ne l'avais jamais entendu chanter pour de vrai, sauf pour plaisanter, et le résultat était assez... je serais presque tentée de dire fruité tant il y en avait de tous les gouts, de toutes les couleurs, et c'était pas toujours un adjectif positif. Après, je n'avais rien dit non plus, parce que je ne savais pas, et je n'allais pas juger de façon stricte et sans équivoque.
Miles m'avait beaucoup manqué. Au départ, je n'étais pas la fille forte que j'essayais de montrer désormais. J'avais beaucoup pleuré, comme si toute ma vie était partie. Je lui en avait voulu de ne pas m'avoir prévenue, ou après coup de ne pas m'avoir écrit. Et puis il y a eu les soucis d'India, ma soeur. CA n'a été facile ni pour l'une ni pour l'autre. Je ne m'en étais même pas rendue compte avant un long moment du début de ses problèmes alimentaires. Mais, inconsciemment, ça nous a rapproché, et ça m'a aidé à faire le deuil de mon amour pour Miles. Je ne savais pas vraiment s'il était entièrement parti, et aujourd'hui, je ne sais pas quels sont exactement mes sentiments là-dessus. J'espère juste ne pas foncer dans un mur quoi qu'il n'arrive. Afin de ne pas perdre cette amitié qui nous attachait désormais et qui nous avait attachés plus jeunes. Car tout était parti de ça à l'époque. D'une amitié. Aujourd'hui, j'étais heureuse qu'on puisse être tous les deux dans se salon, deux amis, à parler de tout et de rien. Je n'aurais jamais cru qu'un jour, ce soit possible. Je pensait qu'il finirait par mourir envoyé là-bas. Mais heureusement, il était encore là.
Tirée de mes pensées par ses questions, je relevais la tête vers lui et lui sourit. Je comptais allez dans les bras de mon grand amour, mon lit. Mais si tu as autre chose à proposer, je pourrias y réflechir... Je l'avouais, j'avais toujours été une grande dormeuse, qui aurait vendu n'importe quoi pour un lit. Mais ce n'était pas forcément un défaut. Hein ?
Je souris quand il me proposer d'aller au bar ou au ciné. Tiens, ça me faisait penser. A une seule condition, alors. dis-je, sans ciller, en le regardant. La ville organise une PoolParty, et j'aimerais bien y aller. Et que tu viennes aussi ?

Miles me faisait bien rire. Il avait toujours eu ce côté d'auto-dérision et de sarcasme qui pouvait autant amuser qu'agacer. Personnellement, j'était toujours partagée entre les deux avec lui. Depuis le tout début qu'on se connaissait. Je l'avais autant aimé que détesté, et parfois les deux en même temps. Il savait très bien se débrouiller au niveau des paroles, et je suis sûre qu'en y cherchant plus, il aurait pu trouver ce qui rimé le plus.. Je lui avait simplement répondu qu'il était bête et que j'étais sûr qu'il aurait fini par trouvé. J'avais raison, non? Dans un autre sens, je ne savais pas toujours quoi lui répondre. Et ça ne datait pas d'aujoud'hui.
Autant dire la vérité, j'avais proposé à Miles de me rejoindre pour la Pool Party. Mais je ne m'étais pas imaginé qu'il accepte. Être entouré de gens qu'il ne connaissait pas, et à être en short, ce n'était pas dans ce que je savais que Miles aimait. Après, il avait certainement changé. Quoi que, la suite me trompait largement.Tu perd pas le nord, toi un peu, hein. Puis, en voyant sa tête, complètement absorbée dans une réflexion intense qui ne me disait pas vraiment grand chose de bon, je lui donnais une petite tape sur l'épaule. Je ne sais pas à quoi il pensait. Et je préfère ne pas s'immiscer dans sa tête à lui demander à quoi il pense, tant il risquerait de s'immiscer en retour dans la mienne. Je n'ai pas grand chose à cacher, mais certaines réflexions que je me fais à moi-même, surtout à son propos ne sont pas à être sûes au grand jour. Et puis même, s'il me le demandait à un moment où je ne pensais rien, ce qui m'arrivait parfois souvent, j'allais passer pour une débile. Autant éviter ça.
Je soupirais légèrement en le voyant revenir à la réalité. Miles était incorrigible de ce que je voyais... A chaque mot qu'il disait, il lançait une bombe. Il me perd à chaque fois un peu plus dans des explications ou des suppositions, et quant à mes sentiments. J'avais envie de lui donner une chance, en tant qu'amis ou non, quand j'acceptais de sortir. Mais je craignais de retrouver le Miles qui m'avait laissé. Ce que j'avais pêiné à surmontait. Et les perches étranges qu'il tendait n'étaient pas forcément pour aider. Non, au contraire.. Et bien.. pour le ciné, ça dépend de ce qui passe, on va dire.. Mais sinon, le bar sans soucis ! Je n'étais pas une grosse buveuse. Mais le peu que je pouvais boire me suffisait largement à m'amuser plus. Non pas que je ne tienne pas l'alcool, mais ça me disait bien de boire un peu, quitte à dormir dehors, à la belle étoile pour ne pas rentrée avec un peu d'alcool dans le sens. Vu qu'il faisait encore beau, ça n'était pas gênant de dormir en extérieur.