Angela & Nicholas

Après avoir supplié son père pendant près de deux heures et demi, Adrian avait finalement obtenu de sortir au parc, malgré le froid hivernal et la non volonté de son papa. Seulement, Nicholas ne pouvait pas résister bien longtemps à son fils, bien que ce jour là fut son maximum. Les jours commençaient à s'allonger de plus en plus, laissant quelques heures de soleil supplémentaire, ce qui n'était pas pour refroidir les ardeurs d'Adrian. Seulement celles de son père.
Ils avaient donc pris la direction du City Park, où, en été, Nicholas aimait bien passer du temps. Il profitait tout de même de ses moments libres, en l'occurrence les week end, afin de faire découvrir à son fils la Nouvelle-Orléans, cette ville qu'il avait toujours aimée, même lorsqu'il lui semblait que tout le monde se dressait contre lui, alors qu'il était plus jeune.
Il avait vérifié de façon très minutieuse à ce qu'Adrian soit correctement vêtu. Il était devenu en très peu de temps un papa poule et la guérison de son fils n'était pas pour aider ce trait de caractère, d'autant qu'Adrian avait l'air encore très frêle du haut de ses sept ans et des poussières. Papa, je peux prendre un ballon pour qu'on joue avec? demanda-t-il au moment de partir à Nicholas. « Bien sûr mon grand,  tout ce que tu voudras » assura son père dans un hochement de tête.
Ils partirent rapidement et, une fois au parc, commencèrent à s'amuser. Adrian avec des yeux ébahis et émerveillés devant tout ce que le parc offrait, Nicholas heureux d'être définitivement chez lui, tandis qu'ils s'envoyaient la balle l'un d'autre. Oh non... Adrian avait laissé le ballon partir, ce qui fit sourire Nicholas qui prit son fils dans ses bras afin d'aller récupérer la balle. Ils passèrent devant un groupe de personnes à qui Nicholas ne prêta guère attention, du moins pas jusqu'à ce qu'il croise le regard de l'une de ces personnes. Et soudain, il avait envie de s'enfuir à toutes jambes, alors qu'il avait déjà fui une fois et le regrettait amèrement.

Une journée qui débutait sur une mission sur le terrain n’était pas quelque chose de rare lorsque l’on travaille dans la scientifique. Quand on y travaille pas, on peut avoir beaucoup de mal à imaginer qu’il puisse y avoir des crimes aussi souvent. Et je ne parle pas seulement de meurtres, évidemment. Les enlèvements ou bien les viols en font partis. Les journaux affluent de mauvaises nouvelles et pourtant on a toujours tendance à passer à côté. La police, elle, est privilégiée.
J’avais commencé le boulot à douze heures, ayant travaillé jusqu’à tard la veille. Mon patron m’avait permi de dormir un peu plus ce matin, bien qu’avec mes insomnies incessantes depuis un moment ce n’était pas chose aisée. J’avais donc le visage tiré par les cernes, et fatigué. Mais j’en avais l’habitude, désormais, et mes collègues ne me disaient plus rien sous peine de me vexer ou bien de m’énerver au point à ce que je les envoie balader. Donc, à peine arrivée au bureau que l’on a du m’appeler pour une mission sur le terrain, en me filant le dossier. Un meurtre à City Park, un type d’une quarantaine d’année et sa femme, gravement blessée quant à elle. Surement les victimes d’un fou furieux qui passait par là cette nuit. Présent au mauvais endroit et au mauvais moment, comme on dit. Les promenades nocturnes ne sont pas une bonne idée, parfois il vaut mieux rester chez soi.
Enfin, me voilà maintenant sur les lieux du crime. Le corps avait déjà été enlevé par les légistes, mais les démarcations étaient bien présentes au sol, ce qui me facilite la tâche. Je me munie de gants, et commence alors ma routine. Prélèvements, analyses, observations, et photographies. Toutefois, le périmètre délimité par les forces de l’ordre me semble bien étroit et je ne souhaite pas m’y restreindre. Vu la position de la victime, le tireur semblait provenir d’un peu plus loin. Un arbre, surement ? Ou un buisson. Il était alors possible qu’il ne s’agisse pas réellement d’un fou, comme je l’avais suspecté, mais que ça semblait être bien plus compliqué que ça… Intéressant !
Je me mets alors à avancer dans la pelouse enneigée du City Park, à la recherche du moindre détail. Les gens n’ont pas l’air vraiment affolés de ce qui se passe, ce qui nous aide bien. On a pas à se coltiner les civils, c’est déjà ça. Les yeux rivés au sol, je relève parfois certaines choses que je place dans un sachet prévu à cet effet. J’entends le mouvement provenant des personnes présentes dans le parc, mais ne sourcille pas et continue mes analyses en compagnie de mon équipe. Jusqu’à ce que je relève le regard, et qu’il ne croise des yeux que je n’aurais jamais cru revoir. Mon cœur rate un battement, et je manque de lâcher tout ce que j’ai dans les mains, mais je me rattrape au dernier moment. Je ne sais pas trop comment réagir, entre la joie ou bien la colère, mais cette dernière semble prendre le dessus sur un peu tout en ce moment, alors elle n’allait pas faire une exception. Je m’attarde alors sur le ballon qu’il tient dans ses mains. Ça ne fait aucun doute dans mon esprit, ce n’est pas le sien. Un enfant ? Ou simplement un geste de bonté envers un gamin lambda qui avait perdu son jouet ? Je suis en plein boulot, mais je ne peux pas me retenir, et m’avance en sa direction, visage grave. Il ne s’enfuira pas une seconde fois, ça c’est certain.

AVENGEDINCHAINS

Angela & Nicholas

Sortir quelque part avec son fils, il y a quelques mois de cela, pour Nicholas, c'était impensable. Mais, ce qui aurait pu être plus impensable encore, quelques années auparavant, c'était qu'il avait un fils. Personne dans son entourage ne savait ça, sauf peut être sa cousine, seule personne au courant des raisons qui l'ont fait fuir la Nouvelle Orléans.
Le City Park était un endroit que Nicholas affectionnait beaucoup. Certes, c'était vaste et pas toujours entretenu, mais c'était souvent un endroit calme. Enfin, sauf ce jour là, qui semblait, à en constater par le groupe de personnes à qui il n'avait quasiment pas prêté attention, être un jour mouvementé pour la police criminelle. Pour le trentenaire, tout pouvait se passer dans ce parc sauf un meurtre. Peut-être étaient-ils là pour autre chose comme un simple vol de sac à main, ou, pire, un kidnapping. Mais il n'y faisait pas vraiment attention puisque jusqu'à ce qu'il ne croise le regard d'une de ses anciennes collègues, il n'avait même pas fait attention à qui se trouvait là. Son coeur manqua des battements en la voyant et il lui prit l'envie de fuir à nouveau. Il posa son fils par terre et attrapa le ballon dans ses mains en la voyant se ruer vers lui.
Seigneur, qu'allait-il lui arriver au juste? Il garda l'air grave. Il n'avait aucune envie de se faire tabasser en jouant au mariole, en sachant pertinemment que, dans l'esprit de bon nombre d'amis et collègues qu'il avait laissés pour s'occuper de son garçon, c'était lui le fautif, lui qui était parti sans aucune explication, qui n'avait pas donné signe de vie et qui s'était littéralement coupé du monde. C'était donc sa faute à lui et celle de personne d'autre.
Nicholas se racla la gorge, très peu à l'aise, ne sachant pas vraiment où il était supposé regarder ni ce qu'il était supposé faire, les bras ballants, la honte visible sur son visage. « Salut Angela... ça fait longtemps. » S'il se prenait une baffe, nul doute qu'il l'avait méritée.

Sur le moment, je me sens quelque peu déstabilisée. Je manque de faire tomber tout ce que j'avais dans les mains, au risque de perdre mes échantillons et mon appareil photo pro. En plein travail, jamais je ne me serais attendue à une "surprise" de la sorte. Je vacille légèrement et me retourne pour confier mon matériel à l'un des gars de mon équipe, qui faisait ses recherches dans le même secteur que j'avais emprunté sans prendre en compte les bandes jaunes de délimitation. Mais là, vu les circonstances, il allait certainement être impossible pour moi de reprendre quelconque activité. J'ai la boule au ventre, et je sais qu'une rencontre de ce genre n'apportera rien de bénéfique. J'étais encore bonne pour plusieurs mois d'arrêt et de dépression.
Je m'avance en sa direction. Jamais je n'avais cru le revoir un jour, jamais je n'avais pensé qu'il reviendrait, après m'avoir abandonnée lors de cette nuit froide, puis pendant environ quatre ans. Quatre ans durant lesquels je m'étais sentie trahie, blessée. Nicholas était partit alors que tout allait bien entre nous. C'est fou comme trois ans de vie commune partis en fumée du jour au lendemain peuvent gâcher une vie entière. J'y avais cru, mais aujourd'hui je le regrette amèrement. Après son départ, j'ai passé plusieurs mois sans travailler, à me lamenter sur mon sort, à boire pour oublier et à fumer pour faire passer ce stupide chagrin d'amour. Et aujourd'hui, il revient comme une fleur, avec un enfant sur les bras ? Il revient, oui mais qui me dit que depuis tout ce temps il n'était pas resté à La Nouvelle Orléans ? Les pires scénario s'ancrent dans mon esprit et s'y attachent tandis que je croyais les avoir oubliés et être passée à autre chose.
J'arrive à sa hauteur, mais je garde mes distances. Mon visage est dur, et froid. Chose qui aurait été impensable auparavant, mais il fallait s'avouer que depuis tout ce temps, mon caractère et ma façon d'être avaient tout deux beaucoup changés. Je sens qu'il a honte, et il fait bien. Toutefois, les premières paroles qui glissent de ses lèvres me font le regarder avec une certaine haine, ce qui n'est pas vraiment étonnant. "Quatre ans." Je parviens à lâcher. "Quatre ans, Nicholas." Je suis à deux doigts de craquer, mais je me dois de rester solide pour ne pas perdre toute crédibilité. Peu à peu, la colère s'empare de moi et je jette un regard sur l'enfant un peu plus loin. Pas de doute, c'était le sien, il avait ses traits. Ça me laisse alors pensé qu'il m'a laissée pour une autre, et vu l'âge que devait avoir le garçon, ça a du commencer peu avant qu'il ne parte. Logique en soit, et c'est ce qui me donne peu à peu envie de lui en foutre une, même si je sais que j'en serais probablement pas capable.

AVENGEDINCHAINS

Angela & Nicholas

Son absence avait été douloureuse pour Nicholas. Il avait dû effacer de sa vie son travail dans l'unité de police de la Nouvelle Orléans qu'il affectionnait tant, ses quelques amis, tous ses collègues, et surtout Angela. Aujourd'hui, il s'en mordait les doigts car rien qu'à la voir ainsi, il constatait tout ce qu'il avait manqué. Mais, rien n'y faisait, Adrian avait été bien plus important que sa propre vie, dès le moment où il l'avait rencontré. Il aurait pu renoncer, mais ce petit bout de chou était soudain devenu la seule chose qui importait plus que n'importe quoi au monde et, c'était triste à dire, mais plus qu'Angela. Après tout, Nicholas s'était mis en tête que si elle et lui étaient supposés être ensemble, ils finiraient par l'être au final. C'était assez fleur bleue comme déduction, mais c'était ainsi qu'il voyait les choses, pas autrement.
Il inspira profondément. Ce n'était pas la peine qu'elle le lui souligne, il savait très bien qu'il était resté longtemps sans signe de vie. Il n'avait pas grande notion du temps qui était passé, mais elle lui avait manqué, il ne pouvait pas le nier. Cependant, elle, semblait juste lui en vouloir. Lui en vouloir terriblement. Elle n'avait pas l'air d'avoir manqué de sa présence, juste d'être en colère. Et là, à ce moment précis, il avait plutôt peur d'elle, derrière ses airs confiants et courageux. « Je sais... Je sais, je suis désolé. » Il pensait ses paroles. Il tourna la tête vers Adrian afin de s'assurer qu'il était toujours dans son champ de vision. « Les choses ont soudainement changé et... je n'étais pas sûre que tu comprendrais... » À vrai dire, il préférait qu'elle lui en veuille pour ses agissements que ses erreurs passées, ce qu'il aurait eu du mal à digérer.