L'amitié est le commencement de la vie.

Assise dans mon canapé, je profitais de la maison vide. Sara était partie installer des affiches pour la colocation. Nous avions récolté un grand appartement. Très grand. Mais, pour l'instant, autant le préciser : les revenus étaient plutôt chers et il nous fallait à tout prix trouver du monde pour s'installer. Suite aux rendez-vous médicaux que j'avais eu la veille et dans la matinée ce jour-là, ma petite soeur avait pris la décision d'aller sillonner la ville toute seule. Et j'appréciais le geste. Après tout, j'avais à peine le moral depuis que je savais que mon audition baissait sans cesse et qu'une opération allait être de mise d'ici quelques jours, le temps de voir l'anesthésiste pour essayer de régler ça, au moins pour un temps. Je n'avais aucune envie que mes oreilles ne me jouent un mauvais tour et décident de me lâcher complètement. Je n'étais pas prête à cette éventualité. Pas du tout même.

Désespérée, j'avais essayé d'appeler mes amies, mais personne n'avait répondu. Rose était trop occupée, Janet trop entourée de sa famille, et les autres n'avaient même pas daigner décrocher. Brrr.
Et puis, sans que je ne demande rien, c'était Raphaël qui m'avait appelée. Il avait pris la peine de décrocher en visio pour essayer de dialoguer avec moi en langue des signes. Mais bien au delà de ça, son initiative avait été parfaite car, ainsi, j'avais surtout pu lire sur ses lèvres et ne rien louper de la conversation. Je l'avais donc invité à passer du temps à la maison. Après tout, il fallait que je m'occupe et voir des amis, c'était la meilleure chose qui soit. D'autant que j'avais déjà une petite idée sur l'éventuel programme de la journée. Enfin, si Raph était d'accord.

J'étais contente d'avoir des gens comme lui dans ma vie. Depuis que nous nous étions rencontrés, nous étions devenus amis très rapidement, et l'éventualité qu'il apprenne la langue des signes pour discuter avec moi dans le cas où je devenais complètement sourde nous avait fait marrer. Il n'était à peine qu'aux mots "bonjour", "merci" et "au revoir", mais c'était déjà ça. Alors autant que je l'aide à en apprendre plus, même s'il allait forcément falloir qu'il consulte un vrai professionnel en la matière!

Raphael ne tarda pas à arriver. Je n'entendis pas la sonnette, mais le système mis en place pour que je vois la sonnette retentir par le clignotement d'une petite lumière verte, m'alerta de sa venue. Je soupirai en me rendant compte que le diagnostique des médecins était en train de se confirmer un peu plus chaque jour. Essayant de ne pas me focaliser sur ce "détail", je me précipitai pour ouvrir la porte.  « Saluuut! » m'écriai-je en évitant de lui casser les tympans, que je m'entende ou non.