Les retrouvailles entre Eliott et Iris ne se passaient pas comme la jeune blonde l'avait espéré. Elle avait été naïve de penser qu'il serait compréhensif, qu'il lui en voudrait, mais qu'il l'écouterait et qu'il comprendrait ce qu'elle avait fait et pourquoi elle l'avait fait. Par chance, Matthis avait l'air heureux de la voir, lui. Elle pouvait compter sur l'amour de son fils pour passer à travers les épreuves qui allaient suivre parce qu'avec les paroles d'Eliott, Iris comprennait maintenant que ce ne serait pas facile, que ce ne serait pas rose. Elle n'avait pas le choix de le voir. Plus Eliott parlait, plus elle avait mal. Elle avait de la difficulté à comprendre tout ce qu'il lui disait. C'était difficile à avaler. Il aurait pu lui planter un poignard dans le coeur que ça n'aurait rien changé. Elle n'entendait que quelques phrases. C'était trop difficile de tout assimiler. « Tu m'as imposé de vivre, d'élever un fils tout seul, en doublant mes responsabilités. [..] Parce que tu ne sais pas que Matthis, que tu prétends être ton fils, fait des cauchemars toutes les nuits où on l'abandonne, qu'il a des difficultés à grandir rapidement, à l'inverse de ses camarades, parce qu'il est ballotté entre son père, ses grands parents, ses tantes et qu'il ne sait même pas ce qu'est d'avoir une mère ? [...] » Les larmes commençaient à couler le long des joues d'Iris. Elle aurait voulu se mettre en colère, lui crier d'arrêter, que ce n'est pas vrai, qu'il ne devait pas garder autant de rancoeur contre elle puisqu'elle savait qu'elle avait déconner, mais qu'elle voulait se rattraper. Mais elle en était incapable. De toute manière, il ne lui laissait pas la place de se défendre. Il lui crachait tout ses mots méchants en plein visage, en se foutant de l'effet qu'il lui faisait. « [...]Toi, tu as juste pensé que tu n'y arrivais pas, tu ne lui as pas laissé sa chance. [...] Et ne prétends pas savoir ce que j'aurais pensé, parce que tu ne sais rien de moi. Pas une once de détails. Et encore moins sur lui. [...] » Elle repoussa la planche à découper avec les légumes qu'elle avait commencer à mettre en morceaux loin d'elle. Les larmes coulaient maintenant à grands flots sur ses joues. Des sanglots parcouraient son corps. Elle avait mal. Tellement mal. Est-ce qu'Eliott se rendait compte de ce qu'il lui faisait ? Elle voulait qu'il la prenne dans ses bras, qu'il s'excuse de ses mots tout comme elle s'excusait de ses gestes. Mais elle avait l'impression qu'il ne le ferait pas. Elle était seule envers lui, envers tout le monde. Elle ne pouvait pas compter sur personne et elle le savait maintenant... « [...]Je t'aurais donné ta chance, avant que tu partes, Iris, tu sais... Maintenant, c'est trop tard. » Il l'avait complètement achevé par sa dernière phrase. Elle se laissa glisser contre les armoires et s'assit par terre. Elle passa ses bras autour de ses jambes, appuya son front contre ses genoux et laissa toute la douleur s'échapper de son corps. Elle se rappelait maintenant pourquoi elle ne parlait jamais de ses émotions. Lorsqu'elle le faisait, elle laissait le champs libre aux gens pour lui faire mal, pour attaquer là où elle état déjà faible. Mais elle n'avait jamais penser qu'un jour, Eliott serait celui qui le ferait le plus mal, qui la tuerait à coup de poignard directement au coeur.

J'avais beau avoir déballé toute ma rancœur dans un immondice de crachat venimeux, je n'étais pas satisfait. Ce que j'avais dit à Iris, ce n'était pas un tiers de la moitié de ce que je pensais. Je ne la détestais pas seulement, je l'exécrais et la maudissait. Elle revenait la bouche en cœur, prête à se faire pardonner, se positionnant comme une pauvre petite victime au cœur brisé. Et moi, qu'étais-je ? Et Matthis bordel ? Il fallait qu'elle ouvre les yeux, qu'elle sorte un peu de sa bulle parce que là, j'avais juste envie de lui taper la tête contre le mur en voyant ses larmes de crocodile couler. Et pourtant je n'étais pas un homme violent, bien au contraire. Je respectais les femmes et ne supportais pas les violences qu'on leur faisait, seulement Iris venait contredire tout ce en quoi je croyais. L'honnêteté, l'humilité, l'amour, bref, des notions qu'elle avait perdu au moment où il lui avait fallu faire sa valise pour se tirer.
Et puis, dans un accès de colère, je m'étais approchée d'elle d'un pas. J'étais toujours assez loin d'elle, mais j'avais besoin de lui faire comprendre que ce n'était pas en pleurant et en ne faisant pas face à la vérité qu'elle changerait autre chose. « Pleurer, ça ne règlera pas ce que tu as fait, Iris. Positionne-toi en tant que victime autant que tu veux, mais le jour où tu comprendras que tu nous as tous plus fait souffrir qu'autre chose et que tu es une sale égoïste, tu auras le droit de pleurer. » Et, alors qu'elle se laissait glisser par terre, sous le coup de mes dernières paroles, je tournais les talons. « Eliott, on s'en va. Maman n'a plus faim et ne se sent pas bien, on va la laisser seule, le temps qu'elle réfléchisse un peu et qu'elle se repose. Elle a pas besoin de nous dans ses pattes. » et à voix basse pour que seule Iris entende, j'ajoutais. « Elle n'a jamais eu besoin que d'elle-même. » Sans réfléchir davantage, j'allais prendre les affaires de mon fils, les miennes, et sans repasser par l'endroit où mon ex faisait sa crise, nous partions, fermant la porte derrière nous.