« Bébé ? Je suis rentrée ! » A l’entendre, on aurait pu très aisément imaginé la fin de journée d’un petit couple, alors qu’il n’en était rien. Madeline venait de quitter une intervention en plein centre ville, passant rapidement par le bureau pour récupérer ses effets personnels dans son casier. Et là, elle passait le seuil le de la porte de sa petite maison, pour y retrouver… Sa sœur cadette ! Et c’était un soulagement de ne plus avoir à passer toutes ses soirées toute seule. Désormais, elle avait son adorable petit troll dans les pattes, appréciant comme toujours sa présence. Quand Solange lui avait dit qu’elle souhaitait la rejoindre à la Nouvelle-Orléans, ne souhaitant pas la laisser affronter seule ses démons, Madeline en avait été touchée. Elle n’était pas encore partie que sa sœur s’en faisait déjà pour elle ! Alors forcément, une fois devant les papiers de transfert du dossier universitaire de la demoiselle et surtout devant le fait accompli, la question ne s’était pas posée ! Impossible que son bébé paye une fortune pour un logement étudiant ridiculement petit : elle allait vivre sous son toit. Cela lui permettrait de vivre dans un endroit spacieux et agréable, tout en réduisant considérablement ses frais. Et puis… Sa présence la rassurait, il fallait bien l’avouer. Elle déposa ses clés dans livide poche près de l’entrée et ôta son manteau. Ce dernier atterrit sur un fauteuil du salon, alors qu’elle traversait sans même se retourner jusqu’à la cuisine ouverte. Personne… Cependant, une douce odeur s’était répandue dans la pièce. Ça sentait super bon. « Solange ? » Elle tendit l’oreille en attendant une réponse, mais aucun bruit ne lui donna d’indice quand à la présence ou non de sa cadette dans les parages. Pourtant, il lui semblait bien avoir vu ses chaussures en vrac près des escaliers. Elle passa sous une petite arche et emprunta un autre couloir qui ramenait à l’entrée. S’appuyant contre la rambarde des escaliers, elle pivota légèrement et leva la tête en direction de l’étage. « Solange ! Feignasse ! Tu descends ? » En entendant finalement une vague approbation, Madeline esquissa un sourire. Elle avait l’impression de revenir des années en arrière, lorsque la petite dernière de la famille était une adolescente qu’il fallait tanner pour obtenir ce qu’on voulait. Elle retourna dans le salon, où elle se laissa tomber sur un canapé dans un long et profond soupire.

Une soirée entre sœurs

Madeline & Solange

Quelle idée pourrie d’avoir pris médecine comme choix d’études. Sérieusement, les fiche à étudier sont affreuses, les mots employés hideux, pire que de l’allemand, parfois la médecine m’horripilait vraiment. Puis après je me souvenais que c’était un sujet hyper passionnant et que dans le fond je faisais ça pour travailler avec ma sœur, dès que je me disais ça, je me motivais pour réviser. On va dire que n’importe quoi concernant ma sœur est capable de me motiver, car Madeline c’est Madeline quoi. Sans elle, je me vois mal vivre seule ici ou encore faire des grandes études ! Bon, peut-être que si finalement… N’est là n’est pas la question, j’ai envie de dire. Puis ça change rien au fait que la biologie, c’est chiant, mais c’est principalement ce qu’on étudie quand on veut faire médecin légiste. En fait j’avais une petite pensée pour Madeline qui devait souvent voir des cadavres hyper dégueulasses, et après j’avais une petite pensée pour moi qui ferais bientôt ça. Argh…

Bref, après une journée bien dégoûtante à l’université, j’étais rentrée chez ma sœur qui est, à présent aussi, mon chez moi, et j’avais commencé à préparer le dîner car je savais que Mad’s allait rentrer tard. Une fois que ce fut fait, j’étais montée à l’étage pour aller dans ma chambre et me mettre à réviser mon super cours sur les insectes nécrophiles. Sympathique, hein ? Je récitais à voix haute sans même m’en rendre compte alors que je tournais en rond dans ma chambre, me cognant dans un peu près tous les meubles avant de m’avouer vaincue. Une petite sieste, une minuscule sieste… Puis finalement j’avais dormi jusqu’au moment où j’avais entendu un lointain bruit en bas, et même là j’avais décidé de me rendormir. Mais bon, Madeline tenait à me réveiller apparemment puisque peut-être cinq minutes après je l’ai entendue m’appeler du bas des escaliers, comme quand j’étais ado et que je refusais de descendre par mauvaise foi. Heureusement pour eux, je n’avais jamais vraiment fait de crise d’adolescence, et parfois j’avais peur que je commence à dérailler une fois à l’université mais pour l’instant, ça allait. Enfin… J’espérais. Puis j’avais moins à craindre ma sœur que mes parents, c’était sûr.

C’est dans un râle que je décollai ma face de mon oreiller, essuyant par ailleurs la bave sur ma joue avec une mine de dégoût avant de passer par la salle de bain pour rincer mon visage, la marque de mon oreiller sur la joue et les cheveux… Non en fait on évitera le détail des cheveux. Je descends à toute vitesse pour rejoindre Madeline, je fais le tour du canapé pour atterrir à côté de mon aînée, lui faisant instantanément un câlin.

-Tu as passé une bonne journée ?