Respirer, prendre l'air, quitter la routine et s'octroyer un peu de temps pour soi était quelque chose que Sierra semblait avoir fuit depuis quelques temps. Même si elle avait tout sa tête, elle restait assez affaiblie par les tensions qui grandissaient sensiblement dans son couple. Pourtant, elle se disait que ça passerait, qu'elle a déjà surmonté ça et qu'elle saura quoi faire si jamais ça dérape. Alors oui, elle aimait profondément Emrys, mais elle ne se morfondait pas de la situation, elle avait conscience que bien pire arrivait à d'autres personnes et qu'elle devait simplement laisser le temps faire et ne pas risquer de tirer d'avantage sur l'élastique qui était déjà bien trop tendu à son goût.

Aujourd'hui, et pour les fêtes, son père a fermé le restaurent histoire de profiter de ces moments devenus quelque peu rares. Et même si Sierra ne pointait que rarement le bout de son nez, il lui arrivait d'avoir tout simplement envie de lui faire des petites visites surprises. Elle ne prévenait jamais, ou presque. Parfois, un petit texto apparaissait, en mode "Je passe boire un café à 14h30", puis plus rien. Elle était à l'heure cependant, jamais une minute de retard, elle connaissait avec exactitude le temps qu'elle mettait à rejoindre la demeure de son père, qu'elle s'y rendre à pied, en voiture, en bus ou en taxi. Elle avait cette magnie d'organiser chacune de ses journées afin que rien ne vienne perturber sa routine. Les cadeaux de noël étaient achetés, rangés soigneusement dans un de ses nombreux placards à la mode "Tetris", parce qu'on aime quand c'est symétrique, hein......

Néanmoins, il lui manquait encore le cadeau d'Emrys, elle séchait complètement et ne savait absolument pas quoi lui offrir qui puisse lui faire plaisir, autre que des vêtements ou une montre usuelle qu'elle n'était pas totalement sûre qu'il allait porter. Pour son frère, c'était assez simple. Elle pouvait lui offrir n'importe quoi, que ce soit une babiole toute pétée, un t-shirt avec écrit "Ma grande sœur est une reine" dessus, tout lui faisait plaisir venant d'elle, mais cette année, elle voulait marquer le coup et offrir de vrais cadeaux à toute sa famille, même à sa petite sœur qui méritait tout de même d'être gâtée malgré son caractère plus qu'imposant et irritant. Son père, lui, méritait tout l'or du monde à ses yeux. Il s'était donné beaucoup de mal afin que ses trois enfants soient heureux, malgré les nombreuses difficultés qu'il a rencontré au fil des années. Elle espérait simplement que le cadeau qu'elle allait lui offrir lui fera prendre encore plus conscience qu'il a toujours été un père admiratif.

Ce matin là, elle s'est réveillée un peu trop tard. 11h30 environ. Elle a clairement trop dormi et son café est mal passé. Jolie grimace d'ailleurs. Puis trop dormir ça réveille une sorte de syndrome assez emmerdant : La flemme. La BONNE flemme qui empêche sa victime d'avoir la moindre motivation, ne serait-ce que pour s'habiller et ça devient très vite une épreuve, comme la question à 1 million. Mais bon, les fêtes approchent à grand pas et elle n'a toujours pas de cadeau pour son fiancé. Motivation ; quelques pas en direction de la salle de bain. Ah, elle a oublié de prendre ses vêtements, bien sûr. Elle souffle une fois, se dirige vers la chambre et ouvre ses placards afin d'en sortir un jean tout simple, un t-shirt blanc qu'elle portera sous un pull en coton bien chaud, et bien sûr, des sous vêtements. Elle retourne à la salle de bain, s'empresse de se doucher, de s'habiller et de se maquiller, légèrement. Elle laisse ses cheveux détachés qu'elle recouvrira avec un bonnet simple, puis elle enfile son manteau, ses basket, son écharpe et attrape son sac à main. Où sont ses clés ? Elle souffle une nouvelle fois avant de les trouver, posées sur le haut du canapé, drôle d'endroit, elle a fait la fête la veille ? Peut être bien finalement.

La rue rejointe, elle décide de prendre un taxi pour se rendre au plus près du centre ville et des boutiques en espérant trouver le dernier cadeau. Elle demande au chauffeur de s'arrêter à l'entrée d'une rue, ce qu'il fait. Elle lui laisse un petit pourboire, puis elle file en direction des magasins, un peu rêveuse et dissipée. Elle semblait réfléchir, mais en réalité, son cerveau dansait la Macarena dans sa tête, rien n'était clair pour elle, jusqu'à ce que quelqu'un croise sa route et la coupe dans sa réflexion inexistante. Elle relève les yeux, tout d'abord surprise que quelqu'un vienne à sa rencontre, puis lorsqu'elle se rend compte que c'est son père, son visage s'illumine d'un coup. Un grand sourire prend place sur ses lèvres. Ce qu'elle pouvait être heureuse de le croiser aujourd'hui. Elle répond à sa bise, l'enlaçant un instant, puis elle fait un pas en arrière pour le regarder, sans que son sourire ne disparaisse.

« Salut papa ! » Répond t-elle en premier temps. « Je vais très bien, merci. Et toi alors ? Tu as pu te reposer ? » Ajoute t-elle sur un ton gai.