family grows up

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Cela faisait quelques temps que Bianca et moi avions appris que nous avions une cousine éloignée qui était arrivée en ville. Ou était-ce qu'elle allait arrivée ? Toujours était-il que je savais qu'elle était désormais là et installer. Nonna avait finalement concédé à nous laisser l'adresse de cette dernière. J'allais donc découvrir Eileen, une cousine côté James, dont je n'avais jusque là qu'entendu quelques mots dans ma plus tendre jeunesse mais que je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer, à mon plus grand désarroi. En dehors de ma soeur et de Nonna, je n'avais que très peu de famille et j'étais toujours ravie d'apprendre qu'une cousine débarquait en ville. Bien sûr, tant qu'il ne s'agissait pas de Flora qui m'agaçait sincèrement et que je ne supportais pas.

Après avoir roulé depuis les îles vénitiennes jusque dans le centre ville de la Nouvelle-Orléans, je trouvais rapidement. Un panier de friandise dans les bras, je me dirigeais jusqu'à la porte qui indiquait le nom de ce membre de la famille que j'allais finalement rencontrer. Bianca n'ayant pas pu m'accompagner à cause du travail, je m'étais débrouillée pour venir seule. Pas plus mal ainsi. Je sonnais et, rapidement, j'attendais qu'on m'ouvre, ce qui ne tarda pas à arriver. Si je ne l'avais pas contactée et qu'elle n'avait pas été mise au courant par mes soins de mon arrivée, j'étais certaine que ma grand-mère l'avait déjà fait. « Bonjour... Euh... je suis Alize. Ta cousine. Ma grand-mère a dû te prévenir de mon arrivée, je crois. »

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J'étais un peu angoissée, face à elle, sans être certaine de trouver une réelle parole censée à lui raconter après lui avoir annoncé qu'elle était ma cousine. À vrai dire, des cousines, j'en avais, mais à cause de mes... disons soucis de santé, je n'en avais pas beaucoup que je pouvais compter dans une catégorie "appréciable et appréciées". Alors, assez bêtement, j'espérais que cette nouvelle arrivée dans la famille me permettrais de changer la donne et d'avoir enfin une alliée de mon côté, même si Bianca en était déjà une de taille. Parfois, ça ne suffisait pas, ou encore simplement absente ce qui n'aidait pas vraiment à garder la tête hors de l'eau. Puis Bi était plus âgée et libre de faire tout ce qu'elle voulait sans rendre des comptes. Même la majorité passée, à cause de mes abus de problèmes de nutrition, les comptes à rendre resteraient présents dans ma vie.

Je faillis lui rabâcher que, oui, je savais qui elle était, c'était pas la peine de me le dire, mais je ravalais ma langue. Ce n'était certainement pas avec des répliques cinglantes que j'allais sympathiser avec ma cousine. « Merci. » lui répondis-je d'une voix timide, presque absente, à vrai dire. « Je veux bien un verre d'eau, s'il te plaît. » Je lui souris avant d'aussitôt froncer les sourcils. En fait, c'était vrai que je ne connaissais pas non plus ses parents. Ou peut-être les avais-je déjà vu lors d'une réunion de famille, mais c'était le genre de chose qui m'aurait surprise : je me serai certainement rappelée d'Eileen, étant donné que j'étais d'ores et déjà jalouse de son physique - un défaut dû à l'anorexie, peut-être - et que je l'aurais certainement jalousée dès lors, en me fiant aux quelques photos d'elle et de ses parents qui trônaient dans la pièce. « À vrai dire, je venais davantage à ta rencontre à toi, afin de rencontrer la cousine dont ma grand-mère n'arrête pas de parler. » Même si Nonna n'était pas la grand-mère d'Eileen, elle n'avait de cesse de tarir d'éloges à son sujet, alors, oui, quelque part, il y avait certainement aussi un peu de curiosité derrière cet intérêt étrange de ma part.

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Des cousines, j'en avais quelques unes déjà et même si je ne m'entendais pas avec toutes, notamment du fait de mes mauvais choix en tant qu'adolescente qui continuaient à me suivre chaque jour que le Bon Dieu faisait, j'avais dans l'espoir de réussir à déroger à cette règle. Et surtout en découvrant l'existence d'Eileen qui, contrairement à la majorité des cousines, n'était pas une James à proprement parler. Même si elle descendait des James. En entrant chez elle je ne pouvais que noter de la différence de vie que nous menions. Dans cette petite maisonnette des îles vénitiennes, Nonna, Bianca et moi vivions dans tout ce qu'il y avait de plus rudimentaire et ce qu'il y avait de moins lumineux. Ce n'était peut-être pas le grand luxe ici, mais en hiver j'étais certaine qu'ils ne se les gelaient pas comme nous là-bas. Puis, rien que ça, ils vivaient en centre ville, ça faisait déjà une grosse différence sur les moyens mis dans la construction de leur bâtiment. « Merci. » ne pus-je m'empêcher de répéter bêtement quand elle m'annonça aller me chercher un verre. Je ne faisais pas dans l'originalité, mais qui s'en plaindrait ? Je la suivais du regard le temps qu'elle aille dans cette magnifique cuisine ouverte que j'enviais un peu pour les quelques fois où je m'attelais à la pâtisserie et m'isolais totalement chez Nonna. « Ca me fait encore bizarre de savoir qu'on a des cousins un peu partout et d'en découvrir comme ça, par hasard quand ils s'installent à la Nouvelle-Orléans. » Je comprenais très bien ce qu'elle voulait dire. Savoir que de la famille nous connaissait et pas nous... Cette partie-là de la famille venait de la Nouvelle-Orléans, mais tous l'avaient fuie, ou presque. La preuve, il ne restait pas grand monde... ou alors de la famille qui revenait des générations plus tard. Et Bianca et moi n'échappions pas à la règle puisque nous avions vu le jour sur la côte Pacifique.
Je regardais autour de moi les fameux cartons. Il y en avait, c'était vrai, mais finalement pas tant que ça par rapport à ce à quoi on aurait pu s'attendre. Je la remerciais vaguement pour l'eau avant d'en boire un peu. « Vous êtes arrivés il y a combien de temps ? » C'était évident que c'était récent, mais Nonna s'était bien gardée de préciser. Comme d'habitude, elle aimait les secrets et les surprises.