Le réveil avait été un peu compliqué… Sans doute parce que la nuit avait été longue. Les insomnies étaient de plus en plus régulières chez Madeline, qui ruminait ses aveux et la dispute qu’elle avait eu avec Valentino. C’est bien simple, elle cessait d’y penser uniquement sur le terrain lorsqu’elle travaillait, et finissait par s’accorder quelques heures de sommeil lorsqu’elle s’écroulait de fatigue. Se versant du café dans un grand mug, elle n’avait même pas réalisé que sa petite soeur n’était plus là. D’habitude elles prenaient un petit déjeuner rapide ensemble, échangeant quelques mots sur les soirées, leurs rêves ou encore même le déroulé à venir de leur journée respective. Là, seul régnait un profond silence. On entendait le tic-tac de la grande horloge de la cuisine, confrontant Mad’s à la solitude de cette matinée. Pas de grand sourire rassurant de sa cadette, pas de bras forts autour de sa taille et de baiser dans le cou en guise de bonjour. Juste elle et un café corsé.

Pressée de se perdre dans le travail, l’inspectrice se dépêcha de se rendre au travail. Elle avait finalement pensé que Solange avait démarré son stage ou ses cours plus tôt, studieuse comme elle était. Il faut dire que l’étudiante avait un avenir prometteur, c’était certain ! Elle était la petite fierté de la famille tant elle excellait dans ce qu’elle entreprenait. « Un grand médecin en devenir ! » - ne cessait de répéter leur père ! Madeline veillait tout de même à ce qu’elle ne s’oublie pas dans ce torrent d’éloge et cette pression sociale. Elle avait la chance de pouvoir imposer ses choix et que ces derniers soient respectés à certaines conditions, il fallait aussi que sa petite soeur puisse en bénéficier, non ? Sans devoir rattraper les déceptions causées par son ainée ! En pensant à Solange, Madeline eu un léger sourire aux coins des lèvres en poussant la lourde porte du commissariat. Elle salua ses collègues à l’accueil et se rendit aux vestiaires. Elle y laissa ses affaires personnelles et récupéra son arme de service pour démarrer sa journée. Aucun signe de Valentino pour l’instant… Ce dernier avait dû s’arrêter en chemin pour s’acheter son café préféré, ou bien avait-il démarré plus tôt pour éviter de la croiser ? Une sorte de distance s’était installée entre eux et Madeline la redoutait plus que tout.

Elle secoua la tête pour chasser ces pensées de son esprit déjà embrumé, et la surprise qui l’attendait à son bureau termina aisément le travail. « So-Solange ?! »  Elle ouvrit de grands yeux étonnés et se figea sur place. « Mais… Il s’est passé quelque chose ? Qu’est-ce que tu…? »  Réalisant que sa sœur se tenait devant elle, elle se précipita vers elle pour vérifier qu’elle n’avait rien, puis capta qu’elle était habillée d’une drôle de façon. « Solange… Explique-moi. »  -demanda-elle d’une voix plus grave et sérieuse.