J’avais traîné au lit ce matin, jour de week-end, rien d’étonnant en soit, mais il était rare que je trouve le sommeil, que mes songes soient suffisamment calme pour me permettre de me reposer pleinement. Alors c’était éveillé que j’avais passé quelques heures dans mon lit à fixer le plafond et à me rappeler de la dernière fois que je l’avais vu. Il n’y avait rien de romantique à ça, cette relation n’avait rien de sain, mais chaque souvenir, chaque soupirs suffisait à en effet vouloir de ce jour. Certes, j’espérais davantage qu’on trouve un terrain d’entente moins destructeur et plus sain, mais je n’étais pas non plus stupide au point d’ignorer ce que voudrait réellement mon corps. Seulement, il ne fallait pas que ça se reproduise, pas pour mon bien, ni pour le sien, mais ça à la rigueur, je m’en fichais pas mal. Je ne voulais juste pas tomber plus bas. Sortant finalement du lit, j’avais passé des vêtements simples, jeans, t-shirt, lunette de soleil, bref, rien d’extraordinaire, mais tout de parfaitement adapté au climat étouffant de la ville.

Je ne savais pas si j’avais eu une bonne idée, une idée, oui, mais bonne… C’était la plus grande inconnue. Tout comme je n’avais aucune idée de si oui ou non il allait venir, surtout après ma fuite. Quittant donc l’appartement vers 12h45, je pris un taxi jusqu’à la zone industrielle la plus proche ou ce trouvait le lieux de rendez-vous. L’endroit n’était pas si glauque, mais les traces des ouragans ayant frappé la région marquaient encore les murs et le paysage, mais il y avait du vert et du passage, rien d’inquiétant de l’extérieur. Sortant du taxi après l’avoir payer, je fis quelques pas jusqu’à m’arrêter devant une façade, celle d’un stand de tir d’un ancien militaire avec qui j’avais sympathisé. Je savais que tout le monde n’était pas à l’aise avec une arme, mais quoi de mieux que quelques tirs pour se défouler ? Sans doute beaucoup de chose, mais pour moi, c’était mieux ainsi. On avait rendez-vous à 13 heures, mais je ne serais pas vraiment étonné qu’il arrive soit en retard, soit qu’il me laisse en plan. Ca serait sans doute de bonne guerre et je ne lui en tiendrais pas rigueur dans le fond. Certes, ça serait un comportement de con immature refusant une main tendu, mais je suppose qu’à ce jeu nous nous valions.

C’était stupide dans un sens non ? Tenter de construire quelque chose de stable juste pour pouvoir s’envoyer en l’air tranquillement. C’était critique, risible, mais c’était réelle. Je ne suis pas sûr qu’il y ait d’autre raison de le faire. Enfin si, mais rien qui ne pourrait nous correspondre.

M’asseyant donc sur les marches, je sortie tout simplement mon téléphone non pas dans l’espoir d’un message, mais bien pour lire les infos. Je n’avais rien de mieux à faire de toute façon. Mais aussi détaché aurais-je voulu l’être, ma nervosité était palpable et à la première voiture en approche, je relevais la tête. Ce n’était pas lui, et même si c’était le cas, il n’y aurait pas plus de cérémonie. Forcer le dialogue, forcer la sympathie ne m’était pas familière et c’était de le faire pour lui le plus dérangeant. Soupirant alors, je baissais de nouveau les yeux sur l’appareil, prenant sur moi de ne plus relever la tête au moindre son. De toute façon, je doutais qu’il reste lamentable aussi longtemps et si il avait un peu d’estime de lui, il ne viendrait pas. Pas après la dernière fois. Dommage de perdre un plan cul comme lui.

Je ne faisais plus vraiment attention à l’heure quand une portière se claqua non loin de moi, ce n’était pas la première et sans doute pas la dernière, mais après plusieurs secondes, la voix de l’homme s’éleva dans le silence pour me dire bonjour. Levant les yeux vers lui, je pouvais constater deux choses, il avait l’air d’aller mieux, mais surtout cette chemise était beaucoup trop bien ajusté pour mon propre bien.« Salut. », répondis-je presque aussitôt avant de me remettre debout et de tourner la tête vers l’établissement qu’il venait de désigner. Je me doutais bien que ce n’était pas vraiment l’endroit espéré, mais en sortant de la norme, peut-être que les choses iraient mieux et puis, même si clairement il marchait sur des oeufs, au moins cette remarque était amusante, du moins assez pour m’arracher un sourire.

« Malheureusement non, mais tu peux parfois trouver des filles à moitié nue se frottant à des M16 lors de certains anniversaire… Beauf.. », c’était déjà arrivé et assez désagréable pour quelqu’un qui n’avait aucun attrait pour les corps féminin, mais bon, je suppose que je n’étais pas en position pour faire la moindre remarque et ça allait très bien comme ça. Même si personne ne le dirait jamais, il n’était toujours pas très bien vu de préférer tirer un mec dans ce genre d’endroit et si le patron connaissait mes orientations, je savais aussi que je ne devais rien lui imposer. Je faisais ce que je voulais tant qu’il ne voyait rien, c’est fou comme le monde progresse. « C’est pas commun comme lieu de rendez-vous, mais on fonctionne pas super bien dans un bar gay non plus. », fis-je remarquer avec un ton neutre, mais bien moins ferme que d’habitude. On n’était pas du tout en position de pouvoir s’exprimer comme on voulait, mais on faisait des efforts, enfin du moins lui, alors je devais lui rendre la pareille. « Après la dernière fois, je pense qu’il est clair qu’on a besoin de se défouler et si possible dans blesser l’autre contre un mur.. », maintenant que c’était dit, je ne reviendrais plus sur cette soirée, je pense qu’elle avait été éprouvante pour tout le monde, s’en rappeler ne ferait qu’empirer les choses. Autant mettre ça dans une boite et ne pas l’ouvrir avant longtemps.

« Et il y a un club de strip-tease pas très loin si jamais t’as vraiment une folle envie de remplire un slip de billet. », mais ça ne serait pas de suite, pas avant qu’on ait pu… Tirer les choses au clair. J’essayais toutefois d’ouvrir une porte, sans doute maladroitement, mais c’était toujours mieux que m’enfermer dans un mutisme qui pourrait nous tuer. Lui faisant donc signe de me suivre, je pénétrais dans le bâtiment où je fus accueilli chaleureusement. Tape dans le dos, blague vaseuse et large sourire auxquels je répondis avec moins d’enthousiasme, mais tout de même. Prenant donc la direction du box privatif désigné, je disparue avec Will derrière une porte en me gardant bien de dire qu’il s’agissait d’un civil. Les armes présentent ici était d’une catégorie bien trop élevé pour lui, même un 9mm serait de trop, alors inutile de mettre le feu aux poudres. « T’as déjà tiré ? », demandais-je avant de lever les yeux vers lui en me rappelant vaguement d’une de nos premières conversation. Il n’avait pas l’air d’aimer l’armée, enfin je crois, « Tenue une arme ? », rectifiais-je donc dans le doute avant de lui tendre des lunettes de protection contre la poudre et un casque contre le bruit. Il avait déjà du mal à comprendre, alors si je le rendais sourd, tout espoir de sauver la joie de nos ébats disparaîtraient.

Je me doutais bien que la situation pouvait-être étrange pour lui, surtout après notre dernier échange qui s’était révélé pour le moins chaotique, mais même si l’envie me prenait, je ne le tuerais pas. Et encore moins avec une arme dans un stand de tire ou l’on pourrait parfaitement m’identifier comme le tireur. L’attirant donc avec moi dans la salle de tir, je lui demandais ce qu’il en était de ses connaissances ou ses habilités avec une arme, et bien que son attitude parle déjà pour lui, la réponse m’arracha un sourire. Démocrate donc, et démocrate stressé qui commença à poser beaucoup de questions sur ce qu’il pourrait y avoir si jamais on en parlait. Il était fils de ministre ou quoi ? Bon, ça ne serait pas si étonnant dans le fond, je ne voyais pas comment on pouvait devenir aussi agaçant sans une pression sociale ou une richesse certaine dans le cercle familiale. « Tu n’es pas censé être ici à proximité d’arme d’assaut dont tu n’as pas le permis pour les utiliser. Alors je vais éviter d’en parler si je ne veux pas finir en prison. » soufflais-je avant de le regarder se préparer et accepter de s’y plier. Ne pas mourrir idiot, c’était bien lui ça. Enfin je n’en savais rien, mais ça semblait si rationnel que ça collait à l’image que j’avais de lui. Passant donc mon casque, je me retournais pour prendre une arme, rien de très exceptionnel, un Beretta parfaitement classique.

M’approchant de lui je détachais chacun de mes gestes, à commencer par mettre le chargeur, retirer la sécurité et prendre la bonne position pour tirer une balle en plein dans la cible en face de moi. Je n’étais clairement pas le meilleur tireur, j’en avais croisé des biens plus bon que moi, mais je savais faire mouche, sinon je n’aurais pas été major. Retirant le chargeur, je remettais la sécurité avant de poser le tout sur la tablette en face de nous. C’était la démarche à suivre quand on tirait en stand. Aucune arme devait être laissé chargé et prête à l’emploie rapidement. Question de sécurité pour éviter un tir malheureux ou une fusillade dans les cas les plus grave. Posant mes mains sur le casque de l’homme, je le bougeais de façon à ce qu’il puisse m’entendre. « Il va y avoir du recul, donc anticipe la levé de l’arme et évites de te la prendre en pleine tête. », j’étais presque sûr que le recul était quelque chose qui lui était familier, tout comme j’étais presque sûr qu’il ne se laisserait pas surprendre. Comment je le savais ? Je le savais, c’était tout. Il n’était pas du genre à perdre la face, alors je me doutais bien qu’il ne le ferait pas contre moi. Certes il y avait eu cette nuit et il avait été au sommet du pathétique, mais je n’avais pas été mieux, alors il était préférable d’oublier ça.

« Si vraiment ça ne va pas ou si tu ne le sens pas, on arrête là et on trouvera un autre moyen de nous défouler qui n’implique pas que tu me tires dans le pieds. », ajoutais-je dans une tentative d’humour. Il me semblait vraiment pas à l’aise avec cette arme, vraiment pas à sa place. Je n’étais pas entièrement un monstre et je ne le forcerais pas. J’ouvrais une porte. Je n’en avais pas l’habitude, mais de toute façon, de quoi avais-je l’habitude avec lui de toute façon ? Tout les codes étaient sans cesse bousculés et ce n’était pas pour mon plus grand plaisir. Mais je tendais une main, car l’espèce d’ombre qu’il avait rencontré n’était pas moi. Vraiment pas.

J’avais ouvert une porte de sortie pour lui éviter une situation plus compliqué, mais il n’avait pas reculé à mon plus grand étonnement. Il avait pris l’arme avant de douter et réclamer mon aide pour ne pas me tirer dans le pied comme j’avais pu le sous entendre. Hochant la tête pour accepter, je m’approchais jusqu’à le guider pour que ça se passe le mieux possible, sauf que c’était un civil et dès que le coup fut tiré, il lâcha l’arme qui tomba bruyamment sur le sol. Fixant la porte en espérant ne voir personne arriver, je fus soulager de n’entendre rien d’autre que des tirs. Personne n’avait entendu et c’était très bien comme ça. J’avais prévenu, j’oubliais juste qu’il n’était pas… Habilité. M’abaissant pour saisir l’arme, je me redressais un sourire aux lèvres alors qu’il évoquait une potentielle mort. « Même si c’est tentant de te faire tuer, ça me priverait de quelques parties de jambes en l’air appréciable.. » répondis-je dans un premier temps avant de froncer légèrement les sourcils à l’écoute de la suite. Je n’étais pas le seul à appréhender ça comme un rendez-vous, mais passons, on pouvait sortir avec des plans culs, on pouvait être civilisé. C’était juste en effet étrange que je tienne tant que ça à ce que les choses aillent bien. A ce que le dérapage de la dernière fois ne prenne pas plus d’ampleur.

« J’avais l’impression de ne pas être assez excentrique pour toi, je me dis que t’apprendre à tuer du papier me donnes plus de chance.. », je tentais de l’humour oui, c’était une façon comme une autre de dédramatiser les choses et même de se détacher. Me glissant finalement dans son dos, je m’assurais qu’il la tienne à nouveau avant de le guider dans la bonne position. Cette proximité était… Enivrante ? Quoi qu’elle soit je ne pouvais pas m’empêcher de me rappeler d’une multitude de choses parfaitement agréable pour le coup, des choses que j’allais devoir étouffer pour le bien de la journée. Même ça c’était étrange et impossible. Il faut croire que mon comportement m’avait bien plus marqué que je ne l’aurais voulus. « On est là pour essayer d’avoir l’air d’autre chose que deux épaves en manque. », repris-je en ajustant sa position, « En apprendre plus sur l’autre et avoir une activité demandant un minimum de concentration me semblait pas mal. » continuais-je pour donner un sens à tout ça. Comme si ça pouvait en avoir au final. C’était comme cette addiction à son corps, cette facilité qu’on avait à se trouver… C’était tellement pitoyable que ça n’aurait pas dû avoir d’importance.

« Appuies. », soufflais-je alors à son oreille, attendant qu’il s’exécute pour voir la balle viser juste et percer une seconde fois le crâne de cette feuille de papier. J’avais aussi absorbé le recul en maintenant correctement son bras et son épaule, nous évitant au passage une nouvelle chute de l’arme. « T’as compris l’idée ?. » demandais-je simplement en me reculant de lui pour ne pas laisser plus de chance à mon esprit de se faire des idées. Je devais rester calme, à ma place et ignorer à quel point il pouvait me faire oublier tout sens commun. Cet homme était dangereux, réellement et je n’avais aucune arme pour me défendre. C’était frustrant, réellement, mais inéluctable sans doute. Je finirais bien par me lasser, ou lui et si la deuxième option était frustrante, elle n’en était pas moins vrai. Je pouvais disparaître de sa vie et je devrais n’en avoir rien à faire. Difficile quand on était présentement en train de chercher à se rattraper.

Au moins avais-je réussi à lui arracher un peu de vanité en le faisant réussir, mais il souleva un point assez important qui avait manqué de me poser problème quelques minutes plutôt. « On peut se toucher. » soufflais-je rapidement avant qu’il ne reprenne sur le fait que ce n’était pas une façon de draguer très subtil. Je ne draguais pas après tout, du moins pas réellement, alors comment étais-je censé le prendre ? Vouloir que les choses aillent mieux était une bonne idée, mais de là à penser que ça cachait autre chose… Non. M’avançant pour reprendre l’arme, je le suivais du coin de l’oeil, comme pour m’assurer qu’il ne fasse pas de connerie, comme mettre en pratique le fait d’être en manque de l’autre. Il y avait des caméras ici, question de sécurité et si je savais que les bandes étaient supprimé rapidement, je ne voulais pas prendre de risque, surtout si il voulait être discret.

Il resta sage toutefois, proposant plutôt que je lui en dise plus sur moi, comme mes livres ou film préféré et sérieusement, si pour les première question j’avais une idée précise de ma réponse, ce n’était pas le cas de la dernière. Ou je voulais partir en vacance ? Je n’étais même plus sur de savoir ce que c’était tellement j’avais passé ma vie à travailler, puis à boire. « Je n’ai pas de livre préféré, mais j’apprécie énormément les oeuvres d’Oscar Wilde. » commençais-je avant de charger l’arme pour tirer en pleine tête de la cible. « Il faut sauver le soldat Ryan. », repris-je avant de tirer deux fois dans le coeur. Posant alors l’arme sur le comptoir, je me retournais avant de souffler, « Je rigole, j’aime beaucoup La ligne verte et Philadelphia, je sais pas si c’est les oeuvres, ou tout simplement un passion pour Tom Hanks, mais je dois les voir tout les mois au moins. », les films n’étaient pas récent, vraiment pas, mais fallait-il finir premier du box office pour mériter sa place dans un top ? Non, clairement pas.

« Mon père est militaire, ma mère enseignante, je viens d’une famille stricte et conservatrice, mais je t’arrête de suite, ils ne sont pas raciste, ni homophobe, ils sont davantage du genre à accepter nos différences si on en parle pas. Ce qui est pire, je te l’accorde. », mais je savais que mes parents étaient toujours là pour moi, c’était au moins l’avantage. « Quant aux vacances, je ne suis pas vraiment sûr de savoir où aller. Je n’en ai plus prise depuis des années et la seule chose qui me vient en tête c’est San Francisco pour revoir les restes de mes unités et mes parents. », autant dire qu’il n’y avait rien de très sexy dans tout ça, mais au moins j’avais répondu, avec franchise, sans m’énerver et avec beaucoup de calme. « Et je préfère écouter de la musique classique et bricoler quand je peux. », continuais-je en ignorant le fait qu’il ne m’avait pas posé les questions.

Ne détachant pas mon regard de lui, je repris, « Pourquoi ton image de démocrate est si importante ? », demandais-je en sachant très bien que ça pouvait-être compliqué, voir mal accepté. « Mais j’accepte aussi que tu répondes à tes propres questions, j’aimerais bien savoir ce que tu lis… Ça en dit souvent beaucoup sur une personne. » et je savais ce que ça pouvait dire sur moi aussi, mais je ne cachais pas mes lectures. Il fallait être un peu con pour se limiter à ce que la bienséance nous offrait. 

Il réussit à m’arracher un sourire lorsqu’il fut question de Tom hanks, mais le fait que l’on s’accorde enfin sur quelque chose, même d’aussi peu important était déjà une bonne chose, du moins cela fut vrai jusqu’à ce que je pose une question. Pourquoi son image était si importante ? Je m’attendais sans doute à beaucoup de réponse, mais pas vraiment à ce qu’il détourne la conversation. Je n’allais certainement pas lui faire ce que je n’aurais pas aimé vivre moi-même alors je me retiens de rebondir, je l’écoutais simplement me parler de Shakespeare, d’Eternel Sunshin of the Spotless mind et de combien cela était étrange sans l’être. Sans doute pourrions nous faire comme si de rien n’était, mais après m’avoir présenté une famille classique, il lâcha la véritable bombe. Son grand-père était sénateur et le fait qu’il ne soit pas très enclin à rester ici prenait de suite plus de sens. Il y avait alors beaucoup de réponse à donner, beaucoup de chose à dire, mais la seule qui me traversa l’esprit fut celle-là, « Aucun civil ne devrait avoir le droit de porter une arme. Tout comme on ne devrait pas en vendre. Les armes à feu devraient-être uniquement autorisé dans la police et l’armée. », j’étais militaire, mais j’avais suffisamment de chose pour le rejoindre sur un point, n’importe qui ne devait pas avoir le droit de porter une arme. Je me sentais sans doute un peu plus con à présent et je n’aimais pas franchement ça, ainsi, après ce qui fut une éternité à ne plus rien dire, je remis l’arme à sa place avant d’en faire de même avec mon casque et les lunettes.

Lui faisant alors simplement signe de me suivre, je nous sortis de là sans chercher plus loin. Nous évitant toute autres discussion avant de rejoindre l’extérieur et de nous éloigner suffisamment pour que ce ne soit plus problématique. « Moi qui te prenais juste pour un emmerdeur, tu avais de bonne raison en fait. », soufflais-je simplement avant de remettre mes mains dans mes poches. Un grand-père sénateur… Comment auraient-été les choses si j’avais eu une pareille présence dans ma famille ? Je n’en avais aucune idée, mais je n’aurais sans doute jamais pu mettre les pieds à l’armée. « Un café ça te dit ? C’est sans doute moins risqué. », demandais-je alors que je continuais à marcher. Pourquoi ça avait autant d’importance dans le fond ? Je n’en savais rien, mais ce mec avait une sérieuse emprise sur mon humeur et ça semblait aussi jouer son mon altruisme. Étrange quand on sait que les autres n’avaient jamais vraiment pu m’atteindre, influencer ma vie, sauf Sarah certes, mais elle était l’exception de ma vie.

« Je peux t’assurer que San Francisco sera toujours mieux qu’ici. » déclarais-je finalement pour reprendre réellement la conversation. Oui je n’arrivais plus à m’ôter cette information de l’esprit, d’autant que je ne savais pas son nom, ou je l’avais oublié, au choix, et que donc il m’était impossible de savoir si j’avais déjà écouté l’homme où non. J’étais peut-être républicain, mais je ne partageais pas toutes les idées, notamment sur l’acceptation des minorités dont je faisais partie… Quoi qu’il en soit nous n’étions pas là pour parler politique, mais juste pour… Cesser d’être un monstre ayant perdu le contrôle à cause d’une seule et unique personne. La conversation devait reprendre naturellement.

Une simple question avait réussi à nous faire replonger et aucune de nos tentatives, enfin de mes tentatives n’allaient y changer quoi que ce soit. Nous n’étions pas fait pour autre chose que du sexe, c’était de plus en plus évident, toutefois, après plusieurs mètres à marcher sans réponse, il m’attrapa le bras pour m’empêcher d’avancer davantage. M’arrêtant donc, je le regarde, me demandant bien ce qu’il pouvait bien vouloir avant qu’il n’ouvre lui-même les vannes. Il pensait que ça me perturbait, ce qu’il aurait pu comprendre, mais il restait le même mec que je m’étais envoyé quelques jours plutôt. Un mec avec qui j’avais perdu tout contrôle et qui n’avait été qu’une victime de mes émotions. Ce qui m’étonnait plus c’était qu’il parte sur cette idée, qu’il se pose comme ça, qu’il semble à ce point attaché à ce que je pourrais dire ou penser. Enfin non, pas vraiment ça, mais… Je n’étais pas le seul à agir étrangement. Il voulait que je le questionne pour passer à autre chose avant de même me proposer d’aller chez lui. Sauf que soyons honnête, si l’on se retrouvait seul, les choses n’auraient plus grand intérêt et ça serait juste lui et moi, nos corps, pas nos esprits.

Soupirant alors qu’il réclamait à ce que le moment redevienne agréable, je répondis, « Oui je me pose des question, mais je ne suis pas perturbé, en fait je me demande juste si j’ai déjà entendu un de ses discours et comment aurait été ma vie dans les même conditions que toi, il n’y a rien d’extraordinaire et je ne suis pas certain que m’entendre parler politique ou de ton grand père soit exactement ce que tu veux non ? », j’en étais même sur, mais passons, je n’allais pas y passer des heures, « Et toi et moi on sait très bien comment ca va se passer si on va chez toi. Alors rassures-toi, j’ai rien contre m’envoyer en l’air avec toi, mais ce n’était juste pas censé être aussi tôt dans le programme. », m’approchant d’un pas, je continuais, en essayant d’être le plus respectable possible, « Écoutes, je sais que l’image que je renvoie n’est pas top, pas plus que mon comportement, j’essaie simplement de ne pas être le même Bougre qui t’as prit contre un mur. Ca implique qu’on parte de ce stand de tir pour ne pas peut-être empirer les chose, mais ça implique aussi que je ne sois pas intrusif car sauf erreur de ma part, c’est pas toi le sénateur. », ma voix était resté neutre, manquant peut-être de réalité dans mes mots, mais c’était finalement la meilleure chose. Je n’avais pas besoin de mettre d’autre message, ni l’envie de toute façon.

« Par contre oui, il y a quelque chose d’assez étonnant à t’imaginer en lecteur de Shakespeare, quoi que j’aurais du m’en douter, je pense que tu es le seul homme sur terre à juger ça romantique d’attendre le retour hypothétique d’un soldat. », romantique et désespéré, comme certaines de ces réactions. « Mais ce que je retiens c’est qu’au final, si je veux regarder un film avec toi, je dois m’attendre à regarder un film désespérément romantique ? », j’en étais à penser à passer un soirée plus tranquille avec lui, c’était moi qui était pathétique dans le fond, pas lui. J’étais à des années de celui que j’étais et en même temps… Je n’étais pas si sombre en tant normal, j’étais même parfois de bonne compagnie, c’était juste lui qui… Compliquait tout. « Et je comprends mieux le côté intellos imbue de lui-même avec les métiers de tes parents…» ajoutais-je avec un sourire franc cette fois, comme pour signer la reprise de l’instant, la mise de côté de cette tension. C’était faisable, même avec lui.

Je l’avais vu s’approcher, j’avais senti sa main se refermer sur mon t-shirt et pourtant, une fois que ses lèvres avaient retrouvé les miennes, tout cela n’avait pas eu plus de sens. Tout comme le faite que je lui réponde, que je ne reste pas aussi stoïque que je l’aurais voulu. Rien n’avait de sens, mais lorsqu’il reprit ses distances brusquement, je reviens à la réalité pour faire de cet accident rien de plus que ça. Il reprit donc sur Tom Hanks, avant de s’avancer pour demander si nous étions toujours sur ce projet de café. Sans doute les choses auraient été moins étranges si il n’avait pas fait ça, si il ne m’avait pas embrassé en pleine rue, sans raison. Alors je me pliais au jeu de faire semblant, ça m’arrangeait dans un sens, partir du principe que rien d’important ne découlerait de nous, que nous étions juste deux adultes sexuellement compatible et rien de plus. Le sujet de la politique fut d’ailleurs un bon moyen de revenir sur terre, de continuer à ignorer le poids de tout ça. « Assez souvent. » répondis-je donc avant que lui même ne reprenne pour me détromper. Il n’était pas imbue, juste réaliste. En parlant de réalité du coup, ne pouvait-il pas m’en dire plus sur ce qu’il venait de faire et ses motivations ?

Sans doute pas, le sujet des parents semblant moins risqué, il détailla un peu plus son parcourt avant de souligner que pour ma part, je n’avais pas cherché à sortir des sentiers battus. Pourquoi l’aurais-je fait ? Je savais que c’était ma vocation depuis le début, je n’avais pas besoin de plus. « Ca m’allait. », répondis-je donc avec neutralité avant qu’il ne parle d’Oscar Wilde et du fait que ca ne collait pas à l’image qu’il avait d’un soldat. Il essayait, à moins que ce soit moi qui ne soit pas en mesure de voir la réalité, mais ca sonnait de nouveau creux. « J’aime que ces textes ne soit ni blancs, ni noirs. Que l’on soit toujours dans une position étrange, incertain de pouvoir prendre partie. » la réponse était simple considérant la personne dont on parlait, mais ça ne serait pas les uniques mots que j’aurais à dire, pas avec ce qu’il venait de dire du moins. « Tu peux trouver beaucoup de soldat avec très peu de choses dans la tête. Ils sont bien fait, mais ça s’arrête là. Je sais que pour un civil le grade n’a pas grand intérêt, ni beaucoup de sens, mais je suis Major, c’est à dire qu’il n’y a que sept grades qui me sépare de celui de Générale des Armées et que les soldats qu’on croise le plus souvent sont 21 grades en dessous de moi. », ce qui n’avait aucun sens pour lui, je m’en doutais bien, mais j’avais aussi un certain grade, avec certaines responsabilité et se situer sur une échelle était pas mal. « Alors je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de littéraire dans les hauts rang, mais tu serais surpris de ce qu’on demande pour commander les autres. », me remettant à son niveau, j’avais sincèrement l’impression que quelque chose pulsé sous nous, quelque chose que l’on ne pourrait pas maitriser si je ne reprenais pas un semblant de légèreté dans la discussion.

« Et je pense que tu sais aussi mieux que quiconque ce que ça fait d’avoir une mère enseignante. Oses me dire que l’un de tes premiers objets personnels n’a pas été un livre. », peut-être pas en fait vu ce qu’il m’avait dit sur son mode de vie. « Elle me lisait le Petit Prince, j’ai même encore ce livre chez moi dans un des cartons. » continuais-je en espérant m’éloigner de tout signe de tension en parlant de notre enfance. L’on venait de toute façon de sortie de la zone industrielle et les petites rues de la Nola se dessinait déjà devant nous. « Je suis pas certain d’avoir un seul livre de Shakespeare à la maison quand j’y pense. » c’était la dernière chose que je pouvais lui offrir pour mettre de côté toutes ces étrangetés. Partir sur autre chose, sur une façon de peut-être le rendre moi… précautionneux, je n’en savais rien en fait.