“The challenges of adulthood” Entre ses nouveaux amis et sa vie sexuelle inexistante, Will trouve qu’il s’en sort merveilleusement bien dans son projet de devenir un adulte sain et équilibré. Il n’en a pas tout à fait terminé avec le crétin imbu de lui-même qui regarde tout le monde de haut, mais c’est en bonne voie. En très bonne voie ! Alors aujourd’hui, de bonne humeur et motivé, il décide qu’il est temps de cocher une nouvelle case de sa to-do-list vers l’âge adulte : cuisiner son propre repas. Isabella, son adorable femme de ménage slash meilleure amie slash mère de substitution continue de lui apporter de quoi survivre jour après jour et, soyons honnête, sans le café qu’elle a préparé pour lui ce matin, Will ne serait même pas réveillé à l’heure qu’il est, mais… Il y a fort à parier qu’un homme de trente-et-un ans ne devrait pas compter sur la pitié et l’affection de son employée pour subvenir à ses propres besoins. Les gens n’imaginent simplement pas comme c’est dur de gagner son indépendance culinaire quand on a été servi toute sa vie… Il a arrêté d’essayer de s’expliquer à ce sujet quand il a compris que, pour le commun des mortels, avoir un cuisinier n’était pas exactement quelque chose à déplorer.

Peu importe, de toute façon, puisqu’après aujourd’hui, William Burbank Junior saura cuisiner sans l’aide de personne ! Il en est parfaitement convaincu quand il entre dans le supermarché, armé d’un panier dans une main et d’une feuille de papier dans l’autre, à dix heures du matin un samedi. Il a fièrement imprimé une recette de cannellonis faits maison, parce qu’après tout, autant choisir un défi à sa hauteur, non ? La cuisine, c’est comme la chimie ! Ou du moins, c’est ce qu’il croit et, ok, il est physicien, mais quand on maîtrise le domaine des particules élémentaires, on peut venir à bout de la confection de pâtes artisanales, n’est-ce pas ? Dans quelques heures, il est persuadé qu’il en aura la preuve et qu’il deviendra même un cuisinier de talent dès le premier essai.

Les premières minutes dans le supermarché se passent plus ou moins bien. Avec une liste précise d’ingrédients, Will arpente les rayons et remplit son panier sans se poser trop de questions. Les choses se corsent quand il s’arrête devant le rayon fruits et légumes et se retrouve nez à nez avec différentes variétés de tomates. La recette ne précise pas le genre de tomates qu’il doit prendre pour la sauce, mais est-ce vraiment important ? Elles ont toutes le même goût, non ? Il a pourtant quelques scrupules au moment de faire son choix et, après une hésitation sans doute ridicule, il regarde autour de lui jusqu’à ce que son regard se pose sur un client à quelques pas de là. “Dites,” lâche-t-il à l’adresse de ce pauvre inconnu qui ne sait pas encore ce qui va lui tomber dessus. “Est-ce qu’il y a vraiment une différence entre les tomates cerises et les cœurs de boeuf ?” demande-t-il, curieux. “Et pourquoi est-ce que celles-là sont vertes et les autres jaunes ? A votre avis, je dois prendre quoi ?” Il tend sa recette à sa victime et lève son regard vers elle, plein d’espoir. De toute façon, personne ne saura jamais qu’il a eu un peu d’aide.

 

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“The challenges of adulthood” De toutes les personnes qui sont dans ce supermarché à cet instant précis, bien sûr que Will devait tomber sur la folle du quartier. S’il est pris de court par cette histoire de maltraitance envers carottes innocentes, il ne peut même pas prétendre être surpris que ça tombe sur lui. Et franchement, il se fout totalement de savoir qu’il vient d’adresser la parole à une folle furieuse, du moment qu’elle lui dit quelles tomates il doit prendre. Aussi, il se contente de hocher la tête d’un air aussi entendu que possible, histoire de lui dire que ok, il la croit et il n’ira pas la dénoncer aux forces de l’ordre et s’occupe plutôt de ses histoires.

Et il fait bien, s’il l’on en croit le sourire victorieux qui s’affiche sur ses lèvres lorsque la jeune femme répond plus ou moins à la question qu’il comptait lui poser. Coeur de boeuf, donc. Très bien, génial ! Il attend malgré tout qu’elle jette un oeil à la recette pour une confirmation et… son sourire disparaît aussi vite qu’il est apparu. “Mais c’est de la tirche, non ?” demande-t-il, déçu. “De prendre de la sauce en boîte, je veux dire. Aucun chef ne ferait ça… Et puis, de toute façon, à quel point ça peut être compliqué de faire de la sauce tomate ? Je suis diplômé du M.I.T, je dois pouvoir m’en sortir !” annonce-t-il, fièrement. Pas tellement pour se vanter, mais plus parce que c’est vraiment ce qu’il croit. Ce qu’il se répète en boucle depuis le réveil pour se convaincre qu’il peut venir à bout de cette épreuve sans la moindre difficulté.

Et puis, la sauce n’est pas ce qui l’inquiète le plus, on ne va pas se mentir. “Vous avez déjà fait des pâtes maison ?” demande-t-il en essayant de cacher son anxiété à ce sujet. “Ils ne vendent pas cette machine là, qu’on voit à la télé, mais c’est sûrement possible de le faire entièrement à la main, pas vrai ? Après tout, avant que quelqu’un ait l’idée d’inventer ce truc, on faisait sans !” Après, à bien y réfléchir, est-ce vraiment une bonne idée de prendre conseil auprès d’une nana qui agresse des carottes ? Surtout qu’elle n’a pas l’air tellement âgée et donc expérimentée… Tout à coup, la mine anxieuse de Will se transforme en masque de suspicion et pour la première fois depuis le début de cette conversation, il observe son interlocutrice avec attention.

“Dites… Vous n’êtes pas genre… une espèce de folle attirée sexuellement par les légumes, pas vrai ?” Non, parce que… Elle a l’air d’en savoir un rayon sur les tomates, elle se sent coupable quand on la voit toucher des carottes… Franchement, ça sent l’embrouille, cette histoire. L’air de rien, Will tend la main pour récupérer sa recette, tirant doucement mais sûrement sur la feuille de papier pour la reprendre sans inquiéter trop la jeune femme. Il n’a pas besoin d’aide pour faire des pâtes, n’est-ce pas ? Au pire, il peut toujours demander conseil à Isabella. Elle serait ravie de le voir se prendre enfin en mains. Et elle ne manquerait certainement pas de le lui rappeler chaque jour jusqu’à ce qu’il décide de la licencier…


 

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“The challenges of adulthood” Cette nana est déprimante. Vraiment, vraiment déprimante. En se réveillant ce matin, Will croyait pouvoir tout faire. Maintenant… Ok, il devrait savoir différencier deux types de tomates, mais sérieusement, elle ne peut pas l’encourager un peu ? Elle ne croit pas du tout en lui. D’un autre côté, elle a un vrai problème avec les légumes de manière générale, alors peut-être qu’il ne doit pas prendre son opinion pour beaucoup plus qu’une autre preuve de sa folie… Alors, d’accord, son ego souffre peut-être légèrement quand il demande à la jeune femme si son amour pour les légumes est aussi charnel, mais on ne peut pas lui reprocher d’être vexé là, si ? Et puis franchement, elle se défend un peu trop vivement, pour une innocente. Will lui lance un regard perplexe et croise les bras sur sa poitrine, comme s’il la mettait au défi de lui prouver que non, elle n’est pas une putain de psychopathe. L’explication de la jeune femme l’exaspère et il ne le cache pas, secouant la tête et levant les yeux au ciel. “On ne mange pas dans une bibliothèque, pour info.” lâche-t-il, réprobateur. “Mais ok, admettons que vous n’ayez aucun problème psychologique. Enfin, aucun concernant les légumes directement, en tout cas.” Il hausse les sourcils de façon à appuyer le sous-entendu et récupère sa recette d’un geste sec.

La minute suivante, il observe de nouveau les étalages de tomates, mais le coeur n’y est plus tellement. Cette fille a tout gâché ! Et au lieu de se concentrer sur ce qu’il fait, Will peste au sujet de cette idiote, pire qu’un gamin à qui on viendrait de voler son jouet préféré pour le donner à la petite handicapée de la classe. Il continue de lui jeter des petits regards en coin et si un regard pouvait tuer, la pauvre giserait sur le carrelage du magasin, le corps perforé de tous les côtés. Quand la jeune femme fait un nouveau commentaire, Will se dit d’abord qu’il va l’ignorer et reprendre le cours de sa vie, mais il tient à peine une seconde avant de se tourner rageusement vers elle. “Parce que les tomates, ça ne suffit pas, il faut qu’il ait douze mille types d’ail différents, aussi ?!” s’agace-t-il, alors qu’il y a fort à parier que ce ne soit pas la faute de cette nana si le monde est ainsi fait. Elle a probablement raison, cela dit, Will n’est pas prêt pour une telle épreuve. S’il arrive à cuisiner de simples pâtes industrielles avec de la sauce en boite, et sans mettre le feu à son appartement, ce sera déjà un miracle. La cuisine et la chimie n’ont rien à voir, tout simplement parce que contrairement aux centaines de milliers de types de légumes différents, Will connaît le tableau périodique des éléments par coeur !

Son regard désespéré s’accroche à l’inconnue pendant quelques secondes avant que son génie ne refasse surface. Il ne la connaît pas, ça c’est certain, mais il est sûr de la connaître… “Vous allez Tulane ?” demande-t-il, assez soudainement, alors qu’il se redresse d’un seul coup, que tout le poids qui reposait jusqu’alors sur ses épaules s’envole. Il est presque sûr qu’elle ne suit pas son cours, sans quoi il l’aurait reconnu beaucoup plus tôt et elle aussi, mais à la bibliothèque ? Oui, maintenant qu’il y pense, il arrive parfaitement à l’imaginer entourée de bouquins… “Combien vous voulez pour m’aider à faire ce plat ?” demande-t-il, avec un naturel déconcertant. “Deux cent ? Cinq cent dollars ?” Si c’est une étudiante, elle ne peut pas refuser une telle offre, pas vrai ?


 

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“The challenges of adulthood” Elle va donc bel et bien à Tulane ! Will a forcément dû la croiser quelques fois à la bibliothèque, mais là n’est pas la question. Ce qui l’intéresse, c’est qu’une étudiante, ça a toujours besoin d’un peu d’argent, non ? Certes, ça n’était pas exactement son cas quand il était à sa place, mais tout le monde n’est pas né avec une petite cuiller en argent dans la bouche. Alors évidemment, quand il propose à la jeune femme de la payer cinq cent dollars juste pour qu’elle l’aide à préparer ce foutu repas, il ne voit vraiment pas comment elle pourrait refuser. C’est une belle somme, surtout à se faire en quelques heures à peine. Elle pourrait s’acheter des tonnes de carottes avec ça ! Autant dire que Will tombe des nues quand, au lieu d’accepter l’offre avec excitation, la jeune femme se met plutôt à le disputer. Et elle veut des excuses, en plus ! “En quoi c’est mal de vouloir vous payer pour un travail visiblement difficile ?!” demande-t-il, exaspéré. Et peut-être un peu vexé, on ne va pas se mentir. “Je peux monter jusqu’à mille dollars si vraiment vous considérez que vos talents dans une cuisine valent plus que ça !” Il ne trouve pas qu’elle mérite autant d’argent, mais ce n’est plus tellement le sujet maintenant. Plutôt une question de fierté : elle refuse son offre, alors il veut en faire une qu’elle sera forcée de considérer. Pour prouver qu’elle est exactement comme tous les autres, peut-être. Franchement, il ne sait plus tellement pourquoi il reste planté là à se prendre la tête avec cette fille. C’est plus fort que lui, il faut toujours qu’il fasse ça, qu’il ait le dernier mot, qu’ils prouvent aux autres ce qu’ils valent réellement.

Sauf que cette fille-là… Elle ressemble à une adversaire de taille. Peut-être que c’est une petite gosse de riches, elle aussi. Ou bien qu’elle deal sur son temps libre et que la somme proposée par Will lui paraît complètement dérisoire. Elle le perturbe tellement qu’il en vient même à envisager le fait qu’elle préfère sincèrement le respect à l’argent. Qui ferait ça ? Dans le monde dont Will vient, ces gens sont des légendes dont tout le monde parle, mais que personne n’a jamais vu en vrai. Une étoile filante en chair et en os ! Agacé, Will croise les bras sur sa poitrine et, occupé à grimacer, il regarde la jeune femme du coin de l’oeil. Il n’a vraiment pas envie de lui céder, mais il doit bien admettre que ça l’intrigue maintenant, de comprendre pourquoi elle réagit de cette façon… Alors après quelques secondes, ses bras retombent dans le vide et il se tourne complètement vers elle. “Je suis désolé d’avoir insinué que vous étiez une folle aux légumes.” lâche-t-il, légèrement de mauvaise foi, mais bon il le fait quand même ! Et il faut voir la vérité en face : dits à voix haute, ces mots sonnent encore plus ridicules que dans sa tête.

Il ne peut retenir une nouvelle grimace avant d’oser aller plus loin. Peut-être que sa sincérité ne sera pas suffisante pour convaincre la jeune femme, mais il fait de son mieux, vraiment. “Et est-ce que vous accepteriez de m’aider à préparer ce plat, s’il vous plait ?” S’il ne mettait pas autant de mauvaise volonté dans sa voix, ça irait sans doute beaucoup mieux, mais bon… Will est Will. C’est déjà un miracle en soi qu’il accepte de lui céder si facilement. Même s’il ne le fait que pouvoir découvrir son secret, car elle a forcément un secret. Et il l’aura découvert avant que ces foutues pâtes soient cuites, parole de Burbank ! Personne n’est aussi désintéressé, pas même une petite étudiante en littérature avec le crâne bourré de clichés littéraires et de rêves crétins.


 

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-Parce c'est vraiment une proposition indécente, parce que j'ai déjà un job qui me paye pour mes talents, et parce que j'ai l'impression de me vendre si je vous dis oui ! qu'elle s'indigne.

Non, à ses yeux, c'était vraiment glauque. Puis mille dollars ?! A quel moment quelqu'un la paie mille dollars pour cuisiner des simples cannellonis ! Elle n'est pas un chef cinq étoiles, et elle n'a même pas de vrai diplôme en cuisine, c'est juste quelque chose qui est venu naturellement. Puis à force de tester, aussi, et bon, elle ne va pas nourrir la colocation de ses pâtisseries, bien que certains rêveraient de ça... Que soit. Rien ne va dans cette situation, absolument rien ! Et bien sûr, ça se sent que quelque chose cloche, car soudainement il n'y a plus aucun autre client qui semble dans les parages.

Elle aurait dû partir. C'est vrai. Mais Maiwenn n'était pas du genre à abandonner, elel déteste ça, en plus, elle ne tenait pas à partir en pleine "dispute", en plein magasin, surtout avec un inconnu. Elle repartira avec des excuses et sa dignité, où elle ne partira pas tout court ! C'est tout ! Non mais oh, elle veut bien que c'est une bonne poire hein, mais faut pas pousser Maymay dans les orties. En plus, plus elle le regarde ou réfléchit à son comportement, plus elle le trouve pire que Mael, elle qui ne pensait pas ça possible... Que soit. Elle ne veut pas comparer les deux, elle n'est pas là pour ça.

La bonne nouvelle ? Ses efforts ont finit par payer ! Dès qu'elle entend les excuses, bien qu'elle entend la mauvaise foi ─elle a l'impression que c'est dans la nature profonde de cet individu de ne pas aimer s'excuser, ou ne pas aimer communiquer avec les gens─, elle a un grand sourire elle se tourne vers lui directement, l'air un peu plus joyeux que tout à l'heure. C'est plutôt facile de faire dé-bouder Maiwenn, comme c'est tout aussi facile de la faire bouder, hmhm.

-Demandé avec tant de gentillesse et des excuses... J'accepte. Je dois juste finir quelques courses pour mes colocataires, et après je suis libre, finit-elle par dire avec un sourire. Finalement, elle tend sa main, comme si c'était sa meilleure action de la journée. Je suis Maiwenn ! Mais comment vous saviez que j'étais étudiante ?

Soudainement, elle a peur. Elle a vu assez de films et de séries sur des psychopathes stalkeurs pour savoir que si la personne sait déjà quelque chose sur vous, c'est mauvais signe. Elle doit appeler la police ou le FBI maintenant, ou elle doit encore attendre un peu ?

“The challenges of adulthood” Indécente ? Will ne voit pas en quoi sa proposition est indécente. Ce qui est indécent, c’est d’exiger que les gens vous rendent service sans rien attendre en retour. Que la jeune femme ne veuille pas d’argent, c’est une chose, mais même inconsciemment elle s’attendra forcément à une forme de rétribution. Qui ne tarde même pas à se présenter, d’ailleurs. Des excuses, une demande polie… Elle veut bel et bien quelque chose en retour et probablement de la reconnaissance en plus de tout ce qu’elle vient de demander. Il lui donne peut-être ce qu’elle veut, mais avec beaucoup de mauvaise volonté, que ce soit bien clair qu’il n’apprécie pas tellement ce genre de petit jeu.

Tout à son agacement, Will ne réalise pas qu’ils sont désormais seuls dans l’allée. Il ne comprend déjà pas en quoi son comportement est déplacé, alors lui demander de faire attention à son environnement ? Il est trop occupé à s’assurer que la jeune femme accepte son offre. Ce qu’elle finit par faire. Miracle ! Pour la forme, Will lève les yeux au ciel, quand bien même il vient d’obtenir ce qu’il veut. Tout ce cinéma pour lui dire oui, pourquoi ne pas accepter l’argent avec franchement ? Il secoue la tête, vaguement exaspéré, et serre la main de la jeune femme quand elle se présente. “Will.” lui offre-t-il en retour. “Et je sais que tu es étudiante, parce que je travaille à Tulane... De toute évidence, tu ne suis pas mes cours, mais je suis à peu près sûr de te voir à la bibliothèque presque chaque fois que j’y mets les pieds.” Sans réelle raison, un air désapprobateur se fraye un chemin sur son visage quand il dit ça. Il n’a pas souvenir de l’avoir déjà vu faire, mais elle a avoué d’elle-même qu’elle y mange parfois. Il ne peut décemment approuver ça. “Sans compter que tu m’as l’air jeune. Suffit d’additionner les bons éléments. Et franchement, c’était plus du bluff qu’autre chose.”

Il a vu juste, bien sûr, mais il a un talent fou pour avoir toujours raison. “Bon, j’ai encore quelques trucs à trouver sur cette liste, moi aussi.” conclue-t-il en secouant vaguement la feuille entre eux. “J’espère qu’ils vendent des casseroles, par ici…” ajoute-t-il, plus pour lui-même, les sourcils froncés. “Je suis sûr que tu vas adorer ma cuisine, elle est immense et rutilante ! A tout à l’heure, Maiwenn !” Il n’a pas demandé si elle acceptait d’aller chez lui, mais où d’autre ? Elle a des colocataires… C’est une étudiante… Ils seront forcément mieux dans son loft avec sa cuisine étincelante tant il l’utilise souvent.

Maintenant qu’il a quelqu’un pour lui apprendre les bons gestes, Will est beaucoup moins attentif à ses choix et termine ses courses beaucoup plus rapidement que prévu. Il va donc se planter sagement devant le magasin quand il est passé par la caisse, le dos appuyé contre sa voiture qu’il a garé sans scrupules juste devant, histoire que la jeune femme ne puisse pas le louper.


 

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Y a vraiment quelque chose qui cloche avec cette rencontre, mais au lieu de partir, s'éclipser, elle s'obstine à rester là. C'est un peu comme le jour où elle a rencontré Mael : elle aurait juste pu ranger ses carottes et s'excuser, car c'est vrai qu'on ne mange pas dans une bibliothèque, mais ça avait été plus fort qu'elle. Elle a dû répliquer. Et c'est plutôt paradoxal, pour une fille qui préfèrerait se faire oublier le reste du temps ─mais quand on lui parle, elle panique un peu trop vite, et voilà. Vivez la vie de Maiwenn Hemmings.

-Pa-pardon ? Vous y travaillez ? Vous êtes professeur ? demande-t-elle, les yeux écarquillés, la mine déconfite.

Car si c'est le cas, elle va direct aller se crasher avec sa voiture, en fait. Si elle vient de se prendre la tête avec un vrai professeur, même si elle ne suit pas ses cours... Et si... Et si ça se savait ? Et si elle devenait la risée de l'université ? Et si c'était pire qu'une sextape ?! Soudainement, elle se sent cardiaque. Est-ce qu'elle peut devenir cardiaque aussi facilement, au moins ? OH BOY.

Elle reste débile, un instant, et prête à peine attention à ce qu'il lui dit. Elle se contente de faire un petit signe de la main, et de dire "A tout à l'heure", tandis qu'il part continuer ses achats ─certainement de manière catastrophique, d'ailleurs, vu sa connaissance de la cuisine. La brune met un moment avant de se reprendre en main, et reprendre sa liste de course, puisque ses colocs l'ont harcelée pendant ces longues minutes.

D'ailleurs, elle prend un peu plus de temps que prévu pour faire ses courses, et sortir du magasin. Toute sa vie, on lui a dit de ne pas parler aux inconnus, encore moins d'aller chez eux, et là... Elle se jette dans la gueule du loup. Mais elle a dit qu'elle l'aiderait, elle ne peut tout simplement pas filer à l'anglaise. Résultat, elle n'a plus qu'à prendre son courage à deux mains, et honorer sa promesse.

Vaillante, elle est enfin sortie du magasin, et... Clairement, elle ne pouvait pas rater l'homme. Elle a l'impression de retourner chez ses parents, ça lui fout des frissons dans le dos, brr. Pas dans le sens où elle n'aime pas ses parents, au contraire, mais si elle le voulait, elle pourrait vivre plus confortablement que dans cette colocation. Enfin.

-Quand il faut y aller... Après je dois être reconduite ici, d'accord ? Je fais les cannellonis, je reviens ici, je retourne chez moi, et nous ne nous sommes JAMAIS rencontrés, dit-elle en le regardant dans les yeux. Elle a un peu mal au cou, d'ailleurs. Il pouvait pas être un peu plus petit ?