Après la visite de Miles aux Îles Vénétiennes, j'avais mangé et m'étais préparé pour sortir. Autant ne pas rester en mode "je traine à la maison" comme je savais si bien faire même quand je sortais parfois. Ca énervais ma grand mère de me voir rester en jogging quand je restais à la maison et quand je partais faire les courses aussi mal habillée. Enfin, après tout, je passais pas non plus mon temps comme ça.
Une fois que j'avais mangé en famille, et qu'on avait fini de ranger, j'étais partie prendre ma douche. Puis je m'étais habillée d'un jean noir slim et d'une tunique à motifs colorés. J'avais l'impression d'être un arc-en-ciel mais je n'avais plus que ça qui était mieux que des vetements d'intérieurs. Il fallait vraiment faire des machines, seulement si Alize ou moi ne le faisions pas, ce qui était courant avec le travail, mamie avait du mal à le faire à notre place. On le lui avait interdit du coup, pour éviter qu'elle se fasse mal. Après un rapide chignon, je me préparais à partir. On devait se retrouver de l'autre côté des Îles Vénétiennes pour éviter le soucis du ferry qu'il pouvait y avoir.
Une fois que l'on s'était retrouvé, on était allé jusqu'au quartier français, pour trouver un bar sympa. Je dois avouer que c'était une de mes idées. Mauvaise ou non, c'était toujours le risque avec moi. Mais j'avais vu en me baladant un jour dans le quartier qu'il y avait des enseignes qui paraissaient plutôt sympas. Après, ma définition de sympa peut changer selon les gens qui l'entendent. Mais bon, Miles semblait partant, alors je n'avait pas à me faire de soucis. On arrivait donc au bar après qu'on se soit garés, et je souriais à Miles. J'étais contente de passer une soirée avec lui. C'était mieux que de rester chez moi, déjà, et puis je réapprenais à le connaître. Après plus de dix ans sans le moindre contact, c'était plutôt utile de savoir comment les gens avaient changé. Surtout quelqu'un qui revenait, comme lui, comme une fleur, et avec qui on essayait de retrouver une amitié. Ou plus, peut-être, je n'en savait rien, tant j'étais confuse par tout ce qu'il amenait comme sentiments contraires. Comme avant en fait.

Miles avait l'art et la manière de ma flatter. Depuis toujours. Des petites piques comme ça, de temps à autre, et je me souviens que c'était le cas même avant qu'on sorte ensemble. Alors, oui, comme avant, j'avais rougi à sa réflexion, surtout que je me trouvais tout à fait normale.. Juste avec les derniers vêtements qu'il restait chez moi, quoi. Je faisais partie de ses filles qui, quand elles disaient qu'elles n'avaient rien à se mettre n'avaient vraiment rien. Et je n'avais pas non plus fait masse d'effort. Mais aparemment, ça lui convenait. Dans un sens, tant mieux. En guise de remerciement pour son compliment, je déposais un baiser sur sa joue.
Etre en voiture avec Miles ne m'avait pas manqué. Je n'aimais pas sa façon de conduire, il le savait. D'un autre côté, j'étais du genre à conduire doucement, et me faire doubler par tous les autres conducteurs de la ville à chaque fois. Mais bon, malgré tout, ça me faisait rire. Heureusement, en peu de temps, on était arrivé, et on entrait dans le French Coffee, l'enseigne qui m'avait attiré l'oeil, d'où notre visite ici.
Miles et moi nous étions assis, et on commandait. J'avais hésité, comme à chaque fois. Puis, j'avais pris un cocktail avec un nom qui sonnait français, en long. Le serveur m'avait regardée bizarrement. J'imagine que l'alcool devait être fort, mais ce n'est pas grave. Vu que c'était un grand cocktail, je n'en boirais qu'un. Et puis, au pire, c'était pas moi qui conduisait au retour. Enfin, j’espérais. Finalement, j'étais contente que pour une fois, ce soit moi qui choisisse la sortie. Le bar était sympa, et on nous avait vite amené nos verres. A nos retrouvailles ! dis-je, simplement, avec un clin d’œil tandis qu'on trinquait, avant de porter mon verre à mes lèvres et de prendre une gorgée de ma boisson.. qui était assez forte, ce que je pensais bien. Je ne savais pas pourquoi Miles était parti dans ses discussions de la sorte. Mais je ne lui en voulais pas. Il m'avait toujours plus ou moins ouvert son coeur sur tout ce qui pouvait le toucher. Que ça me concerne ou pas. Alors, même si j'avais un peu l'impression d'être visée, ce qui avait fait faire un raté aux battements de mon coeur (de la joie ? Du stress? la peur de lui faire du mal ? je ne sais pas), je le laissais parler puis je lui souriais. C'est rien, t'inquiète. Non, je n'avais pas envie de parler d'un possible "nous". J'avais peur de redevenir l'ancienne Bianca au contact de Miles. Il réveillait la Bianca qui faisait la fête, qui buvait, qui ne se prenait pas la tête et parfois oubliait ses responsabilités. Même si cette partie là de ma personnalité n'était pas omniprésente avec lui. Il parait qu'à l'inverse, j'amenais la partie calme chez lui. Peut-être que le but quand on était ensemble était le rétablissement de nos balances d'attitude ? C'est un peu bête dit comme ça. Mais j'y crois. Même si je ne suis pas sûre de moi vis à vis de lui. Et encore moins de lui. On cherche tous à se stabiliser dans la vie. Pour certains, ça passe par l'amour, la rencontre de la seconde moitié avec qui on est censés passer le reste de notre vie. Il faut parfois attendre que la bonne personne ne se décide. Oui, je parlais de moi, à ce moment précis. Mais ça ne comptait pas vraiment.. Enfin, je suis contradictoire. J'ai pas envie de me prendre à nouveau ce que j'ai eu dans le passé avec Miles. Mais il est mon premier et grand amour, et j'ai du mal à me dire que je le revois sans qu'au final, on soit ensemble. Même si je préfère l'avoir en ami que de ne pas l'avoir du tout. Alors, j'espère que peut-être, il me laisserait le temps au cas où.. même si je ne veux pas le faire souffrir à le faire attendre et espérer.. peut-être en vain.

Un moment de gêne semblait s'être installé, l'espace d'un instant. Le sujet de conversation étais sensible, aussi. Autant pour lui que pour moi. Je crois qu'on en était au même point tous les deux. Se demander simplement si c'était une bonne idée. Si de rester amis ne risquait pas d'être l'une de nos plus grandes erreurs. Si essayer d'aller plus loin que de l'amitié n'était pas une erreur. Ou si, au contraire, perdre totalement contact ne serait pas la meilleure solution. Ce ne serait jamais la solution que je choisirait. Et ce serait le pire schéma que je ne puisse imaginer. Même si toutes les solutions semblaient amener des complications. Mais la peur de lui faire du mal me ronge. Le moindre acte pouvait avoir des répercussions hors de propos et avec des soucis plus important que tout le reste. Bref, vous l'aurez compris : Miles me rend sceptique et me fait douter. Même si ce n'est pas forcément négatif. Il me fait réfléchir sur presque tout, donc me remettre en question. La remise en question, c'est toujours quelque chose de positif. Enfin, je crois.
Je regardais Miles et hochais la tête. Oui, mon cocktail était bon. Mais plus fort que je ne l'imaginais. Même si je ne le dirais jamais à haute voix, par pure fierté. Un peu fort... mais il est bon ! Je sais pas trop.. C'est un mélange très spécial.. Spécial signifiait inconnu. D'un autre côté, moi et les saveurs, ça faisait bien deux. J'étais incapable de savoir, mis à part pour les fruits, les gouts des choses. Niveau épices ? Je reconnaissais le curry.. et euh.. le poivre. Non, je suis sérieuses, pour savoir ce qu'il y avait dans mon assiette, j'étais vraiment la pire de tous. Alors, autant dire que quand la semaine du goût arrivait au travail où dans la ville, j'étais un peu du genre à ne pas m'afficher de trop, parce que je passais pour une quiche. Tu veux goûter ? demandait-je en lui montrant mon cocktail, et en l'avançant vers lui. En me rendant compte qu'il avait essayé de changer la conversation, je lui souriais. Décidément, entre le moment où il est venu aux îles vénétiennes et maintenant, je ne l'aidais pas, à me rendre compte au dernier moment de ses tentatives. Après tout, celle-là était bien tournée... non? Bon, après je ne suis pas non plus très lucide par moment, mais bon, apparemment, ça aide un peu. Tant mieux dans ces cas-là.
Je regardais un peu autour de nous. L'endroit n'était pas vide, et ne semblait pas mal fréquenté, sans non plus être bondé. On était bien ici. On pourrait revenir dans la semaine, si tu veux? "On". Bon, ce n'était pas très subtil.. et m'incruster dans ses plans encore moins. Mais c'était ma façon de lui proposer une autre soirée. En plus de ce que j'avais déjà proposé cet après-midi. Et puis, je préférais le savoir avec moi, calme, qu'à se battre ailleurs. Devant moi, il n'a jamais frappé personne. Alors au moins, je sais qu'il ne se mets pas dans des embrouilles sans nom. Mais bon, je crois que je venais juste de franchir une certaine ligne. Je baissais la tête et buvais une nouvelle gorgée de ce cocktail qui me brulait la gorge tant je n'avais plus l'habitude de l'alcool, et qu'il était fort.

Je n'avais pas pu m'empêcher de rire. Voir Miles fanfaronner avant de boire mon cocktail pour faire une grimace, qui, à ce que je pensais, était pire que celle que j'avais pu faire, alors qu'il avait plus l'habitude que moi de boire était tout simplement une des choses les plus drôles qui m'avait été donné de voir au cours des... disons des derniers mois.Petite nature... disais-je avec cet immense sourire qui s'était invité sur mes lèvres en le voyant faire. Tu m'étonnes ! Il n'était pas difficile, en connaissant Miles, de savoir qu'il n'aimait pas les mélanges. Il aimait savoir ce qu'il goutait. Et la nouveauté au niveau des saveurs, que, tout comme moi, il avait du mal à reconnaître, n'était pas pour lui plaire. Alors, je comprenais qu'il n'aime pas. Et puis, l'alcool était vraiment fort, même si, au final, on finissait par s'y habituer.
Je savais que ma tête allait finir par tourner et que je risquais de faire un peu n'importe quoi.. Mais peut importait. J'avais juste envie de ne pas me prendre la tête. Même si je craignais la réaction de ma grand-mère si je rentrais soule.. C'était mieux que de ne pas rentrer du tout, me diriez vous, ce qui était de plus en plus probable dans cette ville ou l'insécurité devenait grandissante. Mais avec Miles, je n'avait pas peur.
Petit soupir de soulagement quand il n'a pas émis d'objection à une prochaine sortie. Le temps passé avec cet ex-petit-ami qu'il était, et que je n'avais pas vraiment oublié me semblait toujours trop court. Alors, se revoir n'en était qu'une nouvelle opportunité d'avoir vraiment l'impression de le voir un moment.. que le temps me semble moins court. Il me faisait sortir un sourire accompagné d'un nouveau rougissement. Jamais il ne s'arrêtait ou quoi ? L'âge n'avait pas vraiment fait que Miles s'était arrangé. A chaque mot, chaque phrase, il arrivait à sortir de quoi me faire rougir. J'avais l'impression d'avoir à nouveau 16 ans, et qu'on se cherchait encore plus qu'avant, quand on était en couple. En fait, quand j'y repense, avant ce premier baiser sous le porche de chez moi, je n'aurais jamais osé m'avouer que je l'aimais. Et pourtant, après une gifle mémorable, je lui avait rendu son baiser. Si seulement le temps pouvait être aussi facile qu'avant. Mais j'avais tellement peur. De tellement de chose. De souffrir, le faire souffrir, le perdre à nouveau, qu'on ne se parle jamais plus. Et je n'étais même pas sûre d'être prête à l'aimer à nouveau. Non pas que je n'éprouve plus rien envers lui. Ce serait mentir de dire ça. Mais lui ouvrir mon coeur, le laisser revenir pour peut-être devoir le revoir partir, c'est ce qui me parait le plus difficile. Peut-être que pour une fois, j'ai juste envie de vivre un quelque chose de simple, sans prise de tête. Et, même si ça me fait mal au coeur de dire ça, peut-être que ce n'est pas avec lui que je dois vivre ça. Peut importe. Pour l'instant, on n'y est pas. Et c'est même pas sûr qu'un jour on y soit. Allé, Bianca ! Ressaisis-toi !
En l'écoutant, je me suis mise à rire légèrement. Je vois que tous les deux, on est au même point. Ou presque. Ne t'inquiète pas. J'avais compris dis-je, un grand sourire sur les lèvres, avec pour but de le rassurer.Tu n'as pas besoin de te justifier, tu sais ? lui disais-je avant de boire la fin de mon verre. Je ne m'en étais pas rendue compte, mais pendant tout le temps ou il parlait, j'avais bu la totalité de mon cocktail. Pour l'instant, l'alcool n'avait pas d'effet sur moi. Mais ça n'allait pas tarder. Pourvu que depuis le temps, je me sois mise à supporter son effet.. Et au fait.. Je suis heureuse aussi de passer du temps avec toi. En tant qu'ami pour l'instant, et puis, pour la suite on verra.
Oui, je lui lançais des mini bombes. Mais c'était tant pour l'informer lui qu'il y avait peut-être quelque chose, et puis, surtout pour me rassurer moi. L'avenir avec lui, quelqu'il ne soit m'effrayait. Pas forcément en mal. Mais j'avais toujours cette angoisse sur la suite depuis que je le connaissais et qu'il avait acquis, un jour, le titre de "petit ami" auprès de moi..

La situation est bizarre. Et ce n'est pas que l'alcool qui commençait à circulait dans mon sang qui me faisait penser ça. Bon, un peu, mais si la tête me tournait, c'était aussi un peu à cause de tout ce qu'on venait de se dire. Voir Miles me mettait dans l'embarras. Dans un sens, on ne s'est pas vus depuis longtemps. Enfin, si, croisés une fois, peut-être deux. Mais on n'avait pas passé de vrais moments ensembles depuis.. la veille de son départ. Il ne faut pas que je pense à ça. Non, ça me brise le cœur de me dire qu'il m'a déjà laissée. Même si je sais que ce n'était pas forcément de cœur joie. Mais je lui en voulait de ne pas s'être imposé dans cette situation au pied duquel on le mettait. Tout comme je m'en voulait de lui en vouloir. Avec son regard qu'il avait quand il posait les yeux sur moi, les petites moues d'enfants qu'il avait, qui donnaient simplement envie de le prendre dans mes bras et de rester comme ça, c'était encore plus dur d'éprouver de la rancune pour lui. Il était... Miles.
C'était avec un peu de tristesse que je regardais mon verre vide, qui me faisait penser à ce que j'avais été les quatre premieres années sans nouvelles de cet homme dont j'étais juste folle amoureuse. Son silence avait gâché les années sans lui encore plus que son absence. Je devenais barge à ne pas savoir pourquoi il avait décidé de couper les ponts avec moi. J'avais essayé de venir le voir. Mais on m'avait interdit l'accès, n'étant pas de sa famille, ni sa femme. Mais à l'époque, j'avais dix-sept ans. Et on ne se marie à cet âge là que quand on est enceinte. Enfin, en tout cas, c'est comme ça qu'à chaque fois, ça s'est passé quand, au lycée, des filles se protégeaient mal. Sauf dans les films, où les mariages jeunes n'était pas des erreurs, puisque le garçon et la fille étaient promis à un avenir linéaire et sans tâche, ce qu'ils savaient déjà. Enfin, rien à voir avec la vraie vie, ou on ne peut pas être sûr, même quand on aime vraiment la personne. La preuve est assise en face de moi. Tu veux me saouler ou quoi ? lui dis-je avec un grand sourire. Un sourire qui montre que je plaisante. ça dépend ce que tu proposes comme alcool. Oui, j'ai envie de m'amuser ce soir. Après tout, on n'a pas toujours la chance de passer la soirée avec Miles - même en tant qu'amis - et qu'il soit aussi attentionné qu'il ne l'était toujours avec moi. Mais j'avais juste envie de profiter de cette sorte de soirée de retrouvailles, autant amicale soit elle, sans penser à mal pour autant. Au contact de Miles, j'avais envie de faire la fête, même si ce n'était qu'à deux. Envie de ne pas me prendre la tête. De pas être la jeune femme de 27 ans stricte. Enfin, en gros, j'avais juste envie de laisser tous les aspects de ma personnalités apparaître et pas seulement ceux que j'avais, au fil des années, décidé de montrer.
Je regarde Miles avec son téléphone, et ça me fait penser que je n'ai pas regardé si Alize ou grand-mère m'avaient envoyé quelque chose, ce qui d'habitude arrivait à chaque moment de la journée. Mais je ne sortais presque jamais mis à part pour le travail ou les corvées. Alors, pour une fois, elles attendraient. Pour une fois ! Je voit ça monsieur Gamblin ! Je ris légèrement. Autant Miles semblait discret sur qui il était, et parfois même avec moi, autant il était "connu" dans cette ville. Après, de bien ou de mal, il fallait encore savoir..

Je ris à la réactions de Bianca suite à ma proposition. La saouler? Non! juste, s'amuser! rire, se retrouver, changer de coin, pour aller chez moi, ce sera déjà plus intime qu'un bar. Et surtout on payera moins cher nos verres donc on aura moyen de se saouler effectivement! Et puis ça permettrait de prendre un peu l'air. Je n'attendais que son feu vert. Elle me demande ce qu'il y a comme alcool. Je réfléchis et lui réponds

_J'ai du rosé à la banane, légèrement épicé, spécialité Africaine. De la vodka faite maison. Du whisky 12 ans d'âge vieilli en fut de chêne et de la bière Irlandaise. Je marque une petite pause comme pour la laisser réfléchir, et reprends. J'espère que tu trouves ton bonheur dans ton ça, ma belle...

"Ma belle" ? J'suis sérieux là? C'était le surnom que j'utilisais il y a... Longtemps ! Et je le faisais dans le but de la draguer. J'arrêtais pas à l'époque, je la harcelais quand je me mettais à l'appeler ainsi. En même temps j'adorais donner des surnoms à tout le monde. J'espère qu'elle ne le prendrais pas mal. J'avais légèrement rougis, mais cette teinte s'était vite dissipé. Il était contre-nature que je sois dans la gêne pour un surnom. C'est pas comme si je l'avais appelé "mon cœur, ou mon amour" bien que l'envie de le faire ne devais pas être loin. Tandis que j'étais absorbé par l'observation de son doux visage, une musique se fit entendre. Elle provenait de la radio de l'établissement. Forget her de Jeff Buckley. Cette musique qui m'avait tant torturé lorsque je fut envoyé loin d'elle. Je serre mon poing ferme les yeux et essaye d'imaginer une autre chanson. L'histoire de cette musique? C'est une histoire de tromperie, mais ce qui me détruisait dans ces paroles c'était la sensation de torture que l'on ressent, lorsque la personne se trouve si loin. C'est dû moins la chose qui me parlait, à l'époque quand je l'entendais. Et si elle me permettait d'évacuer quand j'étais seul dans ma chambre à l'armée, ou dans ma toile de tente, la dans ce bar, elle allait me faire craquer, et il ne fallait pas, assez de pleurs pour aujourd'hui ! J'suis Miles Gamblin, bordel! Le type qui n'a pas froid aux yeux et dont toute la ville a eu vent des exploits automobiles. C'était pas le but, d'être populaire. Le but c'était de gagner des sous pour des dépenser au bar. Chaque course me rapportait entre 5 000 et 10 000 dollars. Chaque soirée au pub me revenait entre 5 000 et 10 000 dollars. Bon, j'avoues, je dépensais pas tout en une soirée bien sûr. J'avais réussi à canaliser mon attention sur autre chose, puisque, lorsque je rouvre doucement les yeux, j'entends une musique inconnue. Je desserre mon poing et lui souris doucement.

_Pardonne moi, j'étais ailleurs. Il y a certaines musiques, que j'adore, impossible à écouter, à l'heure actuelle. Fantôme du passé! J'avais dis ça en tirant une tête qui se voulait "fantômatique" pour essayer de dédramatiser la situation. En fait j'avais juste tirer une grimace un peu bizarre. Bon, j'avoues, mon fantôme était un peu raté, mais l'intention était la tout de même!


Je me mis à rire, repensant aux trucs ridicules que j'avais fait pour la séduire. Le pire dans tout cela, c'était l'auto-dérision acquise grâce à elle inconsciemment, et qui, à l'heure actuelle, est ma meilleure arme pour garder mon esprit à peu prés intact. Véridique! Il arrive un truc, par exemple un pneu crevé. La plupart des genre gueulent, certains dépriment, moi j'éclate de rire, juste pour me moquer de moi-même! Les soucis du quotidiens me permettent de rire. Quand je suis confronté à un grand malheur, je peux me canaliser ainsi. Je ne rigole pas, loin de la, mais je ris tellement au quotidien que dans mon esprit, ça maintien l'équilibre. Elle m'avait sans doute, encore une fois sauvé la vie, sans le savoir. Décidément, Bianca, ce super-héro!

Bien évidemment, j'avais dans la tête d'accepter la proposition de Miles. Mais j'aime bien l'idée de le faire un peu attendre avant d'avoir un oui, dont je ne doute pas qu'il sait qu'il va venir. ça m'a toujours fait sourire de jouer la mitigée mijoré. Après lui avoir fait un grand sourire, je commence à parler, à la suite de ses nombreuses énumérations d'alcools qui ont l'air tous mieux les uns que les autres. C'est donc ce que je disais, tu veux me souler. Bon, je te suis, ça coutera moins cher qu'ici enfin, sauf pour toi. dis-je, prête à me lever, après avoir pris mon porte-monnaie pour payer nos consommations, pendant que l'attention de Miles semblait être lointaine. Mais, au moment de me lever, je remarquais que Miles ferme les yeux, en fronçant les sourcils. Comme s'il était dans un moment de douleur ou quoi. J'avais dis quelque chose que je ne devais pas ? Qui lui rappelait une des choses qu'il avait vécu pendant qu'il était là-bas ? Ou peut-être était-ce quelque chose que lui avait dit ? Ou même je pouvais parfaitement me tromper. Après avoir mis la monnaie dans l'espèce de cendrier ou il avait la note, je rangeais mon porte-monnaie et attendait, mon sac posée sur mes genoux. Je ne savais pas ce que j'attendais ? Une douleur qui allait passer ? Une engueulade ? A cette idée, mon cœur s'était serré. Je ne voyais pas ce qui pouvait justifier ça, et je crois que c'était la dernière chose que je voulais. Finalement, après quelques longues secondes qui m'avaient paru interminables, j'avais enfin la possibilité de voir les yeux de Miles et il avait l'air comme soulagé. Et il était redevenu un blagueur. Bon, fausse alerte. Avec un petit rire à son mime de fantôme, je secouais légèrement la tête. Complètement raté, oui. Mais c'est pas grave ! Mettant mon sac sur mon épaule, je le regardais, en riant toujours. Au moins, même s'il était mauvais mime, et parfois, sortait des blagues un peu... enfantines, je dirais, il savait me faire rire. On y va, donc ? Demandais-je avant de me lever pour l'attendre, puis d'aller vers sa voiture. Passer du temps totalement seule avec Miles allait ramener des souvenirs encore plus qu'auparavant. Même s'il n'habitait peut-être plus au même endroit. Mais c'était aussi certains moments privilégiées avec lui qui me plaisaient. Pas que ceux où j'avais été sa petite amie, sous la couette, à regarder des films, à s'embrasser.. Mais aussi ceux à faire les cons devant des jeux vidéos en trichant (pour ma part) pour qu'il perde en appuyant sur sa manette ou autre, ceux où on parlait, et où j'avais aussi le rôle de sa meilleure amie. Quand je dis qu'à l'époque, Miles était tout pour moi, je ne dis pas ça juste comme ça. Il était mon petit ami, mais aussi mon meilleur ami, mon confident, le garçon qui me protéger, avec qui je passais tout mon temps. Oui, il était tout pour moi.

_Si je voulais profiter de toi je n'aurai pas besoin d'alcool ma belle! J'ai appris des techniques à l'armée pour endormir un ennemi juste en le regardant dans les yeux et en faisant un léger mouvement de tête... Bon, j'étais loin d'être doué puisque c'est moi qui m'endormait à chaque fois! Mais apparemment ça marcherait !

J'eus un petit rire. Déjà à l'époque, j'étais pas convaincu par cette méthode, mais après mes divers échecs j'étais encore moins sûr que ça fonctionnerait. Après mon moment d'absence, je vis son inquiétude, heureusement que je dégonflais la situation. Je sortis mon porte-feuille dans l'idée de payer quand je vis qu'elle l'avait fait. Je lui lance un faux regard noir et faussement menaçant.

_Fallait me laisser l'additions, Bianca! J'te préviens ce soir tu as pas intérêt de faire celle qui boit pas, je compte bien me faire rembourser!

J'eus un sourire un peu sadique genre "ouai, tu vas boire ce soir!!!" Je me lève, elle aussi, et l'on se dirige vers la sortie où l'on regagne ma voiture. Je la démarre et roule pour quitter le Quartier Français et rejoindre le Garden District, précisément ma bonne vieille maison, elle n'avait pas changé, ou presque. Après être tombé en ruine pendant mon absence, elle laissait l'impression d'être abandonnée. A mon retour, j'ai passé des mois et des mois à la retaper, la rénover. J'avais redécoré l'intérieur avec simplicité, mais classe. Alliant le classique et le moderne. Je m'étais fait une salle de musique dans l'ancienne chambre de mes parents. J'avais fait une chambre d'amis aussi. Bref, elle ressemblait assez à celle que Bianca à connu quand j'étais avec. Juste un peu plus neuve. Je m'étais garé dans l'allée devant mon garage et la regarde un instant en lui demandant du regard (si c'est possible) son avis. Sa réponse serait bien évidemment l'étincelle dans les yeux, ou bien le dégoût sur son visage. Ou la neutralité. On finit par sortir de la voiture et l'on franchit la porte d'entrée. Je prends sa veste et l'accroche au porte-manteau et j’accroche la mienne.

_Bienvenue chez moi, ça ne te choque pas trop j’espère ! Viens, on va se poser au salon! Je l'y conduis en passant devant et lui désigne la pièce principale dans une maison : le salon! Je te sers quoi? Je montre ma vitrine où l'on voit tous les alcools possibles et inimaginables. Sinon au frais j'ai... Du champagne, de la bière, du coca si tu en veux dans le whisky, du jus d'orange, pour la vodka, et de la limonade pour la manzana !

En attendant sa réponse, j'allume la radio et j'y place un CD des Alice In Chains. Elle ne le savait peut-être pas, mais je l'ai dragué sur Down in a hole de ce groupe. Puis je me tournais vers elle, l'admirant. Elle est assise sur mon canapé. Elle qui, selon mes pensées, ne m'aurait même pas permis de franchir la porte de chez elle.

Je me mettait à rire en l'entendant. Quel beau-parleur, quand même. Je ne demande qu'à voir, dans ces cas-là. On aurait pas cru, mais avec Miles, j'en apprenais tous les jours. Sur des choses qui ne me serviraient pas forcément dans la vie commune. Mais au moins, j'en étais plus cultivée, en cas où on me demandait. Même si c'était du genre qui m'étonnait si ça arrivait. Je faisais une grimace moqueuse quand enfin, Miles s'était rendu compte que j'avais payé, et qu'il commençait à grommeler. Il n'allait pas quand même payer à chaque fois, c'était mal me connaitre que de croire que j'allais laisser ça passer. Finalement, on prenait le trajet vers chez lui, en voiture. Comme toujours, je restais avec le plus d'appui possible dans la voiture. Non, décidément, la façon deconduire de Miles ne s'améliorait pas à mon goût. Il faudrait peut-être qu'un jour, je lui en touche un petit mot pour le lui dire. Enfin dans un autre sens, ce n'était pas à moi de lui dire comment conduire, et lui aussi aurait certainement de quoi dire sur ma façon de tenir le volant... Désormais arrivés, je regardais la maison devant laquelle il s'arrêtait, dns l'allée du garage. Il s'agissait du chez lui que je connaissait, mais en changé. C'était beaucoup mieux à mon goût. Je tournais la tête vers mon pour l'instant chauffeur et lui sourit. C'est devenu très beau. Tu as fait tout tout seul ? Je le suivait dans sa maison, et j'avais l'impression de manquer d'yeux pour tout voir. Si sa maison avait été comme ça à l'époque, on aurait pu dire qu'ils étaient très avancés chez les Gamblin. Et j'aurais passé encore plus de temps chez Miles. J'aimais vraiment beaucoup le mélange qu'il avait fait de tout. On passait ensuite au salon. A sa demande, je souris. hhhhhm.. la même chose que ce que tu prend toi, sa sera très bien ! Je m'asseyais en attendant Miles. Bon, autant l'avouer, j'avais un peu pris mes aises. Pas non plus de façon envahissante, mais j'étais un peu avachie sur son canapé. Bianca, tiens toi correctement.., m'aurait dit Grand-Mère.
Miles mis une musique. Une chanson vieille, mais qui me rappelait des souvenirs de jeunesse. Ce que je n'hésitait pas à faire remarquer en m'extasiant d'un petit applaudissement. Appuyant ma tête contre le canapé, je regardais Miles. On se croirait presque dans les années 2000, maintenant.

Assise sur son canapé, j'étais un peu à côté de la plaque, je l'avoue. Non pas que je ne supportais pas l'alcool que j'avais bu. Mais j'en avais eu l'impression d'être dans un emballage de coton. Impression qui passait peu à peu, heureusement pour moi, sinon le whisky que Miles avait choisi aurait fini par m'achever totalement. Je le regarde faire en souriant et le remercie quand il me donne un verre, heureusement pas trop plein, histoire que je ne sois pas à moitié out pour la soirée. Ce serait moche de dire à un... ami? ex? je ne sais plus trop ce qu'il est pour moi exactement, mais bon, que l'on passe la soirée avec alors qu'on passe plutôt la soirée à cuver à côté de cette personne. Sauf que bon, pour l'instan, c'est pas mon cas.
J'hoche la tête. Je suis consciente que si je bois ce verre avec lui, je passerais le reste de ma soirée ici, avec lui. Enfin, dans la même maison, rien ne dit autre chose. Je pense que de toute façon, chez moi, ils ont compris que soit je risquais de rentrer très tard dans la soirée, soit très tôt dans la matinée. Depuis toujours, quand je sortais avec mes amis, et surtout quand je sortais avec Miles (petit copain ou pas, d'ailleur), je rentrais à pas d'heure. Au début, ça énervait, simplement. Puis, au final, c'était toujours passé comme une lettre à la poste. Parce que ce n'était pas comme si je sortait très souvent non plus. Dommage, j'aime bien Marty McFly. Son personnage t'allais bien. dis-je en souriant. J'avais adoré Retour vers le Futur. D'ailleurs, ce film, je l'avais vu avec lui pour la première fois. Et pendant un de nos premiers moments en couple. Ce qui ne nous rajeunit pas tant que ça, en fait. Je n'ai pas trop compris quelles choses avaient changé en lui. Enfin, on reste toujours qui on est, mais je ne suis pas un idiot au point de ne pas savoir ça, et je pense qu'il le sait. Par pure honte, je n'avais rien dit de plus, pas posé de question.
On avait presque l'impression d'être en plein hivers par moment quand on se retrouvait tous les deux, autour d'un verre d'alcool, sur le canapé, à parler comme deux bons vieux amis sans ambiguité..Enfin, sauf quand le mot "rencard" venait dans la conversation. Je baissais les yeux un minimum. Déjà que je ne savais pas où j'en étais avec lui, voilà qu'il en rajoutais une couche. Miles.. pourquoi pourquoi ? C'est assez gênant, en fait.. dit-je, en me grattant légèrement la lisière des cheveux, en guise de gêne, tout simplement. Je ne sais pas trop quoi te dire. J'ai pas envie de te perdre à nouveau. Et pourtant.. si c'était un rencard, ce serait l'un des meilleurs que j'ai passé pour l'instant. Mais j'ai peur de te perdre, encore et encore.. Oui, j'avais toujours la même rengaine. Mais je craignais réellement de perdre celui qui avait le plus compté dans ma vie. Si ça tournait mal, cette fois-ci, on ne se parlerait certainement jamais plus. Et pourtant, ce n'est pas comme si, à ce moment-là, après ce qu'il m'avait dit, je n'avait pas eu cette irresistible envie de l'embrasser, et de faire comme si le temps s'était arrêté à notre dernière soirée avant son départ. J'étais partagée entre écouter mon coeur ou ma raison. Et je savais qu'il suffisait d'un rien pour que la balance penche un peu plus d'un côté où d'un autre et que mon choix se fasse d'une seconde à une autre.