J'aurais dû me douter que Caterina ne comprendrait pas le sens de ce que je lui disais. Ou du moins, qu'elle n'abonderait pas de suite en mon sens. C'est vrai, j'étais compliquée. Trop peut être, mais j'avais mes priorités et jusque là, cette ville n'en avait jamais fait partie. Non, décidément, ce n'était pas ma journée non plus. J'avais l'impression d'être incapable de m'exprimer convenablement. Une réelle honte, et j'avais peur que Caterina ne comprenne pas du tout ce que j'avais voulu dire.

Comment expliquer? « C'est ici que ma famille est complète... » Petite allusion à Luca et Lyra. Même si la découverte de mes soeurs il y a dix ans maintenant avait tout chamboulé et amené plus de disputes et de conflits qu'autre chose, je ne pouvais pas m'empêcher de les aimer. Elles étaient ma famille après tout. « Et ici ce n'est pas pareil que les autres pays » Forcément. Depuis Paris, c'était là où je vivais. Les missions n'étaient que temporaires tandis que la Nouvelle-Orléans avait ce côté définitif. Je soupirai. « Mais ce n'est pas ce qui m'empêche de ne pas supporter ces gens qui restent dans leur confort quand dans la même ville, il y a autant de misère et que dans la même sphère, c'est pire. Ca ne change pas mon opinion pour autant... » Contradictoire? Moi? Mais non, pas du tout! Juste un peu, seulement.

Je souris à Caterina. Elle ne comprenait peut être pas tous mes choix ou je ne sais trop quoi, mais toujours était-il qu'elle comprenait mes motivations. Et j'admirais. Peu de gens y arrivaient et surtout ces derniers temps. Bon, j'étais aussi un boulet humain, ça devait y jouer, mais ça me rassurait toujours un peu de voir que, malgré tout, je n'étais pas qu'un boulet sans raisonnement.

Au fur et à mesure que j'avançais mon raisonnement, j'avais l'impression de perdre un peu plus la jolie infirmière: à commencer par le moment où elle éteignit son biper. Pas un seul instant je n'avais réalisé qu'elle pouvait avoir fini son service. C'est pour cette raison que je mis du temps à réaliser qu'elle souriait. Je lui rendis son sourire dès que je l'aperçus. Et je comprenais rapidement d'où il provenait: j'avais finalement accepté de dire que je n'aimais pas quelque chose appartenant à la Nouvelle-Orléans. Elle qui connaissait mes idées concernant la ville, elle avait dû être surprise.
« Même Paris, à côté, c'est pas pire! » Et je savais de quoi je parlais. J'avais vécu quinze ans dans la capitale française. Plus encore, j'y étais née. Je ne savais pas si la situation avait évolué ou si elle s'était dégradée, mais je savais qu'à l'époque où j'y vivais, les miséreux étaient plus chanceux qu'à la Nouvelel-Orléans: au moins, ils avaient les restos du coeur pour pouvoir s'appuyer en cas de besoin. Aux Etats-Unis, la situation était bien plus terrible, c'était certains, surtout au niveau des disparités...

NDLR et tu crois que mon post est mieux xD?