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 Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis
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Sujet: Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis    - Jeu 9 Juil - 18:00Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis Empty
Je ferme la boutique avant de pousser un long soupir. Honnêtement, je n’ai aucune envie de retourner à la maison. Non merci. Après avoir fait un tour à la banque pour y déposer les recettes de la journée, heureusement que ça ferme tard, c’est un peu pour ça aussi que nous sommes contents d’être en partenaire avec eux, la boutique ne fermant qu’à 19h30, je ne suis jamais sorti avant 20h ou 20h30. Un soupir plus loin et je reste au volant de ma voiture sans rien faire. La journée a vraiment été longue, j’ai besoin de faire autre chose, de me dépenser. Le fitness club ? Hmm non. Boire un coup dans un bar ? Pour finir avec des ivrognes ? Non merci. Je suis chiant je sais.

Finalement, je choppe mon sac de sport à l’arrière du véhicule pour troquer mon costard avec un simple short et un débardeur. Par cette chaleur encore étouffante, ça fera du bien à vrai dire. Je soupire d’aise une fois changé avant de me diriger rapidement vers le city park. Il ne doit plus rester grand monde à l’heure-là et faire un footing avec la musique sur les oreilles sera vraiment agréable. Après une bonne douche et sortirait peut-être un peu. Je n’en sais rien. C’est fou comme rien ne me motive à vrai dire. C’est comme ça depuis quelque temps. Plus on se rapproche de la date de son départ et plus je deviens bougon. Quatre ans pourtant. Quatre années ont passées et je suis toujours autant… Allez, c’est rien, c’est le passé après tout.

Une fois là-bas, la course me vide la tête, ça fait du bien à vrai dire. Casque sur les oreilles, c’est comme si j’oubliais le monde alentour pour ne me concentrer que sur ce que je ressens. Le sol sous mes pieds, l’air dans mes poumons, les battements réguliers de mon cœur et la musique qui traverse mes tympans avec une aisance déconcertante. Finalement, mes pas m’arrêtent le long de l’eau et je masse mes cuisses pour les regarder durant quelques secondes, le temps de reprendre mon souffle. En voulant me retourner trop vite pour reprendre ma course, je percute quelqu’un de plein fouet. « Ah putain de bordel de… » et je me calme en observant la silhouette à terre, prêt à mordre avant de remarquer sa chevelure rousse flamboyante, son visage, ses yeux. Je vais tomber. Je recule instinctivement pour m’éloigner d’elle, pris au dépourvu face à elle. « Qu’est-ce que tu fais là ?! » J’ai mal d’elle, déjà… J’ai envie de la fuir, je dois la fuir, mais je n’y arrive pas. « QU’EST-CE QUE TU FOUS ICI !! » Je n’aime pas crier, pas sur elle, pas après ce qu’elle a vécu, mais c’est ça ou pleurer et je refuse de pleurer…
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Sujet: Re: Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis    - Sam 11 Juil - 18:41Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis Empty
Tard dans la nuit, la voiture jaune était venue me déposer devant l’immeuble où j’avais pu louer un appartement au troisième étage, assez brute de décoffrage. Dans le coffre, un sac de sport et deux valises traînaient. Pour le moment, c’est tout ce que j’avais pu emporter, après ma fuite de Seattle. Bien évidemment, il y avait principalement les affaires de ma fille, Stella, qui dormait paisiblement à mes côtés, ne lâchant pas son ourson blanc en peluche – devenu gris. Délicatement, je l’avais transportée pour qu’elle marche à mes côtés, prenant les valises tant bien que mal. Le chauffeur fut agréable – il nous aida à monter le paquetage jusqu’à la porte d’entrée et repartit aussitôt. Une fois à l’intérieur, je pus souffler. Malgré l’heure tardive, je me permis d’appeler mon père, afin de le rassurer. Il ne dit rien, se contenta de marmonner des « mmh » et nous raccrochâmes peu après. Je savais qu’il n’était pas expressif, bien que je ressentis un pincement au coeur : de la déception. Très vite, je tombai de sommeil et je laissai ma fille dormir avec moi sur le matelas de ma chambre, dépourvue de tout charme. Juste pratique.

Le lendemain matin, nous le passâmes ensemble. Je profitai de sa présence, tout en daignant trouver de quoi agrémenter la maisonnée en matériel utile. Je fis les courses, aussi. Stella était grincheuse – ce qui se comprenait. Je savais qu’elle comprenait la raison de notre départ. Cela me fendait le coeur que mon bébé ait dû assister à la bataille entre son père et moi. D’ailleurs, je portais toujours un col roulé, afin de masquer mes bleus, et je gardais les cheveux détachés pour couvrir ceux de mon visage, bien que je tâchais de les dissimuler avec un peu de maquillage. Des regards m’interrogeaient ; pas à cause de cela, heureusement. Non : j’étais familière. Sans parvenir à me ramener à la maison, je savais que des murmures se glissaient dans mon dos. Des questions sur mon identité. Oui, j’étais bien la fille Lochlainn, partie du jour au lendemain et revenue, après quatre ans d’absence. Cependant, je fus agréablement surprise que personne n’osa venir m’aborder.

En fin de journée, je déposai ma fille chez sa tante – ma propre soeur. Elle était ravie de nous retrouver. Maintes fois, elle m’avait fait promettre de quitter Nathan. Finalement, elle avait toujours eu raison à son sujet. D’ailleurs, elle fut en rage lorsqu’elle sut qu’il me frappait. Elle me préconisa du repos, mais aussi un suivi psychologique. Hélas, je n’en avais pas la force. Pour l’heure, je voulais simplement me changer les idées. Pour cela, je profitai de ma solitude passagère pour me rendre au « City Park » afin de marcher. La plupart des personnes sont entrain d’exécuter leur jogging quotidien. Moi, je n’en ai pas la force. Je préfère flâner, rêvasser. Il faut dire que j’ai matière à réfléchir. Peur, aussi, que Nathan revienne. D’ailleurs, bien souvent, je jette un coup d’oeil inquiet par-dessus mon épaule. Et c’est en effectuant ce geste que je sentis quelqu’un me rentrer dedans. Preuve qu’il faut savoir regarder en avant plutôt qu’en arrière !

J’heurte le sol, ce qui m’arrache un petit cri. Plus de peur que de mal, ceci dit. Il faut dire que j’ai été surprise ! Et le choc fut plutôt violent. Remettant ma chevelure flamboyante en arrière, j’aperçois enfin mon attaquant. Et là, c’est le drame. J’écarquille les yeux, prise au dépourvu une fois de plus. « Qu’est-ce que tu fais là ?! » Il recule, tandis que je me redresse, le palpitant accélérant sa cadence infernale. Merde. Ca, ce n’était pas prévu ! Sur toutes les personnes présentes dans les parages, il avait fallu que je tombe sur lui. Enfin, qu’il me rentre dedans pour être plus exacte. « QU’EST-CE QUE TU FOUS ICI !! » Il crie. Je recule à mon tour. Depuis que Nathan m’a frappée, à maintes reprises, je ne supporte plus les haussements de voix. Ca sonne toujours comme le signal d’alarme. Abasourdie, je le regarde. « Je... » Commençai-je en me mordant la lèvre inférieure. Finalement, aucune explication ne me vient à l’esprit. C’est ici que j’ai vécu une partie de mon existence. C’est ici que vit ma famille. C’est ici, aussi, qu’il vit, lui. Est-ce pour cela que je suis revenue ou parce que, finalement, c’était le seul endroit que je connaissais ? Je l’ignore. Bien sûr que j’avais songé à le retrouver, un jour. Toutefois, je ne m’imaginais pas vraiment dans cette situation précise. Je frotte alors mon pantalon, tentant d’effacer la poussière qui s’y est déposée lors de ma chute. Ca me permet de ne pas me concentrer sur son regard, aussi. Cependant, je finis par relever le mien et j’encre mes yeux dans les siens. « Je viens de rentrer. Cette nuit. » Confiai-je honteusement. Je me sens mal à l’aise ; comme une adolescente face à son premier amour. Je me sens idiote, aussi. Ce serait plus simple qu’il se montre moins mature et prenne ses jambes à son cou ! Bien que, d’une certaine façon, je préférerais qu’il m’enlace. Tout cela est terriblement incohérent. Suffisamment pour que je me sente perdue dans un tourbillon d’émotions. « Désolée. » C’est tout ce qui me vient à l’esprit. Je ne sais même pas vraiment pour quelle raison je m’excuse. Parce que je suis revenue sans le prévenir ? Parce que je suis partie pour protéger Stella, le laissant seul ? Parce que je suis un monstre ? Parce que je n’ai pas su me défendre face à Nathan ? Parce que je suis faible ? Je ne sais plus. Je ne sais pas. Pourtant, je me sens affreusement coupable. Coupable d’être là.

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Sujet: Re: Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis    - Mar 14 Juil - 18:12Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis Empty
Allez, calme-toi Kris, tu vas attirer les regards des gens, tu n’es pas en état pour ça. Non vraiment pas. Je la regarde fixement alors qu’elle se recule quand je crie. J’imagine que ça doit la mettre mal à l’aise, mais j’avais besoin de l’évacuer d’une façon ou d’une autre. Elle m’a tellement manqué. Elle m’a tellement blessé. Mais j’étais qu’un gamin hein ? Et je suis encore qu’un gamin non ? Je grogne faiblement en serrant les poings. Elle sait bien que je n’irai pas jusqu’à la frapper, ce n’est pas pour ça, c’est pour me contenir moi. Contenir mes tremblements et les larmes de colère et de douleur qui veulent s’évacuer. Mais hors de question que je pleure, un Huang ne pleure pas hein. Même à la mort de Maman, je n’ai pas eu le droit d’en verser une. Etre un homme, c’est ça pour mon paternel. Alors je serre les poings, comme les dents. Je dois rester droit. « Je viens de rentrer. Cette nuit. » Elle est rentrée ? Elle fait quoi ici ? Son connard de mari est encore avec elle ? Et Stella ? Elle va bien ? J’arrive pas oublier nos après-midis au parc où l’on faisant semblant de se rencontrer pour finir à pique-niquer tranquillement à l’abri des regards, un sac de cours jamais loin au cas où quelqu’un ne nous surprenne. On ne faisant rien de spécial pourtant, on passait juste du temps ensemble. C’est fou ce que ça m’a manqué, mais son départ, je me le suis pris en pleine gueule et de plein fouet. J’avais eu l’espoir qu’elle me choisisse. Qu’on se refasse une vie, que je puisse quitter mon père, même si je devenais un traître qui perdrait ses avantages, je l’aurai eu elle à mes côtés, j’aurai pris un boulot, même deux. Ce n’est pas ça qui me fait peur, mais non, elle est partie. Elle est partie loin de moi et rapidement pour se mettre avec lui alors qu’il a tué notre enfant. Il devrait être jugé comme meurtrier et je n’ai rien pu dire pour ne pas qu’elle soit accusée de pédophile ou je ne sais quelle connerie. On s’aimait, il était où le mal putain ?

« Désolée. » Je ris par…. Enervement à vrai dire et je détourne la tête avant de me masser le visage. Je frappe dans un petit caillou pour l’envoyer dans la flotte du bayou avant de grogner un peu plus. « Tu sais même pas de quoi t’es désolée parce que je suis sûr que pour toi, t’as pris la bonne décision ! » Parce qu’elle n’était pas la seule en jeu, Stella était là aussi… Mais moi ? Elle se rend compte d’à quel point j’ai pu me sentir abandonné et laissé pour compte ? « Si encore, t’étais partie pour du meilleur, j’aurai abdiqué, mais tu reviens ici… alors j’imagine pas l’enfer que t’as dû vivre avec ce gros connard. » Je passe à côté d’elle prêt à partir avant de me retourner dans son dos et de le contempler un moment avant de venir m’y coller doucement. Elle m’a manqué, elle m’a tellement manqué. Mais c’est impossible tout ça n’est-ce pas ? Entre nos dix ans d’écart et mon père surtout, il n’acceptera jamais une belle-fille comme elle. « C’était long sans toi. » Terriblement long. Et pourtant, je lui en veux vraiment, tellement que c’est plus simple d’être dans son dos que face à elle. Je sais que Stella doit être prise en compte, mais j’ai lutté si fort pour tourner la page et la voir maintenant… Je baisse la tête dans un soupir lourd avant de fermer les yeux, relâchant enfin mes mains.
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Sujet: Re: Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis    - Quand l'amour va à la haine et que la haine s'envole vers l'amour • Jessis Empty
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