J’ai besoin de me changer un peu les idées avec ce qui s’est passé récemment. Même si Sulli est sympa, j’me sens pas trop bien en allant au boulot en c’moment, comme coupable de lui donner une mauvaise image alors que je devrais m’en battre les c**illes royalement non ? Pourtant non, ça me fait chier de passer encore pour un foutu délinquant à la noix. Un soupir plus loin et je me redresse de mon lit en entendant les ressorts grincer, faisant sursauter le chien. « T’es pas censé être courageux toi ? » Il se recouche dans un gémissement, le chat se lève, s’étire, baille, se lèche et va s’allonger sur la panse de son compagnon. J’me sens seul parfois dans leur bromance qui n’a ni queue ni tête. Mais bon, ils sont adorables à voir.

Un bâillement plus loin et je me lève pour aller boire un peu de lait à la bouteille avant de les voir en réclamer. « Tin, pour la bouffe, vous vous secouez, mais pour moi hein ! » Bande de sales trolls. Je secoue la tête en verse un peu dans un bol. C’est fou comme il aime le lait de riz. Je les regarde un moment avant de filer à la douche, c’est pas que, mais après 3h de danse, je fouette un peu. Surtout des pieds. C’est loin d’être sexy. Etre un mec, c’est une vraie plaie parfois. Enfin, ça pue aussi les filles non ? J’ai tendance à les idéaliser les gueuses.

Enfin prêt, beau, magnifique comme dirait l’autre, je choppe mon sac à d’eau et mon skate avant de filer à travers la ville, casquette à l’envers sur la tête, sourire jusqu’aux oreilles. J’aime me sentir libre. Finalement, après avoir traîné pendant presque une heure, j’atterris à la galerie commerciale dans un petit sourire en coin et pose mon skate dans mon sac à dos pour ne pas être emmerdé avec le temps de me balader le long des boutiques. Ça donne envie mine de rien. Entre les jeux vidéos, les fringues, les baskets, les casquettes… ARGH ! C’est nul d’être pauvre.

Finalement, mes pas m’amènent à la librairie habituelle. J’ai dû leur voler au moins cinq bouquins, j’en ai même deux dans le sac à vrai dire. Après avoir traversé les rayons en long, large et travers, je m’arrête dans un coin et en attrape un pour commencer à le lire en me posant contre l’étagère, jusqu’à ce qu’un vendeur ne me l’arrache des mains. « Petit profiteur ! » Il attrape mon sac, je me débats avant de repenser à la nuit au commissariat et de me calmer. « Vous voulez quoi ? » Il attrape les bouquins que j’avais et je soupire. « Et alors ? » « Sale voleur ! Je vais appeler les flics, tu vas voir ! » Il commence à m’attraper par le col et je vois qu’il est sérieux. « Mais non, ce sont des livres de cours !! » Je tourne la tête et accroche mon regard sur un trentenaire avant de le pointer du doigt. « Demandez-lui, c’est mon prof, c’est lui qui nous les avaient distribué ! » Au moins, le temps qu’il aille vérifier l’information, j’aurai le temps de partir en courant…

Une journée vide. Vide de préoccupation, de correction ou de préparation. C’était quelque chose qui lui arrivait de temps à autre, et qu’il occupait à sa façon, en pleine solitude. Il n’avait rien contre, mais lorsqu’il faisait beau, il avait cette petite culpabilité qui finissait par le prendre lorsqu’il ouvrait l’une de ses consoles. Le matin ça va, mais le temps avait avancé, et il était pris depuis bien longtemps dans son labyrinthe sans fin. L’art de se perdre, mais bon il se retrouvait un autre jour. Lorsqu’il tournait en rond il finissait par comprendre que la pause était imminente. Sauf que là, il se retrouvait à rien faire.

Il regarda son mini bébé pug à ses côtés, avant de lui proposer une promenade. Viens que je te fasse découvrir la ville. Encore trop petit pour être tenu en laisse, il vota pour le polo à capuchon et le mis tout simplement là. Pas très lourd non plus, Charlie ne finirait pas étranglé non plus. Et c’était partit pour la recherche de tout comme de rien, terminant dans les magasins à la recherche d’un nouveau livre pourquoi pas? Quelque chose d’autre pour lui tenir compagnie en cet instant, car le petite boule de poil dormait comme un porc de toute façon. Pas de sa faute, la pauvre bête était prise entre chaleur et odeur de sa maman.

La tranquillité ne fut plus de la partie, la bulle de Charlie éclatée alors que l’action emplissait l’atmosphère qui fut paisible un court instant plus tôt. Le bouquin perdit de son intérêt, alors que l’homme observait la scène sans la moindre gêne. Le monsieur n’était pas content dites donc. Le jeune avait volé les tranches d’arbres de la place. Et faute de trop regarder il fut pointé du doigt, de quoi lui faire relever le sourcil. Il fut pris de court un moment, se demandant simplement le vrai du faux. Pour en conclure au faux, en voyant les livres du garçon. Est-ce qu’il allait embarquer dans le jeu? Ou pas? Son côté de grand gamin avait dit pourquoi pas. Une occasion à la fois de s’amuser et sortir le jeune du pétrin.

« Oh oui. Je leur donne des choses sortant des bouquins d’exercices. Des trucs plus communs que l’on peut trouver un peu partout. »

Évidemment l’homme se devait d’en rajouter une couche, prenant un air sévère en fronçant des sourcils alors qu’il poursuivit. « D’ailleurs jeune homme, vos travaux sont largement en retard. Je suis à deux doigts de vous faire échouer. Il serait bien pour votre avenir que vous usiez un peu plus activement votre cerveau. » Bah tiens, on verra bien ce que le libraire en penserait, mais il faut croire que Charlie avait le tour de la comédie.