En cuisine. Le temps semblait passer bien trop vite, pour tout ce qu'il avait à faire. Oui, avec deux des cuisiniers en moins pour cause de maladie, et le stagiaire qui avait l'obligation de revenir en cours afin de mieux se préparer à l'examen final, Sullivan était bien plus que débordé. Et puis, il devait compter l'aide de ses enfants en moins, entre l'accueil, et le service, ainsi que la comptabilité qui, normalement, en ce jour, étaient relayée par ses enfants. Mais eux aussi, avaient des choses personnelles à faire. Alors autant dire que ce n'était pas vraiment le bon jour pour ouvrir. Mais en une telle journée, avec l'arrivée des événements qui rythmaient le mois de mai et celui de juin, le restaurant était toujours pleins. Enfin, surtout pendant cette période, à chaque année.
Même s'il n'était pas du genre à stresser, mais plutôt à prendre posément, même s'il lui fallait se hâter. Enfin, heureusement pour lui, il n'était pas seul. Et les clients étaient habitués à ce que, lorsqu'ils étaient en effectif réduit, le service soit un peu plus lent. D'ailleurs, avant même de choisir leur repas, ils avaient été mis au courant.
Au fur et à mesure, le restaurant se vida, et, l'heure de l'ouvrir en tant que café arriva finalement. Rapidement, le tout fut nettoyé, rangé, puisque chacun mit main à l'oeuvre. En ouvrant le café, vu qu'il n'y avait pas les enfants, il savait qu'il faisait du temps en plus, et qu'il y avait de fortes chances qu'il n'ait pas de temps libre, mais il avait promis. Peut-être fermerait-il plus tôt. De toute façon, il n'y était pas encore.
Le café n'était pas bondé. Deux ou trois personnes tout au plus. De quoi respiré. Désormais habillé de l'uniforme "simple" des serveurs du O' Sullivan, c'était à dire un haut blanc - une chemise en l’occurrence- et un bas noir, ici, un pantalon, remis de baskets en toile blanche. En arrivant, dans la salle ou se trouvaient les clients, il vit Caterina, une jeune femme qu'il considérait presque comme sa fille, avec qui il avait sympathisé, tout comme ses enfants. Ils parlaient souvent ensemble, quand elle venait, et, sans pour autant laisser ses enfants de côté, il la considérait comme sa fille -et sans que cela ne devienne malsain. Il s'approcha d'elle et lui sourit Bonjour ! Je peux te servir, demoiselle..?

Debout du côté client du bar, tout petit et qui servait surtout à faire les cocktails, café et autres, ainsi que les réglements, qu'ils ne concernent le restaurant ou bien le café, Sullivan écoutait la jeune femme, en fronçant un sourcil. Il se doutait bien qu'elle plaisantait, car, au pire, dans le cas contraire, il ne l'aurait pas servi. Mais c'était bien du genre de Caterina de faire des plaisanteries comme ça.
Il esquissa un sourire et regarda la jeune femme. Et bien dit donc. Il y en a qui se font plaisir.. Un coca, donc ! Je te donne ça ! dit-il avant de retourner de l'autre côté du bar, se baissant pour ouvrir le mini frigo où il stockait le plus de boissons possibles pour ne pas avoir à retourner en cuisine pour prendre des boissons, et prit une bouteille de coca qu'il décapsula, et accompagné d'un verre, il le mit devant la jeune femme. Et Voilà pour toi ! Et bien, écoute, ça va. Je suis un peu fatigué, comme tu auras pu le remarquer, les enfants ne sont pas là aujourd'hui, et dans un restaurant à petit personnel, trois de moins, ainsi que deux employés malades, et bien ça fait plus grand monde. Il soupira un instant, et fit un grand sourire. Après tout, ce n'était pas le travail qui l'effrayait, et de savoir qu'il était presque laissé seul parce que ses enfants s'occupaient de leur futur n'était non plus du genre à l'angoisser. Bien au contraire. Et les employés malade, et bien, heureusement qu'ils n'étaient pas venus. Pour eux, les autres employés et aussi pour les clients. Et toi, comment tu vas, alors?

La fatigue était présente chez Sullivan, mais il ne se laissait pas emporter par la somnolence. En tout cas, pas tant qu'il était au boulot, alors ça, il ne fallait pas rêver. Même si, par moment, il se laisserait bien aller à piquer du nez ne serait-ce que quelques secondes. Non, il ne fallait pas, il le savait, et c'était ce qui faisait la différence. Le gérant du café/restaurant sourit à la jeune femme, se disant qu'elle était très gentille, mais que peut-être qu'elle rêvait un peu. Après tout, ce n'était pas dans ses habitudes de ne pas payer ses employés. Et puis, de toute façon, quand c'était le cas, il avait besoin de quelqu'un qui soit absolument à l'aise dans ce qu'il faisait. Donc, de préférence quelqu'un qui s'y connaisse en restauration. Comme il ne savait pas qu'elle avait déjà fait serveuse, il ne la considérait pas comme une "potentielle employée de rechange". Et puis, de toute façon, il ne souhaitait pas faire travailler une amie.. Surtout qu'il était un patron très exigeant. C'est gentil, Cat' ! Mais je pense pas que ce serait une bonne chose.. Ca risquerait de créer des soucis, tu sais. Disons que je suis pas le patron le plus sympa. Mais mes employés le savent, c'est l'unique avantage. Et, comme ils s'y connaissent en restauration, ils savent qu'il n'y a rien de mal dans tout ça. Il avait dit tout ça gentiment, ça n'était nullement un reproche. Après tout, il ne savait pas, alors il ne pouvait pas voir le reste. Peut-être était-il trop têtu ? Il posa les mains sur le petit plan de travail, à quelques centimètres au dessous du bar.
Sullivan hocha la tête en regardant Cat.Bien, certains on de la chance, à ce que je vois, hein miss ?

Le chef et gérant du O'Sullivan, jeu de mots trouvé par sa petite dernière avec son prénom appréciait sa clientèle en temps global. Après tout, la plupart, il les connaissait, et ils avaient tous plus ou moins les mêmes petites habitudes, et des mots gentils et encourageants pour la famille Collins. Alors, le contact semblait toujours un peu plus facile selon de qui il s'agissait. Mais avec Cat, ce n'était pas comme une simple cliente. Les deux s'étaient bien entendus, et il l'avait prise sous son aile comme d'une de ses filles. Certes, ce n'était pas au goût de tout, mais il avait tous les avantages d'une fille : ils riaient bien tous les deux, et même si ce n'était pas exactement comme avec Sierra ou Lauren. Mais au moins, il n'y avait pas les soucis liés à la vie de famille.
Ses blagues plus vaseuses que celles que Sullivan ne faisaient déjà changeaient un peu de la monotonie du travail quand il n'y avait pas ses enfants, ou quand, comme ce jour-là, et égayaient sa journée. De toute façon, Caterina n'était pas quelqu'un de bien méchant, elle devait s'entendre avec à peu près tout le monde. Donc cela ne l'étonnait pas. Oui, plutôt. Surtout quand on se retrouve à trois dans le restaurant, le monde se fait assez ressentir, à dire vrai. Heureusement qu'il y en a moins, je serais devenu barge.
Sullivan regarda la jeune femme se dandiner sur sa chaise. Au début, il n'avait pas compris qu'elle faisait sa fière, et il avait, l'espace d'un instant, craint qu'elle ne finisse par tomber, jusqu'à ce qu'il ne saisisse qu'il s'agissait de se montrer fière. Ce qui fit sourire un peu d'exaspération le gérant du restaurant café.Je te comprends ! Oh, et bien, les petits soucis familiaux, que veux-tu. Et on a un nouveau dans la famille, un jeune garçon.. Je ne sais pas si je t'avais dit qu'on était famille d'accueil.. Enfin, j'espère qu'il se plaira parmi nous ! Et toi, quoi de beau jeune fille ?

Sullivan sourit légèrement à Caterina. Les compliments, ce n'était pas son truc. Surtout que ce n'était pas vraiment que son travail à lui, car s'il était seul, et bien, le restaurant ne fonctionnerait pas aussi bien, ça c'était quelque chose de sûr. Pour ce qui était de la petite blague de la jeune femme, il y fit à peine attention. Il s'agissait de Caterina, et depuis qu'ils se connaissaient, elle n'avait eu de cesse de lui faire des blagounettes sur son âge, surtout depuis qu'il avait atteint la quarantaine, et que, désormais, il l'avait déjà entamée. Il leva les yeux au ciel comme simple réponse. Au moins il relevait, au mieux c'était, elle finissait par réduire le niveau d'intensité de ses blagues.
La nouvelle concernant le fait qu'il était famille d'accueil sembla la choquer. Pourtant, cela faisait presque un an qu'il possédait ce titre, encore une idée qu'ils avaient eu en réunion de famille. Après tout, ils avaient aussi eu besoin d'aide, certes, de la famille, donc une aide endogène, mais cela les avait motivé pour aider d'autres personnes, des enfants, qui auraient des soucis familiaux. C'est une idée des enfants. On a déjà eu une petite fille, qui est restée quatre mois, et désormais, on a Merlin, un jeune adolescent, qui a l'air un peu perdu par rapport à son passé,mais il est adorable !
Le train train quotidien de la vie de Caterina lui fit faire une moue. Le sien à lui était déjà assez chiant, pour essayer de ne pas le dire grossièrement, mais être infirmière, c'était vraiment pas la joie non plus, et il y préférait son boulot plutôt que celui de la jeune femme. Surtout que les patients pouvaient être désagréable, il le savait, il était dans le même genre, et il avait passé pas mal de temps dans les hôpitaux à un moment de sa vie. Il faut prendre des vacances, de temps à autres, ma belle !

Le chef du restaurant regardait la jeune femme en face de lui. Elle avait ce regard admiratif, mais pourtant, un peu moqueur. Il se demandait bien ce à quoi elle pensait. Il eut bien vite la réponse à sa question. Ralala, Caterina et ses blagues, jeux de mots et autres, on en sortait jamais..Oui, comme dans Merlin l'enchanteur. Sauf qu'il s'appelle Merlin tout court, hein. Il craignait peut-être un peu le jour où il y aurait une confrontation entre son petit protégé et Caterina. Elle était adorable, mais il n'était pas sûr que la meilleure des choses à faire soit des blagues comme ça qui pouvaient être mal prises, surtout par quelqu'un comme Merlin, qui n'avait pas un passé facile, et qui pouvait peut-être voir ça comme une sorte de rejet. Même si, avec la petite brune, ce genre de risque n'était pas très élevé, on voyait toujours qu'elle ne le disait pas méchamment.
Sa remarque, qui était un compliment le fit sourire. C'était quelque chose de très gentil qu'elle venait de dire sur la famille Collins.J'espère vraiment qu'il se sent parmi nous comme dans une vraie famille. Il est adorable, ce gosse, vraiment. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé auparavant, mais je ne comprends pas comment des gens pourraient avoir été méchants ou violents avec lui, tu sais, Cat'.
Sullivan savait que sa blague sur les vacances n'avaient pas vraiment eu une consonance désirée, et qu'on aurait plus cru qu'il la narguait, ce qui n'était pas du tout le cas, ni même ce qu'il voulait faire croire. Mais Caterina était une jeune femme qui avait besoin de bouger, alors les vacances, pour elle, c'était certainement plus épuisant que le travail. Donc, la proposition qu'il avait faite pour aider la jeune femme n'avait pas l'air particulièrement adaptée à la situation.Et bien, fait des activités touristiques ! Il y a tellement à faire hors du boulot ! On n'a pas le temps de s'ennuyer, ou de errer chez soit, tu sais ! affirma-t-il en souriant. Lui, il aimerait bien avoir des vacances.

Sullivan sourit légèrement. La jeune brune était inchangeable, oui, vraiment. Il était impossible de la faire devenir quelqu'un de... comment dirait-il sans dire de mot qui pourrait être mal interprété ? Censé ? Oui, certainement. Elle ne pensait pas du tout au fait que ses paroles étaient enfantines, et que des fois, même si pour elle, c'était pour rire, certains pouvaient être blessés ? Surtout quand ils étaient plutôt sensibles, tels que Merlin. Mais bon, il ne parlerait pas à la place du jeune homme, il ne savait pas vraiment comment il réagirait, donc il n'allait pas se mettre à lui faire la morale ou autre. De toute façon, l'ambiance était plutôt agréable pour la casser. Il secoua simplement la tête négativement, en rigolant doucement, d'un air de dire "mon dieu, tu es irrécupérable."

Le fait que l'on batte un enfant était quelque chose que Sullivan n'aurait jamais compris. Il avait toujours été du genre à se mordre les doigts quand il donnait des gifles à ses enfants parce qu'ils avaient fait des bêtises, mais comme ce n'était jamais très fort, ni même jamais autre que pour une très grosse bêtise, ou beaucoup d'irrespect, il s'était toujours dit que malgré tout, c'était justifié. Mais il ne leur avait jamais tapé dessus volontairement. Et il s'en voulait malgré tout. Encore aujourd'hui. Alors taper volontairement un enfant, c'était irréaliste pour lui. Plus inimaginable qu'autre chose. Peut-être qu'il m'en parlera, un jour. Je dois avouer que ce n'est pas de ce qui me presse le plus. S'il ne veut pas en parler de tout son séjour parmi nous, peu importe la longueur, je pense qu'il serait impossible que je lui en tienne vigueur. C'est quand même moche de taper un gosse.

Sullivan levait les yeux au ciel. Cette fille était vraiment INCORRIGIBLE ! Elle se moquait, au moins ?Y a pas que la randonné pour profiter de ses vacances, Caterina.. Il y a mille choses à faire. Tu sais, aller à la plage, aller faire un musée, aller dans les carrières, les chutes d'eau et toutes ces autres choses. Les visites dont je te parle ne sont pas forcément des visites culturelles, si tu n'aimes pas ça.

Sullivan espérait que tout irait pour le mieux. Il était parfois trop utopiste. Ou trop optimiste, ça dépendait. Mais il fallait bien essayer de voir les choses du bon côté, au moins pour sa famille. Comme il en était un peu le mentor, s'il commençait à se décourager devant tout, c'était mener les enfants droit dans le mur, tout comme pour lui. Et les enfants comprenaient également les enfants d'accueil. Il hocha légèrement la tête à la reflexion de la jeune femme. Oui, je l'espère bien, quoi qu'il n'en soit. Et la peine de mort, je ne suis pas tout à fait vraiment pour. Mais bon, dans certains cas, c'est vrai que les solutions sont peu nombreuses.
Le chef du restaurant leva les yeux au ciel. Caterina était vraiment incorruptible. Il soupira avant de lui sourire.Mais oui ! Il y a mille autres choses à faire ! Et je suis sûre que les chutes d'eau seraient supers ! Tu vas vraiment avoir du bon temps à passer ! Les vacances, c'était toujours ce quelque chose de super. Il espérait qu'il pourrait en prendre rapidement pour aller quelque part avec ses enfants. Servant un nouveau client qui était passé au bar, Sullivan regarda très rapidement Caterina. Je pense faire un risotto ce soir. Les enfants adorent ça ! Dit-il en souriant.